Oui, vous avez bien lu. Il faut cesser d'encourager les entreprises locales et ce plus que jamais. Ça fait longtemps que je réfléchis à ce sujet et je trouve qu'il est d'autant plus d'actualité avec tout ce qui entoure la pandémie. Ceci étant dit, il est impératif que nous cessions cette bonne action... Cette action qui pour certain demande un effort supplémentaire et qui pour d'autre se traduit par un geste anodin. Cessons de donner quelques dollars une fois de temps en temps aux entreprises locales en se disant qu'on vient de faire une bonne action en les encourageant. Cessons d'encourager les entreprises comme le p'tit gars ou la p'tite fille qui fait du porte-à-porte pour vendre des palettes de chocolat pour financer les activités de son équipe sportive.
Ah, ce mot «encourager»... Comme il m’emmerde ! Et si nous changions de paradigme ? Est-ce que l'emploi du mot «investir» serait plus juste ? Parce que, au final, nous investissons dans nos entreprises régionales lorsque nous achetons chez elles. Nous investissons dans la station-service du coin lorsque nous achetons notre essence, nous investissons dans l'entreprise agricole en achetant nos fruits et légumes au kiosque pendant la saison estivale, nous investissons chez les détaillants indépendants lorsque nous priorisons l'achat chez eux au lieu des grandes surfaces... Bref, nous investissons dans notre communauté pour garder l'ensemble des produits et services accessibles. En agissant de la sorte, nous assurons une certaine pérennité pour les années à venir. Voyons ça comme un placement dans notre écosystème ! N'oublions pas que nous nous installons où nous pouvons nous développer au niveau personnel et professionnel. Nous cherchons de la diversité, un endroit où s'épanouir, où nous pouvons fonder une famille et pourvoir à ses besoins... Je ne sais pas pour vous, mais moi une ville fantôme ou un désert ne m’intéresse guère et je doute être seul à partager cette opinion.
D'un point de vue économique, c’est lorsqu'il y a des perspectives de croissance et de développement que les gens s'installent. Ils désirent investir dans leur avenir. On dira bien ce qu'on voudra, mais dans tous les cas il faut gagner notre vie qu'on accepte ou non le système capitaliste. Ensuite, n'oublions pas que la demande crée l'offre. Une concentration de citoyen engendrera de nouveaux services à la population (écoles, clubs sociaux, activités municipales et j'en passe).
Bien que ceci dresse le portrait de la croissance économique par la participation de la population, il faut garder en tête que le contraire est aussi vrai. La réduction des achats locaux mènera à une diminution des produits et services régionaux et tranquillement à la désertification des municipalités. Peut-être que vos enfants n'auront plus accès à des services comme les camps de jour ou à une bibliothèque, mais est-ce vraiment important ? Je vous laisse en juger...Toutefois, soyez rassuré que vous pourrez toujours commander vos trucs sur internet et les recevoir dans les jours qui suivent. Pour moins cher en plus! C'est merveilleux non? Mais que se passera-t-il lorsque les frontières ne laisseront plus passer les marchandises? Lorsque nous serons dépendants des importations? Lorsque nous ne pourrons subvenir à nos besoins? Croyez-moi, les pays vont desservir leur population avant de venir en aide à ceux qui en ont besoin. Il est peut-être temps que nous nous sortions la tête du sable et que nous nous demandions ce que nous voulons en tant que société. Le statu quo? Jamais! Laissez-moi vous partager la citation de Charles Darwin qui m'anime depuis quelques années et dont je ne me lasserai jamais «Les espèces qui survivent ne sont pas les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s'adaptent le mieux aux changements». Je crois qu'il est temps que nous entamions une métaphormose sociétale pour la survie de notre espèce Les Québécois/Québécoises.
Donc l'achat local ne devrait pas être considéré comme une marque d'encouragement, mais bien un devoir citoyen dans l'unique but de maintenir et de développer les produits et services qui nous sont chers et qui assurent l'avenir de tout un chacun. Nous sommes tous dans le même bateau et nous avons intérêt à ramer ensemble vers le même objectif... le bien commun.
Simon Brault
Credits:
Inclut des images créées par Juliana - "Corners of Brugge" • Kat Yukawa - "Change for Change" • Hunters Race - "This is a shot of the owner of New Zealand watch company - Hunters Race." • Louis Renaudineau - "untitled image"