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The WAVE La newsletter bimestrielle du programme Central and West African Virus Epidemiology (WAVE)

Editorial

Nous nous apprêtions à publier le dernier numéro de "The WAVE" lorsque la vague COVID-19 nous a frappés. Au début, cela semblait beaucoup trop lointain pour être inquiétant. Ensuite, les chiffres ont commencé à augmenter. Puis les compteurs se sont affolés et nous avons décidé de suspendre nos prospections dans les champs de manioc, nous permettant de générer des cartes d'incidence et de sévérité de la maladie de la mosaïque du manioc (CMD) et de la maladie de la striure brune du manioc (CBSD) dans tous les pays d’implémentation du programme WAVE.

Dès lors, nos gouvernements respectifs ont pris des mesures pour inverser la courbe des contaminations. Nous nous sommes tous retrouvés confinés chez nous, loin de nos laboratoires et des champs. Nous étions accrochés à nos écrans de télévision et d'ordinateur, essayant de donner un sens aux évènements en écoutant les médias marteler que le monde n'était pas vraiment prêt pour cette maladie, que nous n'étions pas préparés à cette situation qui aurait pu être prédite.

Ici à WAVE, la COVID-19 nous a beaucoup fait réfléchir à l’impact de cette pandémie sur le combat que nous menons contre les maladies virales des plantes à racines et tubercules.

Du point de vue de la santé humaine, la situation nous a fait réfléchir à la maladie du virus Ebola (EVD), apparue pour la première fois dans les années 1970 lors de deux épidémies simultanées au Sud Soudan et en République Démocratique du Congo (RDC). Aucune mesure concrète de contrôle et de surveillance n'était mise en place lorsque la maladie a de nouveau surpris le monde lors de l'épidémie de 2014-2016 en Afrique de l'ouest, la plus importante depuis la découverte du virus (https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/ebola-virus-disease ).

En ce qui concerne la santé des plantes, nous avons pensé à l'épidémie de la souche ougandaise de la maladie de la mosaïque du manioc (EACMD-Ug) dans les années 1990, qui a touché pas moins de neuf pays d'Afrique de l'est et du centre, entraînant une perte économique annuelle estimée à 1,9 milliard de dollars et provoquant une famine qui a coûté la vie à des milliers de personnes.

Grâce à la collaboration entre WAVE, les principaux acteurs de la chaine de valeur du manioc et les gouvernements durant la première phase du programme, des plans nationaux de riposte contre les maladies virales du manioc ont été élaborés dans 10 pays d'Afrique centrale et occidentale. Le défi consiste maintenant à rendre ces plans fonctionnels.

L'épidémie de la COVID-19 nous a également amenés à réfléchir à la nécessité d'être prêts pour faire face aux principales menaces auxquelles nous sommes confrontés en Afrique, notamment l’insécurité alimentaire.

Ces dernières semaines, nous avons trouvé du réconfort dans le fait que la phase 2 de WAVE vise à améliorer la capacité à bien gérer les maladies virales des plantes à racines et tubercules en Afrique occidentale et centrale. Pour WAVE, être prêt signifie que nous formons les agriculteurs et les agents de vulgarisation africains à la reconnaissance des symptômes des maladies et à l'adoption de meilleures pratiques culturales. Cela signifie que nous travaillons pour une meilleure compréhension des maladies virales affectant la productivité et à l'identification de variétés résistantes aux maladies. Être prêt signifie aussi que nous travaillons avec les gouvernements et les principaux acteurs de la filière manioc pour la mise en œuvre des plans de riposte nationaux et l’établissement de centres d'opérations d'urgence contre des maladies telles que la CBSD. Mais surtout, nous nous sommes engagés à former des scientifiques africains, sans lesquels aucun combat pour la sécurité alimentaire ne peut être remporté.

Dans ce dernier numéro de « The WAVE », nous mettons en lumière les initiatives du programme en matière de renforcement des capacités.

