Kungsleden Trek en famille - juillet 2017

On pourrait croire que j’y étais en repérage pour une future traversée à vélo, mais la vérité est que nous avions décidé de marcher en famille pour nos “grandes vacances” de 2017. Enfin, j’avais décidé... L’aînée aurait sans doute préféré une semaine en Espagne avec ses copines, du moins avant ce voyage en Suède, sur les sentiers du fameux "Kungsleden", la voie royale.

le point de départ de notre randonnée, Hemavan, se situe à quelque 800 kilomètres au Nord de Stockholm.

Cap au nord, donc. Très au nord même puisque le point de départ de notre randonnée se situe à quelque 800 kilomètres au nord de Stockholm. Avion, voiture de location jusqu’à Storuman, bus jusqu’à Hemavan, via Tärnaby, le village d’Ingemar Stenmark, Stig Strand, Anja Pärson et Jens Byggmark.

Passage à Tärnaby, devant le téléski "Anjaliften", baptisé d'après l'une des stars locales, la skieuse Anja Pärson.
Entre Hemavan et Viterskalet, lors de la première étape.

Première étape: Hemavan - Viterskalet

  • 12 kilomètres
  • 3 heures 15 de marche

Après un périple de deux jours sur la route et une nuit à Örnsköldsvik, encore en bord de mer, nous nous élançons à pied vers 18h15, pour les 12 km de la première étape. Peut-être un peu “gonflé” pour ce voyage en terre inconnue, mais comme ce n’était pas la nuit qui allait nous arrêter, nous avons tenté le coup, espérant arriver à la cabane de Viterskalet avant que le gardien n’aille se coucher…

Bien nous en a pris, car après quelques instants de marche, c'est un magnifique spectacle, avec des troupeaux de rennes paissant paisiblement sous une lumière rasante de fin de journée, qui s'est offert à nous.

Les rennes, pas trop perturbés par notre passage...

La cabane était complète à notre arrivée (il n'est pas possible de réserver, mais on vous garantit une nuit à l'abri) et la première nuit s'est passée à même le sol de la cuisine...

En arrivant, on se met assez vite dans l'ambiance et les "contraintes" qui nous accompagneront les jours suivants: pas de réseau téléphonique, ni eau courante, ni électricité. L'eau potable se prend à la rivière, les eaux de vaisselle se déversent (toujours à la main) dans un décanteur à l'extérieur et les w.c. sont de type "utedass", c'est-à-dire des toilettes sèches à quelques encablures de la cabane.

Réveil dans la cuisine après une première nuit à même le sol.

Deuxième étape: Viterskalet - Syterstugan

  • 12 kilomètres
  • 4 heures de marche

Après cette première nuit dans des conditions un peu rustiques, nous étions impatients de découvrir la suite de ce chemin dans un paysage qui nous avait déjà comblés la veille. Après un petit-déjeuner express, départ pour la cabane de Syter.

En début de journée, le parcours nous emmène dans une spectaculaire vallée en U, avec des sommets quelque 1000 mètres plus haut, dont le "Sytertoppen" à 1768m, point culminant de la région. Nous cheminons dans cet "half-pipe géant" comme l'a désigné Isak, le petit dernier.

Un décor spectaculaire, où les arbres ne poussent plus, sous les effets combinés de l'altitude et de la latitude.

La traversée du "Syterskalet", vallée en U qui rappelle un half-pipe géant fut plus longue que prévu. En Suède, tout a une autre dimension...

Après une pause “sirop-biscuits” à l’abri du vent derrière un refuge de secours, nous entamons la seconde partie de la marche du jour par un peu de plat, avant une montée en pente douce. La descente vers le refuge de Syter se fait également en pente douce, avec quelques névés à traverser au sommet. La cabane nous tend les bras au loin, mais le chemin est encore long, surtout pour Isak qui s’est tordu la cheville quelques instants plus tôt.

Un pont suspendu qui en annonce plusieurs autres le lendemain.

A la cabane, le gardien nous sert un sirop, toujours excellent à ce moment, avant de nous indiquer nos quartiers. Rien à voir avec la veille au soir, cette fois nous avons droit à un confortable dortoir de dix places très spacieuses. Le fourneau à bois dans la chambre nous permet de réchauffer l’atmosphère et de tomber dans les bras de morphée le temps d’une sieste réparatrice.

