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Nos années campus Université de Caen 2020-2O21

FAC sous Covid, services defaillants

Par Odessa Aubry

En plus des conditions d'étude dégradées, des étudiants se plaignent des difficultés qu’ils rencontrent avec les services de l’Université. Récits de quelques couacs à l’université de Caen.

Emilia, 19 ans, étudiante à l’Université de Caen cherche à s’orienter vers une licence professionnelle. « J’avais besoin d’aide pour faire mon dossier de licence pro, mes profs m’ont alors dit de me tourner vers l’E.O.I , Espace Orientation Insertion de la fac, raconte-t-elle. Ils organisent des ateliers à distance pour nous aider par exemple à faire notre CV et notre lettre de motivation. En décembre 2020, je me suis donc inscrite à cet atelier, dont les places sont chères, pour février 2021. »

Orientation en péril

Le jour venu de l’atelier à distance, tout ne se passe malheureusement pas comme prévu. « J’ai attendu environ 1h30, je n’avais aucun lien internet, aucune nouvelle. J’ai donc appelé le numéro de téléphone de l’accueil. Mon interlocuteur m’a répondu que la responsable était en retard et qu’elle allait me contacter dans les minutes à suivre. Je n'ai jamais eu d'appel. J’ai essayé d’appeler à plusieurs reprises, envoyé des mails. Ce n'est que le lendemain après-midi que la responsable de l’atelier m’a répondue. »

« La responsable de l’atelier m'avait oubliée »

Malgré les difficultés, Emilia reste confiante et pense que c’est probablement une erreur administrative. « La responsable de l’atelier m’a dit qu’elle m’avait sur la liste, mais qu’elle m’avait oubliée. Pas très cool, mais bon je ne pouvais plus rien y faire. Je n’avais pas vraiment envie de me prendre la tête plus que ça, alors je n’ai pas cherché plus loin. » Un second rendez-vous lui est proposé, en présentiel cette fois, dans le respect des règles sanitaires. Cependant, elle repart déçue de cette entrevue. « J’ai eu le droit à un entretien du style conseillère d’orientation. Mais j’étais déjà positionnée sur mes choix. J’ai juste eu des plaquettes avec toutes les licences pro en France. Ça n’a même pas duré une heure, alors que l’atelier avait duré deux heures. Je n'ai rien appris et je sors très déçue de ce dispositif. »

Des logements universitaires pas assez adaptés

Sur les réseaux ou dans leur entourage, les étudiants se montrent aussi critiques sur les logements universitaires gérés par le Crous. Amir, étudiant boursier déplore devoir « payer un loyer alors qu’on n’est même pas dans le logement ». Hugo, qui lui est dans son logement, s'énerve que « la connexion internet est très mauvaise. Je ne peux pas suivre un cours en distance sans être coupé, à part avec la 4G, mais je ne pense pas que tous les étudiants puissent se payer un forfait comme celui là ».

« Il n’y a pas de micro-onde dans la cuisine commune ».

Hervé et Marie, chacun dans une chambre universitaire de 9 m2, critiquent l’état de leur cuisine commune. « Les plaques ne marchaient plus pendant un moment, et ils ont mis du temps avant de les réparer », confie Hervé. « Il n’y a pas de micro-onde dans la cuisine commune, poursuit Marie. Je suis obligée de chercher à manger tous les soirs à la cafet’, mais avant le couvre-feu à 18h, donc pour avoir des plats chaud le soir ce n’est clairement pas idéal ».

Accès contrôlé à la Bibliothèque Universitaire

Pour emprunter un livre à la fac, il faut suivre le protocole ! Les explications de Lucile Sarazin, responsable des services aux publics de la Bibliothèque Universitaire.

Comment vous êtes-vous adaptés pour permettre à la Bibliothèque Universitaire de rester ouverte ?

Il y avait un décret pour permettre aux organismes de rester ouverts et donc nous avons suivi cela, avec un certain nombre d'adaptations.

Qu'est-ce qui a changé dans le fonctionnement ?

On est passé à la mi-jauge. Les tournées de ménages ont été renforcées. Il y a des protections pour les bureaux avec du plexiglas. La circulation est indiquée au sol et une file d'attente a été instaurée, ce qui nous permet de gérer un peu plus les flux de lecteurs. Les salles de travail en groupe sont fermées, car on ne pouvait pas toutes les aérer ou surveiller que les personnes gardent bien leur masque. On a aussi une pause d'aération à la mi journée pour les bibliothèques qui n'ont pas de renouvellement d'air.

Les étudiants confinés de Caen se rassemblent sur un tournoi virtuel

En février, un tournoi en ligne a été organisé par des associations de l’université de Caen afin de réunir les étudiants confinés depuis maintenant un an, à la recherche de lien social.

Par Emilia Garreau

Le 2 février 2021 à 21 h, une centaines d’étudiants se connectent simultanément sur la plateforme Discord. Chacun derrière leur ordinateur, ils vont s’affronter lors du TGI : le Tournoi Gaming Interfilière. Les finales auront lieu deux jours plus tard. Avec une vie sociale réduite au néant, des associations étudiantes ont décidé de réagir en créant cet évènement pour oublier, le temps d’une soirée, les cours à distance et le manque de lien social omniprésent chez tous.

Une organisation sur Discord

« Pharma en force », « vive les STAPS »

Un combat de filières

« Le Tournoi Gaming Interfilière est une compétition de jeu-vidéo organisée par neuf associations étudiantes dans laquelle les étudiantes forment une équipe et représentent leur filière », explique l’organisateur principal de l’évènement : Yann, 21 ans en L3 d’Histoire. Les joueurs viennent de toutes les filières : médecine, sport, histoire, chimie, pharma, informatique, science de la vie, humanités numériques et bien d’autres… Tous prêts à se battre pour faire gagner leur filière. Les étudiants de pharma ont remporté le tournoi.

Une organisation sur les réseaux sociaux

Durant deux soirées, les vingt-trois équipes ont disputé des matchs sur le jeu League of Legends, choisi au préalable à la majorité par les organisateurs. Les joueurs ont connu l’évènement à travers les réseaux sociaux du TGI ou grâce à leurs amis et contacts étudiants. Paul, 24 ans en ergothérapie est l’un des joueurs du tournoi : « j’ai vu la publication sur Facebook et j’ai contacté deux personnes qui sont dans l’année supérieure à la mienne car je savais déjà qu’ils jouaient ! ». Confinement et cours à distance obligent, la communication a été réalisée sur Instagram mais aussi Facebook, des réseaux sociaux convoités par les étudiants. Yann explique aussi que l’Université a aidé à faire de la publicité : « même la MDE (maison de l’étudiant) a fait une story de l’évènement, ça a ramené du monde ! ». L’organisation de ce tournoi s’est faite totalement à distance. Elle a duré environ trois mois, pendant laquelle les organisateurs se sont réunis sur Discord (une application de messagerie instantanée) au moins une fois par semaine.

Le tournoi virtuel vs la soirée d’intégration

En temps de Covid, les objectifs de cet évènement sont surtout sociaux. « L'idée est de créer du lien entre les étudiants, détaille Agathe, organisatrice, 19 ans, en humanités numériques. Nous n'avons pas pu organiser de soirée d'intégration ni aucun événement créateur de lien social. Le tournoi a joué ce rôle et a permis la rencontre avec d’autres filières. Les joueurs sont venus de tous les campus de Caen et même d’Alençon. Je pense que cet objectif a été atteint, nous savons que certaines équipes ont continué de refaire des parties ensemble en dehors du tournoi ».

Un nouveau tournoi en préparation ?

D’après les retours des joueurs, l’évènement est une réussite. Des joueurs satisfaits, prêts à recommencer l’expérience. Rémi, 19 ans, étudiant en L2 humanités numériques et joueur du tournoi ressort content : « on espère pouvoir participer au prochain, en plus avec l’équipe on a fait plein de nouvelles rencontres et c’était super cool ! » Les étudiants réfléchissent déjà à un nouveau tournoi pour l’an prochain. L’initiative, née sous Covid, pourrait lui perdurer.

Pour suivre le projet : https://www.instagram.com/tournoi_gaming_interfiliere/?hl=fr

Une promo de vingt étudiants en troisième année de licence à l’université de Caen Normandie. Le campus est leur quotidien, de jour comme de nuit, à la sortie des amphis et à l’heure du repas, des cours aux clubs de sport, des petites galères aux grandes questions sur l’avenir… Ils racontent leurs années fac.

COVID : LA VIE NE S’ARRÊTE PAS MALGRÉ TOI !

Par Alice Baglin et Clémence Courtay

Depuis septembre, les étudiants ont retrouvé le chemin de la fac, mais leurs habitudes ont été un peu chamboulées à cause du coronavirus. Dorénavant, c’est le port du masque dans les bâtiments, dans les transports, la désinfection des mains tout au long de la journée. Si toutes ces contraintes leurs sont imposées le jour, qu’en est-il le soir après les cours dans leurs activités ?

Un campus la nuit

Par Milana Urvantsava et Angèle Colette

Que se passe-t-il à l’Université de Caen une fois que les bâtiments ont fermé ? Reportage auprès des agents de sécurité du campus 1.

Campus 1, 19h, l’heure du relais des agents qui garderont le campus jusqu’à 7h du matin, l’heure de la deuxième relève. La nuit de travail peut commencer et aujourd’hui, nous allons suivre les agents de sécurité tout au long de leur parcours pour découvrir ce qui se passe à l’Université la nuit. Pour répondre à nos questions, nous avons contacté Jérôme et Yannick qui travaillent au PC sécurité. Yannick Jupin est le directeur adjoint de la prévention de l’Université de Caen, son rôle est de suivre les directives de la présidence et de les faire appliquer sur le terrain. C’est-à-dire agir sur la sûreté, la santé et la sécurité des étudiants, des professeurs et du personnel. Jérôme est coordinateur, il dirige les équipes des agents de sécurité. Il supervise aussi la gestion de la sécurité. Il s’occupe des 3 PC respectifs du campus 1, 2 et 5 depuis cinq ans. Avant cela, il a été chef d’équipe pendant 15 ans.

À partir de 20h, les gardiens s’occupent de la fermeture progressive des bâtiments. Ils font un tour des lumières par groupes de deux, une personne à l’intérieur du bâtiment et une à l’extérieur avec un talkie walkie. Un agent s’occupe de la sécurité de la BU du soir de 19h à 23h et vers 22h45, un autre agent le rejoint pour aider à raccompagner les étudiants dans la nuit. On aborde la question de la sécurité sur le campus la nuit lorsqu’on est étudiant. Jérôme nous explique l’importance et la prévenance des agents de sécurité auprès, par exemple, des jeunes filles : "Il nous arrive de raccompagner les jeunes filles jusqu’au tram lorsqu’elles se sentent en danger. Parfois aussi, on aide les étudiants un peu ivre le jeudi soir à remonter la côte jusqu’aux cités U : déjà qu’elles sont difficiles à monter le jour, c’est encore autre chose les soirs de fête ! "

La Bibliothèque Universitaire Pierre Sineux reste ouverte jusqu’à 23h.