Nous espérons que vous prendrez plaisir à en apprendre davantage sur notre travail et serions ravis de recevoir vos commentaires. Vous pouvez nous écrire sur nos pages Facebook, Twitter, Instagram ou nous envoyer un courriel à communication@wave-center.org .

Nous espérons que vous et vos proches êtes en parfaite santé et en sécurité pendant ces moments particuliers !

Dr. Angela Eni, Directrice Pays du Hub WAVE à Covenant University, nous parle des réalisations du programme WAVE au Nigeria

Point de vue du Président de l’Université Félix Houphouët-Boigny (UFHB) sur l’impact des activités de recherche et de développement du programme WAVE

1. Après une première phase couronnée de succès, le programme WAVE a une seconde fois obtenu la confiance de la Fondation Bill & Melinda Gates (BMGF) et du Departement For International Development du Royaume Uni (DFID) pour poursuivre ses activités de recherche et de développement sur les maladies virales des plantes à racines et tubercules. En tant qu’institution hôte du programme en Côte d’Ivoire que représente ce vote de confiance pour l’UFHB ?

La recherche et le développement intègrent pleinement la vision de l’Université Félix Houphouët-Boigny et consacrent en partie une de nos missions essentielles : le service à la communauté. Le programme WAVE en est une manifestation réelle par son impact sur la vie des producteurs africains, à travers la lutte contre les maladies virales des plantes à racines et tubercules pour une sécurité alimentaire durable en Afrique. L’engagement des institutions comme la Fondation Bill & Melinda Gates et le Département For International Développent du Royaume Uni auprès du programme WAVE, est la résultante du travail bien accompli et de la rigueur en termes de gestion financière, matérielle et humaine. Ce vote de confiance est le signe que nous sommes sur la bonne voie et nous invite à relever davantage de défis.

2. Vous avez toujours soutenu le programme WAVE dans ses actions de lutte contre les maladies virales des plantes à racines et tubercules. Pourquoi est-il si important pour vous de soutenir WAVE ?

Mon soutien au programme WAVE comme d’ailleurs à toutes les unités de recherche de l’UFHB, relève de deux préoccupations : la première est l’éradication des maladies virales des plantes à racines et tubercules notamment celles affectant la production du manioc dont la semoule, par exemple, est fortement consommée en Côte d’Ivoire et en Afrique de l’ouest. La seconde préoccupation se situe au niveau de l’identité alimentaire. C’est un concept inclusif et participatif à la culture générale d’un peuple. « Si vous me dites ce que vous mangez, je vous dirai ce que vous êtes » (rires).

3. Durant la seconde phase du programme, comment l’UFHB envisage-t-elle d’accompagner le programme WAVE dans son combat pour une sécurité alimentaire durable en Côte d’Ivoire et en Afrique ?

La sécurité alimentaire est une nécessité absolue et les dispositions idoines doivent être prises pour la garantir. Le programme WAVE participe à cette exigence prioritaire. Et, l’UFHB donnera le meilleur pour obtenir des résultats satisfaisants. Notre disponibilité et notre engagement accompagneront le programme WAVE dans son combat pour une sécurité alimentaire durable en Côte d’Ivoire et en Afrique.

4. L’UFHB, Université africaine d’excellence, forme depuis 1958, l’élite intellectuelle de la sous-région et le programme WAVE avec le soutien de l’UFHB, a fait de la formation de chercheurs africains qualifiés, l’un de ses chevaux de bataille. Quelle est selon vous la portée d’un tel engagement ?

Toute activité de recherche essentielle et durable, telle que celle menée par le programme WAVE se perpétue par la formation. C’est ce que dit Philippe Bloch : « Investir dans la formation, c’est conjuguer au présent mais aussi au futur le souci des hommes et le souci des résultats ». La formation de chercheurs qualifiés est un levier de développement des communautés africaines. Celui qui forme dans la justesse scientifiquement sème la bonne graine.