Après un peu de “shopping” dans la boutique qui propose de quoi se sustenter (pas de produit frais toutefois, la cabane étant alimentée en hiver par motoneige, avec un stock qui doit durer jusqu’en septembre), nous prenons place aux fourneaux à gaz, non sans être allés faire le plein d’eau potable à la rivière.

Après un bon repas et quelques parties de cartes, il est temps d’aller se coucher après un brin de toilette, toujours à l’extérieur.

Retour à la cabane après une visite nocturne aux toilettes. Il est 3h45 du matin...

Troisième étape: Syter - Tärnasjö

  • 14 kilomètres
  • 4 heures 30 de marche

La nuit fut réparatrice et après le petit-déjeuner “tartines-porridge”, la journée s’annonce belle. Toujours pas de pluie à l’horizon, malgré des prévisions plutôt pessimistes en début de périple.

Les premiers kilomètres sont en descente et nous entrons peu à peu dans une forêt de petits bouleaux avant d’atteindre les rives du “Tärnasjön”, le lac qui sera notre coulisse pour le restant de la journée, d’abord en marchant, puis pour la baignade une fois à destination.

En descente vers le lac Tärnasjö.

Les Suédois n’ont reculé devant aucun sacrifice pour le confort des marcheurs et ce ne sont pas moins de sept passerelles qui nous permettront de jouer à saute-berge d’un îlot à l’autre pour rejoindre la rive opposée du lac.

Les charmes de la Laponie suédoise...

Le paysage est absolument spectaculaire, avec ce lac qui sert d’avant-plan aux montagnes encore enneigées dans le fond. La fin de parcours se déroule à plat sans trop de complications. Les enfants verront même un élan s’enfuir à la nage dans le lac. Spectaculaire on vous dit.

La cabane de Tärnasjö nous accueille en terrain connu, car son architecture est en tous points semblable à celle de Syter, et les trois prochaines le seront aussi. Nous rejoignons donc notre dortoir “privé” de dix places avant de profiter du généreux soleil au bord du lac. L’eau est (très) fraîche, mais nous ne résistons pas à la tentation de faire trempette dans ce décor de rêve. Ce sera plus facile un peu plus tard, grâce au sauna au bord de l’eau, un luxe que nous ne refusons évidemment pas.

Le ciel s'est dégagé et nous avons pu nous baigner avant même le sauna, même s'il fallait être bien motivé...

Quatrième étape: Tärnasjö - Serve

  • 14 kilomètres
  • 4 heures de marche

C’est non sans mal que nous quittons le cadre enchanteur du Tärnasjö, en légère montée pour ressortir de la forêt de bouleaux qui nous tient compagnie depuis la veille. Un jeune aigle royal nous observe, bien en dessus de nos têtes, et le paysage se fait plus désertique au fur et à mesure de la montée.

Un jeune aigle qui nous tient compagnie.

Arrivés sur un plateau, les petits lacs se succèdent, mais les névés fondants tout proches n’incitent pas à faire trempette.

Après un pique-nique en bord de rivière, le chemin se poursuit en légère descente jusqu’au refuge. Le désormais traditionnel sirop nous est servi par le gardien qui nous indique notre chambre… le dortoir de dix places. Le premier soir aura été le seul avec un refuge complet, en raison des excursionnistes “à la journée” qui y passent une nuit avant de retourner à Hemavan.

Nous préparons un solide repas à base de fondue et de cornettes en vue de l’étape du lendemain, la plus longue avec ses 19 kilomètres. En début de semaine, la météo annonçait en outre de la pluie pour cette journée qui doit nous emmener à plus de 1000 mètres d’altitude. Faute de réseau, impossible de savoir si ces prévisions sont toujours d’actualité, mais qui vivra verra!

A 21h40, il fait beau... En sera-t-il de même demain?

Cinquième étape: Serve - Aigert

  • 19 kilomètres
  • 5 heures 45 de marche

Agréable surprise au réveil: pas un nuage ou presque dans le ciel. Mais le temps change vite dans le “fjäll”, ces Alpes suédoises, et nous préférons ne pas traîner et quittons le refuge aussitôt le petit-déjeuner avalé et la vaisselle faite.