Les agents refont ensuite un tour entre 23h et minuit avant de partir en ronde extérieure. "En période estivale, on a beaucoup de monde sur les pelouses du campus, pour prendre l’apéro. On a même dû limiter les barbecues sauvages car ça devenait trop dangereux. Il y en avait même qui installaient leur tente", raconte Jérome. En hiver, c’est différent. "Comme il fait froid, il y a moins de fréquentation, mais il y a quand même un peu de monde le jeudi, le vendredi et le samedi. Le campus est souvent traversé, que ce soit par les habitants du quartier, ou les étudiants qui vivent en Cité U.”

La nuit où les anti-bloqueurs ont voulu mettre le feu au campus

Après une deuxième vérification de l’ensemble du Campus 2, de l’IAE et du PFRS, les agents montent à Ifs au campus 3 où ils font beaucoup de prévention avec la police municipale de Ifs, le campus étant assez fréquenté. En cas de problèmes divers, plus ou moins alarmants, Yannick explique que la sécurité délègue le travail aux forces de l’ordre : “ On peut entrer en communication avec eux [les pompiers et/ou les forces de l’ordre] lors d'événements à risque mais après on les laisse faire leur travail. Notre rôle est simplement de faciliter la vie au sein du campus de l’Université.”

Il y a quinze ans, des étudiants en grève qui occupaient le campus nous ont appelés au milieu de la nuit parce que des anti-bloqueurs avaient mis le feu au bâtiment pour les déloger, se souvient Jérome. Il a donc fallu qu’on appelle les pompiers et les forces de l'ordre à 5h du matin." Ces dernières semaines, des rumeurs ont circulé sur la présence d'un rôdeur à la fac. “L'homme a créé une psychose. On a reçu énormément d’appels, pour nous dire qu’il avait été aperçu dans les environs, il y a même eu une mère de famille qui nous a appelé pour nous dire qu’elle pensait l’avoir vu devant l’école de son enfant…Cette histoire est vite montée à la tête des gens, à cause des réseaux sociaux notamment, et on a essayé de calmer et rassurer. Ce genre d’incident est dangereux car ça peut vite prendre de trop grandes proportions jusqu’à en arriver à un stade où tout le monde se monte les uns contre les autres.

Le bureau de Jérôme, où il nous a accueilli pour répondre à nos questions.
" On n'est pas là pour faire de la répression."

Les agents de sécurité gagnent le haut du campus puis redescendent, vers 3h du matin, pour refaire une ronde. Il y a rarement de mauvaises surprises. "On est relativement tranquille, on a moins de grosses manifestations, admet Jérome. La violence s'est déplacée sur les réseaux sociaux." Pourtant la fête, comme les mouvements sociaux, peuvent être porteurs de violence. "Les gens sont différents, certains se font facilement monter la tête : il y a toujours un leader. L’effet de groupe y joue aussi beaucoup, c’est plus simple d’insulter, ça les défoule. Mais on n'est pas là pour faire de la répression.” Les agents apprennent à passer par-dessus les menaces et se rappellent plutôt des moments gratifiants, comme un remerciement de la part de la direction après une journée de travail chargée ou encore des petits gestes de la part d’étudiants.

En plus de la sécurité, le travail des agents présents la nuit sur le campus est aussi de vérifier la sûreté des bâtiments. Le PC sécurité est associé avec le SDIS (service départemental d'incendie et de secours) pour faire de la prévention. Avec les évolutions des réglementations, il faut régulièrement vérifier les bâtiments et calculer le nombre de personnes qu’il est possible d’accueillir afin qu’en cas de souci, l’évacuation se fasse dans les meilleures conditions possibles. Lorsque les services de ménage arrivent à 5h du matin, les agents de sécurité les accompagnent. La longue nuit des agents de sécurité touche à sa fin. Quand le soleil se lève, le gardien rentre chez lui. 

deux crèches sur le campus

Par Pauline Jouen

L'université de Caen compte deux crèches associatives sur les campus 1 et 2. Une directrice et un parent racontent leur fonctionnement, leurs activités et particularités. Et comment elles se sont adaptées en temps de Covid.

Créée en 1971, la crèche universitaire du campus 1 accueille aujourd'hui 60 enfants d'étudiants et de personnels universitaires. Il s'agit d'une crèche associative – l'université de Caen fournit les locaux, mais son organisation est concédée à une association. Sa création est le fruit d'un mouvement militant des femmes étudiantes qui avaient besoin d'un mode de garde pour étudier. Face aux nombreuses demandes, une seconde crèche est créée au campus 2 en 2012 pour palier la capacité d'accueil insuffisante du campus 1, faisant ainsi passer le nombre de places de 60 à 100.

Rencontre avec Nicolas Blanpain, responsable de la bibliothèque de l’UFR Segat de l’Université de Caen depuis 2001. Papa de deux petites filles, Suzanne et Eva, âgées respectivement de quatre ans et sept mois, Nicolas a fait le choix de confier ses enfants à la crèche universitaire du campus 1 lors de ses journées de travail.

Comment s’organise l’inscription à la crèche ? La constitution du dossier pour la crèche se prévoit longtemps à l’avance, et ça ne s’improvise pas. Pour Eva, nous avons constitué notre dossier en plein confinement, puis nous l’avons envoyé à la crèche universitaire. Parallèlement, nous avons également fait une demande à la mairie de Caen, afin de s’assurer une place en crèche, et nous avions obtenu finalement une réponse favorable de la part des deux crèches.

Pourquoi avoir privilégié la crèche universitaire pour la garde de vos enfants ? Ma compagne et moi avons finalement privilégié la crèche universitaire, car nous connaissions déjà l’équipe, qui avait déjà accueillie notre aînée. Nous savions qui s'occuperait de notre enfant, nous étions par conséquent en pleine confiance, ce qui a motivé notre choix.

Comment votre fille et vous même avez appréhendé le retour à la crèche durant cette période de crise sanitaire ? La rentrée à la crèche était forcément particulière. Déjà le personnel est masqué, ce qui a, au début, perturbé Eva car à la maison nous ne portons pas le masque avec nos enfants. Lors de l'arrivée à la crèche, je porte le masque, le personnel également. Eva voit alors des gens qu’elle commence à connaître et cherche à leur enlever le masque pour voir les visages, c’est une sorte de jeu pour elle, mais elle s’habitue progressivement aux visages masqués.

Etes vous satisfait du service proposé par la crèche ? La crèche propose de nombreuses activités. Il y a d'abord des activités artistiques comme l’éveil musical, la création de spectacle. Des fêtes étaient également organisées pour la fin de l’année par exemple, alors les enfants apprenaient des chorégraphies, ils chantaient et dansaient, et pour des enfants de deux ans ça représente beaucoup de travail mine de rien. La crèche propose également de nombreux apprentissages et activités sportives comme des heures hebdomadaires réservées à la motricité au gymnase de l'université. Tout cela facilite l'entrée à l'école, forcément. Les enfants qui ont expérimenté la crèche sont généralement plus à l’aise lors des premiers jours d’école. Pour Suzanne, hormis une perte de repère momentané, elle s’est vite adaptée à l’école. Par exemple, elle n'avait pas de problème avec la collectivité car elle l’a éprouvée à la crèche. Cependant, ces activités que j'ai pu expérimenté avec Suzanne seront probablement différentes pour Eva compte tenu de cette période particulière. C’est encore le début d’année pour l’instant et on ne sait pas comment vont se dérouler les différents projets pédagogiques. Il y a bien sûr un moment d'adaptation pour les bébés : les enfants doivent d'abord trouver leur rythme à la crèche, ils doivent s'acclimater au quotidien et se sentir en confiance avant de débuter les activités. Pour Eva, cette période à duré trois semaines. »

Rencontre avec Fabienne Goujon, infirmière cadre de santé et directrice de la crèche universitaire du campus 2.

En quoi consiste votre métier ? Etant directrice du centre, plusieurs missions me sont confiées. Je m'occupe de l'organisation de la crèche en général, c'est-à-dire faire les dossiers pour les enfants, la facturation pour les parents ; je m'occupe de la gestion des vacances, des contrats de travail. J'ai aussi des missions auprès des enfants et du personnel, et également des missions financières et administratives. Mais je ne suis pas la seule à gérer l'organisation. Puisque notre crèche est dite « associative », nous avons un bureau de parents bénévoles, avec un président, trésorier, secrétaire.

Pourquoi avoir choisi d'exercer votre métier au sein d'une crèche universitaire et associative ? J'ai trouvé ce travail par opportunité, mais maintenant j'aime le fait d'avoir une fonction très complète. Bien sûr, on retrouve une approche de l'enfant similaire aux autres crèches, mais tout cet aspect de gestion administrative est spécifique aux crèches associatives. C'est aussi ce que je recherchais dans mon métier : un travail diversifié, où la capacité d'accueil dans ce centre me permet de pouvoir mener des projets avec les enfants tout en ayant une part administrative importante.

Quelles sont les projets et activités proposées par la crèche ? Chaque mois, nous mettons un place un projet pédagogique, et chaque trimestre un thème est choisi puis travaillé par l'éducatrice de jeunes enfants et par l'ensemble de l'équipe. Par exemple, nous avons en ce moment le projet d'un loto chocolat pour Noël, ce qui offre un aspect ludique mais également un apport financier qui permet à la crèche de faire venir le père noël afin que les enfants puissent ouvrir quelques cadeaux avec lui. Concernant les activités, nous mettons en place de façon hebdomadaire ou mensuelle différentes activités, comme l'activité cuisine, porte ouverte, ou même la fameuse journée pyjama où les enfants ainsi que le personnel restent en pyjama toute la journée. Il ne s'agit pas de seulement s'habiller confortablement, on souhaite créer une histoire pour la journée, un univers en lien avec le thème et l'activité choisie. Les activités que l'on propose ont toujours un objectif, on ne fait pas une activité pour seulement la faire, il y a toujours un but d'apprentissage.

Comment organisez-vous la journée des enfants ?

«Chez les bébés, on fait en fonction du rythme de l'enfant : il dormira quand il sera fatigué, il mangera quand il aura faim. Pendant la période d'éveil, nous mettons à la disposition des enfants des jouets, ou l'on propose des activités sur la journée que les enfants peuvent prendre en cours. Les grands sont davantage rythmés sur le mode école – les journées sont donc plus structurées, avec des horaires précis : ils mangent à 11h, coucher à 12h30, activité de telle heure à telle heure. Cela nous permet de mettre en place les activités en amont lorsqu'une préparation est nécessaire. Par exemple lors de l'activité peinture, nous devons nous organiser et préparer l'activité.