5. Les plans de riposte contre les maladies virales du manioc initiés par WAVE et adoptés par 10 gouvernements d’Afrique occidentale et centrale ainsi que la cérémonie de lancement de la phase 2 du programme ont démontré la nécessité d’unir nos forces pour assurer une sécurité alimentaire durable en Afrique. Quel message souhaiteriez-vous adresser à vos homologues présidents d’universités et d’institutions de recherche africaines abritant le programme WAVE ?

La sécurité alimentaire est prise en compte au niveau du CAMES notamment par le Programme Thématique Recherche Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PTR-SAN). J’encourage vivement les institutions abritant le programme WAVE à soutenir activement ses activités et à l’accompagner dans la formation des chercheurs locaux. La sécurité alimentaire durable est une équation qui se résout par la volonté politique et la recherche scientifique. Contribuons ensemble à l’atteinte de la sécurité alimentaire en soutenant WAVE dans son combat contre les maladies virales des plantes à racines et tubercules.

La recherche scientifique et l’innovation à l’Université Félix Houphouët-Boigny à l’aune de la crise sanitaire liée à la COVID 19 : Point de vue du Vice-Président en charge de la recherche scientifique et de l’innovation

1. Quelle est la politique de l’UFHB en matière d’accompagnement des projets de recherche tels que WAVE ?

L’UFHB, dans son projet d’établissement datant de 2014, s’est assignée comme objectif de faire de notre Institution, une université performante et innovante ouverte sur le monde socio-économique. Pour l’atteinte de cet objectif, l’UFHB a mis en place à Bingerville, un Pôle Scientifique et d’Innovation (PSI), qui a pour rôle de favoriser le transfert des connaissances universitaires vers les industries. Et pour moi, un projet comme WAVE y a toute sa place comme bien d’autres projets, pour le rôle qu’il joue pour la sécurité alimentaire en ciblant les virus qui s’attaquent à une plante à tubercule comme le manioc.

2. En tant que Vice-Président de l’UFHB en charge de la Recherche et de l’Innovation technologique, quel bilan faites-vous de la recherche scientifique et de l’innovation dans votre institution ?

La recherche est très dynamique à l’UFHB malgré le manque de moyen financier. Lorsque l’on voit qu’au PSI, cohabitent plusieurs projets au service de la communauté qui sont conduits par des enseignant-chercheurs de l’UFHB, en tant que Vice-Président de l’UFHB en charge de la Recherche et de l’Innovation technologique, j’en tire une fierté. C’est vrai que la recherche est le parent pauvre en matière de financement en Afrique, mais je suis heureux d’observer qu’avec peu ou pas de grands moyens, que de grands projets sont suivis à l’UFHB. Comme exemple de projets installés au PSI, en plus de WAVE, je citerai quelques-uns :

- L’unité pilote des bio pesticides (le NECO qui a remporté le prix de la Recherche Ivoirienne en 2014 et le prix de la meilleure valorisation de la recherche et d’innovation en 2015) ;

- L’unité pilote de production des phyto-médicaments ;

- Le Centre d’Excellence d’Afrique qui forme des étudiants de niveau master et doctorat dans la lutte contre le changement climatique et la maîtrise de la biodiversité et de l’agriculture durable ;

- L’unité de production du Proralys 50 qui est un désinfectant environnemental…

Tous ces programmes de recherche montrent bien que la recherche est une réalité à l’UFHB.

Tout n’est pas rose, et nous devons avoir l’honnêteté intellectuelle de dire qu’il a de nombreux défis à relever tels que le financement qui reste l’épineux problème de la Recherche. Cependant, je peux affirmer que l’espoir est permis avec la mise en place par le gouvernement de fonds compétitifs tels que le Fonds pour la Science, la Technologie et l'Innovation (FONSTI) doté d’un montant de 5 milliards de FCFA et un fonds d’1 milliard de FCFA destiné à la recherche contre la COVID19.

3. Dans le contexte actuel de crise sanitaire liée à la maladie à coronavirus (COVID19), quel rôle jouent la recherche scientifique et l’innovation dans la lutte contre le virus ?

