View Static Version
Loading

Fitness : aux origines américaines... Antoine VAIDIE & Léo ROUET

Aujourd’hui symbolisé par une concurrence accrue à toutes les échelles, le marché du fitness a une histoire quelque peu particulière. Né dans la continuité d’un des conflits les plus meurtriers du XXème siècle, le fitness a su se développer, se transformer et se réinventer au fil de son existence.

Comparé à la lutte, au lancer de javelot ou encore au hockey, tous nés avant J-C, le fitness est une pratique sportive apparue tardivement et est devenue, en quelques décennies, particulièrement populaire. Son origine provient d’Outre-Atlantique, des Etats-Unis plus particulièrement. Nous sommes dans les années 1960 et, après une Seconde Guerre Mondiale dévastatrice, le souci de la silhouette mais aussi et surtout du bien-être de la population s’intensifie. Le fitness apparaît, sous l’impulsion de multiples précurseurs.

« Le fitness est une pratique physique de loisirs qui met le corps en œuvre, le sculpte, le modifie, le transforme »

Son concept est assez simple. Chercher à rassembler un ensemble de composantes telles que la musculation, le step, le body pump (ndlr, deux disciplines de renforcement musculaire complet du corps) et consorts avec comme objectif ultime l’accession à un état de bien-être, de forme et de santé maximal pour le sportif. « Le fitness est une pratique physique de loisirs qui met le corps en œuvre, le sculpte, le modifie, le transforme », soulignent Jeanne-Maud Jarthon et Christophe Durand, spécialisés en Sciences et techniques des activités physiques et sportives, dans l’article consacré à la discipline publié dans la revue Movement & Sport Sciences - Science & Motricité, en 2015.

Petit à petit, la pratique se popularise et fait l’objet d’une forte médiatisation.

À l'origine, Kenneth Cooper

L’origine du fitness porte aussi un nom. Il s’appelle Kenneth Cooper. Docteur et ancien Lieutenant-colonel de l’US Army, une des six branches des Forces armées des Etats-Unis, il est le véritable instigateur de la pratique. Son objectif ? Mettre en œuvre une méthode d’entraînement pour les sédentaires, qu’il imagine à partir de celui des Marines, en concevant une série d’exercices pour gainer le corps des soldats, tout en le maintenant en forme sur le long terme, en activant le système cardio-vasculaire.

Par la suite, il explicite son invention dans un ouvrage précurseur de la culture physique mondiale, intitulé Aérobic. Une pratique commence à voir le jour et nombreux sont ceux qui vont s’emparer du phénomène y compris parmi le show biz. Ainsi Jane Fonda crée son centre de remise en forme et développe son propre « Work Out » (ndlr, entraînement composé de différents exercices d’aérobic). Petit à petit, la pratique se popularise et fait l’objet d’une forte médiatisation.

Du plein air au petit écran...

À l’échelle française, même combat. La télévision est, là encore, au cœur de la popularisation de la pratique. Dans les années 1980, les différentes pratiques sportives impliquent prioritairement les hommes. Mais l’avènement de l’émission télévisée « Gym Tonic », devenue culte et animée par Véronique et Davina, va tout changer et permettre une popularisation accélérée.

Les deux animatrices décident de produire des cours de gymnastique en musique, avec des tenues décalées et colorées qui vont marquer durablement le petit écran. L’émission sera présentée pendant plus de 5 ans, sur Antenne 2 (ex-France 2), chaque dimanche matin. Les Français deviennent adeptes de l’aérobic, terme qui dès 1981 fera son entrée, dans Le Petit Robert.

Step, nouvelle mode !

La fin des années 80 voit le step apparaître en France. Là aussi, cette pratique résolument innovante et omniprésente aujourd’hui dans nos salles, arrive tout droit des Etats-Unis. Elle est créée par Gin Miller, une américaine. Une diversification de plus pour l’aérobic, dont l’appellation va au fil du temps être remplacée par le terme fitness, plus approprié.

Gin Miller

En France, le fitness est apprécié

Bon nombre de facteurs ont amené la pratique à se populariser sur le territoire français au premier rang desquels l’exportation d’acteurs étrangers innovants tel que Basic Fit. Le concept : proposer des offres plus attractives et surtout plus accessibles pour la population. L’abonnement à dix euros mensuels arrive sur le marché. Le contexte social y contribue également avec la diminution effective du temps de travail à 35 heures par semaine portée par la loi Aubry. Les Français ont plus de temps pour les loisirs sportifs.

La tonicité du corps, la perte ou le maintien d’un poids idéal sont les principaux moteurs.

Les clubs l’ont bien compris. Ils vont démultiplier les salles de fitness et diversifier les offres. Innovation et diversification sont au cœur des stratégies des business models. Le marketing s’intensifie et développe des marques comme des concepts tels que le renforcement musculaire, Stretching, Aquagym, Zumba, Body Pump ou encore le Body Combat, à partir des années 90. Les femmes, quel que soit leur âge, fréquentent abondamment ses salles. La tonicité du corps, la perte ou le maintien d’un poids idéal sont les principaux moteurs pour ces adhérentes à cette époque.

Credits:

Inclut des images créées par Sven Mieke - "Model: Selina Selke" • Alexander Andrews - "Royal Navy Beach Commander Dunkirk"

NextPrevious