Dans le cadre de la préparation de notre voyage scolaire à Londres, mes élèves de 4° ont travaillé sur les lieux incontournables de la capitale britannique. L'objectif était ici de les mettre en situation d'entraînement à la compréhension de l'oral afin de glisser vers de la production et de la compréhension d'écrit. L'ancrage culturel est fort, et axé principalement sur les bâtiments ou attractions qui ont fait leur apparition dans le paysage londonien dans les vingt dernières années. Nous intégrons aussi une partie numérique à ce projet, bénéficiant au moment de sa mise en oeuvre en classe d'un prêt de 15 tablettes par l'atelier Canopé de Grenoble.
La tâche finale de ce projet est une tâche qui reste scolaire car les élèves devront répondre à un questionnaire sur Londres, questionnaire qu'ils créeront eux-mêmes. Pour y répondre, ils devront consulter différents articles touristiques, également rédigés par les élèves. La rédaction de l'article, puis celle du questionnaire seront les deux tâches intermédiaires de cette séquence.
Etape 1 : lancement du projet
En classe entière, les élèves réfléchissent à ce qu'ils connaissent déjà à Londres, à ce qu'ils sont sûrs de voir lors de leur séjour, et nous faisons une liste de ces différents lieux. Je crée ensuite une activité sur Quizlet pour qu'ils puissent mémoriser les noms de ces différents lieux et les associer aux images. Ce travail se fait en auto-évaluation. Quizlet est un site très facile à prendre en main pour l'enseignant, car il suffit d'entrer sa liste de termes et de choisir les images pour chacun d'entre eux. Ensuite les activités se créent automatiquement. Il suffit par la suite de donner le lien vers une activité aux élèves.
Etape 2 : on s'entraine, ensemble.
Lors de cette activité, les élèves visionnent cette vidéo en intégralité puis on se concentre sur un extrait d'une minute seulement, entre 40 secondes et 1 minute 38 ici. Lors du visionnage de l'extrait, je demande aux élèves de prendre des notes dans leurs cahiers. Nous avons ritualisé la méthode de la compréhension orale, ils doivent prendre des notes dans leurs cahiers et ne pas parler pendant cette écoute. L'accent n'est pas si difficile dans cet extrait, il y a de nombreuses données chiffrées (ce qui a fait l'objet d'un travail dans la séquence précédente) et le texte affiché en bas de l'image leur permet de comprendre de quoi il s'agit.
À la fin de cette écoute, nous mettons en commun, classons, réécoutons pour vérifier, puis je leur propose une trace écrite à compléter chez eux pour la séance suivante, accompagnée d'activités de repérage des structures importantes car cette trace écrite est un modèle du type d'article qui je voudrais qu'ils rédigent ensuite. Rien d'impossible dans ce travail, car tout ce qui est dans le texte a été dit et explicité en classe.
Etape 3 : Trouver des informations sur différents/lieux ou attractions.
Je fais le choix d'imposer les lieux sur lesquels les élèves vont travailler. En amont, je trouve pour chaque lieu une vidéo informative. La vidéo de sur Emirates Air Line provient de la BRNE anglais cycle 4 et celle sur les fameux bus à impériale est un extrait d'une vidéo One Day in London et se trouve sur Eduthèque. Je trouve les autres sur différents sites. Au final, les élèves seront répartis en cinq groupes qui travailleront sur : les double deckers (nouvelle version), Emirates Air Line, le parc olympique à Stratford, le Shard et le London Eye.
Toutes les vidéos sont déposées sur l'ENT pour que les élèves les consultent. Une fois les groupes faits, chaque élève consulte sa vidéo et prend des notes. Chacun peut écouter à son rythme, autant de fois qu'il veut, revenir en arrière, se concentrer sur un seul morceau... ce sont eux qui gèrent. L'objectif est annoncé, ils savent qu'ils devront, par groupe, produire un article, ils ont vu un modèle, ils savent où ils vont. Lorsque la prise de notes est terminée, je leur donne un lien vers un éditeur de texte collaboratif. Ils devront ici organiser leurs notes afin de centraliser leurs informations. Je tiens à conserver cette partie où chacun travaille seul, et prend des notes dans son cahier, afin de m'assurer que tous font le travail. Je circule dans la salle et donne quelques conseils à ceux qui sont en difficulté mais finalement, tous se lancent dans le travail assez facilement.
Étape 4 : rédaction des articles
Lors de la séance suivante, les élèves sont invités à faire des recherches afin de compléter les informations qu'ils ont déjà collectées avec les vidéos. J'ai de mon côté consulté leurs travaux et annoté pour les guider dans les recherches à faire, et je circule auprès des différents groupes pour les aider à s'organiser. Les élèves ont à coeur de bien faire et dans un groupe notamment, ils ont laissé faire une élève performante qui a finalement quasiment fait le script de la vidéo. Ils ont suivi ce qu'elle écrivait, vérifié en écoutant et ont le sentiment d'avoir bien fait le travail demandé. Je leur explique donc qu'ils sont totalement passés à côté de la consigne.
