Séance 0
Séance 0 : La séance d'introduction demande en fait énormément de préparation. Il faut réussir à susciter la curiosité des élèves. On commencera soit par créer un site soit par créer une nouvelle page si l'on en possède déjà un : il faut un espace de médiatisation !
En effet, en diffusant les réalisations et leurs ébauches, on crée une émulation. Les enseignants qui ont l'habitude d'utiliser Twitter ou Périscope (entre autres) pour montrer les travaux de leurs classes connaissent l'impact et l'intérêt de faire sortir de la classe les créations des élèves.
Le projet sera suivi par François Coutarel, DAN adjoint de l'Académie de Limoges, qui a créé l'E.R.R. (Equipe de réflexion et de recherche) Robotique et Programmation, sans lequel rien n'aurait été possible. C'est notamment grâce à lui que la classe dispose de 12 Ozobot programmables qui joueront le rôle de héros des récits de SF.
Un petit mot pour remercier les parents qui ont accepté que leurs enfants soient filmés et que les travaux soient partagés.
Séance 1
Séance 1 : Elle commence à la maison avec la lecture d'un corpus : 1 image d'architecture + 1 extrait de nouvelle + 1 extrait de film (le début du premier Star Wars). Le but est de comprendre dans quel genre la classe va entrer pleinement pendant ces quelques semaines que durera la séquence.
Alors une clef est donnée : derrière les feuilles (volontairement cachées jusqu'à présent) des définitions de genres (SF, Fantasy, Merveilleux, Fantastique). Et on voit enfin tout cela ensemble.
Séance 2 & 3
Séances 2 et 3 : Il s'agit ici de tisser des liens entre l'Odyssée et un univers de Science Fiction. En effet, le héros ou l'héroïne (et oui, les élèves peuvent féminiser tout cela !) doit retourner dans sa patrie. Les élèves commencent à choisir en fonction de leur envie et de l'idée qu'ils se font de leur propre niveau. Puis ils naviguent sur le web pour trouver les éléments de l'Odyssée qu'ils vont choisir de réinvestir dans leur texte.
La séquence permet donc l'introduction pendant le cours des LCA (Langues et Cultures de l'Antiquité). Une bonne façon de retrouver Ulysse, vu en 6e en Français, et des personnages mythiques étudiés en Latin et Grec (puisque certains élèves de la classe ont la chance de suivre les deux options).
La séance 2 est une séance de recherches. Ils utilisent leur tablette, et pour certains : leur smartphone ! En effet, en cas de tablette défectueuse notamment, l'élève a le droit d'utiliser son BYOD* (*"Bring Your Own Device" / AVEC pour la version française : "Apportez votre équipement personnel de communication").
Le smartphone n'est pas un objet dangereux : c'est son utilisation qui peut l'être.
C'est pour cela que l'enseignant doit passer entre les îlots, vérifier régulièrement et surtout: parvenir à créer une situation enthousiasmante. Car oui : l'élève enthousiaste ne pense pas à faire n'importe quoi avec son smartphone.
La séance 3 est une séance d'oral : présentation des idées de chacun avec support numérique (ici Keynote via iPad). On s'entraîne pour l'oral du DNB. En outre, cela permet de piocher de nouvelles idées, de partager et, parfois, de coopérer.
On a déjà parlé de l'intérêt de médiatiser les projets élèves via les réseaux sociaux. Ce n'est plus seulement le fait d'utiliser un langage que nos ados utilisent ; c'est également le langage que leurs enseignants utilisent, et pas uniquement dans la sphère privée. C'est en utilisant Twitter, il y a quelques temps maintenant, que je me suis aperçu que les professeurs y étaient très nombreux.
Twitter : la salle des profs virtuelle.
Les réseaux sociaux sont devenus des "salles-des-profs virtuelles" (comme le disait l'Interlocuteur Académique pour le Numérique en Lettres Grégory Devin) et Twitter, en particulier : "une salle de formation continue si l'on choisit bien ses profs ou ses pairs" (dixit François Jourde, Professeur de Philosophie, #CarnavalNum).
On partage des réalisations d'élèves, des séquences, des réflexions, on trouve des conseils extrêmement bienveillants ; et nombreux sont les spécialistes toujours prêts à répondre ou nous ayant déjà offert les clefs.
Et c'est l'un d'eux, Lionel Vighier, qui me demandait récemment si les élèves rédigeaient les articles de la page Adobe. De cette discussion sur Twitter est donc née cette nouvelle orientation : certains des articles à venir allaient être réalisés par les 3e2 ! Merci à Lionel et merci à tous ceux qui nous amènent à aller de l'avant. L'Ecole est vivante, foisonnante et pleine d'envies ; elle s'adapte mais le plus souvent elle est précurseuse (sic) !