La pandémie de la COVID-19 a permis aux chercheurs de l’UFHB, de démontrer leur savoir-faire. Plusieurs équipes ont proposé des solutions innovantes pour freiner le coronavirus. A titre d’exemple, je pourrai citer quelques solutions proposées par les chercheurs de l’UFHB :

- la solution hydro-alcoolique qui est bactéricide, fongicide et virucide, pour la désinfection des mains, des objets d’usage courant (montres, bracelets, téléphone portable…) et des surfaces;

- le Proralys 50, qui est un désinfectant environnemental à base de plantes. Il permet de désinfecter les lieux publics tels que les marchés, lieux de prière, amphithéâtres, salles de classe… ;

- la traduction en 12 langues nationales et 03 langues de migration (Moré, Yorouba et Arabe), des messages du Ministère de la santé et du Ministère de la sécurité pour le respect des mesures barrières ;

- Security distance : c’est un dispositif permettant de contrôler les entrées et sorties et de limiter le nombre de personnes à recevoir dans une enceinte close (bus, salle de TP, banque, amphithéâtre…).

4. Le président de l’UFHB et vous-même avez toujours soutenu le programme WAVE dans ses activités de recherche et de développement. Quel est selon vous l’impact des activités de WAVE sur la recherche scientifique et l’innovation en Côte d’Ivoire et en Afrique de l’ouest et du centre ?

L’impact de WAVE est largement positif en matière de sécurité alimentaire. D’abord, de 2014 à 2017, WAVE a contribué à une meilleure connaissance des virus qui s’attaquent au manioc en étudiant le type de virus et le mode de contamination du manioc, dans 6 pays d’Afrique de l’ouest et 1 pays d’Afrique centrale.

De même, face à ces menaces, le programme WAVE a mis en place dans ces pays, un dispositif de surveillance et de lutte contre la maladie de la mosaïque africaine du manioc et développé des plans de riposte nationaux.

Devant ces résultats prometteurs de la Phase 1, nous avons assisté en 2019, au lancement de la phase 2 avec l’adhésion d’autres pays au programme. Je pense que cet engouement autour de WAVE par l’arrivée d’autres nations, démontrent à merveille l’impact positif du programme en matière de sécurité alimentaire en Afrique.

5. Le programme WAVE avec le soutien de l’UFHB et des bailleurs de fonds a investi dans la formation de chercheurs africains qualifiés. Quel est selon vous l’impact d’un tel investissement sur la recherche scientifique et l’innovation en Côte d’Ivoire et en Afrique en général ?

Je pense que l’impact d’un tel investissement peut s’apprécier à deux niveaux :

- Il permet d’une part de former une ressource humaine hautement qualifiée, capable d’innovation en matière de sécurité alimentaire ;

- D’autre part, ce type d’investissement permet de développer une recherche pertinente et d’apporter des réponses aux problèmes qui se posent à la communauté notamment en matière de lutte contre la faim.

6. WAVE est plus que jamais engagé dans une lutte régionale contre les maladies virales des plantes à racines et tubercules pour une sécurité alimentaire durable en Afrique. Quel message souhaiteriez-vous adresser aux chercheurs, scientifiques et partenaires du programme ?

Je voudrais encourager et féliciter l’équipe de WAVE qui est dirigée par Prof Pita. En effet, tout le travail mené par WAVE participe à n’en point douter à la visibilité de notre Université mais aussi à son rayonnement en Afrique et dans le monde.

Quant aux partenaires du programme, il me plait de les remercier et de leur témoigner la gratitude du Président de l’Université, le Professeur Abou KARAMOKO et de tous les enseignant-chercheurs et chercheurs de notre institution, pour l’aide inestimable qu’ils apportent au programme. L’on se rend bien compte que nous avons des chercheurs de grande capacité intellectuelle et qu’avec des ressources financières adéquates, ils sont capables de développer une recherche pertinente, innovante et compétitive.

Je vous remercie.

