View Static Version
Loading

Immersion dans un centre de traitement des déchets ménagers

Que deviennent nos déchets une fois collectés ? Comment sont-ils traités ? Leur élimination présente-t-elle des risques ? Mathieu Fernandez est inspecteur de l’environnement, spécialisé dans le traitement des déchets, à l’unité départementale de l’Essonne de la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports (DRIEAT). Nous l’avons accompagné lors d’une inspection dans un centre de traitement des déchets ménagers.

Situé dans le département de l’Essonne, l'écosite de Vert-le-Grand - Écharcon s’étend sur plus de 150 hectares. Nous y retrouvons Mathieu Fernandez pour une inspection de la société Serivel, filiale de la Semardel, une société d’économie mixte dédiée au traitement et à la valorisation des déchets.

Mathieu Fernandez inspecte le site depuis déjà 3 ans, au moins une fois par an, lors d’une journée d’inspection durant laquelle il va contrôler les dispositions prises par l’exploitant en faveur de la prévention des risques liés aux émissions de rejet dans l’air et l’eau et au risque accidentel.

En Île-de-France, ce sont les inspecteurs des unités départementales de la direction régionale et interdépartementale de l’environnement, de l’aménagement et des transports (DRIEAT) et des unités départementales qui assurent ce contrôle.

L’inspection se passe en trois temps : la revue documentaire, la visite des installations et la conclusion.

La revue documentaire

Surveillance des rejets dans l’air, dans le milieu naturel, maintenance des équipements de sécurité… les thématiques abordées varient en fonction des observations soulevées lors de la précédente inspection et du programme du jour. Lors de cette inspection, la revue documentaire a en partie porté sur la détection des déchets radioactifs à l’entrée du site.

Lors de ce premier moment d’échanges, Mathieu Fernandez interroge la théorie mais aussi la pratique : quelles sont les clauses inscrites dans la convention signée entre l’exploitant et le client qui apporte un chargement contenant un déchet radioactif, comment réagissent les agents de Serivel si l’alarme du portique de radioactivité se déclenche…

Autre thématique abordée lors de la revue documentaire, la qualité des fumées rejetées lors de l’incinération des déchets. L’exploitant vérifie en continu les rejets de fumées de l’incinérateur. Des mesures sont prises automatiquement toutes les 30 min. La société Serivel envoie ces relevés tous les mois à Mathieu et aux services de la DRIEAT.

Lors de la revue documentaire, Mathieu regarde les derniers relevés pour vérifier que les valeurs limites d’émissions ne sont pas dépassées.

La visite des installations

Le premier arrêt se fait au poste de pesée. La pesée se fait à l’entrée et à la sortie des camions. Deux mesures qui permettent de collecter des données précises sur les déchets entrant sur le site, notamment les quantités reçues.

Lors d’un échange avec les agents, Mathieu vérifie qu’ils connaissent le protocole à suivre lorsqu’un portique de radioactivité sonne. Sur le site, la mesure de la radioactivité s’effectue par 4 portiques, situés à l’entrée du site. Ils mesurent la radioactivité des déchets qui arrivent par camion sur le site de traitement. Pendant l’inspection, Mathieu vérifie que les étapes de prise en charge si besoin de ces déchets radioactifs respectent les normes de sécurité en vigueur. Toutes les équipes du site sont formées à ce protocole de sécurité.

Ces portiques sonnent le plus souvent à cause de la présence de déchets médicaux ou encore de déchets contenant du radium (métal présent par exemple en très faible quantité dans les minerais d'uranium). Les agents de pesée isolent alors le camion et contactent les sapeurs-pompiers. Si le déchet en question contient du radium, l’exploitant fait intervenir un prestataire pour le retirer et l’isoler dans une zone spécifique et bétonnée sur le site. Ce déchet est isolé jusqu’à sa décroissance, soit jusqu’à la baisse de son niveau de radioactivité.

Au cœur de la zone de tri des déchets

Un déchet, si sa production ne peut pas être évitée, doit être traité selon différentes modalités, par ordre de priorité :

  • la préparation en vue de sa réutilisation ;
  • le recyclage et la valorisation du déchet organique par retour au sol ;
  • toute autre valorisation, notamment la valorisation énergétique ;
  • l’élimination principalement par l’enfouissement.

La société Serivel contribue à la fois au recyclage des déchets et à leur valorisation énergétique.

