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Sortie nature Denis Huin

Sortie Nature dans la Plaine des Maures

Animée par Denis Huin, guide naturaliste et ornithologue

Organisée par l’association « les amis de Villepey »

Dimanche 22 avril 2018

C’est toujours un plaisir de faire une sortie nature avec Denis. Sa connaissance de la flore et la faune et sa manière de nous les restituer en font des journées d’une rare intensité. C’est la troisième balade naturaliste sur le thème de l’eau dans des sites siliceux, après l’Endre et le Reyran.

Nous marchons tout le long de la balade sur des roches qui affleurent et qui sont à la base de toute une écologie particulière liée à l’eau.

Le paradoxe de ce lieu, c’est que nous sommes dans un des endroits le plus sec et le plus chaud de France mais aussi dans un endroit le plus humide qu’il soit ! Il n’y a aucune source mais toutes ces roches sont imperméables. Le moindre creux dans la roche créait une mare quand il pleut. En pleuvant régulièrement ces mares sont entretenues et attirent toute une vie aquatique qui va se développer d’octobre à avril.

Apres cette faune aquatique trouve forcément une solution pour ne pas disparaître et résister à l’extrême sécheresse qui va s’installer sur cette zone.

Dans les endroits creux, avec l’eau, la terre va s’accumuler et des pelouses vont pousser. Dans les creux plus importants l’eau sera plus visible à fleur de terre, et des endroits plus creux avec des vraies mares et de la vie aquatique amphibie qui explique que l’Etat français a pris conscience du vrai intérêt des lieux .

Pelouse dans un endroit creux
Formation de mares

Ainsi depuis 2009, une réserve naturelle a été créée sur ce site mais qui a du prendre en compte ce qui existait déjà. A savoir

- La plus grosse décharge à ciel ouvert de France pour la moitié du département du Var.

- Des Vignerons un peu partout qui traitent beaucoup

Nature des Roches :

Ce sont des grés permiens. Ce sont des grains de sables, graviers, blocs qui viennent tous de l’érosion du massif des Maures il y a 300 a 400 millions d’années, lorsque le massif des Maures culminait à 5 a 7000 mètres d’altitude. Il y avait ici une mer intérieure qui s’est remplie des déchets du massif des Maures qui se sont accumulées. La couleur rouge provient du fer présent dans la roche. A l’air libre, le fer s’oxyde et devient rouge. Ces roches sont souvent couvertes de mousses ou couvertes d’algues microscopiques.

Les terrains, du fait de la silice, sont acides. Des bruyères poussent ici. Le paysage est quasiment plat avec des micros reliefs et des vallées de 2 à 3 mètres de profondeur et des sommets à 2 ou 3 mètres de hauteurs. L’eau part des sommets et s’écoule dans les vallées et s’accumule dans les points les plus bas.

C’est la même configuration qu’en montagne en modèle réduit.

Les tortues Hermann

Le massif des Maures est le dernier endroit où survit la tortue Hermann qui était il y a 150 à 200 ans sur tout l’arc méditerranéen. C’est d’ailleurs la première raison de la création de la réserve : sauver les dernières tortues d’Hermann. S’en est suivi la découverte de la richesse de ce lieu : plantes animaux, micro zone humide.

Prairie temporairement humide sur sable fin

Concentration extraordinaire de plantes. Certaines vont pousser en hiver toutes petites qui vont être remplacées par des plantes moyennes en taille qu’on voit le plus aujourd’hui et qui vont laisser la place a des plantes plus hautes s’il pleut encore. A la fin du mois de juin tout sèche mais devra résister pour attendre l’automne et l’hiver. Ces plantes vivent comme dans le désert avec un rythme de vie actif très rapide, qui font des fleurs très vite et qui vont mourir très vite. Deux options pour résister à la sécheresse pour ces plantes : soit des graines en quantités, sot des bulbes qui stockent des réserves et qui restent vivants sous terres.

Parmi les plantes à bulbes, il y a une quantité impressionnante d'orchidées

la serapias négligée
La sérapias langue

La langue qui pend à la verticale de serapias langue, la rend attractive mais c’est aussi un tapis brosse. Les petits insectes viennent se réfugier la nuit ou par temps de pluie dans le tube que forme la fleur. Les poils de l’insecte se retrouvent avec plein de pollen. Le soir suivant, elle va rentrer dans une autre serapia langue. En passant sur la langue celle ci brosse l’insecte et envoie le pollen vers le pistil de la fleur qui sera ainsi fécondé.

AUTRES PLANTES OBSERVEES

Erodium Bec de grues: Les botanistes y ont vus la tête et le bec d’une grue. C’est un vrai géranium

Erodium bec de grue
Salsifis et Pâquerettes

L’isoète de Durieu

Isoète de Durieu

C’est une fougère qui fait partie des 1ere fougères apparues sur terre. Elle est restée sur sa forme primitive. On la trouve uniquement ici, en Corse et un peu dans le Piémont sud des Cévennes. Elle pousse d’octobre à mai dans des endroits humides et dégagés et disparaît quand la sécheresse arrive.

