Réalisée du 24 juillet au 02 août 2021
La seconde étape de notre Via Alpina fera la jonction entre les Alpes du Sud et les Alpes du Nord. L'environnement montagnard va de nouveau changer et l'évènement le plus notable sera l'apparition des premiers glaciers des Alpes françaises. Cette dizaine de jours supplémentaires aura pour bouquet final une arrivée au pied du toit de l'Europe : le Mont Blanc. Mais avant cela il nous faut suivre un itinéraire nous faisant passer par le Nord du département des Hautes-Alpes et l'Est de la Savoie. Deux massifs seront principalement mis à l'honneur lors de cette traversée : le Massif des Cerces dans un premier temps puis le Massif de la Vanoise et son Parc National.
Si en partant de Monaco et en arrivant à Briançon nous avons traversé une plus ou moins grosse partie de chacun des départements français où s'érigent les Alpes du Sud, la Savoie constituera notre unique département pour ce qui est des Alpes du Nord. L'Isère et la Haute-Savoie seront mis de côté : le premier parce que trop excentré par rapport au fil de l'arc alpin d'où l'absence des grands itinéraires que sont le GR5 ou la Via Alpina et le second parce que nous avons choisi de contourner le Mont Blanc par son versant italien. L'itinéraire sera alors moins biscornu autour du Massif du Mont Blanc et sera dans la continuité de la suite de notre périple en Italie et en Suisse.
Ces choix, bien qu'ayant des avantages, sont aussi le résultat de sacrifices. Nous ne mettrons pas un pied sous les premiers 4000 des Alpes françaises situés au coeur du Parc National des Ecrins, nous ne nous perdrons pas sur les hauts plateaux du Massif du Vercors ou de la Chartreuse, nous n'aurons pas la chance de contempler les 1001 nuances de bleu des lacs du Massif de Belledonne ou encore le privilège de se poser quelques minutes dans le Massif du Chablais ou des Aiguilles Rouges pour profiter d'un coucher de soleil sur le versant français du Mont Blanc et ses neiges éternelles. Après tout, ce sont des montagnes relativement proches de nos lieux de vie, ceci justifiant leur mise de côté lors de cette aventure. Il y a tellement à faire que les choix de l'itinéraire d'une traversée des Alpes sont parfois un casse-tête.
Mais notre itinéraire n'est pas en reste, la preuve en images :
C'est après une journée de repos afin de digérer notre overdose de raclette, résultat d'une soirée passée au restaurant ''Le Gavroche'' à Briançon que nous nous remettons en route vers le Nord. C'est paradoxalement sous un puissant vent de Sud que nous sommes poussés à nous extirper de la vallée de Briançon et de nous élever dans le Massif des Cerces.
C'est par un long sentier d'arêtes que nous rentrons dans le Massif des Cerces. Nous passerons le Col du Granon, pour ensuite plonger dans la Vallée de la Clarée et poser notre bivouac près du village de Névache. De ce petit bourg, nous partirons en direction d'un des sommets les plus emblématiques des Alpes françaises : le Mont Thabor.
Petite anecdote concernant ce village. Névache est traversée par le 45ème parallèle et se situe ainsi à égale distance du Pôle Nord et de l'Équateur. C'est donc en direction du Pôle que nous nous dirigeons.
Nous quittons la Vallée de la Clarée pour rejoindre le Col du Vallon par un sentier encaissé en fond de vallée et surplombé par d'immenses falaises. Quelques nuages s'agrippent aux sommets du massif, compromettant une possible ascension du Mont Thabor. On se dirige tout de même vers ce sommet mythique et il ne devrait pas tarder à s'imposer dans le paysage.
On zigzague entre les montagnes abruptes du Massif des Cerces. De ce point de vue, le Mont Thabor fait un peu figure d'exception avec un relief en forme de dôme. Les nombreux plateaux sont tout de même l'occasion de retrouver nos amis les veaux.
Après le Col de la Vallée Etroite et le passage dans le département de la Savoie, le chemin aurait pu se poursuivre par une descente progressive vers la petite station de Valfréjus. Mais nous décidons de faire un petit crochet vers le Refuge du Thabor et les Lacs Sainte-Marguerite. Non pas uniquement pour déguster une bière locale de la Vallée de la Maurienne mais surtout pour contempler le Cheval Blanc au-dessus des lacs. La géologie et le relief de cette montagne étant assez atypiques.