Grand beau au départ de Serve.

Encore une fois, le paysage et totalement différent de la veille, ce qui constitue une des très agréables surprises de ce trek. Nous nous attendions à des paysages certes spectaculaires, mais plus monotones.

Encore un pont suspendu et une magnifique chute d'eau peu après le départ.

Aujourd’hui, quelques longues montées témoigneront de l’immensité de ce parc naturel du Vindefjällen que nous parcourons depuis quelques jours. Les marcheurs ne sont que de lointains petits points au pied des montagnes et dans la dernière descente, j’aurais bien troqué mes chaussures de marche contre un vélo (je reviendrai un jour...). La cabane nous fait de l’oeil au loin, au bout de ce faux plat descendant, mais l’expérience des derniers jours nous permet de la situer à une bonne heure de marche, prévision qui s'avérera exacte, sous un ciel toujours plus menaçant.

Le gardien, très accueillant, nous sert le sirop, indique la chambre (pas de surprise) et s’en va mettre en route le sauna. Une riche idée, car le mauvais temps a fini par arriver et nous rappelle que nous sommes bien à la montagne.

Le sauna, bienvenu après que le mauvais temps nous a rattrapés...
Nora n'a peur de rien, surtout pas du mauvais temps.

C’est le dernier soir en cabane et nous sommes déjà un peu nostalgiques après ces journées, certes fatigantes, mais qui nous ont permis de bien nous retrouver en famille, à marcher, nous baigner, préparer les repas et jouer aux cartes tous ensemble.

L’étape du lendemain, avec ses misérables 8 petits kilomètres, majoritairement en descente, peine à nous enthousiasmer. Une formalité avec pour seul impératif un bus à prendre à 12h30 à Ammarnäs. Il nous ramènera à Storuman, où nous avons laissé notre voiture de location.

Sixième étape: Aigert - Ammarnäs

  • 8 kilomètres
  • 2 heures de marche

Un dernier jour facile, malgré la fatigue et les quelques cloques récoltées au fil des jours pour certains d’entre nous. Facile, mais pas dénué de charme, avec le franchissement d’une cascade spectaculaire à mi-parcours.

Retour à la "civilisation" et au bus qui nous ramène à Storuman via Sorsele.

Välkomna till Ammarnäs”, nous lance un sympathique monsieur sur son vélo, bien conscient d’où nous venons, pour nous souhaiter la bienvenue et un bon retour à la civilisation. Un retour finalement assez agréable, dans un paisible village du “Norrland”, même si nous serions volontiers repartis pour une semaine…

Nous étions loin de tout, avec presque rien, mais en famille. Et c’était bien.

Les trois gars, minuscules points dans un décor immense...

Quelques infos pratiques

Le balisage

Le sentier est facile à suivre et le balisage de qualité. Il est toutefois utile d’emporter une carte, ne serait-ce que pour savoir où l’on se trouve et la distance restant à parcourir. Nous avons marché par beau temps, mais en conditions plus difficiles, nous ne saurions trop vous recommander la carte.

Il existe aussi une application (en suédois) iOS et Android “STF i Fjällen”, qui permet de télécharger la carte du parcours et de s’y localiser. Elle fournit aussi des informations utiles sur les refuges. Utile, mais l’absence d’électricité dans les cabanes invite à une certaine modération dans l’utilisation de son smartphone, que l'absence totale de réseau relègue d’ailleurs vite dans une poche du sac…

La croix rouge constitue le balisage d'hiver, qui se confond le plus souvent avec le parcours estival, mais pas toujours...

Les poteaux surmontés d’une croix rouge constituent le balisage d’hiver. Attention à ne pas le suivre aveuglément en été, car le balisage hivernal est parfois plus “direct” traversant des zones marécageuses ou des lacs, gelés en hiver, mais pas en été... Parfois il impose aussi un détour en été, car tracé pour éviter les zones d’avalanches en hiver.