Comment la situation sanitaire a affecté votre travail à la crèche ? Nous avons mis en place des précautions d'hygiène supplémentaires : un nettoyage plus fréquent, port du masque pour le personnel et les parents, et le respect des gestes barrières. Nous portons donc le masque avec les parents et les enfants, mais nous gardons bien sûr une proximité physique nécessaire pour eux. La crise sanitaire a bien sûr affecté notre travail et aussi nos relations avec les enfants. Pas tellement chez les grands, car ils se sont facilement habitués au masque, mais nous constatons encore des comportements différents chez certains enfants, particulièrement chez les bébés. En effet, nous avons remarqué que plusieurs enfants, de caractère très jovial, souriaient moins que d'habitude lorsqu'il nous voyait porter le masque. Ces mêmes enfants retrouvent leur sourire lorsqu'ils communiquent avec leurs copains, qui eux ne le portent pas. On se rend compte alors d'un changement de comportement chez les enfants par rapport au masque, mais la plupart ont très bien compris. Les parents et nous-même leur expliquont que cela est nécessaire, et ils sont de plus en plus habitués car ils voient le masque partout désormais.

Caen : portrait d’une ville étudiante

Par Philippine Dolidon et Maëlle Bretagne

Cursus, cadre de vie, mobilité, logement, sorties culturelles. À travers le récit de leur quotidien, trois étudiants dressent le portrait de leur ville : Caen la mer, une communauté urbaine de 270 000 habitants.

Sur le podium des villes de moins de 40 000 étudiants où il fait bon vivre, Caen est en 3e position, selon la classement de L’Etudiant. La ville se distingue par des initiatives locales actives et une densité d’offre de formation. La plus connue : l’université de Caen Normandie, mais il existe aussi de nombreuses écoles, classes préparatoires, des instituts… Au total ce sont 33 000 étudiants qui viennent étudier à Caen tous les ans. Parmi eux, Lilou est en L2 Médecine à l’Université de Caen Normandie, Tibault en première année de Master en management spécialisation marketing à l’EM Normandie et Clémentine en DNA2 Art à l’Ecole Supérieure d'Arts et Médias de Caen. Ils racontent leur vie étudiante.

Etudier à Caen : un choix par défaut ?

Du fait de sa grande offre de formations, et parce qu’elle constitue l’une des villes les plus grandes dans une région à dominante rurale, Caen attire les étudiants après le bac. Lilou a choisi la filière plus que la ville. Et quand elle s'est réorientée en médecine, elle n'a pas eu d'autre choix que de rester dans la même université. Tibault est lui aussi venu à Caen pour l'offre de formation : il souhaitait intégrer l’EM Normandie « Je ne connaissais rien à cette ville avant de venir y étudier. » Si on ne la choisit pas, il est assez facile de l'adopter en revanche ! « Mes deux années d'études en classe préparatoire m'ont amenée dans cette ville, explique Clémentine. Je n'ai pas souhaité la quitter pour une autre lorsque j'ai dû choisir une école d'art. Je me sens tout simplement bien à Caen, j'aime les gens que j'y ai rencontrés, les lieux que j'y ai découverts. »

Se loger à faible coût : le choix de la coloc ou de la cité U

Tibault et Clémentine bénéficient de la bourse sur critères sociaux du Crous (103,20 € à 567,90 € par mois selon les situations). Elle est essentielle dans la vie des étudiants précaires pour payer le loyer ou se nourrir. Pour économiser le coût d'un loyer, Lilou et Clémentine ont opté pour la vie en colocation ! L'avantage n'est pas seulement économique. " Ne pas être seul.e, pouvoir parler et échanger sur des sujets divers et s'entraider... De plus, on apprend à vivre en communauté ! ». Tibault est logé dans un appartement Crous de 9m2 sur le campus 1. « Ce n’est pas cher mais c’est petit ! » dit-il. Et en effet, ces logements n’ont pour seul avantage que leur étroitesse de prix.

« Quand on n’a pas à investir toutes ses bourses dans un loyer, on peut sortir !»

Une ville à " taille humaine "

Caen est une ville facile à prendre en main et agréable à parcourir, même pour des novices venant de la campagne. Une ville « à taille humaine » pour Clémentine. « Je n'ai presque pas besoin d'emprunter le tramway ou le bus. Tout peut se faire à pied. ». Economique. Et lorsque l’on fait le choix des transports en commun, cela reste assez simple de se déplacer, notamment depuis le remaniement des lignes de tramway. Les abonnements Twisto permettent de combiner les moyens de transports (bus, tramway, vélo) et couvrent toute l'agglo. Pour en sortir, il y a les Bus Verts, avec un accès aux bords de mer à moins de vingt minutes. Les possibilités sont donc relativement nombreuses, ce qui réjouit Tibault : « Les transports de Caen sont vachement pratiques et efficaces ! J’utilise le tram presque tous les jours, j’ai la carte. Il y a des bus pour aller dans les villes alentours et la gare n’est pas trop excentrée. » Par ailleurs, certaines lignes de Bus Verts très prisées sont comprises dans la carte abonnement Twisto permettant ainsi aux étudiants de rentrer chez eux les week-ends.

« Caen est une ville de transition entre les petits villages et les métropoles. »

Les sorties à Caen : une affaire de préférences

Si tout l'argent ne doit pas être investi dans le loyer, c'est parec que les étudiants veulent pouvoir profiter d'activités culturelles, sportives et sociales. Lilou est une fervente adepte de handball. Elle pratique entraînements et compétitions toutes les semaines dans le club de sa ville natale. En semaine, elle poursuit les entrainements au SUAPS, le Service Universitaire des Activités Physiques et Sportives. C’est un moment important pour elle, « entrainements tous les lundis soirs ! », auquel elle ne dérogerait pas. Malheureusement, ce service accessible pour 30 € par an aux étudiants de l’Université de Caen Normandie n'est pas ouvert aux étudiants des autres établissements d'enseignement supérieur.

« Une ville agréable, accessible et vivante »

Clémentine préfère les sorties culturelles et trouve que « Caen offre plusieurs possibilité (théâtres, musées) ». D’autant plus que « la plupart des structures artistiques font l'effort de proposer des réductions pour les étudiants ». Néanmoins, en termes d’activités extra-scolaires, Lilou considère que la ville a encore des progrès à faire pour égaler les villes étudiantes voisines comme Lille ou Rennes : « Il y a peu d'événements pour les étudiants à part les cinémas en plein air. Et le carnaval ! » Il est une activité qui fait l’unanimité : c’est la soirée entre amis et, plus précisément, la sortie au bar. Lilou, Tibault et Clémentine fréquentent régulièrement les barrs du port ou du centre-ville, comme la rue Écuyère, autrement dénommée « rue de la soif ».

À travers le témoignage de ces trois étudiants, de cursus différents, se dessine le portrait d'une vie étudiante à Caen. Arrivés par choix ou par défaut, ils ont appris à apprécier leur quotidien et dévoilent, par leur regard singulier, les différentes facettes d’une ville, savant mélange d’urbanisme et de vie au vert.

Une épicerie qui lutte contre la précarité : l’Agoraé

Par Marine Lefèvre Gennari, Elsa Ledent-Marin et Manon Kubrijanow

Depuis cinq ans, l’épicerie solidaire l’Agoraé est présente sur le campus 1 de l’Université de Caen. Portée par la Fédération Campus Basse-Normandie, elle procure une aide alimentaire quotidienne pour les étudiants en situation difficile, afin qu’ils puissent consacrer plus de temps à leurs études, et dans de meilleures conditions.

HumaNumi, la jeune asso des etudiants en humanités numériques

Par Madeline Gonzalez-Remartinez et Marie Douré

L’Université de Caen à l’heure du Covid-19 : l’exemple des Bibliothèques Universitaires

Par Mathieu te Morsche et Imrane Baroudi

Du confinement au déconfinement, de la rentrée aux vacances d'automne, la crise sanitaire touche les étudiants, les enseignants et le personnel de l'Université caennaise. Chaque service doit d'adapter pour continuer de fonctionner malgré le Covid-19.

Campus 1 - Université de Caen

Le 12 mars 2020, à 20h, Emmanuel Macron annonce la fermeture des écoles, collèges, lycées et des universités. C’est le début du confinement : l’Université de Caen est à l’arrêt, les cours en distanciel débutent, non sans difficultés. Mais cette crise sanitaire inédite appelle à des moyens d’organisation inédits. Entre gels et masques, la direction a dû mettre en place des mesures en suivant les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) et du Ministère de la Santé.

La rentrée dans de bonnes conditions sanitaires comme priorité

Un Plan de Continuité des Activités (PCA) avait été mis en place à l’approche du confinement, et a été modifié dans l’organisation de la rentrée. Pierre Denise, le président de l’Université de Caen de 2016-2020 était attaché à l’importance d’un enseignement direct entre professeurs et étudiants, et il a tenu à ce que la rentrée se fasse en présentiel dans le respect des consignes sanitaires (port du masque obligatoire et désinfection des mains à l’entrée de chaque bâtiment).

Dotation de gel hydroalcoolique et de masques aux personnels d'entretien par la direction de la prévention de l'Université de Caen
Dotation de gel hydroalcoolique et de masques aux UFR par la direction de la prévention de l'Université de Caen

Un compromis avait donc été trouvé jusqu’à ce que la situation se dégrade lors du passage du département du Calvados en niveau d’alerte renforcée au coronavirus le 19 octobre 2020. À ce stade, la décision a donc été prise – conformément au scénarios prévus dans le PCA – de passer une proportion des cours en distanciel afin de « réguler les flux […] Sur la base du volontariat des pédagogues » et où « l'usage du numérique en pédagogie doit être conçu pour apporter une valeur ajoutée aux pratiques pédagogiques habituelles. » selon la version 6 du Plan de Continuité Pédagogique présentée en CHSCT (Comité d'Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail de l’Université de Caen) le 17 juillet 2020. En clair, les modalités d’accueil des étudiants sont phasés sur les scénarios du PCA : plus la situation se dégrade plus le protocole devient strict. À la veille des vacances d’automne, l’Université de Caen, ses étudiants, son personnels et ses professeurs sont dans un grand doute mais une chose est sûre, la mission principale de service publique et d’enseignement sera maintenu…

Rencontre avec Grégor Blot-Julienne, directeur du SCD

Dans ce contexte particulier, les cours ont repris et l’activité des campus de l’Université de Caen aussi. Nous avons rencontré Grégor Blot-Julienne le directeur du Service Commun de la Documentation (SCD) afin de découvrir la situation des Bibliothèques Universitaires.

Grégor Blot-Julienne, Directeur du Service Commun de la Documentation de l'Université de Caen

Ainsi, prenons l’exemple de la Bibliothèque Universitaire (BU) de notre Université. C’est dans son bureau aux allures colorées que nous avons rencontré Grégor Blot-Julienne, directeur du Service Commun de la Documentation (SCD), qui est en charge des 6 BU et des 15 Bibliothèques de composantes de l’Université de Caen, réparties sur les différents sites de celle-ci. Les équipes du SCD et des BU ont été fortement impactées par cette crise sanitaire, étant notamment des lieux accueillant un public important.

