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300 km attelés sur la Route du poisson 2021 Une équipe rassemble deux races de chevaux sous le nom "Traits de Normandie"

Traits de Normandie. Voilà le nom de l'équipe qui représentera les chevaux percherons et cobs normands sur la Route du poisson 2021 : les associations nationales de ces deux races ont décidé d'unir leurs forces pour l'événement, qui renaît de ses cendres après presque dix ans d'arrêt.

L'équipe a été créée le 24 septembre dernier ; les onze paires qui la composent se sont rassemblées pour la première fois exactement un mois plus tard, au haras du Pin. Sophie Singer, l'une des deux chefs d'équipe, explique :

« On a vérifié l'état zéro des chevaux - c'est-à-dire leur état avant de commencer l'entraînement -, on les a pesés et toisés pour savoir où ils en sont dans leur masse musculaire. »

Exploitante agricole, elle est installée à Saint-Ouen-Marchefroy, dans l'Eure-et-Loire ; son binôme, Vincent Varin, est de Pertheville-Ners, près de Falaise.

La Route du poisson en quelques chiffres

21

C'est le nombre d'étapes que comportera la Route du poisson 2021, dont le parcours, de plus de 300 km, traversera pendant 24 heures au total une centaine de communes et concernera plus de 300 000 habitants.

440

C'est le nombre de chevaux qui prendront le départ sur une ou plusieurs étapes et épreuves de l'événement. On compte une vingtaine d'équipes, et chaque équipe rassemble 11 paires de traits et environ 70 personnes ! Les chevaux représentent neuf races françaises et des races européennes « jamais vues sur des événements dans l'Hexagone », assure Thibaut Mathieu : des Autrichiens, des Britanniques, des Suédois...

2

C'est le nombre de races représentées chez les Traits de Normandie : les Percherons et les Cobs normands. Ce rassemblement ornais rassemble deux équipes : une Senior et une Junior.

23 000

C'est, en euros, le budget prévisionnel de l'équipe Traits de Normandie, en comptant notamment 5 000 € d'inscription, 6 700 € de frais de déplacement des participants et 1 000 € de frais vétérinaires.

Temps idéal

La masse musculaire des équidés a son importance : « Une grille taille-poids va permettre de rajouter du temps à certains s'ils sont trop lourds par rapport au standard », poursuit la meneuse. Car l'objectif de la course n'est pas d'arriver en premier, mais de se rapprocher le plus possible d'un « temps idéal », comme cela existe pour le cross du concours complet : par exemple, telle étape doit être réalisée en 2 heures - c'est le temps idéal ; la meilleure équipe est celle qui se rapproche le plus de 2 heures et 0 minute, pas celle qui arrive en 1 h 50. Attention : au-delà de trois secondes d'écart, l'équipe reçoit des pénalités. Elle poursuit :

« Tout se joue sur le dernier kilomètre ou les 500 derniers mètres. La préparation des chevaux doit nous permettre de les connaître le mieux possible et d'être en mesure d'adapter leur vitesse pour se rapprocher du temps idéal. Avec certains, un kilomètre ne sera, par exemple, pas assez long pour bien terminer, même au pas. »

Acquérir du souffle

Un travail de précision, pour lequel les équipes ont un an d'entraînement. La première réunion de l'équipe a justement consisté en une simulation : « On a fait un routier, sur lequel on a imposé une vitesse et donné un temps précis. À l'arrivée, on a vérifié l'état des animaux avec un vétérinaire, qui a relevé leurs données cardiaques et nous a donné des conseils. »

Lors du premier entraînement de l'équipe Traits de Normandie au haras du Pin, en octobre 2020. © Jean-Léo Dugast

Comme n'importe quels sportifs, les chevaux doivent acquérir du souffle. Pour cela, ils sont sortis deux à trois fois par semaine, pendant deux ou trois heures.

« On fait beaucoup de pas et des côtes, pour travailler leurs muscles et leur cœur. Petit à petit, on va accélérer la cadence. »
L'épreuve de marathon. © Jean-Léo Dugast

Chaque paire, avec son meneur et son groom, peut être entraînée de façon individuelle. L'équipe au complet essaie de se regrouper toutes les six à huit semaines.

