Photos par Aurélien Ferreira et textes par Julie Pontonnier.
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"Quand on est rentrés en France, on s'est vite rendu compte que personne ne nous croirait.
Nous avons vécu des choses tellement... Je me suis mis à parler il y a une dizaine d'années. J'ai même écris un livre. Et depuis, je n'arrête pas de témoigner ; c'est comme une thérapie.
Comment je m'en suis sorti ? Je ne sais pas. J'ai toujours eu un moral de fer... et beaucoup de chance aussi."
ROBERT CARRIÈRE, ancien résistant et déporté des camps de Buchenwald et Dora
« Les témoignages de Robert m’ont marquée pour la vie. Quand il raconte des anecdotes, comme lorsqu’il a regardé les étoiles en descendant du wagon qui l’avait emmené dans les camps (…), c’est très fort »
MAUD, de Fontenille
« Le combat de Robert, c’est comme une leçon d’humilité et de vie »
FAUSTINE, de Toulouse
Fondations d’anciennes cellules, à Dora
« Quand on pense à la Seconde guerre mondiale, on pense à nos cours d’Histoire. Quand on écoute Robert parler de son passé, il nous permet de mieux saisir ce qu’il s’est passé en transmettant ses émotions »
DANKA, de Pibrac
Mémorial du « petit camp » de Buchenwald
« Je m’étais pourtant promis de ne jamais y remettre les pieds… »
ROBERT CARRIÈRE, ancien résistant et déporté des camps de Buchenwald et Dora
« J’ai beaucoup changé depuis ce voyage. J’ai grandi, mûri. Ça a été un vrai choc, et je ne m’y attendais pas. Je vois les choses avec un autre regard aujourd’hui »
GUÉHANE, de Grenade
« Comment des êtres humains ont-ils pu commettre de telles horreurs ? Il y a tant de questions auxquelles nous n’aurons jamais de réponse »
FAUSTINE, de Toulouse
Struthof
« On ne réalise pas encore qu’à partir de maintenant, nous sommes des passeurs de mémoire : c’est toute une vie d’engagement qui est devant nous »
YAZID, de Cazères
Struthof
« Le seul cimetière des déportés, c’est notre mémoire. Tant que nous pensons à eux, ils n’ont pas totalement disparu »
GUILLAUME AGULLO, Directeur du Musée départemental de la Résistance et de la Déportation
« Les déportés ont vécu des choses horribles. En prendre conscience nous oblige à relativiser. Il faut se dire que nous avons de la chance, et que la vie est belle ; c’est un message d’espoir ! »
ÉMELINE, de Pibrac
« Nous sommes la dernière génération à pouvoir entendre le témoignage d’anciens déportés ; nous avons donc un rôle majeur à jouer pour transmettre la mémoire »
VIOLETTE, de Toulouse
LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL DE LA HAUTE-GARONNE, ENGAGÉ POUR LA MÉMOIRE
Le Conseil départemental de la Haute-Garonne mène depuis de nombreuses années une politique volontariste en faveur de l’éducation à la citoyenneté et la transmission de la mémoire. Face aux menaces qui pèsent sur les valeurs républicaines, le Département a décidé de renforcer ses actions en faveur du vivre-ensemble, en créant « Les Chemins de la République ». L’objectif ? Coordonner et amplifier les projets existants tels que le Parcours laïque et citoyen ou les Rencontres de la laïcité, et en impulser de nouveaux. Parmi les piliers des Chemins de la République, le Musée départemental de la Résistance et de la Déportation est aujourd’hui reconnu comme un lieu de mémoire incontournable de la Seconde guerre mondiale. Près de 20 000 visiteurs, dont de nombreux scolaires, s’y rendent ainsi chaque année pour mieux comprendre cette période de l’Histoire.
UN VOYAGE DE MÉMOIRE, UNE LEÇON DE VIE
Chaque été, le Département organise et finance un voyage de mémoire destiné aux lauréats haut-garonnais du Concours de la Résistance et de la Déportation. Accompagnés par des résistants et des déportés, ces jeunes ont ainsi pu, année après année, se rendre sur les lieux mêmes de l’enfer concentrationnaire nazi, et recueillir le témoignage si précieux de leurs aînés. C’est le premier rôle de ce voyage, qui permet à ces élèves de 3ème et de lycée, citoyens en devenir, de rencontrer à la fois des lieux historiques essentiels mais aussi des personnes qui les marqueront à vie. Car le véritable but de ce voyage de mémoire, c’est de créer et de susciter chez ces jeunes une envie. Celle de témoigner à leur tour, de reprendre le fi l de la transmission, et de devenir, à leur tour, des « passeurs de mémoire ».
LE CONCOURS DE LA RÉSISTANCE ET DE LA DÉPORTATION, UNE VÉRITABLE « INSTITUTION » EN HAUTE-GARONNE !
C’EST QUOI ?
Le Concours de la Résistance a été officiellement créé en 1961 par le ministre de l’Éducation nationale de l’époque, Lucien Faye. Il faisait suite à des initiatives locales, organisées dans certains départements par des associations de résistants. Depuis cette date, il est organisé à l’échelle nationale, pour les élèves de 3ème et des lycéens. Chaque année, un thème est choisi comme « Résister par l’art et la littérature » ou « La négation de l’Homme dans l’univers concentrationnaire nazi », à partir duquel tous les élèves vont travailler collectivement ou lors d’une épreuve sur table. Pendant longtemps, les ressources étaient limitées. Mais depuis plusieurs années, de nouveaux outils, comme des documents pédagogiques spécifiques ou des vidéos, plus faciles d’accès, viennent aider les élèves dans leurs recherches.
