À propos du photographe
Ulrich Lebeuf né en 1972 est un photographe français. Il est depuis 2014 le directeur artistique du festival de photographie MAP à Toulouse.
En mai 2016 il reçoit le Prix Jean Dieuzaide décernée par l’Académie des Arts du Languedoc, cette récompense salue le travail du photographe, aussi bien pour son rôle de témoin lors de grands événements, au travers de ses photos pour la presse française et internationale ; que pour son engagement dans la promotion de la photographie en tant que directeur artistique.
Membre de l’agence MYOP depuis janvier 20074, ses travaux sont publiés dans Le Monde, Libération5, The New York Times ou des magazines comme Grazia, VSD, Géo, M, le magazine du Monde. Il est collaborateur régulier du quotidien Libération en tant que photoreporter.
En parallèle à son travail pour la presse, il poursuit des travaux photographique plus personnels, où il alterne les processus photographiques selon les sujets : de la couleur, au noir et blanc, en passant par le Polaroïd, ou des procédés proches de l’art pictural.
À propos de l'exposition
L'usine AZF de Toulouse est détruite le 21 septembre 2001 par l'explosion d'un stock de nitrate d'ammonium, entraînant la mort de 31 personnes, faisant plusieurs milliers de blessés et de lourds dégâts matériels.
La photographie, tout en étant la reproduction du réel, nous laisse deviner l'étendue de ce que nous ne savons pas sur la scène photographiée. Le travail d'Ulrich Lebeuf nous expose les détails d'un événement dont on ne fait que saisir l'ampleur, sans être averti dans l'image de ses circonstances. Loin de l'instantané, ce sujet relève de l'intemporel. On s'interroge, ces images ont-elles été prise juste après ou des années après la catastrophe ? Le cataclysme qui a détruit ces lieux sans vie n'est pas explicité, le sujet se détache de l'événementiel.
Plus on pénètre à l’intérieur de maison, plus on est confronté à un nouveau Pompéi. Les objets les plus anodins sont les traces d’un monde antérieur à la catastrophe. Ils témoignent d’un avant presque banal où ils avaient leur usage, détails fragiles mais immuables. Les vies des habitants disparues sont exposées, lisibles mais détruites. Chaque objet raconte une histoire, celle de ceux qui ont animé les lieux, aujourd’hui figée comme une horloge qui s’arrête à la mort de son propriétaire.
Ces images parlent de vie, d’instants animés tout en étant la représentation même de l’immobilité. Elles témoignent d’un événement sans pour autant forcer le spectateur à prendre position. Elles donnent à voir sans pour autant imposer une interprétation liée à l’actualité. C’est au lecteur de pénétrer ces micro-mondes dévaster et d’appréhender la profondeur de ce qu’ils représentent.
Ce sont des images sans parti pris, mais elles témoignent en filigranes de l’engagement de leur auteur. Elles ne dénoncent pas mais tentent de dévoiler l’ampleur des conséquences. Elles nous amènent à nous poser des questions sur l’essence même de la catastrophe et à envisager une reconstruction nécessaire, autant sur les lieux, métaphore du désastre, que dans les esprits de ceux qui l’ont subi. Alexa Brunet
Credits:
Ulrich Lebeuf