L'interlude de programmation : La séance 3, comme c'est souvent le cas, ne s'est pas terminée exactement avec la sonnerie. Les élèves ont pu tester les robots sur un parcours type, afin d'expérimenter chacun des mouvements possibles du Ozobot. C'est celui qui a réussi à arriver le premier, qui intervient dans la vidéo suivante :
Séance 4
La séance 4 se mène une fois de plus en classe inversée. La capsule ci-dessous a été visionnée à la maison. Il s'agit de se demander comment décrire l'inconnu. Les 3 exemples donnés sont issus de leur scolarité 6e (Ulysse), 5e (Jean de Léry) et 3e (Bernard Werber).
La séance d'écriture est structurée en différents temps : de la concertation, on passe à la lecture d'exemples (textes suivants les mêmes principes d'écriture que ceux de la rédaction), puis on travaille le lexique, et, enfin, on se lance dans l'écriture.
Les activités réalisées sont principalement de courts textes, bribes de description d'une planète inconnue. Exemple 1 (un fruit, par Benjamin) : "Au banquet, il m'a proposé un fruit luminescent. En le prenant dans ma main, j'avais l'impression de caresser du velours. Il semblait se réchauffer de l'intérieur au contact de ma peau. Je le mordais mais me brûlais la langue." Exemple 2 (un moyen de transport, par Andréa) : "30/08/3040 Hier matin, nous avons eu la chance de découvrir les cabines x2.71. Ces sphères faites d'ytterbium avaient la capacité de nous emmener là où on le souhaitait via notre esprit et la lumière céleste. Une fois à l'intérieur, toutes les odeurs présentes dans l'univers disparaissaient pour laisser place à un vide éclatant. Les parois étaient d'un bleu glacial mais dès qu'on les touchait on pouvait sentir nos mains brûler comme la braise."
Si l'élève le souhaite, il pourra reprendre chaque écrit bref dans sa rédaction, puisque les consignes se rejoignent toutes.
C'est pour cela que de plus en plus d'enseignants conçoivent eux-mêmes l'intégralité des activités qu'ils proposent.
Les manuels, qu'ils soient numériques ou non, sont rarement suivis. Le professeur y pioche des ressources, des idées.
D'une année à l'autre, l'enseignant recompose son cours, en visant un projet pédagogique nouveau ou différent.
Séance 5
Faire un tutoriel à regarder à la maison pour gagner du temps en classe. Les élèves peuvent se familiariser avec les blocs de programmation.
Une capsule vidéo facile avec Adobe Spark Vidéo.
La séance 5 est une évaluation de la compréhension oral. Les élèves vont écouter un parcours (histoire) au choix ; il en existe 3, selon 3 niveaux de compréhension.
Ils doivent ensuite coder le trajet entendu dans la vidéo. Les schémas (feuilles de trajectoire) sont préexistants.
Séance 6 & 7
Séances 6 & 7 : Ce sont les séances dédiées à la rédaction. Les élèves connaissent les sujets depuis le début. Ils ont choisi l'un des trois sujets, en fonction de leur envie et de l'idée de leur propre niveau.
Le travail se fait soit sur papier soit sur numérique. Le rendu final devra, dans tous les cas, se faire sur un Padlet coopératif. Les élèves peuvent s'inspirer des travaux des autres. Ils comprennent parfaitement la différence entre copier et s'inspirer.
Nous avons pu assister à une séance 7 qui faisait chaud au coeur. Chaque élève s'est inscrit sur un tableau partagé pour aider et corriger deux camarades. Grâce au Padlet, ils avaient accès à tous les textes nécessaires. Ils ont pris des notes et les ont partagées à ceux qui étaient concernés. Pendant la séance, les élèves eux-mêmes accompagnaient leurs camarades. Un grand moment de coopération.
TraAM 2016-2017
Inscrit dans le cadre des TraAM 2016-2017 autour de la "création numérique". Les 3e ont créé une bande sonore qui sera utilisée dans certains projets d'élèves. Ils ont cherché avec M. Leray, professeur d'Education musicale dynamique, des idées de sons qui pouvaient représenter l'univers de la Science-Fiction. Leur est apparu le fait que la Science-Fiction met souvent en scène un univers sombre, un futur inquiétant (intuition qui leur sera confirmée dans la prochaine séance en étude de texte).
Et l'interdisciplinarité révèle tous ses atouts.
Le collège est un lieu où les élèves doivent s'habituer à passer de cours en cours, de chapitre en chapitre, de salle en salle, et souvent sans lien. On peut avoir 50 minutes d'immersion dans les tranchées de la première Guerre mondiale puis passer 50 minutes à étudier les couches de l'épiderme et partir 50 minutes à observer la probabilité qu'aurait le numéro 37 à être tiré au loto.
L'interdisciplinarité, mise en avant dans la réforme du collège, que certains enseignants pratiquent déjà depuis bien longtemps, permet de créer une cohérence à ce foisonnement d'informations.
En outre, les projets interdisciplinaires mettent en valeur le fait que des enseignements divers mobilisent les mêmes compétences : être rigoureux, agir avec méthode, savoir écouter l'autre, savoir s'engager dans un groupe, etc.