Elle se reproduit grâce aux spores à la base des feuilles.

C’est une des plantes les plus rares de la Plaine des Maures.

C’est aussi l’emblème de la renonciation du projet d’implantation d’un centre d’essai de pneumatiques par Michelin dans les Maures. Théodore Monod est venu deux fois dans la région pour plaider la cause de la sauvegarde de ce paysage menacé par ce projet.

Renoncule aquatique

La vie animale dans les mares temporaires

Chaque mare est un habitat indépendant sans connexion avec ses voisines.

Scarabée aquatique (taille 2 à 3 mm)

Le scarabée aquatique est adapté à nager . Il va chercher du plancton au fond de la mare. Il remonte périodiquement a la surface pour respirer et il prend une bulle d’air derrière lui qui lui permet de respirer pendant quelques minutes sous l’eau.

Le géris (taille jusqu’à 15 mm) et la larve de libellule (taille jusqu’à 5 cm)

Les Microcrustacés : Petites particules blanches. Ce crustacé est la nourriture de base de tout ce qui est carnivore. Le crustacé, lui, se nourrit de phytoplancton. Ces crustacés sont capables de s’enquister et de vivre 3 ou 4 ans sans eau. Dès que l’eau revient, ils se réactivent et pondent des œufs. Leur taille ne dépasse pas 4 mm.

La grenouille rieuse

Elle a la particularité de pondre des œufs toxiques qui donc ne sont pas mangés. La colonne vertébrale est verte. C’est un amphibien. Une vie têtard aquatique et une vie adulte et qui respire de l’air gazeux. Officiellement cette grenouille ne supporte pas la sécheresse. Mais elle est abondante dans la plaine des Maures. Elle peut faire 7 km dans une nuit. Elle est abondante sur le cour de l’Argens, sur les mares du centre var, et dès que les cours d’eau du massif des maures sont en eau, elle remonte de sa base dans ces cours d’eau et vit là tant que le cours d’eau est en eau. Ce qui est toxique chez la grenouille, c’est la peau.

Grenouille rieuse

Hydromètre

C’est une punaise aquatique. Elle est carnivore. Elles utilise la « peau de l’eau » Elle se pose sur l’eau et marche dessus. Il y a du gras et des multiples poils sous le bout de ses pattes qui répartissent son poids. Elle patine ensuite sur la surface de l’eau et attaque sa proie qui, elle, reste collée un moment sur l’eau, suffisant pour que l’hydromètre l’attaque. Il sait voler s’il le faut.

Taille de l’hydromètre: de 1 à 2 cm

Le pont Romain

Les derniers travaux ont abouti à une construction au 15ème siècle et non au 11 ème siècle. Il a certainement une origine réellement romaine. Il a du être détruit et reconstruit. On est sur l’ancienne voie antique et médiévale qui permettait de desservir Forum Vocconi (Vidauban), une ville contemporaine de Forum Juli (Frejus). Cette ville était sur la voie Aurélia. Sur le bord de mer il y avait une autre ville Heraclea Caccabaria (Cavalaire sur mer) Le pont était certainement un lien entre ces deux villes.

Il existait une ancienne voie romaine au dessus du pont avec un caniveau qui a été crée pour recueillir l’eau de pluie et la renvoyer vers la rivière et éviter ainsi d’emporter les charrettes par l’eau de ruissellement lors des fortes pluies.

caniveau sur ancienne voie romaine

La rivière

Ce pont est un observatoire pour voir ce qui se passe dans la rivière. On peut souvent voir des tortues aquatiques qui adorent les petits rochers qui affleurent. Il y a aussi des écrevisses rouges et des écrevisses blanches.

Cette rivière est un cour d’eau méditerranéen temporaire que l’on nomme un « ru ». C’est uniquement l’eau de pluie qui l’alimente. Il n’y a pas de source. Les maghrébins appellent ça un Oued. Tout ce qui vit dedans sont donc des animaux amphibies.

Il y a aussi deux espèces de poissons le Blageon et le Barbeau méridional qui sont capables de résister à l’assèchement des cours d’eau. Ils vont trouver des endroits où l’eau stagne et vont attendre tout l’été en supportant l’extrême chaleur du cours d’eau, son envasement, le manque d’oxygène et ils peuvent rester aussi une ou deux semaines dans la boue.