Le tri constitue une étape incontournable entre la collecte plus ou moins sélective de flux de déchets et l’introduction dans la production industrielle d’une matière première de recyclage.

Pour être transformés en ressources, les déchets collectés doivent généralement être triés et préparés. Cette étape de tri permet notamment d’atteindre un niveau de pureté nécessaire pour qu’un flux de déchets soit incorporé à la production d’un nouvel objet.

Sur cette installation, Mathieu est attentif à la prévention du risque incendie. Il s’assure que le volume maximal autorisé de déchets est respecté, mais aussi la protection du site en cas de départ d’incendie à l’aide des systèmes d’extinction.

Sur les passerelles du centre de tri, il vérifie le bon état du système d’extinction automatique, appelé sprinkler. Ce réseau d’eau surplombe toute la zone. Mathieu vérifie que l’exploitant entretient ce système, que la source d’eau est disponible…

Sur ce site on retrouve :

  • le quai de déchargement pour les camions poubelles et autres semi-remorque à fond mouvant alternatif. Les déchets y sont brassés avant d’alimenter les trémies ;
  • la trémie : une fois mélangés, les déchets y sont déposés. Ici, une trémie à disque qui permet à la fois de séparer les gros déchets des plus petits et de mesurer en temps réel la quantité de déchets circulant sur la chaîne de tri ;
  • le convoyeur d’alimentation, situé dans le prolongement de la trémie, dirige les déchets vers la cabine de prétri ;
  • la cabine de prétri : regroupé dans une ou plusieurs cabines, les trieurs retirent du tapis les gros cartons, les grands films et les indésirables (bouteilles de gaz, ustensiles de cuisine, ballons…) afin de désencombrer le tapis ;
  • le séparateur optique qui fonctionne selon le principe de la reconnaissance infrarouge. L’objectif ? Affiner le tri des déchets restants en effectuant une séparation entre les déchets à corps creux et ceux à corps plat. Le trieur optique est capable de faire entre 1 500 et 3 000 gestes à l’heure ;
  • le stockage des produits triés : une fois triés selon leur nature, les déchets sont compactés, à l’exception des papiers qui sont envoyés en vrac à l’usine de recyclage. Cette étape de compactage est essentielle pour optimiser le transport des déchets.

À ce stade, Mathieu évalue le volume de déchets présents sur le site.

« Les déchets présents dans les centres de tri, principalement du papier, du carton et du plastique, sont combustibles. Il existe donc un volume à ne pas dépasser, fixé par arrêté préfectoral. »

Une nouvelle ligne de tri : La société Serivel traite plus de 50 000 tonnes de déchets par an. La mise en service de cette nouvelle ligne de tri va permettre de passer à 70 000 tonnes de déchets par an.

Au poste de pilotage de l’incinérateur

Le pontier dirige la pince géante, appelée grappin, de l’incinérateur. Il alimente les fours en permanence avec des déchets les plus homogènes possible. Cela nécessite de mélanger préalablement les déchets déversés dans la fosse.

Deux techniciens surveillent le bon fonctionnement de l’incinérateur grâce au suivi de nombreux capteurs. Tonnes de déchets incinérés, concentration des polluants dans les fumées… Les mesures s’affichent en temps réel.

Ici, 240 000 tonnes de déchets sont incinérées par an. Cela représente 70 % des ordures ménagères produites en Essonne.

A cette étape, la combustion des déchets permet au site de produire de l'énergie grâce à sa connexion avec un réseau de chaleur.

Une fois brûlés, ce qu’il reste des déchets est appelé mâchefer. Il représente environ 25 % du volume total des déchets incinérés. Ce résidu est revalorisé principalement en sous-couche pour les routes. Quant aux cendres, elles sont envoyées dans un centre de stockage dédié aux déchets dangereux.

La conclusion

Troisième et dernière phase de l’inspection. Lors de ce dernier moment d’échanges Mathieu et l’équipe font un point sur l’inspection. Mathieu passe en revue les éventuels écarts observés.

Deux types d’écarts peuvent être formulés :

  • les observations : petits écarts observés qui devront être réglés lors de la prochaine inspection ;
  • les non-conformités : plus graves, les non-conformités peuvent amener à des sanctions.

Toute inspection donne lieu à un retour écrit a posteriori sous forme de courrier ou de rapport lorsque des sanctions sont envisagées, qui sera réexaminé lors de la prochaine inspection.

Lors de cette inspection, aucun écart n'a été observé sur le site de Serivel

Pour en savoir plus :

NextPrevious