Il est 9h09, et dans les locaux du Dialogue Citoyen de Nantes Métropole, à la Cité des Congrès de Nantes, c’est l’effervescence. Dernières vérifications de la connectique des ordinateurs, café qui coule doucement, petite tape sur les coussins des canapés de l’entrée : tout est prêt pour accueillir 5 des 80 membres de la nouvelle Convention citoyenne de Nantes, venus spécialement à l’occasion du lancement. Cheikh, Laura, Nathalie, Evelyn et Bernard ont tous accepté de s’engager dans cette démarche de 100 jours qui vise à tirer les enseignements de la crise sanitaire et des confinements. Chacun d'entre eux prend place dans un bureau, avec une tablette, un ordinateur portable et se connecte sur Zoom. Un peu plus tard, c'est Magali, en difficulté pour se connecter, qui rejoint les bureaux en dernière minute.
Les animateurs de l'agence Missions Publiques s'assurent bien que tout le monde est arrivé, que les connexions fonctionnent. On se présente, on teste les micros, les caméras. "J'avais une appréhension à côtoyer beaucoup de monde avec le Covid, avoue Nathalie, préparatrice en pharmacie qui réside près de Varades. Finalement, ça ne sera pas le cas..." Les visioconférences n'ont pas que des détracteurs ! "On commence à 9h45 précises, rappelle Erwan Dagorne, l'un des animateurs." Dans son bureau, Laura, gestionnaire RH nantaise de 27 ans, se bagarre avec le wi-fi. On tente en vain un branchement filaire, mais la connexion finit par se stabiliser. Ouf, il est 9h45 et la session commence.
Judith Ferrando, co-directrice de Missions publiques, détaille les règles de fonctionnement pour que les débats se passent bien, rappelle le planning de la journée. Puis, c'est l'heure de faire connaissance pour les 67 membres de la Convention qui ont réussi à se connecter ce jour-là. Répartis en petits groupes de trois, ils échangent sur leur parcours, leurs motivations. "Je veux apprendre des autres, comprendre ce qu'ils pensent, avec des gens qui viennent de partout, résume le Nantais Cheikh, 41 ans, gérant d'une discothèque-bar. C'est en discutant qu'on aura des idées pour améliorer la situation." Laura échange avec Joëlle, 66 ans, retraitée du CHU où elle était secrétaire. Bernard, lui, ne se présentera pas. Son micro ne fonctionne pas. Aléas technique inévitable d'un premier atelier qui ne sape pas la motivation de chacun.
10h30, Erwan Dagorne lance un sondage Zoom. Chacun peut répondre en direct et les résultats s'affichent sur les écrans de tous. Motivations, attachement au territoire... les participants partagent leur avis. Certains émettent des doutes quant au devenir de la démarche : servira-t-elle à quelque chose ? "C'est un scepticisme, une vigilance démocratique que l'on entend souvent dans ces débats", admet Judith Ferrando. S'ensuit une petite pause café, l'occasion pour les participants de reprendre leur souffle. "Le fait d'être en visio n'est pas idéal, reconnaît Laura. C'est dommage qu'on ne puisse pas être tous ensemble. Mais l'avantage c'est que ça nous force à écouter, sans se couper la parole."
Il est 11h10, et depuis la salle du conseil municipal, à 1 km de là, Johanna Rolland prend la parole. La maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole remercie les membres de la Convention et rappelle l'importance de la démarche pour les élus. "Nous avons voulu entendre la voix des habitants. Ce n'est pas parce qu'il y a une crise sanitaire que la démocratie participative doit s'arrêter. Au contraire. Je vous confie, nous vous confions les clefs de cette Convention citoyenne. Vous avez la liberté totale de choisir les questions que vous souhaitez traiter et de proposer des réponses."
Christelle Scuotto-Calvez, maire des Sorinières et vice-présidente de Nantes Métropole, et Fabrice Roussel 1er vice-président et maire de la Chapelle-sur-Erdre, depuis leur commune respective, interviennent à leur tour. Avant que les quatre garants de la Convention prennent la parole. Leur rôle sera de s'assurer de l'autonomie de la convention vis-à-vis de Nantes Métropole. "La question du débat et de la place du citoyen dans les choix collectifs me passionne", explique ainsi l'une d'entre elle, Monique Boutrand, membre du Conseil de développement et militante associative.
Répartis en sous-groupes, les membres de la Convention échangent quelques minutes pour préciser des éléments de leur mission. Les propositions finales trouveront-elles un prolongement au niveau national ? Comment les élus suivront les débats ? Comment fonctionnera le "groupe miroir", échantillon plus réduit de membres de la convention chargés d'échanger avec les élus sur la gestion de crise actuelle ? Johanna Rolland et les organisateurs répondent point par point. "On ne vous demande pas d'être des professionnels, des experts, conclut la présidente de Nantes Métropole. On est en attente d'une parole différente, tout aussi légitime, celle des citoyens." Il est 12h40, et les estomacs crient famine. Il est temps de faire une pause pour le déjeuner. Car dès l'après-midi, la Convention rentrera dans le vif du sujet avec le diagnostic de la situation. Première étape concrète de ce marathon citoyen.
Credits:
Stephan Menoret - Ville de Nantes