Une bonne partie du Massif des Cerces, où se situe le Mont Thabor, n'est seulement française que depuis 1947 grâce à la signature du Traité de Paris. Ce traité, négocié entre les Alliés vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale et les puissances de l'Axe (autres que l'Allemagne nazie), visait à régler les réparations de guerre. C'est ainsi que la France annexa ce petit territoire montagnard, la frontière italienne étant déplacée un peu plus à l'Est.
La traversée du Massif des Cerces touche à sa fin. On plonge vers la Vallée de la Maurienne et la suite des Alpes du Nord. Après un saut entre les deux côtés de la vallée via la ville de Modane, on commence à arpenter les flancs du Massif de la Vanoise puis, quelques kilomètres plus loin, nous pénétrons dans son parc national.
Le Parc National de la Vanoise correspond au premier parc national du territoire français puisqu'il est créé en 1963. Ce massif et ce parc sont coincés entre la Vallée de la Maurienne au Sud, où coule l'Arc, et la Vallée de la Tarentaise au Nord, où coule l'Isère. La partie orientale du Parc National de la Vanoise englobe une partie du Massif des Alpes Grées et se cale donc contre la frontière italienne. Côté italien, cette zone correspond à l'entrée dans le Parco Nazionale del Gran Paradiso. Un jumelage en 1972 entre les deux parcs a ainsi créé la zone protégée la plus étendue d'Europe de l'Ouest. Mais lors de cette traversée, seul le côté français fera partie du chemin.
Nous avions le choix entre deux façons de traverser ce massif. Soit par l'intermédiaire de la petite station familiale de Pralognan-La-Vanoise, soit par une halte à Tignes. C'est cette dernière option qui sera retenue et ce, pour deux raisons principales : le sentier reliant la ville de Modane à Tignes s'effectue par l'itinéraire dit ''des balcons de la Vanoise'' et deuxièmement, on se rapproche davantage des glaciers de ce massif contrairement au GR55 qui se dirige vers Pralognan.
C'est après une rude montée jusqu'au Refuge de l'Orgère que nous débutons les Balcons de la Vanoise. À la dernière minute, nous décidons de réserver une nuitée au Refuge de la Dent Parrachée. Ceci constituera notre première nuit dans un refuge alpin lors de notre Via Alpina et même une première expérience tout court pour mon binôme. C'est au pas de course que nous relions le Col du Barbier au refuge, attirés par la dégustation d'une petite bière locale et le repas servi à 18h pétantes.
Au petit matin, le soleil rayonne de nouveau au-dessus de la Savoie malgré l'humidité laissée par les quelques averses nocturnes. Encore un bon timing pour dormir sous un toit. Le cirque montagneux autour du Refuge de la Dent Parrachée, à moitié à l'intérieur et hors du parc national, se révèle davantage aux premières lueurs.
Au détour d'une vire, les premiers glaciers de la Vanoise se dévoilent entre les nuages qui se développent petit à petit dans la matinée. Cette dénomination ''glaciers de la Vanoise'' correspond spécifiquement à l'ensemble des glaciers présents entre la Pointe de la Réchasse au Nord et la Dent Parrachée au Sud. Elle ne comprend pas la totalité des glaciers du massif. Ces glaciers sont perchés sur un ensemble de dômes situés entre 3200 et 3600m d'altitude. La superficie de cette calotte glaciaire est d'environ 25km2 pour une longueur de 12km et une largeur comprise entre 1 et 3km. Ceci en fait le plus grand ensemble de glaciers des Alpes françaises. Visible entièrement seulement en gravissant un des dômes situés près des glaciers, nous n'en apercevront qu'une partie.
Arrivés au Refuge de l'Arpont, il est encore trop tôt pour savoir et chercher où nous allons bivouaquer. Le temps est assez stable malgré une nébulosité grandissante. Par conséquent, nous nous engageons dans la montée vers le Lac de l'Arpont, et donc vers le début de la calotte glaciaire de la Vanoise.
Ce lac, comme d'autres dans les Alpes, est apparu assez récemment et est le résultat de la fonte du Glacier de l'Arpont. Au début des années 2010, le Lac et le Glacier de l'Arpont étaient encore en contact. Cependant, depuis 2019, sous l'effet du réchauffement climatique, la rupture s'est faite entre les deux entités et le Lac de l'Arpont n'est ainsi plus alimenté par l'eau de fonte du glacier. À cette époque, le lac était de couleur grisâtre du fait de la présence d'une forte densité de minéraux provenant du glacier, aussi appelés ''farines glaciaires''. Avec la fin de l'alimentation par le glacier, l'alimentation en sédiments cesse de facto, ces derniers se déplaçant peu à peu au fond du lac. Ces deux facteurs créent un double phénomène : le réchauffement du lac et son éclaircissement.
