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Forum Cités Cap' 2019 Faire avancer le développement économique et l’emploi dans les quartiers populaires

Organisée à Nantes durant une journée par RésOVilles, la troisième édition de Cités Cap' a décliné la question du développement économique et de l'emploi dans les quartiers prioritaires en trois visites de terrain et une dizaine d'ateliers auxquels plus de 300 acteurs de la politique de la ville ont pris part.

Ouverture institutionnelle

Lundi 24 juin, dans le joli cadre Art déco des salons Mauduit, Cités Cap' 2019 a débuté dès 8 h 30, avec un temps réservé aux élus et aux décideurs économiques, qui a précédé le lancement officiel du forum. L'occasion, pour Isabelle Melscoët, directrice de RésOVilles, d'en rappeler la thématique : le développement économique, « pilier fort des Contrats de ville, qui ont été prolongés en 2019 », en insistant sur la notion d'expérimentation : « Dans les quartiers, il faut avoir droit à l'expérimentation et à la prise de risque afin que les personnes puissent créer leur activité économique. »

A ses côtés, Claude d'Harcourt, préfet des Pays de la Loire, et Myriam Naël, adjointe à la Maire de Nantes, ont abondé dans ce sens, le premier prônant « qu'il n'y ait pas les quartiers d'un côté, et les entreprises de l'autre côté », la seconde s'interrogeant sur les moyens à mettre en œuvre afin qu'une entreprise se crée et génère de l'emploi, et introduisant un début de solution : « La création d'outils de partage immobilier. »

Quelles synergies développer, quelles stratégies mettre en place? Des problématiques sur lesquelles les participants de Cités Cap ont planché et se sont informés, en s'immergeant dans une programmation riche de neuf ateliers thématiques et de trois visites de terrain.

Les rencontres "Entreprises et Business de proximité"

Cités Cap’ innove avec un nouveau format : le speed dating. Ce temps spécialement aménagé a permis aux entrepreneurs de développer des opportunités d’affaires et de renforcer leur réseau auprès d’entreprises, d'associations et de collectivités locales présentes.

Les structures publiques innovent

Rappelant que l'apparition du pilier économique dans les Contrats de ville date de 2014 et qu'« une stratégie de développement économique doit se faire à partir d'un diagnostic partagé avec les acteurs publics et privés et les habitants », David Tacail, du CGET (Commissariat général à l'égalité des territoires), a laissé la parole aux représentants de trois métropoles Bordeaux, Rennes et Marseille-Aix-en-Provence venus partager leur retour d'expérience.

Chargée de mission à Rennes Métropole, Marie Cotard a détaillé plusieurs interventions autour de l'emploi dans les quartiers rennais (jobdating, services civiques, stages), mises en place rapidement, dès 2015, et qui ont favorisé « un rapprochement rapide entre habitants et entreprises. »

Marie Cotard, chargée de développement économique dans les QPV

Organisée le 5 juin dernier, l'une de ses actions, Job in Star, a consisté à faire se rencontrer demandeurs d'emplois, instituts de formation et entreprises, dans huit stations du métro rennais.

Recenser les besoins des habitants, via les directions de quartiers, intégrer les urbanistes à la réflexion et collaborer avec les promoteurs immobiliers sont quelques-unes des pistes de réflexion qu'elle a esquissées. « Il est très important de connaître les besoins des entreprises, de les accompagner et de les informer, de faire le lien et de mettre en relation, insiste-t-elle, soulignant, cependant, que, dans le cas de Rennes, il s'agit plutôt de « relocalisation d'activités ».

Les vicissitudes financières de l'entrepreneur

Plus axé sur l'entreprenariat ancré dans les quartiers, un autre atelier a pris appui sur le parcours emblématique de Dabo Karamba, 30 ans, qui, un CAP Logistique en poche, a créé Kidipur, entreprise de nettoyage écologique de jouets, dans le quartier nantais de Malakoff. Une jolie « success story », mais, surtout, un véritable parcours du combattant, en particulier dans son volet financier : « Trouver des financements, c'est s'engager, par la suite, à les restituer » glisse le jeune entrepreneur aguerri.