Le Blageon (taille maxi 24 cm)
Le Barbeau

Observation de la larve de scarabée un requin des mares ou dytique

Dytique larve`(35 mm) et adulte (30mm)

Il reste aquatique quand il devient adulte mais il vole très bien aussi. Il a une coloration qui le fait passer totalement inaperçu dans la mare. Il patiente et quand une proie arrive il enfonce ses crochets et reste accroché. Avec son rostre, il injecte dans sa proie son suc digestif. Ce qui va liquéfier sa proie qu’il va sucer ensuite. Il mange des têtards mais peut manger aussi des grenouilles.

Le groupement végétal que l’on trouve dans les maures s’appelle aussi un «isoetion». il est particulier aux mares à sec en été. Il comprend plusieurs espèces caractéristiques du genre de l’isoete de Durieu et d’autres espèces graminiformes. Ces sites sont sérieusement protégés à l’échelle européenne. La France s’est engagée à protéger ce milieu pour les générations futures. En cas de manquements la France peut être mise à l’amende. La réserve des Maures a aussi été crée pour protéger ces milieux.

L’ophioglosse

C’est l’autre plante très rare. C’est aussi une fougère qui pousse principalement en hiver. Elle aime un peu moins l’eau que l’isoète. Elle pousse légèrement en dehors des mares. Les spores de la fougère sont déjà tombés dans le sol. Ils n’ont plus qu’à attendre que l’eau revienne à partir d’octobre novembre en général.

On dirait une sorte de plume d’indien.

Une fronde fertile en forme d’épi se forme avec un sac qui est rempli de spores.

L'ophioglosse

La lavande des maures ou lavande des iles

Elle ne pousse que dans les terrains siliceux du bord de la méditerranée. (Corse, Massif des Maures, Esterel, Rocher de Roquebrune). Officiellement, elle s’appelle Lavande des Iles d’Hyères. Les jardiniers l’appellent aussi la lavande papillon ? C’est la quatrième espèce de lavande que l’on peut voir en Provence avec la lavande à feuilles larges (lavande aspic), la lavande à feuiles étroites (lavande vraie ou lavande fine) et le lavandin (un hybride entre les lavandes à feuilles larges et à feuilles étroites.

Lavande papillon

Les iris

Beaucoup d’iris dans la plaine des Maures jaunes et violets. Il peut y avoir une hybridation antre les deux espèces, donnent des couleurs blanches, marrons zebrés jaune et violet… Nous sommes à la fin de la floraison.

Iris

Orchis laxiflora

Orchidée à fleur lâche. Typique des zones marécageuses.

Orchis laxiflora
Tulipe sauvage ou tulipe australe .Elle se concentre par zone dans la plaine des Maures

La renoncule de révelières

C’est une plante endémique de la plaine des Maures, elle n’existe qu’ici. Elle ne vit que dans des mares . Elle commence sa vie dans l’eau. Dans un ou deux mois elle sera en train de faire ses graines. Elle finira ses graines dans la mare sèche. Ces graines tomberont par terre et attendrons que la pluie revienne.

Renoncule de revelières
Renoncule Peltée

Mare exploitée par une femelle crapaud

C'est le crapaud calamite qui peut pondre dans des mares aussi petites. Au départ, ils mangent du phytoplancton. En grossissant ils deviennent carnivores et même cannibales. Ils sont pondus par masse de 300. A l’assèchement des mares une bonne quantité va mourir. Quelques uns vont survivre (10% environs)

Le crapaud calamite ne saute pas. Il est capable de vivre sans eau mais à la recherche de l’ombre et de l’humidité. Il sort de sa cachette en février mars et rejoint les mares où il est né et chante pendant la nuit pour attirer les femelles.

C’est un crapaud rare en France. C’est une espèce à protéger dans le massif des Maures. Il vit une quinzaine d’années et peut faire 10 à 12 km autour de sa mare.

crapaud calamite

Le notonecte

C’est une punaise et vole très bien

C’est un prédateur. Il attend que sa proie soit collée sur l’eau et il vient chercher sa proie par en dessous en nageant, il pique sa proie en lui envoyant son suc digestif. Cet insecte est appelé aussi la guêpe d’eau.

Il nage sur le dos. Il est capable de perforer une proie qui est hors d’eau en tenant compte de la diffraction des rayons qui fausse la position de sa proie.

Le notonecte

Phalangère à fleur de lis

C’est une plante de la famille des asphodèles. C’est la dernière belle floraison après les Iris et les Tulipes

La phalange

La diane

C’est un Papillon protégé par la loi française. Les femelles ne pondent que sur une seule plante et leurs chenilles ne mangent qu’une seule plante : l’aristoloche. Elle ne pousse qu’au bord des cours d’eau , elle est toxique pour beaucoup d’animaux et rend la chenille et le papillon toxique. Cette chenille est inféodée à l’aristoloche. En protégeant la plaine des maures, on a protégées les mares, et donc l’aristoloche et de fait, il y a une très belle population de papillon diane.

La Diane

Fin d'une journée riche en connaissance de la flore et la vie des insectes de la plaine des Maures

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