Le Lac de l'Arpont constituait une variante sur notre itinéraire et sur celui du Tour des Glaciers de la Vanoise. Il nous faut redescendre au niveau du Refuge de l'Arpont pour continuer les balcons vers le Nord. Le Parc National de la Vanoise nous réserve une autre surprise sur le chemin.
Leur curiosité les amène à s'approcher extrêmement près des êtres humains. Grâce à la protection conférée par le parc national, les animaux sont beaucoup moins peureux que dans les autres zones non protégées des Alpes. Il arrive même que certains bouquetins n'hésitent pas à lécher les mains des randonneurs, attirés par la transpiration et le sel qu'elle contient.
Après avoir épuisé la batterie de l'appareil photo avec ce bal de bouquetins autour du sentier, il commence à se faire tard. Il faut trouver un endroit où passer la nuit. Or, dans le Parc National de la Vanoise, contrairement aux deux autres parcs nationaux des Alpes françaises que sont les Ecrins et le Mercantour, il est interdit de bivouaquer. Apparemment, notre tente détruirait la végétation du parc. On peut sincèrement se poser la question de l'efficacité de cette mesure quand on voit les troupeaux de mouton littéralement ravager certaines parties des alpages où l'on ne trouve plus aucune plante, seulement un cercle terreux où se trouvait le troupeau. Sans parler des hélicoptères qui survolent ces montagnes ou encore les immenses domaines skiables qui jouent avec la frontière du parc. Bref, certains refuges autorisent le bivouac près de leur bâtiment. Cependant, dans notre cas, nous étions trop éloignés du prochain refuge, près de 4h de marche supplémentaires, qui plus est, hors de notre itinéraire de base. C'est donc au milieu du plateau en aval du Dôme de Chasseforêt que nous décidons d'aller à l'encontre de cette législation. Cachés derrière notre rocher, nous profitons d'une douche particulièrement froide dans les eaux glaciaires du Parc National de la Vanoise.
Un réveil matinal nous permettra, non seulement, de ne pas trop chercher les gardiens du parc mais également de profiter d'un beau mais court lever de soleil, la pluie prenant rapidement le relai.
Là encore, la pluie nous fera abandonner une de nos envies. Nous voulions faire le crochet jusqu'au Lac des Vaches, lac mythique du Parc National de la Vanoise avec une vue splendide sur la Grande Casse, point culminant du massif. La pluie nous conduira à nous contenter d'une traversée du Vallon de la Leisse pour rejoindre Tignes dans la journée. Heureusement, les précipitations seront de courte durée.
Nous arrivons relativement tôt à la station mais la distance effectuée ce jour-là reste suffisante pour nous permettre de stopper l'étape à Tignes. Nous nous ravitaillons puis commençons à scruter les lieux autour de la station coupée en deux par le Lac de Tignes pour y poser notre tente. Mine de rien, Tignes et son lac prennent pas mal de place dans le fond de vallée. Nous décidons tout de même de nous poser sur une aire de pique-nique de la station.
C'était peut-être osé que l'on se soit posé si près de la station et de son golf. Mais après tout, le golf de Tignes tapisse les pentes des alentours également. Nous allons cependant être rappelés à l'ordre par la police municipale un peu avant que la nuit tombe. Parait-il que le Maire ne supporte pas voir des randonneurs camper sur le territoire de sa commune. C'est d'ailleurs à se demander si un maire de commune de montagne comme lui sait faire la différence entre le bivouac et le camping, mais passons. Il est même d'ailleurs juridiquement interdit de ''camper'' (ou ''bivouaquer'' pour nous montagnards) sur la totalité du territoire de la commune de Tignes : stations et alpages compris. Devant tant de stupidité de la part d'une station où passent de grands itinéraires comme le GR5, les policiers nous ont conseillé de nous cacher sur les hauteurs de la ville, chose que nous avons fait. Le lendemain, nous n'avons pas manqué d'adresser au Maire par courriel notre étonnement, notre désapprobation et notre mécontentement quant à la réglementation en vigueur sur sa commune. Après tout quand on construit un nouveau complexe du Club Med, que les remontées mécaniques de la station flirtent avec les délimitations du parc national et que les marmottes n'ont d'autres terrains pour se nourrir que les terrains de golf, on peut se demander si c'est si compliqué pour une station gérant un budget aussi important de mettre en place une aire de bivouac pour les randonneurs en itinérance, alors même que les refuges du parc y arrivent alors qu'ils ne brassent pas autant d'argent. Coup de gueule à part. Notre journée s'est donc terminée sur les hauteurs de Tignes avec une tente posée entre une piste de ski et un terrain de golf. Il en fallait pas moins pour le renard des lieux pour venir nous dérober notre délicieux comté que nous n'avions pas eu le temps de finir après l'intervention des policiers. Un conseil donc si vous traversez le Massif de la Vanoise, passez plutôt par la petite station de Pralognan et évitez la station de Tignes.