« L’enjeu du confinement c’est surtout l’accès aux documents »

Passé la sidération de l’annonce du confinement, « à l’échelle du SCD, la plupart des gens savaient ce qu’ils avaient à faire », explique le directeur. « On avait déjà un plan de continuité d’activité ». Dans l’immédiat il y a eu un « prolongement des prêts de livres, jusqu’au 30 septembre », et un « arrêt des commandes de la documentation physique ». Cependant, le service administratif du SCD a continué de travailler à distance, permettant de garder « une interaction avec les usagers qui n’était jamais rompu », souligne Grégor Blot-Julienne. « Notre adresse mail est restée active pendant le confinement », permettant ainsi de répondre aux questions des usagers et des enseignants-chercheurs. De plus, au mois de mai, des guichets se sont créés devant certaines bibliothèques universitaires afin de continuer d’emprunter et de rendre les ouvrages tout en s’appuyant sur le service Navette+ (service de communication des ouvrages entre les BU d’Unicaen) : « Une centaine de sacs de livres ont été préparés ». La continuité de l’activité des bibliothèques universitaires s’est surtout déroulée en ligne : « la bibliothèque n’est pas seulement un lieu physique, note Grégor Blot-Julienne. Nous avons pu observer une augmentation des usages des bouquets comme CAIRN et Europresse. [...] L’enjeu du confinement c’est surtout l’accès aux documents ».

« il y a maintenant davantage de ressources en ligne, mais il ne faut pas oublier que tout n’existe pas en numérique »

Par ailleurs, cette crise sanitaire a accéléré le chantier d’hybridation engagé par le SCD : en effet, son directeur nous a confié son souhait d’aller vers une bibliothèque toujours plus numérique : « Il y avait déjà de la demande, mais celle-ci a augmenté ». L’offre numérique s’est renforcée avec la commande de nombreux ouvrages en lignes et l’ouverture aux usagers de l’Université de Caen de ressources numériques telles que l’encyclopédie Universalis et le Grevisse, ainsi que des manuels spécialisés et pédagogiques en sciences et en médecine. Cependant, Grégor Blot-Julienne précise : « il y a maintenant davantage de ressources en ligne, mais il ne faut pas oublier que tout n’existe pas en numérique ». L’idée était aussi pour le SCD de pérenniser le service en ligne de manière durable, de préserver ces chantiers numériques accélérés pendant le confinement.

À l’heure de la préparation de la rentrée, l’objectif était d’ouvrir le lieu bibliothèque, dans le strict respect des règles sanitaires, car « l’idée d’accueil reste fondamentale dans une BU » : désinfection des mains à l’entrée, port du masque obligatoire et réduction du nombre de places assises (perte de 40 % à 60 %). Il n’y avait pas de protocole spécifique aux BU seulement l’adaptation de celui préconisé par le Ministère de la Santé, et donc celui de l’Université. Dans l’ensemble, les gestes barrières sont respectés, note le directeur du SCD, et en cas de non respect le personnel sont habilités à les faire respecter car la mission principale est d’assurer le bon fonctionnement du service aux usagers.

« un sentiment de sécurité avec les gestes barrières »

Alors, ces usagers qu'en pensent-ils ? Tout d'abord, il y a moins d'usagers dans les bibliothèques universitaires, car il y a moins de places. Mais comme le souligne une usagère de la BU Pierre Sineux, le fait qu'il y ait un effectif réduit permet d'avoir plus de place à son poste de travail. Malgré cette espace agrandi d'étude, elle trouve que le port du masque en permanence est inconfortable ce qui selon elle : « Il y a des personnes qui arrivent à supporter le masque, moi je trouve ça désagréable et du coup je travail chez moi même si ça n'est pas dans mes habitudes. » De plus, le protocole sanitaire oblige à la désinfection des mains mais comme nous le rapporte un étudiant d'IUT au campus 2, tout le monde n'applique pas à la lettre les recommandations sanitaires, en ce qui concerne notamment le lavage des mains. Une étudiante du campus 1 nous raconte même qu'elle n'a « pas ressenti de grands changements entre l'avant et l'après Covid hormis le fait qu'une chaise sur deux était "condamnée" pour garder une distance entre les étudiants ». Cependant, cette même étudiante trouve bien que les BU restent ouvertes quasi-normalement notamment pour tous les étudiants qui ont des travaux individuels ou en groupe à faire et qui ont besoin d'accéder à des ressources documentaires : « Les conditions de travail sont tout de même agréables avec le silence, et un sentiment de sécurité avec les gestes barrières. »

A l'heure où nous publions cet article

Le mercredi 28 Octobre 2020, à 20h, Emmanuel Macron, face à la recrudescence des cas de Covid-19 en France, décide de rétablir un confinement et acte à nouveau la fermeture des Universités. C'est le retour des cours en ligne, mais à la différence du confinement du printemps, le SCD de l'Université de Caen a décidé d'accompagner les étudiants de façon plus prononcée en recommençant les guichets de prêt de documentation et en organisant l'accès aux bibliothèques universitaires sur rendez-vous uniquement y compris le week-end.

Malgré les difficultés que connaissent les services universitaires et notamment le SCD, comme le disait Grégor Blot-Julienne le principal est de maintenir le contact avec les usagers afin d'assurer leur mission de service public puisque que malgré cette crise sanitaire d'une ampleur mondiale et gravissime, le monde de la connaissance continue de tourner.

Les transports : un casse-tête quotidien pour les étudiants

Par Nolwenn Lemarchand-Averous et Elysa Absalon

Nous nous sommes intéressées à la question des moyens de transports utilisés par les étudiants pour se rendre en cours en partant de nos propres observations. Afin d’avoir différents points de vues, nous avons demandé à des étudiants de notre campus de témoigner de leur vécu. Nous avons ainsi récolté des profils très différents. Afin de pousser l’expérience un peu plus loin, nous avons réalisé un sondage sur Facebook auquel 28 étudiants d’horizons très variés ont répondu. Tout a été filmé à l’iPhone et à l’iPad pro afin de créer une proximité avec nos intervenants.

La rue, territoire des hommes ?

Par Maëva Vastel

La rue n'appartient-elle qu'aux hommes ? Pour savoir ce qu'il en est dans les rues de Caen, 19 étudiantes caennaises ont été interrogées. Elles racontent comment les comportements masculins auxquels elles se retrouvent exposées les ont obligées à déserter la rue.

Sortir le soir, aller boire un verre dans un bar avec des amis, se balader sur le port, faire de nouvelles rencontres, rentrer à pied après une soirée... Tout ceci fait partie intégrante de la vie étudiante, des années campus. Cela peut sembler simple, cependant, pour certaines personnes, ça ne l’est pas. Les femmes subissent des comportements inappropriés, insultants, parfois même violents, alors qu’elles marchent tranquillement dans la rue. Cela fait naître des angoisses, des peurs, pour ces femmes qui se sentent comme des proies lorsqu’elles sont seules.

Une enquête a été réalisée sur les premières concernées, 19 jeunes femmes pour la majorité étudiantes, ayant entre 19 et 25 ans. Cette enquête a pour but de donner la parole aux femmes, afin qu’elles expriment leurs ressentis et qu’elles puissent témoigner des comportements dont elles sont victimes. Pour ces femmes, dénoncer les attitudes problématiques dont elles sont l’objet dans la rue est aussi un moyen de se réapproprier cet espace qui leur semble être hostile.

À la question "vous sentez vous en sécurité dans la rue ?", la majorité des femmes interrogées ont répondu non à 63,2 %. Certaines expliquent que cela dépend des heures, s'il fait nuit ou non, si elles sont accompagnées ou non. Seulement deux femmes sur les 19 interrogées répondent qu’elles se sentent en sécurité dans l’espace public. 4,7 % des femmes interrogées lors de l’enquête ont déjà eu peur en marchant dans la rue, que se soit de jour ou de nuit.

Une jeune fille se confie : “En tant que femme, j’ai l’impression que je pourrais ne pas rentrer chez moi. Je suis angoissée à l’idée d’être abordée, j’ai peur que la personne réagisse violemment à un refus. Avec tout ce qu’on entend, on sait que les femmes se font tabasser et insulter sans aucune raison dans la rue.”

84,2 % des femmes interrogées ont été victimes de harcèlement de rue. Le harcèlement de rue appelé outrage sexiste est puni par la loi par l'article 621-1 du code pénal qui définit l’outrage sexiste comme le fait : “d’imposer à une personne tout propos ou comportement à connotation sexuelle ou sexiste qui soit porte atteinte à sa dignité en raison de son caractère dégradant ou humiliant, soit créé à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.” L’outrage sexiste est une infraction qui peut être puni par la loi d’une amende pouvant aller jusqu'à 750 €.

“Si j’étais ton père, je ne t’aurais pas laissé sortir comme ça.”

Pourtant, alors qu’elles marchent tranquillement les insultes pleuvent : “sale pute, salope, connasse, t'es bonne, beurette...” Les noms d’oiseaux s’accompagnent également de bruits en tout genre, de sifflement, de geste obscène. Les femmes se font klaxonner, suivre par des inconnus, on les intimide, les hommes se permettent des remarques sexistes sur les tenues qu’elles portent. Un jour, un homme interpelle Orane, étudiante en psychologie de 20 ans, “si j’étais ton père je ne t’aurais pas laissé sortir comme ça.” La raison de son commentaire ? Un petit haut sans bretelles sous 35°. Orane explique qu’elle n'a pas su quoi répondre, choquée par ce commentaire sexiste et dégradant sous-entendant que le père à droit de regard sur les vêtements portés par sa fille. Elle finit par retourner à sa voiture pour enfiler un gilet, mal-à-l’aise. Même si elle a conscience qu’elle n’a rien à se reprocher elle fait ce choix pour ne pas avoir à supporter un autre commentaire de ce genre ou des regards désobligeants.

Victoria, une jeune infirmière fraîchement diplômée, confie qu’un jour un homme l’interpelle et lui dit : “je te prends dans mon lit quand tu veux.” Une étudiante explique qu'on lui a déjà fait des remarques sur les vêtements qu'elle portait, “sur la longueur de ma jupe ou de ma robe. On m'a déjà aussi menacée de coups et de mort." Certaines des jeunes femmes sondées ont fait fasse à de nombreux comportements menaçants. Une jeune femme de 21 ans se fait accoster par un homme qui lui dit “tu devrais pas rester seule. J'ai envie de te faire des choses pas bien.

“En général je marche vite, j’essaie de ne jamais rester statique quelque part.”

