Mais où sommes-nous ? Au bord d'une rivière ? d'un lac ? d'un barrage ???
Non, nous nous trouvons juste sur les abords du communal de Lairoux, une prairie humide de 245 hectares qui se situe sur les rives du Lay. Avec le communal de Curzon, commune limitrophe, ils représentent l’un des espaces les plus importants de prairies naturelles humides du Marais poitevin, avec plus de 500 hectares. En saison hivernale, zone d'expansion des crues du Lay, le communal se rempli d'eau après seulement quelques jours/semaines pluvieux(ses). Certaines années, nous nous croirions presque sur un lac ...
Le communal, Kikolé t'cheu?
Les communaux sont des étendues de marais plus au moins vastes, qui servent de pacage, quand arrivent les beaux jours. Sur la partie vendéenne du Marais poitevin, il existe encore dix communaux exploités en pâture depuis le XIII ème siècle.
À en croire notre vue, le communal semble bien "piat", mais en réalité, il ne l'est absolument pas. En effet, les communaux, et celui de Lairoux ne fait pas exception, possèdent un micro relief hérité du Golfe des Pictons. Ils sont constitués de "baisses", recueillant l’eau de pluie et de "belles" parties plus hautes. Tout l'intérêt du communal de Lairoux, réside en sa salinité naturelle qui favorise la présence d’une grande diversité de plantes remarquables.
Dans ces lieux, la cohabitation entre vie sauvage et vie domestique est un équilibre fragile qu'on se doit de sauvegarder.
Une visite d'exception les pieds dans l'eau ...
Accompagnées d'un guide, équipées d'indispensables bottes et de nos appareils photos, nous partons exceptionnellement à la découverte du communal de Lairoux. Depuis son centre, nous nous trouvons face à l'immensité de cette prairie humide... sensation de petitesse qui fait du bien... De ce point de vue, les animaux qui jouissent de cette pâture d'avril à octobre doivent se sentir libres...
Après 2 heures de balade en son sein, le retour à la voiture est humide... et oui, on nous avait pourtant bien dit d'emmener des cuissardes...
La commune de Lairoux est très attachée à son communal, et met tout en oeuvre pour sauvegarder ce patrimoine naturel le plus longtemps possible. Pour se faire, il est important de garder un consensus entre tous les acteurs-usagers du communal. Ainsi, la gestion de l'eau, se fait en concertation avec les éleveurs, les habitants, les pêcheurs, les chasseurs, le Parc Naturel Régional du Marais poitevin et la LPO.
" Ma saison préférée sur le communal : septembre-octobre, quand il reste encore quelques bovins et équins et que les oiseaux arrivent avec la montée des eaux. Nous avons là, un écosystème remarquable "
L'herbe est toujours plus verte ... à Lairoux
Chaque année an avril, l'ouverture du communal est un moment festif, où éleveurs, habitants et touristes partagent un moment de convivialité, autour de bons produits locaux.
Pour les imposants camions transportant les animaux, c'est chaque année, la croix et la bannière pour faire leurs manœuvres sur cette petite route de marais : et oui, le communal de Lairoux se mérite ! Aujourd'hui, une grande partie des troupeaux présents à Lairoux, est issu d'élevages du nord Vendée et des Deux-Sèvres. Pour faire pâturer les animaux, les éleveurs versent une redevance de pacage à la mairie. Celle-ci permet de subvenir, en partie, à la gestion du communal.
Avant d'être libres, tous les animaux passent un contrôle sanitaire avec le vétérinaire, qui vérifie de l'état de santé général de l'animal et applique un produit antiparasitaire.
Le communal de Lairoux accueille chaque année près de 450 bovins et 50 équins. Ces animaux sont libres d'aller et venir sur les 245 hectares de prairies. Durant ces 7 à 8 mois de pâturage, les animaux savourent une herbe de qualité, une eau propre et fraîche et surtout ont accès à des zones "gratte-dos", le luxe à l'état nature...
Fin août- septembre, avant la montée des eaux sur le communal, la contention des animaux est un moment détonnant à ne pas manquer... on voit débarquer, dans le fin fond de notre Vendée, les Cow-boy de l'Ouest...
Pour les plus interloqués, un film Il était une fois dans l'Ouest sortira courant 2ème trimestre 2018.