Dans la même journée, nous dévalons les pentes du Massif de la Vanoise pour atterrir dans la Vallée de la Tarentaise. Les torrents et cascades chutant du Mont Pourri, second sommet le plus élevé de la Vanoise, nous accompagnent jusqu'à l'Isère. Rivière près de laquelle nous bivouaquerons.
La traversée de l'Isère, au fond de la Vallée de la Tarentaise, signe la fin de notre aventure dans le Massif de la Vanoise. Il nous reste cependant encore un massif à traverser pour enfin avoir la chance de contempler le Mont Blanc : c'est le Massif du Beaufortain. Ce dernier est à cheval entre les deux Savoies, or notre chemin ne nous amènera pas en territoire haut-savoyard. Dans ce massif se cache une des montagnes emblématiques de la région : la Pierra Menta.
Cet éperon rocheux n'est en rien situé sur la frontière italienne. Son nom provient du franco-provençal signifiant ''pierre montée''. Sa falaise sommitale chute de 120m ce qui en fait une montagne de référence pour l'alpinisme local. Son relief est certes moins imposant que celui de son jumeau du Sud le Mont Aiguille, dans le Massif du Vercors, mais son altitude est par ailleurs plus élevée puisqu'elle culmine à 2714m contrairement au monolithe vertacomicorien qui pointe à 2087m. En effectuant en partie le tour de la Pierra Menta, son allure se métamorphosera au fur et à mesure de notre avancée.
Après le Col de Bresson, nous effectuons une traversée en balcons au-dessus d'un des plus importants barrages de Savoie : le Lac de Roselend. Le ciel est menaçant et l'orage gronde à l'intérieur des nuages surplombant le Massif du Beaufortain. L'ambiance était très spéciale : à la fois ténébreuse et magique. Les turbulences avaient lieu au loin et au-dessus de nous mais n'avaient pas encore eu la force de toucher le sol du massif.
Quelques gouttes tombent sur l'alpage mais le gros de l'orage nous évite pour le moment. Nous nous dirigeons vers la route menant au Cormet de Roselend. Mais sur le chemin nous serons surpris par l'apparition d'une installation quelque peu insolite.
Etonnés de voir cette cabine au milieu de nulle part, nous nous renseignons quant à son histoire. Parait-il que les gardiens des refuges non loin d'ici, notamment le Gîte de Plan Mya, indiquaient ce lieu aux randonneurs en quête de réseau, lieu qu'ils qualifiaient fictivement de ''cabine téléphonique''. Quelques années plus tard, les gardiens ont acheté une véritable cabine et l'ont installée à cet endroit précis.
Après cette halte londonienne, nous poursuivons notre route vers le Refuge du Plan de la Laie. L'orage éclate à ce moment-là. Les gardiens du refuge nous proposent donc de passer la nuit aux abords du bâtiment, dans un lieu abrité où nous pouvons installer notre bivouac. Une Birra Menta dans le gosier et nous profitons de notre dernière nuit en France.
Le lendemain, l'humidité est encore présente mais se dissipe peu à peu lors de la montée. Quatre cols seront franchis en cette journée de transition entre la France et l'Italie. La première ascension vers le Col de la Sauce nous fera apercevoir pour la première fois le colosse alpin.
L'altitude du toit de l'Europe est une donnée qui fluctue avec le temps. Si dans l'imaginaire national il a souvent été question d'une altitude de 4807m et ce, depuis un premier relevé datant de 1863. Une dernière mesure du 17 septembre 2021 dispose que le Mont Blanc s'élève exactement à 4807,81m soit 91cm de moins que le dernier relevé de 2017 où il s'établissait à 4808,72m. Le sommet du Mont Blanc étant recouvert de neige, son altitude fluctue en fonction du vent, des précipitations et de la température. En effet, la couche de neige et de glace qui recouvre le sommet rocheux de la montagne s'établit entre 15 et 23m d'épaisseur. La roche n'est présente qu'à 4792m de hauteur et ce chiffre reste intangible. Quoique, de par les mouvements tectoniques et la plaque africaine se rapprochant de la plaque eurasienne, les Alpes, et donc le Mont Blanc, s'élèvent de 1 à 3mm par an. Reste à savoir si le Mont Blanc restera bel et bien blanc dans les décennies à venir malgré les effets du réchauffement climatique.
