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Voici… UnitaidExplore ! Actualités Unitaid – février 2020

Contenu

1. UnitaidExplore: une voie rapide vers l'innovation

2. Prévenir le cancer du col de l'utérus: «une maladie dont personne ne devrait mourir aujourd'hui»

3. Le mois de février en bref

UnitaidExplore: une voie rapide vers l'innovation

Unitaid a lancé UnitaidExplore, un mécanisme rapide et flexible destiné à dénicher et financer des projets de taille modeste mais ambitieux en termes d’impact sur la santé mondiale.

« Unitaid dans son ensemble est innovation. C’est ce que nous faisons, » explique Janet Ginnard, Directrice de la Stratégie. « Grâce à UnitaidExplore, nous testons d’autres approches pour soutenir l’innovation, peut-être s’ouvrir à de nouveaux partenaires ou faire avancer de nouvelles idées »

Jennah Kriebel et Javier Elkin, chercheurs au sein d’Unitaid, ont contribué à l’élaboration de ce nouveau mécanisme de financement. La première action d’UnitaidExplore, dévoilée la semaine dernière, porte sur les innovations susceptibles d’améliorer l’accès à l’oxygénothérapie. Les deux chercheurs ont répondu à certaines questions au sujet d’UnitaidExplore pour le bulletin d’information Hummingbird :

Question : Qu’est-ce qu’UnitaidExplore ?

Javier : Nous sommes partis de la nécessité, pour Unitaid, de saisir diverses occasions de s’adapter au rythme de l’innovation en adoptant de nouvelles démarches, qui impliquent parfois d’investir dans des projets de moindre ampleur, mais susceptibles d’entraîner des changements profonds. Pour ce faire, nous devions créer un nouveau mécanisme. Ce mécanisme, c’est UnitaidExplore.

Jennah : Nous essayons de prendre contact avec des partenaires non traditionnels, d’élargir la palette des innovateurs avec lesquels Unitaid interagit et de miser intelligemment sur des changements dans un délai plus court.

Question : Le délai est donc un facteur important pour l’innovation ?

Jennah : C’est le monde extérieur qui est important. Une action réalisée au bon moment peut faire la différence entre une innovation transformatrice et une simple bonne idée.

Question : Quelle est la portée des projets soutenus par UnitaidExplore ?

Javier : Nous visons des investissements allant de 500 000 à 2 millions de dollars, et d’une durée de six mois à deux ans. Au lieu de compter sur des subventions pour financer nos projets, nous avons l’intention de conclure des contrats pour chacune des grandes étapes de ces projets. Nous finançons les résultats plutôt que les activités.

Question : UnitaidExplore vient de lancer son premier appel à propositions, qui porte sur l’oxygénothérapie. Pouvez-vous nous en parler?

Javier : L’idéal serait de disposer d’un appareil révolutionnaire, ou même d’esquisser la conception d’un appareil qui pourrait résoudre plusieurs des problèmes que nous avons relevés, par exemple pouvoir fonctionner hors réseau, nécessiter très peu d’entretien et résister à certaines conditions, tout en fournissant de l’oxygène de haute qualité à des patients présentant différents états de santé. Ce serait un très grand pas dans la bonne direction.

Question : Nous comprenons qu’UnitaidExplore espère développer des relations avec un large éventail d’acteurs aptes à résoudre les problèmes. Quels sont les types de partenaires non traditionnels qui pourraient avoir de bonnes idées pour la santé mondiale ?

Jennah : Les partenaires du domaine des technologies de pointe, par exemple. C’est un espace technologique qui peut s’appliquer à de nombreux secteurs verticaux. Cette communauté est toujours à la recherche de moyens d’intégrer ses technologies dans différents domaines. À mon avis, nous allons faire face à un véritable raz-de-marée de bonne volonté de la part de personnes désireuses d’apporter leur aide.