COMMENT ÇA SE PASSE EN HAUTE-GARONNE ?
En Haute-Garonne, le Concours de la Résistance est devenu une « institution » ! Chaque année, ce sont plus de 2 500 élèves qui s’engagent dans notre département - ils sont 40 000 au plan national -, faisant de la Haute-Garonne le premier dans ce domaine. Un succès qui est notamment dû à l’implication du Musée départemental de la Résistance et de la Déportation, qui sensibilise de très nombreux jeunes à travers des visites guidées. Certaines sont même spécifiquement organisées pour la préparation à ce Concours.
DES ÉLÉMENTS POUR COMPRENDRE LE SYSTÈME CONCENTRATIONNAIRE NAZI
DES CAMPS DE CONCENTRATION…
Dès leur prise de pouvoir le 30 janvier 1933, les nazis commencent à ouvrir des lieux de détention arbitraires et des camps de concentration. Conçus à l’origine comme un moyen de contrôler leur propre population, ces camps se multiplient avec la guerre à partir de 1939 pour couvrir une large part du continent européen. À l’origine, les nazis conçoivent les camps comme des lieux de « rééducation par le travail », où l’abrutissement et les coups sont la règle. Les premières victimes en sont des Allemands et des Autrichiens, politiques, syndicalistes, « asociaux », homosexuels, etc. c’est-à-dire toutes celles et ceux qui ne rentrent pas dans la norme nazie.
... À DES CAMPS D’EXTERMINATION
Avec la guerre, ce système évolue vers plus de violence, et concerne de plus en plus de personnes. Les opposants des pays occupés, les résistants, sont eux aussi visés. À partir de l’été 1942, le système concentrationnaire change de nature : de lieux de rééducation politique, ils deviennent des lieux de production pour l’industrie de guerre. C’est à ce moment que les kommandos annexes (des camps plus petits qui dépendent des camps principaux) se mettent à couvrir le territoire. Ce sont en fait souvent des usines, dans lesquelles les nazis font travailler les déportés, au contact des ouvriers civils, mais dans des conditions effroyables : froid, coups quotidiens, absence de nourriture.
Le travail devient le moyen de mettre à mort l’ennemi. Les camps de concentration deviennent des camps d’extermination par le travail. En parallèle, les nazis ont établi six autres lieux, tous en Pologne occupée, dont l’objectif est différent : ces centres d’extermination sont pensés, conçus et organisés comme des usines de mise à mort immédiate : ce ne sont pas des « camps » au sens commun : les personnes qui y sont envoyées n’y vont pas pour stationner, pour y rester, mais pour y être assassinées immédiatement, dans des chambres à gaz homicides.
Au printemps 1945, quand les Alliés ouvrent les portes des camps et libèrent les derniers survivants, le monde découvre l’horreur et l’ampleur de la déportation. Près de deux millions de personnes, résistants ou opposants, ont été déportées dans les camps de concentration. À l’échelle du continent européen, 5 100 000 juifs ont été victimes d’un génocide, ainsi que 250 000 Tziganes.
N’oublions jamais.
« Mieux comprendre notre histoire nous permet de mieux comprendre notre monde d’aujourd’hui »
MARJOLAINE, de Portet-sur-Garonne
- Août 2016 -
Immersion dans les camps de concentration avec :
Anaëlle, Anne, Clara, Danka, Émeline, Éva, Faustine, Guéhane, Léa, Louise, Ludivine, Marjolaine, Maud, Nina, Thomas, Violette et Yazid.
17 collégiens et lycéens haut-garonnais, lauréats départementaux du Concours de la Résistance.
Propos recueillis par
JULIE PONTONNIER
UNE EXPOSITION DU CONSEIL DÉPARTEMENTAL DE LA HAUTE-GARONNE
réalisée en août 2016 à partir du travail photographique de
AURÉLIEN FERREIRA
photographe du Conseil départemental de la Haute-Garonne depuis 2014
À travers son regard, un jeu d’ombres et de lumières, de visages et de paysages, Aurélien Ferreira nous invite à réfléchir sur la transmission de la mémoire.
Le voyage de mémoire est organisé chaque année par le Musée départemental de la Résistance et de la Déportation, en partenariat avec l’Inspection académique, et financé par le Conseil départemental de la Haute-Garonne.
Un immense merci à
Robert Carrière
Ancien déporté à Buchenwald et Dora, et sa femme Nicole, pour leur témoignage, pour leur leçon de vie.
Jérôme Buisson
Conseiller départemental Délégué à l’Histoire et la Mémoire
Guillaume Agullo
Directeur du Musée départemental de la Résistance et de la Déportation, pour son engagement.
Geneviève Barus
de la Ligue de l’Enseignement 31, pour son sens de l’organisation.
Aux professeurs d’histoire-géographie
qui ont accompagné le voyage.
Aux 17 jeunes lauréats du Concours départemental de la Résistance en 2016
qui ont participé au voyage, pour leur spontanéité et leur soif de vivre.
Pour nous retrouver :
Credits:
Photos : Aurélien Ferreira - Textes : Julie Pontonnier - Montage numérique : Thomas Biarneix - © Conseil départemental de la Haute-Garonne 2017