Au Refuge du Col de la Croix du Bonhomme, nous arrivons sur une véritable autoroute alpine : le Tour du Mont-Blanc. Attraction sportive connue dans le monde entier et contournant le massif par ses trois pays : France, Italie et Suisse. Le Tour du Mont Blanc permet de contempler le sommet sous tous ses angles. Nous concernant nous n'effectuerons qu'une petite partie de cet itinéraire, notamment le côté italien. Pour une fois, les randonneurs ne se bousculent pas sur le sentier, effet probable de la météo maussade de ces dernières semaines dans les Alpes du Nord.
Nous prenons une pause et un repas au Refuge des Mottets, laissant ainsi la faible averse passer. Après l'accalmie, nous reprenons notre route pour franchir le Col de la Seigne, col frontalier entre la France et l'Italie. Son franchissement signifiera la fin définitive de notre aventure dans les Alpes françaises.
27 jours, c'est le temps qu'il nous aura fallu pour relier Monaco et le Col de la Seigne via les Alpes françaises. Un peu moins de 600km nous séparent de la Mer Méditerranée et nous voilà plongés dans la zone alpine où se situe le plus grand nombre de sommets dépassant la barre symbolique des 4000m d'altitude.
Cependant l'être humain fait encore des siennes, même au coeur du Massif du Mont Blanc. En effet, il est interdit de bivouaquer en dessous de 2500m dans le Val d'Aoste. Cela est assez contraignant d'autant plus que cette altitude est relativement élevée par rapport à notre parcours autour du toit de l'Europe. Qu'importe, c'est vers 2250m que nous poserons notre tente, avant que la pluie ne se déverse sur les montagnes italiennes tout au long de la nuit.
La pluie n'a pas été le seul inconvénient de cette première nuit en territoire italien. Une probable intoxication alimentaire m'a rendu malade toute la nuit et m'a empêché de dormir. Au petit matin, la pluie a cessé mais l'extrême fatigue est encore présente. Or, 5h de marche nous séparent de Courmayeur, la prochaine ville où un repos sera nécessaire. La descente sera longue, lente alors que les glaciers du Massif du Mont Blanc dévalent les pentes autour de nous.
Le Glacier de Miage est un glacier très particulier dans le Massif du Mont Blanc. On dit que c'est un ''glacier fossilisé'' du fait de la présence d'une épaisse couche de roche au-dessus de sa glace. La présence de cette roche résulte des mouvements du glacier qui pousse devant et au-dessus de lui de la roche mais également du fait des chutes de pierres en amont. Cette couche de roche lui permet de se protéger de la chaleur, c'est pourquoi sa langue glaciaire est située à relativement basse altitude, jusqu'à 1800m environ.
Tant bien que mal, nous arrivons à Courmayeur. Petite ville que l'on peut comparer à Chamonix, située de l'autre côté du tunnel du Mont Blanc. Un repos bien mérité s'impose après l'affreuse nuit passée sous le Col de la Seigne. Le lendemain, nous profitons de notre présence à Courmayeur pour monter à la Punta Helbronner via le téléphérique afin d'aller tâter les 4000m de près.
La Punta Helbronner culmine à 3462m et se situe sur la frontière franco-italienne. Son téléphérique en fait le point le plus haut d'Italie accessible par le grand public. Malgré les nombreux nuages présents ce jour là, le panorama reste exceptionnel. Même si le Mont Blanc restera caché par la nébulosité.
''La beauté du massif du Mont-Blanc, beauté connue donc moins mystérieuse que celle des massifs lointains, mais au fond nettement supérieure à tout ce qui existe au monde, tentera toujours les futurs grands grimpeurs.'' - Gaston Rébuffat
La deuxième étape de notre Via Alpina s'achève à Courmayeur. La France est derrière nous, la Suisse est devant. Nous ne resterons que brièvement en Italie et dans le Val d'Aoste puisque la prochaine et troisième étape nous conduira en direction de Zermatt.
Finie la course alpine vers le Nord. L'arc alpin bifurque à l'Est et nous devons en faire de même. La dimension de notre projet prend une toute autre ampleur en devenant plus internationale. Même si dans ces régions transfrontalières que sont les Savoies, le Val d'Aoste italien ou le Valais suisse, le français reste prédominant. Encore quelques ''bonjour'' sur les sentiers sont possibles. La déconnexion totale avec la France attendra encore un peu.
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