Prévenir le cancer du col de l'utérus: «une maladie dont personne ne devrait mourir aujourd'hui»

Le cancer du col de l’utérus est une maladie évitable qui tue plus de 300 000 femmes par an. En mai, l’Assemblée mondiale de la Santé doit adopter une nouvelle stratégie mondiale visant à éliminer ce cancer, et Unitaid est fin prête à ouvrir la voie dans le cadre de l’un des piliers de ce plan, à savoir donner accès à des services de dépistage et de traitement abordables et de qualité.

Smiljka de Lussigny. Photo: Momcilo Orlovic/Unitaid

La chef de projet Smiljka de Lussigny supervise deux initiatives d’Unitaid qui œuvrent au développement d’outils très performants de dépistage et d’élimination des lésions précancéreuses ainsi qu’à l’intégration de ces outils dans les services de santé nationaux. Ce sujet lui tient à cœur, l’une de ses amies les plus proches étant décédée d’un cancer du col de l’utérus.

« Mon amie a été diagnostiquée très tard. Il était déjà trop tard pour la soigner, et elle a succombé très rapidement à sa maladie » a déclaré Mme de Lussigny.

Elle considère le manque de sensibilisation au cancer du col de l’utérus comme l’un des principaux facteurs ayant joué un rôle dans le décès de son amie, et l’un des grands défis que devront relever les deux initiatives d’Unitaid: le projet SUCCESS mené en collaboration avec Expertise France en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Guatemala et aux Philippines, et le projet mené conjointement avec Clinton Health Access Initiative en Inde, au Kenya, au Malawi, au Nigeria, au Rwanda, en Afrique du Sud et en Zambie.

« Le problème que nous rencontrerons ne sera pas uniquement la manière dont nous introduirons ces outils » a déclaré Mme de Lussigny. « Le principal défi que la communauté doit relever, c’est la façon dont elle amènera ces femmes à penser à la santé de leur col de l’utérus. Nombre d’entre elles ne bénéficient généralement ni d’examens gynécologiques ni de frottis. Comment résoudre cela ? »

Neuf femmes sur dix qui meurent d’un cancer du col de l’utérus vivent dans des pays à revenu faible et intermédiaire ; pourtant, ce cancer peut être facilement évité grâce à la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) des jeunes filles et à un dépistage régulier des modifications du col de l’utérus chez les femmes.

D’après Mme de Lussigny, « le cancer fait peur. Lorsqu’on aborde ce sujet avec les femmes, elles disent que c’est une maladie incurable, qu’elles ne peuvent même pas y penser. Qu’elles ont trop de problèmes. Elles nous disent qu’elles doivent gagner de l’argent, s’occuper de leurs enfants, et elles hésitent à se faire dépister. Je les comprends. Les services de lutte contre le cancer sont sous-développés, chers, et sont rarement disponibles, couverts par l’assurance ou pris en charge par le gouvernement. Dans beaucoup de ces contextes, les gens considèrent le diagnostic d’un cancer comme une condamnation à mort. Toutefois, nous devons également commencer à diffuser le message selon lequel ce cancer peut en réalité être évité. »

Malgré des débuts difficiles, Mme de Lussigny se dit ravie de voir un mouvement émerger parmi les femmes les plus influentes des pays, les Premières dames, visant à attirer l’attention sur le cancer du col de l’utérus et à faire pression pour de meilleurs services.

« Les Premières dames se mobilisent autour du cancer du col de l’utérus parce qu’il s’agit d’un problème de femmes, qui rejoint le sujet global de l’équité, de l’autonomisation des femmes, et de la fin des décès évitables chez ces dernières » a déclaré Mme de Lussigny.

Lors d’un sommet qui s’est tenu l’an dernier au Niger, 37 Premières dames africaines ont lancé un appel à l’action pour remédier à la crise du cancer qui frappe le continent, en citant notamment le cancer du col de l’utérus. Au niveau local, les Premières dames des 47 comtés du Kenya ont soutenu le mois dernier le lancement du premier guide national de sensibilisation au cancer du col de l’utérus.