Séance 8
Séance 8 : Le progrès scientifique représente-t-il un progrès pour l'humanité ? Voici la question qui est posée aux 3e2.
Ils ont, au préalable, regardé trois vidéos, toutes trois montrant un futur apocalyptique en raison de robots, de guerres, de dictatures totalitaristes. Un questionnaire suivait, permettant un retour en classe immédiat. Certains ont très bien compris comme l'a dit Pauline que "ce n'est pas la science qui présente un risque pour l'humanité, c'est l'utilisation qui en est faite".
Pourquoi avoir véhiculé cette vision négative ? Tout simplement parce que je savais que la technologie ne représente absolument, pour ces élèves-là, un danger. Bien au contraire. Il fallait donc les préparer au coeur de la séance : un débat !
Dès le début, le débat est biaisé. On crée, arbitrairement, un camp qui pensera que le progrès scientifique représente un progrès pour l'humanité, et un autre qui pense le contraire. Les élèves réfléchissent ensemble, écrivent séparément, puis lisent de façon théâtrale ce qu'ils ont produit. Un élève d'un camp passe face à un autre, la meilleure prestation donne un point à son équipe.
Les jeux d'équipes permettent aux élèves de se fédérer et leur apprennent à enrichir des productions communes avec les idées de chacun. C'est évident et l'on apprend ici rien à personne. En revanche, quel est l'intérêt de cette pratique, souvent controversée, du match, du défi, du challenge ? Cette pratique crée un climat d'urgence et donc d'émulation quasi-immédiate : on ne doit pas perdre. En outre, on assiste à des manifestations d'efficacité, si bien que les élèves trouvent très rapidement arguments, exemples, chiffres, citations de journaux, citations de rapports scientifiques, etc. Et ils sont tous pris dans cette émulation ! En effet, il n'est laissé aucune place à la perte de temps.
L'heure prend fin et les élèves écrivent à la maison : "Monsieur, on peut créer un Padlet pour partager les idées du groupe ?", "On n'a qu'à faire une liste de diffusion par mail." Et voilà comment les élèves s'emparent en un rien de temps d'outils utilisés en classe et vis-à-vis desquels ils ne ressentent aucun complexe.
Et vous avez tout à fait raison car le véritable enjeu : c'est de se servir de ce foisonnement pour travailler le sujet de réflexion du travail d'écriture lors de l'épreuve de Français au Brevet. Les élèves ne le savent pas encore mais la même question va leur être posée en rédaction. Donc leurs coéquipiers autant que leurs adversaires vont les aider à réussir leur texte !
BIM !
Séance 9
Séance 9 : D'après les schémas créés par leurs camarades, les élèves aident, en groupes, à construire le chemin du Ozobot qui devra suivre le voyage imaginé lors du travail d'écriture.
La séance 9 est-elle une perte de temps ?
1. Les élèves n'ont gardé aucune trace écrite de ce cours. 2. Il n'y a aucun objectif de lecture ou d'écriture. 3. Seuls quelques élèves avaient choisi le sujet correspondant à la programmation des Ozobots, les autres font donc un travail qui ne leur profitera pas.
Ce qui s'est créé lors de cette séance : c'est une entraide joyeuse et spontanée.
Il n'y a rien eu à dire. Il n'y avait aucun enjeu pour les élèves dont la programmation n'était pas évaluée. Ils ont rejoint l'un des camarades. Les groupes étaient équilibrés. Les élèves ont commencé par écouter les détenteurs de projets, ont trouvé un lieu de travail, ont mis en place une technique de travail la plus efficace possible : "moi, je scotche", "moi, je trace", "moi, j'assemble", "moi, j'illustre", "moi, je fais ça en chantant !". Et encore une fois, cette classe, qui, en début d'année, peinait à s'impliquer à l'oral ou dans les travaux de représentation théâtrale ou dans les travaux de groupes, s'est montrée surprenante !
En fait, ce qu'avait fini par créer le projet #SF2017 c'est une énorme cohésion de groupe !
Mais pas seulement !
En effet, je suis sur la correction des copies du travail de réflexion "Le progrès scientifique représente-t-il un progrès pour l'humanité ?" Et, non seulement les textes sont bien plus fouillés, bien plus détaillés et bien plus organisés qu'en début d'année, mais les élèves y manifestent également un investissement sans précédent :
Certains élèves rendent 3 copies au bout d'une heure !
Ceux qui sont en difficulté ont également considérablement augmenté leur nombre de lignes, leur permettant ainsi d'accéder aux exigences du brevet.
Ils aura donc fallu 2 mois de travail en projet et en coopération avec des méthodes axées sur l'entraide et avec l'utilisation de robots (détournement pédagogique qui aura permis notamment aux élèves en difficulté d'accompagner d'autres élèves ayant de bons résultats dans les travaux habituels) ; 2 mois donc pour créer un groupe, une classe, une société qui se parle, qui débat, qui ne se fâche pas, bref, qui se respecte.