Ce sentiment d’insécurité dans la rue oblige les femmes à changer leurs habitudes. Une seule femme sur les 19 interrogées n’a pas changé ses habitudes. Pour la majorité elles élaborent des stratagèmes afin d’éviter certaines rues, les endroits mal-éclairés, elles doivent redoubler d’ingéniosité pour se procurer l'illusion d’un semblant de sécurité. Sur les 18 femmes ayant changé leurs habitudes, 11 expliquent mettre leurs écouteurs pour avoir l’air occupée afin de dissuader les gens de venir les aborder. La plupart disent qu’elles ne mettent même pas de musique afin de rester conscientes de tous les bruits environnants. Léa, une étudiante en L3 de droit, explique son plan quand elle sort “J’essaie d’éviter certains endroits, certaines rues. Souvent je ne mets pas mes écouteurs pour pouvoir entendre ce qu’il se passe autour de moi. En général je marche vite, j’essaie de ne jamais rester statique quelque part.” Une jeune femme pétillante de 20 ans répond : “Je baisse la musique pour entendre ce qui m’entoure et je fais très attention aux voitures qui me croisent.” La majorité des femmes de cette enquête ont changé leurs habitudes à cause des comportements masculins auxquels elles ont été confrontées dès leur plus jeune âge. “ J’ai commencé à me faire klaxonner à l’âge de 13 ans", confie une étudiante en troisième année de licence d’anglais.

“Une femme n'est pas supposée développer des stratégies à chaque fois qu'elle sort dehors.”

Pour 85,7 % le harcèlement de rue n'est pas pris au sérieux. Pour Victoria, 24 ans, “ il n'est pas concevable qu'en 2020 les jeunes filles et jeunes femmes ne se sentent pas en sécurité lorsqu'elles se promènent seules. Ce sentiment d'insécurité doit disparaître”. Une autre s’insurge : “ La femme doit être respectée, elle doit se sentir en sécurité, une femme n’est pas supposée développer des stratégies à chaque fois qu’elle sort dehors pour éviter les hommes irrespectueux.” Une autre apostrophe l'exécutif : “ Une réelle prise de conscience doit être effectuée mais surtout par le gouvernement.

La peur est présente chez toutes les jeunes femmes interrogées. Elles ne se sentent ni écoutées, ni prises au sérieux. Certaines ont peur de ne pas rentrer chez elles saines et sauves lorsqu’elles doivent rentrer seules à la tombée de la nuit.

“Nous savons qu’en tant que femmes dans la rue, nous ne sommes jamais en sécurité, peu importe les stratagèmes mis en place...”

Des applications ont été créées afin d’aider les femmes, comme Sekura, téléchargeable sur smartphone. Elle permet de déclencher une alarme et un flash censés faire fuir l’agresseur, appeler un numéro d’urgence, simuler un appel, envoyer sa localisation à 3 contacts prédéfinis. Il existe des dizaines d’applications : on peut citer aussi Garde ton corps, the sorority, Street alert… Certaines de ces applications comme Garde ton corps travaillent avec des bars partenaires qui s’engagent à accueillir les personnes se sentant en danger sur la voie publique

La création de ces applications rassure les femmes, mais comme Tiffany, 20 ans, l’explique : “c’est encore une fois aux femmes de prendre des initiatives, c’est rassurant mais ce n’est pas une solution à long terme. C’est une illusion de sécurité pour nous permettre de continuer à sortir. Cependant, nous savons qu’en tant que femme dans la rue, nous ne sommes jamais en sécurité, peu importe les stratagèmes mis en place, les applications inventées... Une femme seule ne se sent jamais vraiment en sécurité dans le rue.

Si l'échantillon de jeunes filles interrogées dans cette étude reste minime, les résultats obtenus démontrent pourtant que nous sommes loin de l'égalité entre les hommes et les femmes et que la rue reste un territoire dominé par les hommes. Jusqu'à quand ?

La culture et moi

Par Wilfried Coquet, Gilliane Robine et Mélanie Yvon

Malgré la Covid-19, les étudiants préservent leur vie culturelle en se rendant au théâtre, au cinéma et dans les établissements qui ont rouverts après presque six mois de fermeture. Trois étudiant(e)s témoignent.

Elisa P. et la passion du théâtre

Elisa P., 3e année en licence d'histoire à Caen, est originaire de Cherbourg. Si elle revient à sa ville natale pour le théâtre, le cinéma est une pratique entre amis, quel que soit l’endroit.

“ Je me rends au théâtre pour voir au minimum cinq pièces par an. Cette année, c'était huit, grâce à un abonnement avec le Trident, la scène nationale de Cherbourg. Je vais voir des pièces le week-end quand je rentre chez moi. Je préfère, car je connais le théâtre pour y avoir été au lycée et aussi à cause des prix. Si tu as moins de 26 ans, c’est déjà moins cher et avec la carte Atout Normandie tu as encore des réductions. Donc ça, c'est cool. Pour le cinéma cela dépend des sorties de film : une fois par mois en moyenne, à Caen comme à Cherbourg.

" On a toujours un peu d'a-priori sur ce que l'on connait moins."

Je vais souvent voir les pièces de théâtre seule. Mon père m'accompagne quelque fois, mais il n'a pas de réductions. J'essaie de voir différents types de spectacle : de la danse, des comédies, des drames, des classiques de Molière comme des créations originales. Comme j'y vais seulement le week-end, je n'ai pas toujours le choix sur la programmation. Cette année, je vais essayer d’aller voir un théâtre opéra. Ce sera ma deuxième expérience seulement : on a toujours un peu d'a-priori sur ce que l'on connait moins.

Le cinéma : un moment de partage

Le cinéma est une activité que je partage avec mes amis ou ma famille. J’ai une préférence pour tout ce qui est fantastique, mais ce n'est pas le genre de mes parents... J’ai vu les Animaux Fantastiques et certains films d’actions ou post-apocalyptique. Je regarde un peu de tout, sauf les comédies françaises, car la dernière fois que j’ai été en voir une, c’était la catastrophe… C’était le film Momo. Le problème est que le cinéma reste cher : 7,50 € une place étudiante même avec la carte Atout Normandie. Sur le campus 1, l’amphi Daure propose des films avec des tarifs intéressants. Vis-à-vis des études, cela ne m’apporte pas grand chose, c’est pour le plaisir, même si je vais voir de temps en temps des productions cinématographiques sur l’Histoire.

Et la covid : le théâtre plus sûr que le tram !

J'avais terminé ma saison au théâtre avant le confinement, donc cela ne m'a pas perturbée. Le cinéma ne m'a pas pas trop manqué non plus. Aujourd'hui, je n’ai pas peur d’y aller malgré la covid. Je prends bien le tram, ou les distanciations sociales sont bien moins respectées que dans une salle de spectacle. Donc je ne vois pas pourquoi je pourrais faire l’un et ne pas faire l’autre.

ELISA L. : art et confinement

Elisa L., 22 ans, est passionnée par tout ce qui touche aux domaines culturel et artistique. C’est une étudiante en première année de Master MEEF parcours Médiation culturelle et enseignement à l’INSPE, l’école des instituteurs de Caen.

"J’essaie d’aller le plus souvent possible au cinéma, à des spectacles vivants (théâtre, musique, danse, concerts) ou à des expositions artistiques. Je vais tout voir, du moment que le thème m’intéresse. Mais cela dépend vraiment des moments. Pour l’instant, c’est un peu compliqué à cause de la crise sanitaire. Beaucoup d’événements sont annulés. Cela dépend également de mon emploi du temps et de mes disponibilités.

J’essaie également de trouver des alternatives pour réduire au maximum le coût parce qu’en tant qu’étudiante, c’est parfois compliqué d’avoir les ressources nécessaires. Heureusement, il y a certains lieux qui proposent des réductions pour les étudiants (à l'amphithéâtre Pierre Daure à l'Université de Caen par exemple). Beaucoup de musées sont également gratuits pour les moins de 26 ans. En Normandie, nous avons également la possibilité d’adhérer à la Carte Atouts Normandie (10 euros) et qui permet, pour les jeunes de 15 à 25 ans, d’avoir des réductions sur les activités culturelles : 30 € pour les concerts et spectacles, 20 € pour le cinéma, 30 € pour le sport et la pratique artistique… Cette carte est donc très intéressante et permet d’avoir accès à des activités gratuitement ou avec des réductions importantes.

" Lorsque je manque de temps pour me déplacer, je me cultive par internet ."

J’ai du mal parfois à concilier études, vie personnelle et activités culturelles... Lorsque je manque de temps pour me déplacer dans des lieux culturels, j’essaie de le faire de chez moi en regardant des films, des spectacles filmés et retranscrits sur internet etc. Cependant, cette année c’est plus facile car dans le cadre de mes études, je participe régulièrement à des manifestations culturelles. Nous avons la chance que l’école nous paie neuf spectacles dans l’année. Nous montons également des projets autour de certaines manifestations culturelles. Le 11 octobre, nous étions au Dôme dans le cadre du Turfu Festival. Au cours de l’année, nous participerons à des expositions artistiques en mettant en place des outils de médiation culturelle.

Les activités culturelles m'enrichissent énormément d’un point de vue personnel. Cela permet parfois d’avoir un éclairage différent sur des thèmes qui nous tiennent à coeur, ou d’ouvrir les yeux sur des sujets que l’on connait moins. Sur le plan des études, cela me permet d’avoir une ouverture culturelle importante et de construire une réflexion autour de l’animation culturelle, mais également d’affiner mon sens critique.

Sur le campus ou en dehors ?

Je pratique ces activités principalement en dehors du campus, même si je vais régulièrement à l’amphithéâtre Pierre Daure voir les films proposées par le cinéma Lux. J’ai également assisté à des Nocturnes du Plan de Rome et lorsque je faisais mes études au campus 1, j’allais voir les expositions à la Maison de l’Etudiant. Nous avons de la chance d'avoir une programmation culturelle à l'université !

La covid ne change pas mes habitudes, car les protocoles sanitaires sont très bien respectés et on se sent en sécurité. Il faut juste se dire qu’on doit essayer de vivre « normalement » pendant cette période compliquée ! ”

Mathieu et la pratique du théâtre

Mathieu, 19 ans, est Néerlandais et étudie à Caen depuis trois ans. Il fait du théâtre, mais fréquente peu les théâtres.

Je pratique le théâtre depuis la 6e, mais je n’y vais quasiment jamais en tant que spectateur. À Caen, j'ai commencé mon premier cours en octobre 2020. Je prends des cours une fois par semaine à la Cité Théâtre. L'adhésion coute 30 euros et il faut ajouter 150 euros à l'année pour les cours. Le ciné, ça dépend. J’ai vu dernièrement Akira, que j’ai trouvé très bien, et aussi La haine et Tenet.

J’arrive assez bien à concilier mes études et mes sorties et pratiques culturelles. Le théâtre ne prend que deux heures le mardi, ce qui me donne, du coup, une journée très chargée : les cours sont de 20 h à 22 h. Il y a aussi du travail à faire pour le théâtre : le texte de la pièce à jouer est à apprendre. J’ai d’abord pratiqué le théâtre seul, mais maintenant j’en fais avec des potes, que j'ai connu au théâtre !

"Avant de faire du théâtre, j'étais très timide."