Dabo Karamba, Kidipur

Représentant de la BPI (Banque Publique des Investissement) France et lui aussi entrepreneur, Ahmed Bouzouaid livre quelques observations : « Un entrepreneur des quartiers est un entrepreneur comme les autres, mais, il ne faut pas nier les difficultés auxquelles il doit faire face. De plus, ce chef d'entreprise va avoir un impact sur la vie du quartier. Il a une obligation d'exemplarité et de réussite. »

Quels soutiens financiers apporter à celui-ci ? Réponses apportées par Fabienne Kerzerho, de l'ADIE, « Notre structure intervient quand l'accord bancaire n'est pas possible » , et Loic Pajot, de BNP Paribas : « C'est important d'ouvrir nos réseaux, d'accompagner l'entrepreneur et de créer des tiers-lieux, où tous les partenaires se croisent. Sur L'Ile de Nantes, un espace de ce genre existe, destiné à créer de l'effervescence pour les créateurs d'entreprises ».

Fabienne Kerzerho, ADIE

Prix Cités Cap’ 2019

Johanna Rolland, maire de la ville de Nantes, a souligné que « l'essence même de la politique de la ville est de se réinventer sans cesse ». Elle en a ainsi profité pour soutenir et féliciter les entrepreneurs de l'innovation sociale dans les quartiers prioritaires au travers de projets remarquables.

Johanna Rolland, maire de Nantes

Pour la troisième édition de Cités Cap', 7 prix ont été décernés à des entrepreneurs et à des acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire issus ou installés au sein des quartiers populaires des régions Bretagne et des Pays de la Loire.

L’occasion de partenariats originaux pour récompenser les projets innovants exemplaires des quartiers : Banque des Territoires, BNP Paribas, BPI, Harmonie Mutuelle, Véolia, Max&Myriam ainsi que Nantes Métropole s’associent à RésOVilles pour la remise des prix. Découvrez les lauréats 2019 :

  • Fais Pousser Ton Emploi (par Optim-ism), à Bois du Château à Lorient
  • Ponta Pique & Coud à Pontanezen à Brest
  • Lab S’port Mobile (par Saint-Nazaire Ville S’port), Petit Caporal, Robespierre-Prézégat et Ville Ouest à St Nazaire
  • BAMe - Bon A Manger, Ensemble, à Nantes
  • JOB TYVIS, Maurepas à Rennes
  • SARL COOPWORKING "Pépigo" la pépinière gourmande, Preux à Saint-Herblain
  • Môm'Nantes, Bellevue à Nantes (Prix Pro Bono)

Les habitants en première ligne

Et si les habitants devenaient acteurs à part entière de cette activité économique ? Illustration avec deux exemples.

« Nous nous voulons incubateurs sociaux » défend Gilles Buron, l'un des fondateurs de Pole In 49, association basée dans le quartier de La Roseraie, à Angers, avant de décliner les « expérimentations » autour de l'emploi récemment menées, de « Decoll'ton Job » (offres d'emplois actualisées dans les commerces de proximité) à Connect'emploi (formation et accès à un réseau d'entreprises recrutrices, 30 personnes acompagnées). «Nous mettons une dynamique économique en place là où il n' y a pas grand chose, en étant en contact direct avec la population et en partant de leurs besoins. Ils s'approprient le projet, ils deviennent collaborateurs.»