Le laboratoire de culture de tissus de WAVE Côte d’Ivoire : un véritable atout régional dans la lutte contre les maladies virales des plantes à racines et tubercules

Signature d’un protocole d’accord entre le programme WAVE et la Communauté Économique des États d’Afrique Centrale (CEEAC)

Le programme WAVE et la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), de l'Union Africaine, ont signé un protocole d'accord le 22 juillet 2020.

Signé à Libreville (Gabon) par le Secrétaire général de la CEEAC, l'Ambassadeur Ahmad Allam-Mi et le Directeur Pays de WAVE au Gabon, Professeur Jacques Mavoungou, représentant le Directeur Exécutif de WAVE, le protocole d'accord est l'une des retombées positives de la cérémonie de lancement de la phase 2 de WAVE qui s'est tenue en novembre 2019. En effet, le Secrétaire général de la CEEAC, présent lors de la cérémonie et très impressionné par les réalisations du programme, avait alors souhaité que son institution collabore avec WAVE.

L’objectif principal de ce protocole d’accord est d'établir une collaboration technique et scientifique à long terme pour permettre à WAVE de conduire des activités de recherche et développement pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle au bénéfice des populations des États membres de la CEEAC (Angola, Burundi, Cameroun, Congo Brazzaville, Gabon [pays membre du programme WAVE], Guinée Équatoriale, République centrafricaine, République Démocratique du Congo [pays membre du programme WAVE], Rwanda, Sao Tome et Principe, Tchad).

La signature de ce protocole s’inscrit dans le cadre des efforts régionaux de lutte contre les maladies virales des plantes à racines et tubercules, initiés par le programme WAVE en collaboration avec les chefs traditionnels africains, les autorités gouvernementales et les bailleurs de fonds internationaux. Il représente un atout considérable pour le programme qui se positionne comme une plateforme régionale technique et scientifique au service des cultivateurs africains et œuvrant pour le développement agricole et la sécurité alimentaire durable en Afrique.

De la gauche vers la droite: Professeur Jacques Francois Mavoungou, Directeur Pays de WAVE au Gabon et S.E.M l'Ambassadeur Ahmad Allam-Mi, Secrétaire Générale de la CEEAC

La formation de chercheurs locaux qualifiés pour une sécurité alimentaire durable en Afrique

Madame Linda Abrokwah, du programme WAVE à l’équipe scientifique de lutte contre la COVID-19 au Ghana

1. Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre parcours académique et professionnel ?

Je m'appelle Linda Abrokwah Appianimaa et j’ai 36 ans. J'ai obtenu une licence en biologie moléculaire et biotechnologie à l'Université de Cape Coast (UCC). J’ai par la suite obtenu un Master en protection des plantes (option virologie végétale) à l'Université Kwame Nkrumah des Sciences et Technologies (KNUST) de Kumasi, au Ghana. Je travaille depuis dix ans à l'Institut de Recherche sur les Plantes du Council for Scientific and Industrial Research (CSIR) à Kumasi. Je suis actuellement Technicienne en chef dans les laboratoires de virologie végétale et de biologie moléculaire de l'Institut.

J’ai reçu une formation universitaire en biologie moléculaire, en biotechnologie et en virologie végétale. Mon parcours professionnel est quant à lui axé sur la virologie moléculaire.

2. Depuis quand êtes-vous à WAVE et quel poste occupez-vous ?

Je travaille au hub WAVE du Ghana depuis le lancement du programme en 2015 et j'ai travaillé au laboratoire en tant que chercheur assistant. J’ai bénéficié du soutien financier de WAVE pour finaliser mes travaux de recherche de Master.

3. Vous avez récemment intégré l’équipe de chercheurs ghanéens en charge de la lutte contre la COVID-19. Quel a été votre rôle au sein de cette équipe et comment votre travail à WAVE vous a-t-il préparé à ce rôle ?

Oui, j'ai rejoint l'équipe de scientifiques ghanéens en charge de la lutte contre la COVID-19 en tant que scientifique volontaire offrant un soutien technique de taille.