La Première dame du Kenya, Madame Margaret Kenyatta, a pris la parole à l’occasion du lancement de ce guide. « Cet événement est porteur d’espoir, après les histoires de souffrances indicibles, de traumatismes émotionnels, de fardeau financier accru pour les femmes et leurs familles que nous avons entendues », a-t-elle déclaré.

Presque tous les cancers du col de l’utérus sont causés par le HPV, une infection sexuellement transmissible très courante. Le projet de stratégie d’élimination de l’Organisation mondiale de la Santé prévoit la vaccination complète de 90 % des filles d’ici l’âge de 15 ans, le dépistage au moyen d’un test très performant de 70 % des femmes entre l’âge de 34 et 45 ans, et le traitement de 90 % des femmes atteintes d’un cancer du col de l’utérus.

« Les résultats que nous avons obtenus dans les pays dans lesquels nous avons commencé à utiliser ces nouveaux outils—au Lesotho, en Ouganda et au Zimbabwe, par exemple-- sont tout simplement transformationnels » a déclaré Mme de Lussigny. « Je me souviendrai toute ma vie des sourires des professionnels de la santé lorsqu’ils ont compris qu’ils étaient en mesure d’apporter aux femmes l’aide dont elles auraient dû bénéficier auparavant, et de prévenir une maladie dont personne ne devrait mourir aujourd’hui. »

Le mois de février en bref

Autotest de dépistage du VIH

Environ huit millions de personnes vivant avec le VIH ignorent qu’elles sont infectées par le virus. Unitaid met à leur disposition des autotests de dépistage, un moyen discret et abordable de poser un diagnostic précoce et d’accéder à un traitement qui peut leur sauver la vie. Ce mois-ci, l’organisation a signé un accord de prolongation de son initiative STAR (Self-Testing AfRica - l’autotest de dépistage pour l’Afrique), qui accomplit d’importants progrès dans le comblement du déficit en matière de dépistage. Lorsqu’Unitaid a commencé à investir dans les autotests de dépistage du VIH en 2015, seul un pays disposait d’une politique en la matière, et aucun kit de test préqualifié n’était disponible à l’achat. Aujourd’hui, 79 pays ont mis en place des politiques sur le sujet, et 47 autres sont en train d’en élaborer. Recenser les personnes non diagnostiquées vivant avec le VIH et les rapprocher d’un professionnel de la santé afin qu’elles puissent suivre un traitement est considéré comme essentiel à l’endiguement de l’épidémie du VIH d’ici la date butoir de 2030 fixée par les Nations unies. L’organisation Population Services International dirige l’initiative STAR, conjointement avec les nouveaux membres du consortium PATH et Jhpiego. Grâce à cet accord de prolongation, de nouveaux pays rejoignent le projet, tels que le Cameroun, l’Inde, l’Indonésie, le Mozambique, le Nigeria, l’Ouganda et la Tanzanie qui, ensemble, représentent près de 40 % du déficit de dépistage dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

Médicaments à action prolongée

Unitaid considère que les médicaments à action prolongée ont un potentiel énorme pour améliorer les vies et endiguer les épidémies. De nouveaux projets financés par Unitaid développent des injections à action prolongée afin de traiter le VIH, de prévenir le paludisme et la tuberculose et de guérir l’hépatite C. Les formulations à action prolongée sont un moyen plus simple d’administrer des médicaments, en ce qu’elles évitent aux patients d’avoir à ingérer des pilules au quotidien et facilitent la poursuite de leur traitement. Ce mois-ci, Unitaid et ses partenaires ont participé à la troisième conférence annuelle sur les produits injectables et implantables à action prolongée (Long-Acting Injectables & Implantables Conference) organisée par la Controlled Release Society en Californie. Cet événement a été l’occasion pour les partenaires d’examiner les façons dont les médicaments à action prolongée pourraient être utilisés pour relever les défis mondiaux en matière de santé. Parmi les participants figuraient des partenaires d’Unitaid, à savoir l’université de Washington et l’université de Liverpool.