Dans la Drôme, 3 CCAS de la ville de Romans, prenant appui sur une idée des habitants, ont monté, fin 2017, un projet peu banal : la mise en circulation d'une Conserverie mobile et solidaire, par ailleurs vecteur pédagogique autour d'une alimentation saine, locale et bio. « Pour ce projet, animé par une vingtaine d'habitants, nous prenons contact avec des producteurs bio qui possèdent des surplus de fruits et légumes » explique Dominique Chopik. « Une gouvernance coopérative s'est mise en place, et les habitants sont associés à la réflexion » complète Jean-Michel Noirault, autre représentant de la Conserverie.

Les enjeux de l'Economie Sociale et Solidaire

Décrite comme « un maillon de l'économie dans les quartiers » par Isabelle Melscoët, l'Economie Sociale et Solidaire a un rôle à jouer, et non des moindres, dans l'accompagnement des projets innovants liés à l'emploi, en évitant certains écueils : « Si on ne finance que l'innovation sociale, cela va être au détriment d'autres associations, qui oeuvrent sur le territoire depuis longtemps. prévient David Guillerm, chargé de mission pour Labo Cités. La question de l'ancrage territorial est très importante. »

Autre participant à l'atelier « Transfert d'innovations sociales », David Chiron, de Territoire Zéro Chômeur Longue Durée, s'est lui aussi interrogé sur le champ d'intervention de l'ESS : « Elle n'est pas là pour écraser ce qui existe. De plus, il faut que les personnes puissent créer de la richesse en travaillant. Cela implique un investissement sur le long terme. » Et, comme l'a souligné Léa Durieux, de la CRESS Pays de la Loire, « de partir du territoire et des besoins exprimés ».

Cette table ronde a été l’occasion pour les intervenants d’apporter des éléments concernant les outils et les leviers existant pour parvenir à transférer les innovations sociales et favoriser ainsi le pouvoir d’agir.

Visite de la cour artisanale "Le Galilée"

Une cour artisanale "Le Galilée", de 3 268 m², a été réalisée à la place d'un ancien centre commercial à Saint-Herblain. Elle accueille 21 cellules à usage artisanal/stockage au rez-de-chaussée et 12 cellules destinées aux bureaux à l’étage. En savoir plus

Visite d’Environnements Solidaires & La Petite Ferme Urbaine

L’association « Environnements Solidaires » permet d’améliorer la qualité de vie du quartier de Bellevue en répondant au problème d’encombrants sur la voie publique tout en favorisant l’insertion professionnelle des habitants. En savoir plus

La Petite Ferme Urbaine, portée par l’association Riche Terre, est située sur un terrain désaffecté à Bellevue. Des arbres fruitiers, des carrés potagers, 5 poules ainsi que des composts sont installés. L’ensemble de la production est distribuée gratuitement aux habitants. Ce projet permet de sensibiliser les habitants à la biodiversité, à la réduction de déchets organiques, tout en favorisant la création de liens sociaux entre les habitants qui viennent jardiner. Cet espace convivial permet des rencontres intergénérationnelles et interculturelles.

Le dôme pépinière de la Petite Ferme Urbaine

Visite du Solilab

Aménagé sur une ancienne friche industrielle de 9000m², le Solilab a vu le jour en 2014. Ce lieu atypique a pour objectifs de développer des projets d’Economie Sociale et Solidaire et de faire connaître cette nouvelle économie au grand public.

Pitch Innov EPA

Dans le cadre du Forum Cités Cap, les 18 stagiaires de l’Ecole de la Deuxième chance étaient conviés à participer à une journée créative. L'occasion pour les jeunes de trouver des réponses innovantes à la question suivante : «Comment réinventer la vie de son quartier ?» A la fin de la journée, les jeunes ont présenté en public leurs pitchs. En savoir plus

Un micro, un réseau

Cités Cap' a été l'occasion pour les jeunes demandeurs d'emploi suivis par la Maison de l'Emploi de Malakoff à Nantes de réaliser et d'animer une émission de radio en direct avec le témoignage de professionnel.le.s.

Découvrez les interviews en ligne ici !

Interview avec Jean-Patrick Gille, ancien premier adjoint à la ville de Tours

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