Au début de mon volontariat en avril 2020, il n'y avait que deux laboratoires effectuant les tests pour la COVID-19. Aujourd'hui, le nombre de centres de test est passé à 6 ou 7. Le laboratoire que j'ai rejoint, le Kumasi Center for Collaborative Research (KCCR), est basé sur le campus de la KNUST à Kumasi et était chargé de tester des échantillons provenant de l'ensemble des régions du centre et du nord du Ghana, soit 8 sur 16 régions. Il s'agissait de tester des échantillons prélevés sur des personnes suspectées d'être infectées par la COVID-19 et ceux collectés par la recherche des personnes qui ont été en contact avec des personnes infectées, ainsi que ce qu'on appelle le "dépistage communautaire" de certaines zones désignées.

En avril 2020, il y avait un retard d'environ 20 000 échantillons à traiter avec un flux quotidien d'environ 1 500 échantillons. En juin 2020, à la fin de mon volontariat, nous avions rattrapé le retard accumulé. J'étais responsable de l'extraction de l'Acide Ribonucléique (ARN) après que les "échantillons viraux" aient été inactivés ainsi que de l'analyse qPCR (méthode de réaction en chaîne par polymérase permettant de mesurer la quantité initiale d'ADN) après l'extraction ; un procédé que j’ai appris à WAVE durant ma formation pour l'obtention de mon master.

Mon travail se terminait après la soumission des résultats interprétés du qPCR à l'équipe en charge de la collecte des données. J'ai réalisé aisément cette tâche grâce à la formation que j'ai reçue pour mon master, en faisant l'extraction de l'ARN des virus de la patate douce et, ensuite, l'analyse RT-PCR (technique permettant de faire une qPCR à partir d'un échantillon d'ARN). WAVE m'a bien préparé à cette tâche et avec le slogan "ONE-HEALTH" qui résonne dans ma tête, j'ai pu appliquer mes compétences même dans le contexte humain.

4. Quels sont vos objectifs après votre travail au sein de cette équipe de chercheurs ?

J'espère poursuivre mon doctorat en virologie pour une meilleure compréhension et un contrôle des virus des plantes à racines et tubercules pour assurer une sécurité alimentaire durable. J'espère travailler sur le "développement de clones infectieux pour la maladie de la mosaïque du manioc (CMD) et la maladie de la striure brune du manioc (CBSD) afin de faciliter la sélection de variétés de manioc résistantes à la CMD et à la CBSD.

Ma participation à la lutte contre la COVID-19 m'a donné plus de motivation pour poursuivre ce sujet sur les clones infectieux car je suis persuadée que nous pouvons transférer la même technologie pour le développement d'un vaccin contre la COVID-19 dans un avenir proche.

Je vous remercie.

La cohorte 2019-2020 des doctorants de WAVE : la relève scientifique africaine

La formation de chercheurs qualifiés est l’un de chevaux de bataille du programme WAVE. Depuis 2015, dans les sept pays d’implémentation de la phase 1 du programme, WAVE a formé une trentaine d’étudiants de Master et de Doctorat dans les domaines de l’épidémiologie virale des plantes à racines et tubercules.

A ce titre, la première cohorte de doctorants « WAVE » s’est brillamment illustrée notamment à travers les soutenances de thèse de Dr. Ezechiel Bionimian TIBIRI et de Dr. Jérôme Anani Houngue, étudiants respectifs du Hub WAVE au Burkina Faso et du Hub WAVE au Bénin.

Dr. Ezechiel Bionimian TIBIRI

Dr. Ezechiel Tibiri fait partie de l’équipe WAVE au Burkina Faso, dirigée par Dr. Fidèle Tiendrébéogo. Il a soutenu sa thèse de doctorat, le 21 décembre 2019 et a été reçu au grade de Docteur de l’Université Joseph Ki-Zerbo avec la mention très honorable ; plus haute mention de l’Université. Ses travaux de recherche de thèse ont porté sur les virus de la patate douce au Burkina Faso : Caractérisation moléculaire, épidémiologie et impact sur la production.