Mes activités n’ont à priori pas de rapport avec mes études. Mais il est possible qu’une pièce porte sur les nouvelles technologies. En L1, je jouais le film Her, qui avait pour sujet une intelligence artificielle. Faire du théâtre m’apporte beaucoup sur le plan personnel. J'étais très timide auparavant, mais plus maintenant. J’ai un peu peur de me rendre au théâtre à cause de la covid-19, car lorsque l'on est dans le public, on est contraint de mettre le masque, mais pas sur la scène, ce qui poserait des problèmes d’expression. J’espère que la représentation finale se fera au printemps 2021 et sans masque ! "

Photographies Margaux Kirszenberg et Robin Rioult

On est si bien chez soi

Ou comment s'approprier son logement étudiant ?

Par Leili Mir Khosravi

Chambre U, appart étudiant, coloc’ ? Une des questions les plus importantes quand on est étudiant. À Caen, ce sont 30 000 étudiants qu’il faut loger, en cité U, résidences étudiantes privées ou logements indépendants. Quel choix faire ? Mais surtout, comment se sentir chez soi dans un nouveau logement ? Pour répondre à ces questions, je suis partie à la rencontre de deux étudiants, qui m’ont fait découvrir leur logement et la manière dont ils se sont appropriés les lieux. Fais défiler les images pour y jeter un coup d’oeil !

En ouvrant la porte d’entrée, c’est Odile son chat qui m’accueille, et je la laisse me guider en haut des marches pour découvrir l’appartement. Dès mon premier pas à l’intérieur, je remarque tout de suite la multitude d’affiches et d’illustrations qui ornent les murs. Entre nourriture pour chat, jeux vidéos ou encore chaussures qui bordent le palier, on voit la trace personnelle de Thibaut dans chaque recoin de l’espace.

En entrant dans sa chambre, Émeline lance tout de suite sa playlist préférée et s’affale sur son lit. Après deux ans dans la même chambre universitaire, elle a réussi à faire de cet espace réduit son petit chez-elle. À son bureau, un florilège de cartes postales et de souvenirs de voyage décorent le mur et au-dessus du lit, quelques photos de famille sont posées sur les étagères ; en cité U, la patafix est ta meilleure amie ! Malgré les murs de couleur beige et un mobilier un peu ordinaire, elle a trouvé un moyen d’y stocker le nécessaire tout en y ajoutant sa petite touche.

Merci à Émeline et à Thibaut de m'avoir accueillie et fait découvrir leur chez eux !

Caen Ça bouge : le sport à LA FAC

Par Manon Launey, Clara Lecornu et Alexandra Scelles.

Le quotidien d’un étudiant oscille souvent entre études stressantes, petits boulots et doutes sur l’avenir. Dans de telles conditions, le sport apparaît comme une manière de décompresser, de découvrir de nouvelles disciplines, mais aussi de créer des liens. Zoom sur la pratique sportive des étudiants à la fac de Caen.

Entretien avec Olivier Thenaisy, directeur du Service universitaire des activités physiques et sportives (SUAPS) à l'université de Caen

"Le SUAPS de Caen est l'un des plus importants en France : 10 000 étudiants y sont inscrits, soit un tiers des élèves de l'université", explique Olivier Thenaisy directeur du SUAPS depuis 2008. Cet organisme créé au début des années 1960 propose des activités variées allant des sports de forme très populaires à des activités plus atypiques.

Le travail d'Olivier Thenaisy regroupe des missions de direction, d’organisation et d’enseignement. Il doit gérer l’organisation générale du service et les plannings des différents campus : ceux de Caen, Cherbourg, Saint-Lô et Alençon représentant près de 250 créneaux horaire pour 70 activités. À ces tâches s’ajoutent celle d’enseignant de musculation, de boxe, de golf et de tir.

Pour Olivier Thenaisy, la pratique du sport à la fac est "un vecteur d’intégration très puissant. Bien souvent les étudiants considèrent le SUAPS comme un lieu de vie à part entière sur le campus." En ce qui concerne les pratiques sportives elles-mêmes, les activités de forme, comme le fitness, les pilates ou le yoga sont de plus en plus en vogue, et regroupent plus de 30 % des inscrits. "L'explosion de ces activités fait écho au mal-être croissant des étudiants : constatant la forte demande d'activités de bien-être et de détente, le SUAPS a voulu y apporter un remède." Les activités aquatiques, d’expression, de raquette, de tir, de pleine nature, et les sports de combat attirent quant à elles les 70 % d’étudiants restant. Au-delà des sports courants, l’offre s’étend à des sports plutôt atypique et rares sur les campus comme le parapente, la plongée, le golf, l’équitation, le tir sportif ou encore la voile. Le SUAPS de Caen fait également partie des 8 SUAPS de France possédant sa propre piscine. Pour financer ces équipements et payer les professeurs, le service bénéficie "des fonds de l'Etat, de l'université et des contributions de vie étudiante comprises dans les frais d'inscription des étudiants à l'université."

Justine, carabinière

J'ai 19 ans et je suis en deuxième année de licence de psychologie. Je me suis inscrite au SUAPS dès que je suis arrivée à la fac. Je fais du tir sportif et de l’escalade.

Qu’est-ce que le SUAPS t’apporte ?

Beaucoup d’amour et de fous rires. Plus sérieusement, c’est vraiment un bon moyen de se sociabiliser et de voir d’autres gens que ceux qu’on fréquente en cours. Je me suis fait un réel groupe d’amis proches dans certaines activités et c’est toujours un bonheur d’y aller après les cours, même si parfois on est pas très efficaces sportivement. Les séances, les championnats qui font guise de voyage scolaire, les sorties détentes en fin de semaine… c’est vraiment un plus de la vie étudiante !

Quels sont les avantages et inconvénients du SUAPS selon toi ?

Déjà, c’est pas cher et sans prise de tête. Rien à voir avec le lycée où l'on est obligés de participer à des sports qu’on n'aime pas dans le but d’avoir une note. Ici, on choisit ce qu’on veut faire et le seul objectif est de prendre du bon temps et de progresser à notre rythme. Aussi, je trouve ça vraiment cool qu’on ait des sports aussi variés : je fais du tir, ce qui est déjà un sport plutôt rare à trouver sur un campus, mais j’ai aussi fait du parapente et de la plongée et j’ai adoré. J’ai malheureusement dû arrêter car ces deux sports demandaient beaucoup de temps et une assiduité que mes cours ne me permettaient pas.

Une anecdote ?

La première fois que je suis allée au SUAPS, j’étais totalement perdue. Il y avait un garçon dans le hall qui m’a demandé ce que je cherchais. On s’est rendus compte qu’on allait tous les deux au cours de tir sportif. Une fois là-bas, on s’est installés à la même table de tir et depuis on ne s’est pas lâchés. Aujourd’hui, ça fait deux ans qu’on est ensemble. Comme quoi le sport a vraiment des effets bénéfiques !

Dylan, joueur de badminton

J’ai 20 ans, je suis en deuxième année de licence de biologie et je suis adhérent au SUAPS depuis deux ans. J’y pratique le volley-ball et le badminton.

Qu’est-ce que le SUAPS t’apporte ?

Je trouve ça tout simplement génial d’avoir autant d’infrastructures sur le campus. Quand on débarque en études supérieures, c’est pas forcément évident de s’y retrouver. Avoir de quoi se défouler après une longue journée de cours, c’est vraiment super. Ça nous permet aussi de rencontrer des personnes avec lesquelles on partage des intérêts et qu’on n'aurait pas forcément rencontrées sans le SUAPS. Cette année par exemple, je joue au badminton avec un étudiant en première année de licence de biologie. Entre deux échanges, il me pose des questions et je lui donne des conseils.

Quels sont les avantages et inconvénients du SUAPS selon toi ?

Le plus gros avantage : le prix. Autant de sports possibles pour 30 € à l’année, c’est vraiment le top quand on est étudiants. Normalement, on ne peut s’inscrire que dans deux activités différentes, mais quand on devient des habitués et qu’il y a de la place de libre, les profs nous laissent squatter et c’est avantageux pour nous vu le nombre de plages horaires proposées. Au niveau des inconvénients... je dirais le fait qu’il n’y ait pas d’horaires pour chaque sport tous les jours et que la répartition sur les différents campus rend certaines activités difficiles d’accès. Mais ça fait parti du jeu, c’est impossible de satisfaire tout le monde.

Photo : Université de Caen.

Alexandre, basketteur

J'ai 21 ans et je suis étudiant en troisième année de licence de langue. Je pratique le basket à la fac depuis deux ans.

Comment as-tu découvert le SUAPS ?

J’ai, comme la plupart des étudiants, découvert le SUAPS lors de mon inscription sur internet. J’ai tout de suite trouvé l’offre hyper attrayante puisque le choix d’activités est important et l’inscription ne coute que 30 € pour l’année.

Qu’est-ce que cela t’apporte ?

Je pratique le basket de manière assidue et dans un club sur Caen depuis mes cinq ans. Or cette activité en compétition m’impose une rigueur dans ma pratique sportive. Pratiquer le basket à la fac est avant tout pour moi une manière de me détendre en jouant avec des niveaux variés et de manière plus libre et décontractée.

Quels sont les avantages et inconvénients du SUAPS selon toi ?

Les principaux avantages sont selon moi l’hétérogénéité des niveaux sportifs, les professeurs compréhensifs et expérimentés et l’ambiance fac qui rend la pratique du basket plus ludique qu’en club. Pour ce qui est des points négatifs, je n’en trouve qu’un : la difficulté que j’ai à lier les horaires du SUAPS et mes horaires de cours. C’est d’ailleurs pour ces raisons que je ne pratique qu’une activité au SUAPS et non deux.

As-tu une anecdote ?

Le tournoi de basket de Noël m’a particulièrement plu. Nous étions environ 50 dans le grand gymnase de l’université et avions tous ramené de quoi manger, l’ambiance était conviviale et festive. Mon équipe a fini deuxième du classement, nous sommes chacun reparti avec une gourde et un t-shirt estampillés « SUAPS ». C’est un très bon souvenir qui met en évidence que le sport est vraiment une manière de découvrir la fac sous un angle plus chaleureux et gai.

Pierre, boxeur

J'ai 24 ans et j'étudie en première année de Master GREEN (Gouvernance des Risques Et de l’ENvironnement). Je pratique la boxe depuis un an et demi et j’ai également testé pas mal d’autres sports au SUAPS.

Qu’est-ce que cela t’apporte ?

Pratiquer le sport au SUAPS est avant tout un moyen de détente après les cours. C’est également un moment de partage avec enseignants et élèves.

Quels sont les avantages et inconvénients du SUAPS selon toi ?

Pour ce qui est des inconvénients, il faut se dépêcher de s’inscrire car les places dans certains sports très populaires, comme la musculation ou le yoga, sont prises d’assaut. De plus, certains professeurs sont peu compréhensifs quant à notre retard alors même que beaucoup d’étudiants ont cours juste avant le sport. Les avantages sont cependant bien plus nombreux que les inconvénients. Le bas coût de l’inscription permet d’éviter les discriminations financières, puisque beaucoup d’étudiants n’auraient pas les moyens de financer des activités sportives souvent très onéreuses. En dépit de ce prix d’inscription très bas le SUAPS est très bien pourvu en professeurs qualifiés et en équipements, avec des gymnases, des terrains de sport, une salle de musculation, un stand de tir, un ring et une piscine. De plus, il offre un large panel d’activités, y compris des sports méconnus, permettant aux étudiants de tester des sports en tout genre. Le SUAPS m’a notamment permis de tester la boxe, mais également l’escalade, le tennis, le ping-pong, le tir à l’arc, la salsa, et le yoga ! 

