Champ de Mars. 1903 : le marché aux légumes de la place de la Duchesse-Anne est transféré avenue Carnot au Champ-de-Mars dans un bâtiment en bois où se côtoient maraîchers, négociants et particuliers. Il devient un lieu de commerce très actif.
“Il est remplacé, en 1938, par le palais du Champ-de-Mars qui, sous sa structure en béton, abrite le marché de gros aux légumes et aux fruits ainsi que la poissonnerie municipale dont l’ancien bâtiment est détruit en 1940, suite aux comblements des bras nord de la Loire”, relate l’historien André Péron dans Le Dictionnaire de Nantes (Presses universitaires de Rennes).
Le « ventre » de Nantes. Il se trouve donc au cœur de la ville près des usines Lefèvre-Utile, entre un bras de Loire et le canal Saint-Félix. Les maraîchers du pays nantais viennent y vendre leur production. Un emplacement leur est réservé au rez-de-chaussée du Champ-de-Mars qui est alors l’une des plus grandes salles de France. Les vendeurs de légumes occasionnels sont installés à l’extérieur de l’édifice. Les grossistes, pour développer leur activité, aménagent des entrepôts dans le quartier, certains encore visibles aujourd’hui : “La salle de sport du Squash nantais rue Fouré, abritait un entrepôt de fruits secs et le restaurant Baron-Lefèvre rue de Rieux, est un ancien entrepôt d’agrumes construit en 1936”, explique le journaliste Philippe Corbou, co-auteur avec le photographe Jean-Marc Mouchet d’un ouvrage sur l’histoire du Min de Nantes paru en octobre 2017 (aux éditions d’Orbestier).
Vie de faubourg. Quelle ambiance règne alors ? “C’est très familial, avec une vie de faubourg autour des cafés du « Marché » et du « Progrès ». C’est le temps de la « baladeuse », une brouette avec une roue en bois pouvant faire 10 mètres de long et capable de transporter jusqu’à une tonne de marchandises.” Les ouvriers employés par les grossistes et les maraîchers livrent avec leurs « baladeuses » les commerçants, épiciers et restaurateurs du quartier et du centre de Nantes.
Du Champ de mars à l'île de Nantes
Après Guerre, la nécessité de réorganiser la distribution des denrées alimentaires est entérinée par la création en 1953 des Marchés d’intérêt national (Min). Les objectifs de cette mesure ? Concentrer l’offre et la demande pour favoriser la concurrence et la baisse des prix et moderniser l’achalandage des produits. Le marché de gros de Nantes – également dénommé marché-gare - acquiert le statut de Min en août 1965.
En mars 1969, le marché de gros quitte le Champ-de-Mars et s’implante sur l’Île de Nantes sur une surface de 16 hectares. Un choix qui ne doit rien au hasard : le Min nantais doit être accessible, notamment pour les semi-remorques. Il se trouve ainsi à la connexion d’infrastructures logistiques, routière, ferroviaire et portuaire, sur l’un des grands axes nord-sud de la ville, près de la gare de Nantes-État et à proximité du quai Wilson où débarquent fruits et légumes d’outre-mer et où est implanté un vaste hangar à primeurs. Un nouveau modèle économique émerge : le Min, où les chariots élévateurs ont remplacé les « baladeuses », devient une plateforme agroalimentaire qui profite aussi bien à des acteurs individuels (producteurs, commerçants, restaurateurs) qu’à d’importantes entreprises (mareyage, conditionnement de fruits, mûrisserie).
Premier marché régional de France
Depuis 1975, par son chiffre d’affaire et le volume de marchandises traité, le Min de Nantes occupe la seconde place après Rungis. Pour demeurer le premier marché régional de France, Nantes s’adapte et évolue : en 1985, il s’étend sur 4 hectares supplémentaires alloués par la Ville. En 1989, un marché aux fleurs – Océane Fleurs – est créé, puis une importante mûrisserie de bananes en 1992. Ses bâtiments passent d’une surface de six à dix hectares. Comme une ville, il est en mutation.
Un livre pour raconter le MIN. "Le MIN, le ventre de Nantes", rédigé par Philippe Corbou, journaliste à Presse-Océan et mis en image par le photographe Jean-Marc Mouchet, permet de relater l'Histoire d'un acteur économique local d'envergure finalement peu connu des Nantais. Cet ouvrage, fruit de 5 années de travail, dresse également le portrait de celles et ceux qui aujourd'hui l'animent et le font vivre. "C'est un livre d'histoires qui permet de comprendre l'Histoire du MIN."
Le MIN, c'est une ville dans la ville qui vit de nuit comme de jour, du matin au soir et du soir au matin." Philippe Corbou.
Le transfert à Rezé
Aujourd’hui, le Min Nantes Métropole accueille plus de 100 entreprises, dont près de 40 producteurs locaux et compte environ 1 000 emplois. Il réalise un chiffre d’affaires de 470 M€ annuels. Une nouvelle page de son histoire s’apprête à être tournée puisque dans le cadre de l’urbanisation de l’île de Nantes et de l’arrivée du futur CHU en 2026, il est transféré en février 2019 sur le parc d’activités Océane Nord à Rezé, au sein d’un pôle agroalimentaire.
Le MiN Nantes Métropole, aujourd'hui et demain.
Le Min est désormais installé en bordure du périphérique (porte de Rezé) et près des zones de production maraîchère. Une nouvelle fois, le marché de gros nantais connaît une nouvelle mutation et va booster la filière agroalimentaire, implantée dans le pays nantais depuis plus de cinq siècles.
Le futur site du MiN de Nantes Métropole est totalement opérationnel depuis fin février 2019 avec plus de 100 opérateurs sur le MIN dont près de 40 producteurs locaux. Le site se déploie sur 19,4 ha, l’équivalent d’environ 27 terrains de football, dont 70 000 m² de surfaces construites. Le pôle agroalimentaire a une surface de 54,5 ha – incluant le MiN - dont 7 exclusivement réservés aux artisans. Près de 200 entreprises sont présentes à terme sur le pôle et le nombre d’emplois porté à 2 000.