Une première évaluation par les pairs
Lors de cette séance, je voulais que les élèves mettent en oeuvre l'inter-correction. L'idée était qu'en lisant les phrases des autres, ils viennent modifier, compléter. Clairement dans ce groupe cela n'a pas été le cas ; s'ils sont plusieurs à avoir participé à la rédaction de l'article (chaque couleur correspond à un élève), il n'y a qu'une phrase produite de façon collaborative. Ce n'est qu'un demi-échec ici, car j'ai eu un groupe où les élèves avaient chacun fait leur petit paragraphe, sans se préoccuper de ce qu'avaient fait les autres. Dans d'autres groupes pourtant il y a eu véritable collaboration, et ce ne sont pas forcément les élèves les plus performants qui ont le plus rédigé. Ils sont souvent intervenu pour corriger ce qui avait été fait.
Une évaluation concertée
Dans un troisième temps, j'ai lu et annoté les travaux des différents groupes, et ils ont du corriger leurs productions en tenant compte de mes remarques. Cette fois-ci, ils se sont souvent regroupés devant un ou deux écrans afin de pouvoir échanger de vive voix sur les modifications à apporter. Ça a été une phase très intéressante, car leur permettre de verbaliser les modifications à faire a été formateur pour tout le groupe.
Etape 5 : préparation des questionnaires
Après avoir corrigé leurs productions, les élèves sont ensuite amenés à réfléchir sur les questions qu'ils pourraient poser aux personnes qui vont lire leurs textes. Par groupe ils préparent donc des questions et ont une aide grammaticale pour les guider dans la construction de ces questions.
Les questions sont ajoutées sur l'éditeur de texte collaboratif, je les corrige également, puis je prépare l'évaluation finale.
Etape 6 : le questionnaire final
Après avoir retravaillé les textes avec les élèves, j'arrive à une feuille A4 contenant les articles de tous les groupes.
Les questions sont ensuite saisies via l'outil de quiz (NET Educ Cloud) sur notre ENT. Si les élèves ont bien préparés les questions détaillées sur chaque texte, je les saisis car la création d'activités n'est pas accessible aux élèves. Je rajoute également une partie compréhension globale et rassemble les différentes questions sur le lexique en une seule.
Une évaluation différenciée?
Je peux ensuite attribuer le parcours complet ou seulement des modules à chaque élève. Je fais ici le choix d'enlever certaines questions aux élèves les plus en difficulté et de leur laisser le questionnaire sur leur texte. J'aurais également pu prévoir de rajouter un texte plus difficile pour les élèves pour qui le travail semblait plus simple.
La correction de l'évaluation se fait de façon automatisée, et comme les élèves sont connectés sur l'ENT lorsqu'ils réalisent ce travail, j'obtiens un tableau avec des pourcentages de réussite pour chaque activité et pour chaque élève. L'evaluation est donc facilitée pour l'enseignant. Du point de vue des élèves, cette évaluation était facile, ils ont quasiment tous obtenus de bons, voire très bons résultats.
Bilan
Evaluation facilitée, mais pas pour autant satisfaisante, cette séquence garde un goût d'inachevé et parmi les pistes pour l'améliorer l'an prochain, je pense à une production individuelle qui, c'est maintenant une évidence avec le recul, manque dans ce projet. De la même manière, le texte étant purement informatif, difficile d'évaluer une compréhension fine. Les compétences évaluées relèvent principalement du repérage d'informations. J'ai refait ce genre de travail avec un autre outil, le site la Quizinière et j'ai pu mieux évaluer la compréhension des élèves, et personnaliser la correction des travaux.
Le travail collaboratif a été une découverte pour les élèves qui sont assez peu habitués à travailler ainsi. Cette façon de travailler a été renouvelée cette année, avec des résultats plus probants, et une meilleure collaboration des élèves.
Le travail sur la compréhension orale a été une vraie réussite, les élèves sont de moins en moins déstabilisés par les documents authentiques, ils ont maintenant bien en tête de se concentrer sur ce qu'ils comprennent et ne cèdent plus au "pff... c'est trop dur, j'comprends rien". Le fait de pouvoir gérer leur écoute grâce à l'outil numérique a été très rassurant pour les élèves les plus en difficulté qui pouvaient réécouter à leur rythme et a également permis aux plus performants d'aller davantage dans le détail (avec parfois un excès de détail, comme évoqué à l'étape 4).
Le point positif pour moi dans ce travail reste vraiment la possibilité de correction de l'écrit entre élèves d'abord puis l'annotation du document par le professeur. On progresse vraiment de cette façon : les élèves comprennent où sont leurs erreurs, sont obligés de verbaliser leurs stratégies, de les expliquer aux autres, de justifier leur choix...
Une seule difficulté technique : pour consulter les vidéos, il a été plus simple de les déposer sur une zone de travail commune et d'aller en salle informatique. Le temps de chargement était trop long sur les tablettes et le modèle ne permettait pas de partage facilité de documents.
Nous avons poursuivi le travail par une séquence sur les modes de déplacement à Londres, avec notamment un travail sur le métro puisque c'est le mode de transport que nous utilisons principalement sur place. L'adhésion des élèves pour de tels projets en lien avec ce qu'ils vont vivre sur place est très forte, et le résultats une fois à Londres est très probant.
Sophie. Reynier@ac-grenoble.fr
Collège le Savouret - Saint Marcellin
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