Ces rencontres nous ont permis de mieux comprendre l’importance du SUAPS dans la vie étudiante. Le sport est avant tout une manière de se défouler, de s’amuser, de se tester, de se surpasser, mais aussi de se sortir la tête des cours et de rencontrer du monde. Chaque année, le SUAPS compte des inscrits supplémentaires et tente de s’adapter à la demande des étudiants. Qui sait, peut-être y aura-t-il bientôt un créneau de laser game ? Oups, spoiler...

Campus 1, destination Rome antique !

Par Emma Havard-Letouzey et Elisa Leborre

Se balader en Rome Antique sur le campus ? C’est l'expérience immersive que proposent les Nocturnes du Plan de Rome cinq soirées dans l'année. Nous avons rencontré Philippe Fleury et Sophie Madeleine, membres du Cireve (Centre Interdisciplinaire de Réalité Virtuelle) pour saisir les coulisses de cette aventure virtuelle hors norme.

dans les coulisses de la bibliotheque

Par Léandre Bécard

Quand un étudiant arrive à la bibliothèque Pierre Sineux sur le campus 1, il se trouve à mi-hauteur du bâtiment. Il pourra monter à l'étage des périodiques, puis dans la partie dédiée au droit, mais il ne peut pas accéder aux deux premiers étages, qu'il doit dépasser pour arriver à l’accueil. Ce sont les espaces internes. Suivons la directrice de la bibliothèque dans les étages inférieurs. Descendre dans les escaliers, c'est comme remonter le cours du document depuis l'étagère où il est rangé jusque dans les mains de l'étudiant.

Quelques généralités avant d'entrer. La bibliothèque universitaire Pierre Sineux est la plus grande du campus 1. Elle accueille environ 2 000 étudiants par jour, selon la période de l'année. Elle abrite 25 employés permanents ainsi que 9 étudiants. Elle contient 500 000 ouvrages répartis entre les salles de lectures et les magasins. Renommée « Pierre Sineux » en 2017 en hommage à l'historien ancien président de l'université, cette bibliothèque qu'on appelle encore souvent « droit-lettres » couvre en fait les sciences humaines et sociales, la littérature, les langues, les arts du spectacle, l'histoire de l'art, le droit, l'économie, la gestion et les sciences politiques comme disciplines.

L’accueil. Nous nous approchons de l'accueil dont on me dit que c'est « la plaque tournante » de la bibliothèque. L'interface entre la bibliothèque et ses usagers. Les deux employés qui s'y trouvent gèrent les emprunts et les retours des documents, les demandes en magasins et délivrent les clés des salles de travail. Derrière eux, se trouvent trois monte-charges. Quand un étudiant désire un document en magasin, il note sa requête sur un papier qui est placé dans un des monte-charges. C'est aussi avec ce dispositif que lui parvient ce document. À gauche, il y a une étagère pour les livres qui ont été réservés ou pour ceux qui ont été transférés depuis une autre bibliothèque. Ces livres circulent grâce à une procédure appelée le PEB soit le « prêt entre bibliothèques ».

Le prêt entre bibliothèques. À ne pas confondre avec le « service navette » qui se charge de transférer des documents entre bibliothèques du campus, le PEB est un réseau entre bibliothèques - du monde entier - qui a pour but de s'échanger des documents. Les livres sont acheminés par voie postale. Les revues sont plutôt photocopiées. Dans un box vitré, entre la photocopieuse et la salle des arts du spectacle, une employée gère la réception des documents ; tandis que plus loin, une autre s'occupe de l'envoi cette fois-ci. C'est le point de rassemblement de tous les livres du campus en partance vers diverses bibliothèques. Désormais, nous avons dépassé l'accueil et nous sommes vraiment entrés dans les espaces internes inaccessibles pour les étudiants.

Les bureaux. Outre l'inévitable salle de réunion, le planning impressionnant qui règle l'activité de tous les employés, on peut croiser le local où est gérée la plate-forme numérique de la B.U. La secrétaire de la bibliothèque, dans le bureau de laquelle nous entrons, s'occupe, en dehors de la maintenance du planning qui lui prend beaucoup de temps, des commandes et de l'étiquetage des nouvelles acquisition. Elle les classe selon leur destination, les inventorie, les tamponne, leur attribue un numéro, une étiquette avec la cote qui déterminera la place des documents dans l'étagère, un antivol, un code barre informatique et peut éventuellement les plastifier. Les bureaux du troisième étage sont traversés par un couloir où s'étale la collection d'adresses (les vœux d'universités du monde portés à l'université de Caen pour sa réouverture en 1957) qu'on trouve exclusivement à Pierre Sineux.

Dans les années 1950, on construisait des bibliothèques avec des magasins, car peu de livres étaient en accès libre.

Les magasins. Un étage plus bas, nous arrivons dans les magasins où se déploient de hauts rayonnages dans lesquels s'étalent des livres dont les plus vieux peuvent remonter au XVe siècle. Il n'y a pas de fenêtres, le plafond est bas et il n'y a qu'une seule personne qui s'affaire dans cette vaste pièce éclairée par les néons. Son bureau se trouve au centre, juste en face du monte-charge, celui là même que l'on voyait derrière l'accueil, un étage au-dessus. Son travail consiste à transmettre et ranger les documents qui sont demandés par les usagers de la bibliothèque. À l'emplacement du livre qui est remonté, on glisse un « fantôme », une planche en carton avec un film plastique dans laquelle on place un feuillet avec la référence du document, cet objet permet de retrouver facilement l'emplacement des livres empruntés. La présence de ces magasins s'explique par le type de bibliothèque qu'on construisait dans les années cinquante : il n'y avait pas ou peu d'ouvrages en libre accès. De plus, les 500 000 documents auraient pu créer un effet de saturation s'ils avaient tous été dans l'espace d'étude. Ainsi, les livres se répartissent entre l'espace d'étude ou les magasins selon la fréquence de leur utilisation : les manuels, dictionnaires et les « basiques » vont se trouver à portée de main des usagers tandis que les livres spécifiques, les monographies plutôt destinées à la recherche vont être stockés.

L'atelier de restauration. Au rez-de-chaussée, nous entrons dans l'atelier de réparation des livres. Deux employées se répartissent les volumes. Sur les livres récents, on réalise des reliures préventives plus solides, un renforcement (on réalise des reliures chinoises, ce qui prend environ deux heures de travail) pour permettre la photocopie notamment. La restauration de livres anciens s'inscrit quant à elle sur le très long terme. Il consiste plutôt en « un leg aux générations futures ». Il s'agit d'entretenir les documents avec les techniques de l'époque, sans les dénaturer. Pour leur conditionnement, on range les divers documents dans des cartons neutres, c'est à dire de PH basique, ce qui vient contrer l'acidité du papier qui fait que les livres « se rongent eux-mêmes »

Le vaguemestre. Avant de conclure cette visite, nous passons rapidement dans le local du vaguemestre qui s'occupe d'avantage de la manutention. Il réceptionne le courrier, les livres en provenance des « navettes » et déballe les nouvelles acquisitions. Son local débouche sur le quai de livraison où s'arrête le véhicule de la B.U. qui effectue les navettes. Arrivés à ce point, on comprend que l'on a remonté tout le parcours que peut effectuer un livre à travers la bibliothèque Pierre Sineux depuis son arrivée jusqu'aux mains de l'étudiant.

ETRE ETUDIant-e aujourd'hui ?

Par Marianne Viron

Comment les étudiants vivent-ils l'expérience de l'université ? Comment gèrent-ils le stress des études, l'apprentissage de l'autonomie, la vie collective ? Témoignages de trois étudiant-e-s : Elisa, Aïssata et Thomas. Pour une meilleure écoute, branchez un casque...

Spathae cadomum, la caste guerrière du campus

Par Baudoin Davoury

Radio phenix, en direct de la fac

Par Max Langlois et Johanne Travers-Mougel

Radio associative étudiante créée en 2006, Radio Phénix est aujourd'hui l'émission qui couvre le réseau universitaire (et plus) de Caen. Clémence, 22 ans, y effectue un service civique. Ses semaines se partagent entre son volontariat, ses cours, sa vie personnelle et étudiante. Interview portrait de cette jeune animatrice.

le cycle de la paperasse

Par Robin Rioult et Margaux Kirszenberg

Dimanche 3 novembre 2019 : vos deux reporters d’investigation sont au fond du trou ! Ils ont passé une bonne partie de leurs vacances à tenter d’interviewer un membre de la sécurité, afin d’écrire un article sur « le campus de nuit ». Pour ce faire ils ont dû rentrer en contact avec différents services universitaires pour obtenir une autorisation dans les temps, mais sans succès ! Les portes de l’administration sont pourtant loin de leur être fermées : on les reçoit, on les conseille, on leur donne les adresses mails et les numéros de téléphones des personnes que l’on suppose en charge mais, de contacts en contacts, ils se retrouvent ici, à leur point de départ. La phrase clef de cette anecdote ? « Il me faut une autorisation. » Mais de qui ? Les fonctionnaires que nous avons contactés semblaient aussi perdus que nous. Du membre du personnel à la direction, tous semblaient perplexes sur leur capacité à nous accorder une interview. La boucle est bouclée. Le service communication du CROUS nous renvoie vers l’antenne ou nous avions commencé notre quête, ils ne peuvent rien pour nous. Le sujet sur le campus de nuit ne se fera pas dans les temps. C’est un échec, mais nous en sortons avec une nouvelle idée d'article : cela n’a pas dû arriver qu’à nous, non ?

Possédez vous le laissez-passer A38 ?

Mardi 5 novembre 2019 : nous sommes partis à la chasse aux témoignages à propos de ces couacs, ces grincements de machines et ce manque de fluidité que rencontre parfois le bon vieux moteur de l'administration. Nous décidons d'aborder un petit groupe d’étudiants en pause café sous la galerie vitrée : Yohan, étudiant en psychologie, nous explique que son inscription via Parcoursup s'est bien déroulée, mais que les ennuis ont pointé le bout de leur nez parla suite. Lors de son inscription administrative, les serveurs ne reconnaissaient pas son INE (Identifiant National Étudiant) : il est pourtant inscrit et a payé les frais d'inscription. Lors de la semaine de pré-rentrée, il découvre que son nom est absent des listes d’appels. Il prend rendez-vous en urgence avec le centre d’inscription, évidemment bondé en début d'année. Yohan est renvoyé six fois d’un bureau à un autre, jusqu’à ce qu’un employé découvre qu’il est possible d'entrer l’INE manuellement dans le dossier. Et le problème est réglé...