La patate douce (Ipomoea batatas) est la 7ème plus importante culture vivrière au monde et la 3ème des plantes à racines et tubercules en Afrique. Au Burkina Faso, elle occupe la première place devant le manioc et l’igname. Toutefois, sa production en Afrique subsaharienne et au Burkina Faso est affectée par des maladies virales causées par plusieurs virus, notamment le sweet potato feathery mottle virus (SPFMV), le sweet potato chlorotic stunt virus (SPCSV) et le sweet potato leaf curl virus (SPLCV).

La thèse de doctorat de Dr. Tibiri a porté sur la caractérisation moléculaire, biologique et l’évaluation de l’impact des virus sur la production de la patate douce au Burkina Faso. A ce titre, des prospections ont été effectuées dans neuf régions du pays et plus de 600 échantillons de plantes symptomatiques et asymptomatiques de patate douce, de quatre espèces de mauvaises herbes symptomatiques ont été collectés dans les régions des Hauts bassins, Centre et Centre Sud. Ensuite, ils ont été analysés dans les laboratoires de WAVE au Burkina Faso, au sein de l’Institut National de l’Environnement et de Recherche Agricoles (INERA), institution hôte du programme au Burkina Faso.

Les travaux de recherche de Dr. Tibiri sur l’étude des maladies virales de la patate douce sont les premiers en la matière au Burkina Faso. Ils ont révélé la présence de virus ayant des répercussions économiques non négligeables. Ils constituent également un apport considérable à la recherche sur les maladies virales des plantes à racines et tubercules et mettent en exergue la nécessité de suivis épidémiologiques et de programmes de sélection plus ciblés pour l’obtention de variétés résistantes aux virus.

Dr. Tibiri a entièrement réalisé ses travaux de thèse au sein de WAVE au Burkina Faso, où il a disposé du matériel de laboratoire à la pointe de la technologie et a bénéficié de l’encadrement de l’ensemble des chercheurs et scientifiques de WAVE. A l’issue de ses travaux de recherche, Dr. Tibiri a publié 3 articles scientifiques dans des journaux internationaux de renom à savoir Plant Pathology, Acta Scientific Microbiology et Open Agriculture.

Par ailleurs, une partie des travaux de thèse de Dr. Tibiri a porté sur la bio-informatique et l’analyse des données moléculaires. Les résultats de ces travaux ont révélé la nécessité de l’utilisation des approches métagénomiques pour mieux appréhender les maladies causées par les virus de la patate douce. Au regard de ses compétences en bio-informatique, Dr. Tibiri a été retenu au sein du programme WAVE pour un Post-doc afin d’apporter son expertise et approfondir ses approches novatrices. Il assistera l’équipe et les étudiants du réseau WAVE dans les analyses bio-informatiques. Il fait désormais partie des illustres chercheurs qui travaillent au quotidien à la réalisation des objectifs de WAVE pour assurer une sécurité alimentaire durable en Afrique.

Dr. Jerome Anani HOUNGUE

1. Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Je me nomme Anani Jérôme HOUNGUE. J’ai fait mes études supérieures à l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin. J’ai soutenu en Février 2020 ma thèse de Doctorat en Biotechnologies et Virologie végétales.

2. Quand avez-vous débuté votre formation à WAVE et quelle est votre thématique de recherche ?

J’ai débuté ma thèse de Doctorat à WAVE en 2015. Mes travaux de recherche ont essentiellement porté sur l’épidémiologie des virus de la mosaïque du manioc et l’apport des biotechnologies végétales dans leur gestion au Bénin. Ce travail de recherche a été encadré par Professeur Corneille AHANHANZO, Directeur Pays du programme WAVE au Benin, Professeur titulaire des Universités du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES) et Directeur du laboratoire central des biotechnologies végétales et d’amélioration des plantes de l’Université d’Abomey-Calavi.