Les planches

Certains passages sont parfois marécageux, surtout à la fonte des neiges, qui étaient encore en cours début juillet lors de notre randonnée. Pas un souci la plupart du temps, car des kilomètres de planches sont disposés dans ces endroits délicats. Certains passages restent toutefois un peu humides et gras. Des chaussures résistantes à l'eau sont vivement conseillées. Les refuges sont dotés d'un local pour faire sécher les habits, mais il peinera à évacuer l'humidité de tous les vêtements en cas d'affluence et de fortes pluies.

Refuges intermédiaires

Selon la distance entre les refuges et la situation géographique, on trouve des refuges intermédiaires sur le parcours. Sauf urgence, ils ne sont pas destinés à y passer la nuit, mais disposent d’un téléphone de secours et vous abriteront des intempéries en cas de nécessité.

Les refuges

Sur notre trek entre Hemavan et Ammarnäs, les refuges étaient distants de 12 à 19 kilomètres, ce qui correspond à environ 4 à 6 heures de marche à vitesse modérée, pause comprise.

Les “stugor” (pluriel de “stuga”, chalet, refuge, cabane de montagne) sont toutes construites sur un même modèle, à de rares exceptions près: une maison suédoise en bois, sur un niveau, avec cuisine et séjour d’un côté et les chambres disposées le long du couloir de l’autre. Chaque chambre est équipée d’un poële à bois pour un chauffage individualisé et à la demande. On vous demandera juste de remplacer le bois utilisé, quitte à en débiter un peu dans le local prévu à cet effet.

Aucun chalet ne dispose d’eau courante, ni d’électricité ou de réseau téléphonique (sauf rares exceptions, mais n’y comptez pas trop).

Les toilettes, sèches, sont toujours à l’extérieur, ce qui n’est guère un problème en été, même la nuit, puisqu’il fait jour.

Toilette et brossage des dents en extérieur.

Quelques cabanes disposent d’un sauna au feu de bois, toujours agréable pour faire trempette dans les eaux glaciales après une journée de marche. Le gardien se chargera de le mettre en route à votre demande. On vous demandera parfois de couper un peu de bois pour remplacer le combustible utilisé.

Le sauna de Tärnasjö, un vrai luxe...

A table!

Les cabanes sont dotées de deux “plans de cuisson” séparés, avec des plaques à gaz. Point d’eau courante, il faut faire le plein à la rivière ou dans le lac avec des seaux en inox. Des récipients similaires servent à évacuer l’eau de vaisselle dans le “slask” un décanteur situé à l’extérieur, la nature se chargeant du filtrage final.

Le gardien ne cuisine pas, chacun se débrouille avec ses victuailles.

Visite à la boutique...

Une boutique plus ou moins achalandée permet de faire quelques courses à des prix somme toute raisonnables (dans notre cas environ 100 CHF par cabane, à six, pour l’apéro, le repas du soir et le petit-déjeuner). Peu de produits frais et pas de possibilité d’acheter du vin (des bières légères par contre). Le petit coup de rouge nous a parfois manqué ;-).

Peu de produit frais, mais les célèbres saucisse en conserve "Bullens" que l'on peut réchauffer directement dans un feu de bois si besoin... Avec beaucoup de moutarde, ça passe.

Et encore...

La "voie royale" du Kungsleden s'étire sur 425 kilomètres au départ d'Abisko, tout au nord de la Suède, pour s'achever à Hemavan. Pour des raisons pratiques d'accessibilité, nous avons choisi de parcourir l'étape Hemavan-Ammarnäs de l'extrémité sud du Kungsleden, en direction du nord. En "montant" en quelque sorte.

Réservations impossibles

Les cabanes ne sont pas ouvertes toute l'année, du 20 juin à fin septembre et de février à mai (dates exactes sur le site du Svenska Turistföreningen [STF], une association suédoise de promotion touristique du pays, créée en 1885. Elle gère notamment les auberges de jeunesse et des sentiers de randonnée).

On ne peut pas réserver sa place dans les cabanes, ce qui est finalement un souci en moins et permet d’adapter sa date de départ en fonction de la météo. Il est par contre possible de payer ses nuitées à l’avance et en ligne, sur le site du STF, créateur du parcours au début du 20e siècle et propriétaire des cabanes.

Created By
Joakim Faiss
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Credits:

Photos Caroline & Joakim Faiss

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