La pandémie COVID-19 et les verrouillages associés ont imposé un lourd fardeau aux femmes et aux communautés marginalisées. Les femmes des secteurs de l'agriculture et de la foresterie contribuent de manière significative à accroître la productivité tout au long de la chaîne de valeur, mais se font rarement entendre dans les décisions politiques et récoltent moins de salaires et bénéficient des produits de leur travail. Pendant la pandémie, avec la diminution des revenus des ménages et une plus grande insécurité alimentaire, les forêts en particulier sont confrontées à un plus grand stress car les communautés dépendent davantage des produits forestiers pour leur subsistance. Pendant ce temps, les femmes, en tant que chefs de famille, sont essentielles pour faire des choix durables tant pour leur famille que pour leur environnement local.
Les programmes de microfinance tels que ceux de CAMGEW peuvent jouer un rôle essentiel dans la résilience des femmes, des communautés et de la forêt en temps de crise.
Le trilogue régional virtuel de BES-Net pour l'Afrique francophone tenu en novembre 2020 a rassemblé des membres des secteurs de la pratique, de la politique et de la science de sept pays différents, dont le Cameroun. Le but du trilogue était d'échanger des connaissances sur des thèmes de plus en plus critiques que sont la pollinisation, la biodiversité et la sécurité alimentaire à l'ère du COVID-19. Une douzaine de participants issus d’organisations de la société civile camerounaise ont partagé leurs histoires inspirantes alors qu’ils travaillent collectivement pour renforcer la participation des femmes et des peuples autochtones dans les secteurs de l’éco-entreprise et de l’agroforesterie.
M. Emmanuel Wirsiy Binnyuy, Directeur exécutif de Cameroon Gender and Environment Watch (CAMGEW) a décrit l’initiative de son organisation visant à renforcer les capacités des femmes et des jeunes dans les domaines de l’éco-entreprise et de la régénération des forêts dans la zone forestière de Kilum-Ijim. Le programme de microfinance de CAMGEW offre une formation en entrepreneuriat et des prêts aux femmes qui forment ensuite des groupes de solidarité ou des coopératives qui travaillent ensemble. À ce jour, 1 580 femmes ont été formées et 1 325 prêts ont été accordés. M. Binnyuy précise que «les coopératives créent des plans d'épargne qui fournissent une forme d'assurance à ceux qui ne peuvent pas rembourser leurs prêts à certains moments, et aident à encadrer et à former les femmes qui ne remplissent pas encore les critères d'éligibilité aux prêts».
Les programmes de microfinance tels que ceux de CAMGEW peuvent jouer un rôle essentiel dans la résilience des femmes, des communautés et de la forêt en temps de crise. M. Binnyuy note que «depuis le début de la pandémie, la microfinance a été utilisée comme un fonds d'investissement pour acheter des denrées alimentaires qui sont distribuées à un coût équitable à leurs membres coopératifs et à d'autres communautés, réduisant ainsi la pénurie alimentaire et la pression sur les forêts». En fin de compte, la forêt, la biodiversité qu'elle renferme et la communauté qu'elle soutient bénéficient toutes d'un tel arrangement. CAMGEW espère poursuivre son travail dans un effort «pour promouvoir l'inclusion, de meilleures actions et un processus de prise de décision».
Le succès de l’initiative de microfinance de CAMGEW est un important potentiel pour les femmes camerounaises du secteur de l’agroforesterie. Selon la FAO, les femmes des campagnes camerounaises effectuent environ 6 à 8 heures de travail agricole par jour pendant les saisons de croissance élevées en plus des autres tâches ménagères. Leurs estimations révèlent que les femmes fournissent environ 90% de la nourriture aux ménages camerounais.
Pourtant, peu de femmes qui participent à des coopératives agricoles ont des rôles décisionnels et en raison des taux d’intérêt élevés et des exigences de garantie des banques camerounaises, l’accès au crédit peut être un défi pour les hommes comme pour les femmes. M. Binnyuy conclut:
Les femmes doivent être informées et engagées. Ils doivent à la fois participer et bénéficier de la cartographie de l'avenir de la biodiversité.
Credits:
Created with images by David_Peterson, Prolifik and Tongo from Pixabay.