3. Pouvez-vous résumer sommairement vos travaux de thèse ?

Nul n’ignore l’importance du manioc surtout dans les pays en voie de développement. Toutefois sa culture est sujette à des maladies virales telle la mosaïque du manioc, causée par les Begomovirus dont les espèces sévères engendrent des pertes de rendement atteignant 100% chez les variétés très sensibles. Ainsi, nous avons étudié l’état d’avancement de la maladie durant les cinq dernières années et développé des stratégies durables de lutte contre la mosaïque du manioc afin de renforcer la sécurité alimentaire au Bénin.

A ce titre, nous avons prospecté de nombreux champs de manioc sur toute l’étendue du territoire national et nous avons caractérisé les Begomovirus affectant la culture du manioc au Bénin en utilisant les outils moléculaires. Il en ressort, une forte incidence de la mosaïque du manioc et la présence de la forme Ougandaise du virus (EACMV-Ug) plus précisément à Nikki dans le département du Borgou.

Nous avons aussi évalué les connaissances des producteurs vis-à-vis de la maladie afin de mieux structurer les mesures de contrôle. De plus, nous avons identifié des cultivars résistants à la mosaïque du manioc parmi ceux préférés par les producteurs ; ce qui constitue l’une des mesures de contrôle durables contre la maladie. Des protocoles d’assainissement ont également été établis par culture in vitro de méristèmes des cultivars sensibles à la mosaïque mais à haute valeur productive.

Enfin, nous nous sommes intéressés à l’influence que ces Begomovirus pourraient avoir sur la qualité nutritionnelle des racines des plantes infectées afin de revoir les paramètres à considérer dans nos futurs travaux de sélection. Tous ces aspects ont été abordés en détail dans le document de thèse qui constitue en lui-même un outil de taille dans la lutte contre la mosaïque du manioc.

4. Comment votre formation à WAVE vous a permis de mener à bien vos travaux de thèse ?

Je dirai que ma formation à WAVE a été complète. J’ai eu accès aux ressources (financières, scientifiques) et au soutien moral nécessaires pour mener à bien mes travaux de thèse ; et cela grâce au leadership de mon Directeur de thèse.

Je profite de cette lucarne qui m’est offerte pour remercier sincèrement mon Directeur de thèse, Professeur Corneille AHANHANZO. A tout Seigneur, tout honneur. C’est grâce à lui que j’ai intégré le programme WAVE après mon Master, qu’il a également encadré.

Je remercie également le Directeur Exécutif du Programme WAVE, Prof. Justin PITA pour la vision louable qu’il a pour le développement de l’Afrique à travers la recherche et aussi la Fondation Bill & Melinda Gates et DFID de continuer à croire en nous.

5. Quel a été l’impact de votre formation à WAVE sur vos aptitudes professionnelles et personnelles ?

Je dirai tout simplement qu’« un enfant bien formé est un avenir qu’on gagne ». Je suis personnellement satisfait de ma formation et je suis à présent apte à faire carrière dans la recherche. J’ai acquis à WAVE une connaissance solide en rédaction scientifique et de projet. Aujourd’hui, je peux conduire avec succès un travail de recherche, travailler sous pression dans une équipe ou encore nouer des partenariats solides en vue de la réalisation d’un projet.

6. Comment entrevoyez-vous l'avenir après votre soutenance de thèse ?

Je souhaiterais intégrer une institution de recherche pour un post-doc ou pour un poste d’assistanat. Loin de moi l’idée que cela soit chose aisée mais les travaux que j’ai entrepris à WAVE démontrent mes potentialités. Je souhaite également mettre mes compétences à la disposition du programme WAVE qui entreprend la phase 2 de ses activités au Bénin.

Je vous remercie.

Contactez-nous:

www.wave-edu.org

L'équipe de Communication et de Relations Publiques:

Adja Aminata Ndiaye / adja.ndiaye@wave-center.org

Ndeye Ndebane Sarr / ndeye.sarr@wave-center.org

Le programme WAVE est financé par:

Credits:

WAVE

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