Au carré international, nous rencontrons une étudiante allemande, Claudia, qui suit à Caen une licence d'économie grâce à un partenariat avec son université d'origine. Dans un français parfait, elle nous explique comment elle a dû faire un aller retour en Allemagne pour récupérer l'original d'un justificatif. Au restaurant universitaire, c'est Louise, qui attend une amie pour manger un morceau. Elle sort sa carte étudiante, le sésame des RU, des partiels et des réductions de prix. Elle est particulièrement heureuse de la tenir entre ses mains : elle n'a réussi à la recevoir que deux mois après la rentrée ! La conception de sa carte n’avait pas été lancée automatiquement avec l'inscription. Marion est étudiante en sciences humaines. « Je devais effectuer mon inscription avec le statut « étudiant AJAC », ce qui m’aurait permis de commencer ma L3 tout en pouvant rattraper le second semestre de ma L2 que je n’avais pas validé. J’ai rempli les formulaires en ligne et j’ai effectué le paiement de mon inscription." Mais quelques jours après la rentrée, elle apprend qu'elle est attendue en L2 complète. "Il s’agissait en fait d’une erreur sur mon bulletin de note, qui ne comportait pas la mention me permettant d’accéder au statut AJAC."

Ces témoignages montrent combien les procédures d'inscription peuvent être complexes. Avec l’arrivée de 6293 nouveaux étudiants cette année, en plus des quelques 20 000 réinscriptions, il n'est pas étonnant que l’administration s’emmêle parfois les pinceaux. D'autant que seule une vingtaine de salariés sont responsables des inscriptions, et le système de télécommunication est assuré par des étudiants. Enfin, la plupart des échanges entre les étudiants et leurs universités se font par informatique et cette dernière est loin d'être infaillible...

Si ce petit voyage nous a appris quelque chose, c'est bien que l'administration universitaire peut faire des erreurs. Elle doit gérer un nombre d'étudiants de plus en plus nombreux au fil des ans avec des effectifs qui ne suivent pas. Il est donc tout à fait possible de se retrouver coincé dans une boucle absurde. Le dessin animé « Les douze travaux d'Astérix » ne représentait-il pas déjà les administrations comme des lieux sans Foi ni Loi ou obtenir le moindre papier, la moindre autorisation, était un travail titanesque ? Si vous faites partie de ces gens qui n'arrivent pas à obtenir un « laissez-passer A38 », ne vous désespérez pas trop longtemps : le CROUS de Caen, malgré son manque de réponse à nos premières questions, nous a renvoyé un mail. Il a trouvé la personne en charge des relations publiques et nous demande si nous avons toujours besoin d'une interview avec un membre de la sécurité !

Raconte moi ta pause dej’ sur le campus

Par Marie Massot et Alice Soulié

Plus de 29 000 étudiants mangent sur les campus caennais. Quelles sont leurs habitudes alimentaires ? Quelles options sont proposées par la fac ? Quels endroits fréquentent-ils ? Rencontre avec trois étudiants aux profils différents.

Midi. Les étudiants affamés affluent sur le campus en quête de nourriture – les estomacs vides ne vont pas se remplir tout seul. Entre cafétérias, restaurants universitaires et maison de l’étudiant, les choix sont multiples ; le véritable dilemme étant de savoir ce qu’on mange aujourd’hui. Plutôt sandwich volaille-crudité à la cafet ou assiette de lasagnes au RU ? Les établissements, gérés par le CROUS (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires, en charge de la restauration universitaire) sont parés et proposent des légumes-féculents tous les jours, ont des options « à emporter » et se sont même adaptés aux évolutions alimentaires des étudiants en proposant des alternatives végétariennes. Sur le papier, la mécanique semble bien huilée : chaque étudiant reçoit ses cinq fruits et légumes par jour. En réalité, cette vérité est à nuancer : les RU bouchonnés aux heures de pointes, les trois frites qui se battent en duel après 13h, les barquettes à emporter plus vides que remplies, les végétaliens exclus de toutes options…. Alors, qui s’y retrouve vraiment ? Comment mangent réellement les étudiants sur le campus ?

Pierre-Edouard prépare ses petits plats vegan

Pierre-Edouard est étudiant en 3e année de licence STAPS (sport), spécialité ergonomie. Végétarien depuis 6 ans, végétalien depuis 6 mois, il a dû s’adapter pour manger sur son campus. Lorsqu’il n’était qu’un végétarien (pas de consommation de viande ou de poisson), il pouvait manger au CROUS : en effet, l’étudiant a le droit de remplacer la viande par deux ou trois plats en plus. Ce qui n’était alors qu’une histoire de conviction devient aussi une histoire de quantité : il précise, le sourire aux lèvres, que « c’est un super bon plan qui permet de manger plus ! » Mais lorsqu’il choisit de devenir végétalien (aucun produit d’origine animale), les choses se compliquent. Manger au RU devient bien plus périlleux : les employés ne sont pas formés au véganisme et ne sont pas capables de fournir des renseignements sur les alternatives végétariennes : il y a-t-il des œufs ou du lait dans le steak de soja du jour ? Et les légumes, qui semblent devenir la seule option considérable, sont aussi à éviter : pour ne prendre qu’un exemple, les haricots sont cuits au beurre… Pas de solutions envisageables sur le long terme. Les plats proposés dans le cadre universitaire ne s’harmonisent pas avec les choix de vie de Pierre-Edouard. Par conséquent, il doit apporter sa propre nourriture sur le campus. Loin de considérer cela comme une mauvaise chose, il s’en réjouit même : ses finances s’en portent mieux, il mange équilibré et à sa faim. Apporter sa propre nourriture ne provoque pas son isolement : la plupart de ses amis prennent à manger à la cafétéria du coin et le rejoignent dans le hall de l’UFR ; il lui arrive également de rentrer chez lui, lorsqu’il a le temps. Dans les deux cas, il a su trouver un équilibre. Pierre-Edouard est convaincu qu’il est possible et facile pour le restaurant universitaire et les cafétérias de se « végétaliser » : avec une sensibilisation adéquate des employés et des actions concrètes, les possibilités sont infinies. Pourquoi ne pas commencer par un plat végétalien par semaine ?

Lucie rentre manger à la maison

Lucie Peyret est étudiante en deuxième année de pharmacie. Pendant plusieurs années, elle envisage la possibilité de devenir végétarienne, mais ne concrétise pas son projet. « J’avais peur de bloquer ma vie sociale, de ne plus pouvoir manger partout au restaurant, d’avoir des difficultés pour me nourrir dans la vie de tous les jours... » témoigne t-elle. « Lorsque je mangeais au RU, je prenais toujours, inconsciemment, des plats avec de la viande cachée comme des lasagnes ou des pâtes bolo. Ma réflexion avait déjà commencée, mais c’est avec les alternatives végétariennes proposées chaque jour dans mon RU que j’ai vraiment pu aller jusqu’au bout. » Les restaurants universitaires mettent à disposition des étudiants depuis quelques années des plats végétariens : burgers, lasagnes, quiches… Les assiettes sont bien remplies et les plats varient tous les jours, ce qui est agréable pour les étudiants au régime spécifique. Lucie apprécie énormément son restaurant universitaire : « Il est génial ! Entre les pizzas, le bar à salade, les desserts… c’est le rêve ! » Pour cette amoureuse de la nourriture, il est possible de manger avec gourmandise sans frustrations. Elle reconnaît d’ailleurs que c’est vraiment une bonne chose que les RU se mettent un peu au vert. Mais il y a un problème : en raison de travaux, son RU est fermé jusqu’au printemps prochain. Il y a bien une cafétéria qui reste ouverte, où les étudiants peuvent acheter sur place ou apporter leur repas, et quelques « crous-trucks » répartis sur le campus, mais cela se révèle très vite répétitif et lassant. Les plats sont souvent les mêmes : paninis-fromage, sandwich-crudités, lasagnes végé… Pas top niveau variété. Lucie choisit alors de manger chez elle tous les jours de la semaine. Cela lui permet de gérer ses repas, de varier comme elle le souhaite et, avec un peu d’organisation, elle trouve cela bien pratique. Sa pause déjeuner est l’occasion de rentrer chez elle, de se poser, de se déconnecter de la fac et des cours. La raison est aussi financière : à raison de 3 ou 4 euros pour un sandwich, Lucie préfère de loin se faire à manger dans son appartement. Et lorsque la solitude lui pèse, elle rapporte son plat dans la cafétéria, qui dispose de micro-ondes spécialement destinés aux étudiants qui rapportent de la nourriture de l’extérieur. Elle aime beaucoup son restaurant universitaire, mais souhaiterait voir apparaître, idéalement, des plats végétaliens…

Johane trouve son bonheur au resto U

Johane Travers-Mougel est étudiante en troisième année d’Humanités Numériques. Du fait de son alimentation, elle peut manger où elle le souhaite et varie tous les jours, en fonction de ses envies, de sa faim et de son temps de pause. Elle fait attention à son alimentation et à sa santé : « Je mange de tout, mais en quantité limitée. Je fais en sorte de m’apporter une dose suffisante en protéine et en minéraux en mangeant de la viande et du poisson, mais je mange aussi beaucoup de légumes et de féculents. En règle générale, j’essaye d’avoir un régime alimentaire sain et diversifié. » Pour manger sain, elle privilégie toutefois le restaurant universitaire, dont les options sont plus vertes. Dans les cafeterias, on trouve beaucoup de tacos, de paninis, de sandwich/wraps… ; et les légumes et féculents arrivent souvent en bon derniers, tout comme les fruits. Pour quelqu’un qui fait attention à sa façon de se nourrir, le mieux reste tout de même le RU. « Évidemment, on peut aussi prendre steak-frites tous les jours. C’est à nous de choisir la façon dont on veut manger. » Johane trouve facilement son bonheur entre les différents poissons proposés chaque jour, les salades, les soupes, les quiches, les crudités et les desserts. Petit plus de la rentrée 2019 : le CROUS propose des plats « faits-maison », repérables à l’aide d’une pancarte, mais qui sont très souvent victimes de leur succès ! Cependant, elle regrette l’organisation du RU. Souvent, après 13h les choix sont restreints, il y a beaucoup de queue aux heures de pointes et l’environnement est très bruyant. « C’est difficile d’avoir un moment de calme au mangeant au RU. Même pour parler, il faut hausser la voix. » Pour autant, elle en apprécie la proximité et a l’impression d’avoir une vraie pause le midi, de disposer d’un endroit où elle peut s’asseoir, manger sans réviser et discuter avec ses amis. Si il y a un changement qu’elle aimerait voir se produire à la fac, c’est l’apparition de salles en libre-service avec micro-ondes, qui permettrait à chacun de ramener sa nourriture préparée en à l’avance.

Ces pages ont été réalisées au premier trimestre 2019 par les étudiants de licence 3 Humanités Numériques de l'université de Caen-Normandie, dans le cadre d'un atelier média encadré par Marylène Carre, journaliste.

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