Dans les Vosges en septembre, l'été joue souvent les prolongations, à tel point qu'"on dirait le sud", avec cette sublime et mythique chanson qui tourne en boucle dans ma tête ... La forme et la motivation étant toujours là, je profite d'une belle fenêtre de tir pour aller poser mes roues du côté de la Haute-Saône, dans des contrées rarement visitées qui recèlent pourtant 1000 richesses ... Allez, cap au sud !
L'été indien se caractérise néanmoins par une amplitude thermique importante entre le jour et la nuit, imposant une tenue adaptée au départ ... Je rejoins la Perle des Vosges après avoir transité dans la fraîcheur et l'ombre de Martimpré, sans les affres du vent cette fois.
Après avoir profité de la vue sur le lac, je monte vers les Bas-Rupts pour attaquer le col de Grosse Pierre que je n'avais pas encore gravi par ce versant en 2020 ... aussi bizarre que surprenant !
Au sommet, une belle transition s'offre à moi, avec la descente vers La Bresse puis le faux-plat descendant vers Cornimont. Je retiens ma respiration en passant à hauteur du "Couâroge", EHPAD devenu tristement célèbre au début de la crise du COVID-19 (il faut bien blaguer un peu pour faire face à ce virus ...), puis après avoir traversé la bourgade, j'enquille sur la route forestière menant au col du Morbieux, où l'apnée ne sera plus guère de mise ...
Une ascension pas très longue mais qui vaut son pesant de cacahuètes !
Route étroite très granuleuse qui ne rend pas et recouverte de mousse en son milieu ...
Malgré un secteur descendant à mi-ascension permettant de rejoindre le versant au départ de Saulxures, et les 500 derniers m quasi plats, c'est du 7-8% en moyenne avec passage à 13%, le tout dans le silence et la quiétude de la forêt : royal !
La descente vers Ramonchamp est un peu scabreuse, comme souvent sur les routes forestières, je n'y fais donc pas le zouave ... La suite ? C'est du lourd, avec la redoutable route de la Colline, un doux euphémisme en vérité, quand on se retrouve confronté à ses % : une 1ère rampe à 8% qui donne le ton avant une brève redescente, puis il faut s'accrocher mentalement pour 2 km et 210 m D+ : nom de Zeus !
Ce n'est que mon 2ème passage "all time" ici (j'avais découvert cette perle lors de la Granfondo Vosges de 2019), mais ses passages à 15% étaient bien restés ancrés dans ma mémoire !!! Les paysages un peu moins par contre, il faisait gris de jour-là et en course, on a quand même un peu le nez dans le guidon ...
Aujourd'hui pas de concurrent à rattraper, de roue à suivre ni de rythme à maintenir et le soleil brille de 1000 feux, mais cela n'empêche cependant pas un effort violent ...
Après avoir traversé la route des Forts, mon itinéraire se poursuit dans la région des 1000 étangs. Je traverse un peu stupéfait des forêts dévastées par le scolyte : des hectares entiers ont été débardés, sont en train de ou le seront. Des ravages proprement hallucinants et d'une ampleur colossale : on a manifestement atteint le point de non-retour ...
La région est constellée d'étangs qui lui ont conféré son nom et sa réputation. De la vulgaire mare au mini lac, la route menant à Esmoulières est jalonnée de plans d'eau aux charmes uniques.
Après Esmoulières, la route dégringole brutalement en quelques lacets qui menaient vers l'arrivée des 3 Ballons à l'époque "transitoire" où la cyclo n'arrivait plus à la PBF : le parcours passait alors par l'effroyable montée vers Beulotte St Laurent avant de se conclure sur du plat, ce qui m'avait permis en 2015 de boucler les 210 km / 4300 m D+ à 28 km/h de moyenne, une "performance" dont je ne me serais jamais cru capable.
Depuis, j'ai retenté l'expérience en 2019 avec cette fois arrivée au sommet de la PBF (après 200 bornes ça marque !), une sacrée journée qui m'avait vu conclure dans le Top300 scratch et 21ème caté, un super souvenir. Entretemps, le Tour est passé par ici, mais à contresens, lors d'une frustrante étape Vittel - PBF qui avait sérieusement évité le massif où il y a pourtant moyen de tracer une étape dantesque genre 200 km / 5000 m D+ ... Un jour peut-être, il paraît que le col du Haag va être regoudronné ...
A ce sujet (parenthèse) il suffirait de s'appuyer sur le parcours des Marcaires au départ de Munster, arrivée au Gaschney (120 km / 3200 m D+) et d'y ajouter une boucle Markstein - Kruth - St Amarin - Haag - Markstein, une bonne base ... Autre exemple, l'Alsacienne et son extraordinaire parcours (seule la Marmotte dans les Alpes doit faire mieux je pense) : 167 km / 4700 m D+. Bon, on peut toujours rêver ...
Je poursuis ma route vers Faucogney, où il ne manque que Blanche-Neige pour l'accueil !
A Raddon et Chapendu, mon parcours opère un quasi demi-tour : c'est désormais cap au Nord, via la route de St Bresson, jamais fréquentée.
Il s'agit maintenant de remonter jusque la route des Forts. Une montée en 2 temps avec un 1er coup de cul suivi d'un replat précédant la "vraie" montée.
Une montée accessible mais pas anodine, ponctuée de quelques passages >7%.
On accède alors sur un plateau offrant une belle vue, potentiellement jusqu'au Jura voire les Alpes par temps clair.
La route a beau être barrée d'une ligne GPM, elle continue ensuite de monter insidieusement pendant 6-7 km.
Pas besoin de faire un dessin, c'est l'extase là-haut, l'envie que ... le temps dure longtemps ... plus d'un million d'années ... et toujours en été ...
Le bonheur est dans le pré !!!
Deviendrais-je pieux ? Je passe à hauteur d'une nouvelle chapelle, c'est pas ma faute !!! Pédalant souvent seul, je suis adepte des messes basses, mais pas trop le temps malgré tout de brûler un cierge !
Me voilà de retour sur la route des Forts, sorte de route des Crêtes bis, avec la particularité d'être largement aussi casse-pattes.
Un dernier étang "pour la route", puis je descends ensuite vers Remiremont pour un retour au bercail somme toute classique.
Sur la route de Seux, je passe à hauteur de la chapelle des Arts sans ralentir : la messe n'est pas encore dite !
Pour ajouter un peu de piment à cette fin de parcours, j'opte après Cheniménil pour la bucolique route du Boulay, moins monotone et agrémentée d'une sympathique bosse permettant de soigner le D+, avant un retour classique via Vienville et le col éponyme, en conclusion d'une journée royale.
"On dirait le Sud.
Le temps dure longtemps
Et la vie sûrement
Plus d'un million d'années
Et toujours en été."
Ahhhh, si seulement !...