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Christophe Ollivier, la fidélité jaune et verte Avant la rencontre contre le Toulouse Football Club (4-0), Christophe Ollivier, président des Rolling Stars, club de supporters en situation de handicap, a raconté son amour de la Maison jaune à la NewsRoom* du FC Nantes. Rencontre avec un homme drôle, franc et attachant. Mais passionné, surtout.

On aurait pu se donner rendez-vous il y a 30 ans. Il aurait été là, tout sourire, au pied de la Tribune Océane. Il était déjà là, quelques années plus tôt, quand chantait encore Marcel Saupin. C’est dans ce stade que sa passion est née : « J’étais tout gamin », se souvient Christophe, supporter de la première heure, en situation de handicap, alors accompagné par ses oncles. « Il y avait plein de monde autour de moi. J’étais mort de trouille, tout petit dans mon fauteuil ». La peur au ventre, le cœur qui palpite. Puis l’étincelle, la magie : « Quand les joueurs sont entrés sur la pelouse, tout le monde était content », raconte-t-il, les yeux qui brillent. « C’était magnifique ! » Depuis, l’homme de 47 ans, président du club de supporters Les Rolling Stars, n’a plus manqué une saison. Chaque week-end de réception, il parcourt le chemin qui le sépare de La Beaujoire. C’était encore le cas, le samedi 20 octobre 2018, contre Toulouse : « Je suis à fond derrière le club. Quels que soient les résultats, c’est l’équipe qui compte ». Et quand la santé lui joue des tours, il est devant son poste de télévision. Toujours là…

Une soirée au Stade de France

De ses premiers pas de supporter à aujourd’hui, Christophe a traversé plusieurs décennies d’histoire du FC Nantes. Il a connu les grandes heures. « Comme la saison 1995 avec des joueurs d’exception qui te donnent l’amour du football ». Mais les pages noires, aussi : « Comme les descentes en Ligue 2 ». Pourtant, lui, il les a bien vécues. « Tout le monde a le droit à un coup de mou », souffle-t-il. « Je savais qu’on allait rapidement remonter ». Quand on lui demande alors son plus mauvais souvenir, le supporter, qui déclare d’abord ne pas en avoir, évoque, à la surprise générale, un soir de mai 1999. Le 15 du mois, pour être exact. Jour de la seconde victoire des Canaris en Coupe de France, vingt ans après la première, face à Auxerre, et un an avant la troisième, contre Calais. « On avait gagné (1-0 contre Sedan), pourtant. Mais le Stade de France est très mal agencé pour les personnes en situation de handicap ». Ce soir-là, les Da Rocha, Monterrubio, Fabbri ou Carrière, il les verra davantage floqués dans le dos des supporters devant lui que sur le rectangle vert. « Dès qu’il y avait une action, les mecs se levaient et on ne voyait plus rien. Puis à un moment tu entends ‘’ouais, il y a but ! Bah ouais, mais je ne l’ai pas vu’’ », décrit-il, un tantinet déçu. Ce sera la seule ombre au tableau.

Adriana Karembeu, le beau-frère et la fleur

Entre les titres, les campagnes européennes et le jeu à la nantaise, Christophe mesure sa chance. Mais ce qu’il aime plus que tout, c’est l’humain. Les rencontres avec les joueurs. En une quarantaine d’années, elles ont été nombreuses. Parmi les plus marquantes, il y a celle avec Nicolas Ouédec. « Il était venu faire du tir au centre où je m’entraînais », raconte celui qui a pratiqué pendant longtemps la discipline sur 10 m et 20 m. « Je lui avais prêté mon pistolet. Mais il ne visait pas tout le temps dans la cible et je me moquais de lui », rigole-t-il. « Je lui disais qu’il tirait comme un handicapé. Heureusement qu’il était meilleur au pied… ». Des rencontres avec Patrice Loko ou Reynald Pedros suivront. Et même avec… les femmes de joueurs. Comme Adriana Karembeu : « On était dans un restaurant. Je me souviens toujours de la gueule de mon beau-frère quand elle est venue me faire la bise. Elle m’avait offert une rose séchée ». Il la gardera pendant des années en souvenir de cette belle soirée : « C’est une superbe personne qui ne regarde pas le fauteuil mais uniquement l’être humain qui est dedans ».