Sang-froid et robustesse

Pour aller au bout de l'épreuve, « on cherche des chevaux carrossiers, capables de parcourir entre 12 et 18 kilomètres à environ 12 km/h ». Chaque paire devra réaliser deux ou trois étapes.

Du XIIIe siècle à aujourd'hui

« La Route du poisson date du XIIIe siècle et a pris fin dans les années 1850, avec l'arrivée du chemin de fer. »

L'organisateur de l'événement sportif, Thibaut Mathieu, parle là de la route historique, commerciale, qui servait à acheminer le poisson frais de la côte à Paris.

« En moyenne, il y avait toujours six chasse-marées » - le nom donné aux mareyeurs, c'est-à-dire aux personnes qui achètent le poisson en gros pour les revendre à des commerçants - « qui livraient aux Halles parisiennes et boulevard Poissonnière »... bien nommé.

La course d'endurance, elle, retrace cette tradition en suivant le même chemin, sur une durée de 24 heures. Elle a été organisée pour la première fois en 1991, et s'est arrêtée en 2012.

Parmi les qualités attendues des équidés, « un bon mental, au physique élancé ». C'est le cas du Percheron :

« Il a le sang froid et une certaine élégance, il faut le dire. Il est aussi gentil, robuste, ce qui lui donne de bonnes aptitudes pour l'attelage. »

Autre avantage : ses membres sains. Elle précise : « Il a la peau assez fine et pas trop de poils aux pattes, ce qui lui permet de ne pas trop développer de maladies. »

Les premiers jours de l'événement, des épreuves spéciales se déroulent en bord de mer. Ici lors de précédentes éditions.

© Jean-Léo Dugast

La traction du flobart, bateau d'échouage utilisé pour la pêche, est l'une des épreuves spéciales les plus emblématiques de la Route du poisson, qui rappelle particulièrement l'image de l'acheminement du poisson de la côte à Paris.

© Jean-Léo Dugast

Parmi les épreuves spéciales, des épreuves non attelées.

© Jean-Léo Dugast

Une fois que les meneurs connaîtront parfaitement les particularités de chaque équidé, les paires pourront être réparties dans le programme. L'une sur l'épreuve de traction du flobart en amont du routier, l'autre sur tel tronçon de la route. Autant de paramètres à prendre en compte pour espérer remporter la course !

Texte : Léa DALL'AGLIO / Photos : Jean-Léo DUGAST

Le programme prévisionnel

Si la course en elle-même dure 24 heures, l'événement, lui, se tient du lundi au dimanche.

Visite vétérinaire

Elle aura lieu au tout début de la semaine. « On vérifie que les chevaux ne boitent pas, que les vaccinations sont en règle », précise Sophie Singer.

Épreuves spéciales

Du mardi au vendredi, et avant le départ pour 300 kilomètres entre la côte et Paris, les chevaux vont s'affronter sur un certain nombre d'épreuves testant leurs aptitudes.

Sophie Singer détaille : une traction du flobart, un bateau de pêche, sur la plage de Boulogne-sur-Mer ; une traction d'un traîneau classique, « avec des postes auxquels les chevaux doivent s'arrêter » ; une épreuve « à la voix », où le meneur doit guider son équidé uniquement avec sa voix ; une épreuve de débardage, qui doit démontrer l'habilité de l'animal ; une épreuve montée, consistant en une reprise de dressage ; une épreuve de maniabilité à quatre chevaux ; et une épreuve de maniabilité urbaine, testant la capacité des équidés à s'adapter aux paramètres de la ville : bruits de klaxon ou de poubelles, obstacles visuels...

Endurance

Ce n'est qu'après ces épreuves que les paires s'élanceront vers Paris intramuros ; le lieu exact de l'arrivée n'est pas encore connu.

« En dehors du routier, où l'on impose deux étapes minimum, les chevaux ne pourront pas représenter l'équipe sur plus d'une épreuve spéciale ; et celui qui participera à l'épreuve du vendredi ne sera évidemment pas le premier à partir sur la route le lendemain. »

Credits:

Jean-Léo Dugast