Impatiente Parthenaise
Liberté
Un goût sans pareil
Rencontre avec Alexandra PALARDY
Éco-pasteur à cheval depuis 10 ans
Deux matins par semaine, Alexandra, seule éco-pasteur de France, monte sa jument et part surveiller les troupeaux présents sur la prairie communale. Son travail consiste à surveiller la santé des animaux. Celle-ci se fait à cheval dans le but de minimiser le dérangement des animaux et de l'écosystème. En dehors de ces deux matinées, les éleveurs se répartissent les week-end et viennent surveiller les troupeaux.
" Le travail à cheval est plus simple, puisque je m'approche au plus près, avec un quad, ou un tracteur, les animaux s'enfuient ! "
Elle a également un rôle essentiel pour la gestion du communal et la surveillance de l'écosystème. Ainsi, après chaque rondes, Alexandra transmet à la commune et aux éleveurs un document où est recensé l'état de santé des bêtes, la météo, les niveaux d'eau et d'herbe, l'état des clôtures, mais également les différentes espèces faunistiques et floristiques aperçues lors de sa visite.
Bon à savoir : Pour les bovins, les différents troupeaux se mélangent rarement, ce qui facilite le travail de surveillance. Les chevaux, quant à eux, se mélangent entre élevages.
L'observatoire du gorgeais
Au Gorgeais, un espace dédié à l'observation a été mis en place par le Parc Naturel Régional du Marais poitevin. Cet espace, aménagé aux personnes à mobilité réduite, est avant tout un espace d’apprentissage ludique. Une longue-vue facilite l'observation, ainsi, pas besoin de se promener avec ses jumelles, et des dessins permettent de reconnaître les espèces d'oiseaux présentes sur le communal.
Une prairie humide accueillante pour les oiseaux d'eau
Le Marais poitevin, est une étape majeure pour les oiseaux migrateurs qui descendent ou remontent le long de l'Arc Atlantique. La Baie de l'Aiguillon et les communaux sont des espaces complémentaires pour les oiseaux, qui l'un sans l'autre n'auraient pas grands intérêts. En effet, en fonction des différentes espèces, la Baie est un site de repos et le communal un site de repas, ou inversement.
Le communal de Lairoux possède de grandes baisses sécurisantes pour les oiseaux d'eau, qui en se posant peuvent voire le danger arriver de loin. C'est également, un espace qui prend facilement l'eau et qui, de ce fait, rend le lieu très accueillant pour les différentes espèces de canards.
" Nous avons ici un séjour touristique clé en main pour les canards migrateurs. En effet, ils vont se reposer sur la Baie de l'Aiguillon, et s'envolent pour le casse-croûte sur le communal de Lairoux. Moi, je suis un canard et je vois cet immense espace, je me pose de suite."
En plus des différentes espèces de canards, le communal accueille une avifaune diverse et variée. En effet, ces grands espaces n’existent pas partout, ce qui les rend encore plus attractifs pour les oiseaux migrateurs. Au printemps, un certain nombre d'espèces d'intérêt patrimonial se reproduisent sur ce lieu, comme les barges à queue noire, les chevaliers gambettes, les vanneaux huppés, les sarcelles d'été ...
Un patrimoine à sauvegarder
À la fin des années 80, les communes ne voyant plus l'intérêt de garder ce mode de pâturage collectif extensif, un grand nombre de communaux ont été parcellisé. À Lairoux, une poignée d'habitants se sont rassemblées en association pour travailler à la sauvegarde de ce patrimoine naturel vieux de 7 siècles.
L'association des Rouches oeuvre depuis 30 ans à la défense de ce milieu. En plus de ce joyau paysager, l'association souhaite sensibiliser le plus grand nombre à cet écosystème fragile. Ils ont pour objectif de "Défendre l’exploitation des marais communaux en prairie naturelle humide et en régime de pâturage extensif collectif ; de promouvoir la valorisation cynégétique, piscicole, culturelle, touristique et pédagogique des marais communaux ; d'aider les collectivités locales pour favoriser sous toutes ses formes la gestion des marais communaux"
Chaque année, l'association propose aux écoles primaires, lycées agricoles et toutes personnes qui le souhaitent une visite du site.
" Un joyau paysager et écologique que nous nous devons de sauvegarder et de transmettre aux générations futures "
Le communal : une balade éblouissante garantie en toute saison...
Claire TRAINEAU - Formation Reporter de Territoire 2018 - Crédits photos : ©C. Traineau, ©K. Giraudet, ©M. Vaslin, ©PNRMP ©Sud Vendée Tourisme
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© Claire TRAINEAU