« Il y a un traître qui est fan de Marseille »

Passionné, Christophe a aussi transmis le virus à sa famille. « Mes neveux sont fous de foot », déclare-t-il, le visage radieux. Petits, il les emmenait à La Beaujoire. « Au grand désespoir de leurs parents », rigole-t-il. Ils s’asseyaient sur ses genoux. Et la magie, là encore, opérait. Aujourd’hui, tous pratiquent le football en club, et tous supportent le FC Nantes. Enfin, presque… « Il y a un traître qui est fan de Marseille », répond celui qui n'a pas sa langue dans sa poche. Sa femme, il a aussi essayé de la convertir. Sans grand succès, cette fois. « Elle a fait une overdose », image le Nantais, qui se souvient encore d’un match avec elle : « J’ai un peu honte de l’avouer mais elle a supporté l’équipe adverse en croyant que nous avions marqué ». Un affront à son club de cœur qu’il n’est pas prêt d’oublier : « Je lui ai dit qu’elle était la femme d’un président et qu’il serait bien qu’elle repère au moins les maillots », continue-t-il, plein d’humour.

« Il faudrait presque m’attacher dans le fauteuil »

De l’humour, il n’en manque pas non plus quand il s’agit d’évoquer Vahid Halilhodzic, l’actuel entraîneur nantais. Un homme en qui il a une entière confiance et pas seulement pour son passé doré sur les bords de l’Erdre. « Mais parce que… », commence-t-il, sans finir sa phrase. « J’ai le droit de dire un mot un peu grossier ? », nous demande-t-il, hésitant. Pas le temps de répondre que le voilà déjà lancé : « Je vais le dire en espagnol. C’est un mec qui a des cojones et ce n’est pas courant de nos jours ». Ce 20 octobre, contre Toulouse, il était 19 heures quand il a rejoint sa place. Toujours avec la même passion, la même fièvre. Celle du petit garçon qui découvrait Saupin pour la première fois. « Je vis les matchs à fond, je crie, j’encourage, je suis déchaîné. Il faudrait presque m’attacher dans le fauteuil », avoue le président qui, à l’heure de nous quitter, pronostique une victoire. La suite lui donnera raison. Score final : 4-0. Ça mériterait bien un maillot, non ? « C’est la seule petite chose qui me manque », plaisante-t-il. « Jamais un joueur ne m’a offert son maillot mais je ne désespère pas ! Pourquoi pas quand Nantes sera champion de France ! La saison prochaine… ». Dans un an ou dans 30 ans, peu importe. Christophe et sa passion ne sont plus à une année près…

Les Rolling Stars avec les Canaris depuis 1999

Fondée à la veille du passage à l’an 2000, l’association de supporters Les Rolling Stars s’occupe de la distribution des places réservées aux personnes à mobilité réduite (PMR) pour les rencontres à La Beaujoire. À l’origine : une bande de copains. Daniel Guygot, José Tovar et… Christophe Ollivier, président depuis trois saisons. Depuis, 45 personnes ont rejoint le groupe. Une vingtaine assiste à chaque rencontre. « Ça va de 13 ans jusqu’à la retraite », sourit-il. « Mais il n’y a que des passionnés ! »

La gratuité pour tous

Parmi eux, Loïc Guillemot, 57 ans, membre depuis cinq ans : « Je viens pour passer un bon moment et supporter l’équipe ». Lui aussi, il allait à Saupin étant jeune. « J’avais le permis et je n’étais pas en fauteuil », souffle-t-il, un brin nostalgique des titres gagnés et des grands joueurs qu’il a vu passer. « Une année, on en avait huit du club en équipe de France », déclare-t-il, non sans fierté. Ce samedi, pour la réception de Toulouse, c’est Noël Guillonneau qui l’accompagne. Un ami qui vient avec lui pour la troisième fois : « C’est avant tout un moment de convivialité et ça permet aussi de découvrir le handicap », répond celui qui soutient la Maison jaune depuis son plus jeune âge. Lui non plus, ce soir, ne paye pas : « Toutes les places PRM sont gratuites. Et chaque personne a droit à un accompagnateur », poursuit-il.

Un soutien sans faille du club

Plus tôt dans la journée, les deux hommes ont assisté à l’assemblée générale des Rolling Stars. Dans l’une des salles de La Beaujoire : « Le club est très ouvert et vraiment à l’écoute de nos problèmes », se réjouit Christophe Ollivier, qui s'occupe d’assurer un lien permanent entre les dirigeants du FCN et les personnes à mobilité réduite. « Nous sommes vraiment soutenus et je remercie Luc Delatour pour son aide au quotidien (directeur des opérations du FC Nantes) ». Même son de cloche du côté de Loïc et Noël qui, en quittant l’assemblée, ont eu non seulement le plaisir de serrer la main à l’attaquant Majeed Waris, mais aussi de se retrouver avec le président, Waldemar Kita, dans l’ascenseur : « On a eu un échange très intéressant. Il nous a dit que le stade était à nous ». Un stade qui compte, aujourd’hui, 113 places PMR.

*Reportage réalisé par les étudiants d’Audencia SciencesCom en partenariat avec le FC Nantes.

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