Confinée avec vous, La Marseillaise vous entraîne dans une seconde balade historique dans Marseille, une nouvelle immersion dans notre histoire commune. Trouvées dans les fonds numérisés des bibliothèques de Paris, ces nouvelles photographies d'André Zucca vous emmènent dans le passé douloureux de la Seconde guerre mondiale. Ses photos sont le plus souvent stupéfiantes par la force du sujet, le moment historique figé. André Zucca est requis depuis 1941 par l’occupant et participe à son oeuvre de propagande. Ses photographies de propagande restent un témoignage inoubliable de la cité phocéenne. On passe des sourires aux traits tendus. La gravité, l'inquiétude, la colère rentrée se lisent sur le visage des Marseillais quand les Allemands foulent notre Canebière. Zucca a fixé ce moment historique : l'entrée des conquérants dans la cité le 12 novembre au matin. Six jours plus tard, il revient photographier des moments ordinaires de la vie marseillaise. Les vues d'ensemble et les petits détails vous frapperont dans la seconde moitié de ce "long format". Restez chez vous et bonne promenade dans le temps.
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Le débarquement des troupes anglo-américaines en Afrique du Nord dans la nuit du 8 au 9 novembre 1942 pousse Hitler à envahir la zone libre par crainte d'un débarquement. Les Allemands franchissent la ligne de démarcation le 11 novembre au matin. Dans la nuit du 11 au 12 novembre à 3 heures du matin, des colonnes allemandes de camions et d'auto-mitrailleuses traversent Aix-en-Provence. Une heure plus tard des éléments d'avant garde entrent en éclaireur dans Marseille par le quartier de Saint-Antoine. La première colonne, écrit Robert Menchérini, pénètre dans la cité phocéenne à 8 heures, longe la rue Nationale, la place et le quai de la Joliette puis le Vieux-Port, la Canebière, la rue de Rome jusqu'à la place Castellane et stationne sur le Prado.
"Ils arrivent !" L'information fait le tour des quartiers. Sur le cours Belsunce, des marins français semblent en grand désarroi, marchant balluchon sur l'épaule en direction de la rue de Rome où une foule de Marseillais s'est rassemblée.
Marseillais, ils arrivent ! Les premiers sidecars de la Wehrmacht débouchent sur la Canebière par le cours Belsunce.
Le regard des Marseillais, le visage grave, mâchoires serrées, face aux soldats allemands à vélo devant le magasin Bouchara, cours Saint-Louis. Notez les kiosques à fleurs des bouquetières.
Elle s'appelait Attila, cette surprise-là. Il n'y avait plus de zone libre. A la demie de neuf heures les premiers détachements de la Wehrmacht pénétraient dans Marseille par la Rose et les Chartreux. Pas de vacarme. Une pétarade, un ronflement discret. Ce n'était que du léger, de l'infanterie portée qui défilait avec une régularité morne, des camions, des motos isolées, de la reconnaissance.
Elle, Adrienne, Edmonde Charles-Roux. 1971
Vers dix heures le fracas se fit plus lourd et un autre cortège débouchait par le boulevard d'Athènes : les blindés, avec leurs équipages muets, posés comme des allégories sur leur socle.
Elle, Adrienne, Edmonde Charles-Roux. 1971
A l'angle de la Canebière et du cours Saint-Louis, la troupe allemande prend la direction de la rue de Rome.
Des soldats allemands sur des charrettes à l'angle de la Canebière et du cours Belsunce
La foule des passants sur la Canebière que les chars allemands remontent. On est à hauteur des ruines des Nouvelles Galeries incendiées le 28 octobre 1938
Les blindés allemands stationnés devant le cinéma Variétés. Gabin et Michèle Morgan à l'affiche dans "Remorques" de Jean Gremillon
Des officiers allemands devant l'Hôtel de Noailles sur la Canebière dont ils ont pris le contrôle. L'état-major y installe son quartier général.
Peu à peu, la ville fut submergée de soldats. L'accès au port fut interdit. Ce n'était qu'un début. Les réquisitions commencèrent. Ecoles ; lycées ; hôtels. Puis les plus belles campagnes de la banlieue.
Elle, Adrienne. Edmonde Charles-Roux. 1971
A la demie de dix heures il y eut les premiers lazzi. «Vous êtes arrivés par le train?» fut la question posée aux hommes des blindés. Et aux pontonniers du génie : « C'est pour faire un tour en mer que vous voyagez avec vos barques ? » Et aux Allemands qui mastiquaient autour des roulantes : « Profitez. Ça dure pas toujours. »
Elle, Adrienne, Edmonde Charles-Roux. 1971
« Alors, comme ça, on promène ? » On se moquait d'eux. On leur manquait de respect.
Elle, Adrienne, Edmonde Charles-Roux. 1971
On ne retrouve plus dans la suite du reportage de Zucca la même force dans les regards des Marseillais. Le reportage semble basculer dans le registre de la propagande même si le regard de l'occupé croise encore celui de l'occupant.
Les Allemands se postent sur la plage du Prado à côté des pêcheurs
Ils se rendent aux Goudes pour fortifier au plus vite le littoral
Les jours suivants, le 18 novembre 1942, Zucca photographie des scènes de la vie courante.
Une vue matinale sur la Bonne Mère et l'actuel cours d'Estienne d'Orves. On voit les bureaux du Petit Marseillais qui est entré en collaboration.
Le quai de la mairie avant le fort Saint-Jean
Des ouvriers repavent la voie
L'église des Augustins sur le Vieux-Port
A l'angle de la Samaritaine, une attraction captive les promeneurs. Des oiseaux en cage. Des petits papiers repliés dans une boite.
L'entraînement de l'équipe marseillaise d'avirons
Embarcadère pour le château d'If
La Bonne Mère depuis l'étage de l'Hôtel Bellevue
Quai de Rive-Neuve
Les pêcheurs vendent leurs oursins. 25 centimes la douzaine.
Rue de la loge à hauteur de l'Hôtel de Ville
Credits:
© André Zucca / BHVP / Roger-Viollet