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Saint-Victor-sur-Loire... et le barrage de Grangent Jusque-là village paisible niché dans les gorges de la Loire, Saint-Victor voit son destin bouleversé par la construction du barrage de Grangent. Il devient alors un village prisé par les habitants et les curieux et entre dans le monde moderne des loisirs.

Ci-dessus, la plage aménagée, années 1970

On en parle depuis la guerre. Avec la fermeture de la ligne de chemin de fer en 1939, les gorges de la Loire sont inutilisées sauf quelques moulins et habitations ici et là. Aussi, un projet de barrage voit le jour et est étudié en 1942. Puis rien ne bouge pendant quelques années... Le projet est ressorti des cartons en 1951. Electricité de France (EDF) soumet l'idée d'une retenue d'eau auprès de l'Etat. Celui-ci accepte et lance les travaux en 1955.

Le paysage de Saint-Victor et ses alentours va complètement être transformé en moins de trois ans. Jusque-là, le lit de la Loire est tourmenté jusqu'à Saint-Just-sur-Loire et des moulins, de petites usines hydro-électriques et des habitations sont installés le long des berges. Un nouveau paysage va apparaître.

De 1955 à 1957, EDF édifie un barrage de type voûte, , en béton, de 55 m de haut sur 200 m de large, de 8,5 mètres d'épaisseur, légèrement en aval de la tour de Grangent. Avec sa mise en service, le niveau de l'eau s'élève d'une vingtaine de mètres pour créer un vaste plan d'eau de 23 kilomètres de long, 365 hectares et 57 millions de m3, jusqu'à Aurec-sur-Loire.

Ci-contre, le viaduc du Châtelet pendant la montée des eaux avec la construction du barrage de Grangent

Le viaduc du Châtelet pendant la montée des eaux avec la construction du barrage de Grangent

Le village en 1969

Un quartier et des hameaux sous les eaux

La montée des eaux, du 3 novembre 1957 au 30 janvier 1958, donne naissance au plan d'eau de Saint-Victor et une partie de la commune, des habitations, des bâtiments agricoles, des champs et des pâturages se retrouvent immergé.

Une partie des terres de la presqu'île du Châtelet se retrouve sous l'eau. La chapelle et sa dépendance, anciennes haltes des pèlerins sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, restent préservées. L'usine électrique du Châtelet, située sur la rive gauche, juste en aval de la presqu'île, est détruite avant la montée des eaux. La cheminée reste érigée jusqu'en 1967, date à laquelle elle est détruite lors d'une vidange partielle. Le quartier de la gare où habitaient près de 200 personnes, entre les viaducs du Châtelet et de Condamine, juste en contre-bas des actuels plage et port, est rasé avant la submersion.

Le hameau de Chamousset, juste en face du quartier de la gare (côté rive gauche sur la commune de Chambles), est détruit en 1958. Le hameau de Malleval, sur la même rive, voit quelques uns de ses terrains engloutis. Il est aujourd'hui abandonné. Une ferme est détruite à Mousset, à la sortie du tunnel de Condamine. A Grangent, le viaduc de la voie ferrée est désormais sous l'eau mais la tour et la maison demeurent aujourd'hui sur ce qui est devenu l'île de Grangent. Les voies de chemin de fer, englouties elles aussi, sont encore intactes. D'une manière générale, EDF a procédé à la destruction de tous les bâtiments ayant un lien personnel avec la population ou ceux présentant un danger une fois immergé, comme la tour de l'usine hydro-électrique.

Ci-contre, le barrage de Grangent en 1970

Des régates à Saint-Victor dans les années 1960.

L'aménagement de la base de loisirs

A l'époque, Saint-Victor est encore une commune indépendante, largement agricole et sans grand moyen financier. Elle n'est peu équipée et nombre d'habitations sont dépourvus d'accès à l'eau courante sauf les puits et des conditions de confort moderne de l'époque. Pauvre en ressources fiscales, la municipalité de Saint-Victor souhaite néanmoins aménager les berges car le lieu attire rapidement les touristes avec la montée des eaux. Rapidement, par exemple, le Touring club de France a inauguré sa base de yachting. Saint-Victor a des attraits naturels et peu de moyen tandis que sa voisine stéphanoise désire changer son image noire et a les moyens de ses ambitions.

Les deux communes vont donc fusionner sous l'impulsion des deux maires respectifs de l'époque : François Dubanchet pour Saint-Victor et Michel Durafour pour Saint-Etienne, le premier devenant le premier adjoint du second après la fusion. Celle-ci donne enfin les moyens financiers pour finir les aménagements de la base de loisir. Saint-Victor devient Saint-Victor-sur-Loire. Un port de plaisance et une plage sont prévus à l'emplacement de l'ancien quartier de la gare et aménagés dès 1968-1969. Un projet de téléphérique entre le port et le village est discuté un temps sans être concrétisé. La base de loisirs, plus en amont dans la vallée du Lizeron, est achevée en 1973 et l'Ecole de voile s'y installe pendant l'été. Au même moment, des travaux d'amélioration sont engagés sur la route depuis Roche-la-Molière afin d'absorber le trafic croissant : la plage de Saint-Victor-sur-Loire attire les promeneurs ! La Ville de Saint-Etienne dispose désormais d'un poumon vert, agrémenté d'un port et d'un plan d'eau.

Ci-contre, inauguration de la base de Loisirs

En haut, la base nautique en 1970, en bas à gauche, la construction de la base nautique en mai 1970 et en haut à droite, l'inauguration de la base de yachting du Touring club de France.

L'opération Condamine

La Ville de Saint-Etienne veut poursuivre son changement d'image et pointe rapidement le plateau de Condamine comme lieu à préserver pour ses richesses naturelles et son cadre de vie. L'objectif est d'attirer par un programme immobilier de qualité une clientèle de cadres et de cols blancs. Le projet débute en 1972 et les constructions, sur Condamine et le Bréat s'étirent sur les décennies 1970 et 1980.

Condamine devient une réserve naturelle en 1988 et est aujourd'hui un site classée pour son patrimoine naturel riche aussi bien pour la faune que pour la flore.

Saint-Victor-sur-Loire, c'est aujourd'hui un quartier de Saint-Etienne, riche de 3000 habitants et composé de nombreux hameaux : Condamine, le Bréat, Chichivieux, le Berland. Son territoire, grand, très grand (2150 hectares) offre un accès à l'eau et à la plage aux Stéphanois et aux habitants de la région.

Ci-contre, des travaux sur la route d'accès en 1973

La plage en 1973

Textes : Le Progrès ; Images : Archives municipales Saint-Etienne

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