A propos des Saudades do Brasil de Claude Lévi Strauss

Claude Lévi-strauss (1908- 2009), né à Bruxelles et mort à Paris, est un anthropologue français, d’abord initié au droit et à la philosophie de part ses études, il fini par s'expatrier au Brésil où il enseignera la sociologie. Il profitera de sa présence au Brésil pour mener des missions ethnographiques de 1935 à 1939 qui lui permettront d'étudier les peuples indigènes du Brésil. Après quelques années, de retour en France il devient professeur honoraire au Collège de France, il occupera la chaire d'anthropologie sociale de 1959 à 1982 et sera également membre de l'académie française. Claude Lévi Strauss participera tout au long de sa vie à influencer grandement les sciences sociales, il est notamment l'un des fondateurs du courant fonctionnaliste. Le courant fonctionnaliste appuie son analyse structurale sur les fondement de la linguistique. La culture serait un langage, les différences de cultures seraient donc des différences de langage. Claude Levi Strauss s’évertuera tout au long de sa vie à comprendre le pourquoi des différences des cultures humaines tout en affirmant l'idée que les cultures sont certes différentes, mais n'en sont pas moins égales. Il exprime l'idée d'une pluralité des cultures et d'une unité de l'homme.

Dans son œuvre les Saudades do Brasil, ouvrage publié en 1994, Claude Lévi-Strauss nous livre tardivement et avec nostalgie une sélection de photos de son expédition ethnologique du Brésil prises entre 1935 et 1939. Au travers de ces photos en noir et blanc accompagnées de textes, il nous raconte son expédition comme s'il s'agissait d'une histoire, d'une aventure, en commentant ses photos, en expliquant comment lui et son équipe s'y sont prit tout le long du voyage, en nous présentant les indiens qui lui a été donné de rencontrer durant cette période. Il nous livre également, à travers cet ouvrage, ses impressions et sa façon de penser.

Dans l'introduction qui précède ses clichés, Claude Lévi-Strauss nous expose brièvement sa vision des choses tout en nous expliquant que les civilisations indigènes qui lui avaient été donné de rencontrer ont en majeure partie disparues aujourd'hui. Cette explication lui permet dans cette œuvre de faire valoir son point de vue quant au fait que les sociétés, les civilisations, pourraient évoluer historiquement de manière sinusoïdale, c'est à dire que des civilisations entières et très développées pourraient avoir existé et disparues. En défendant cette idée, Claude Lévi-Strauss s'oppose une fois de plus radicalement aux théories évolutionnistes de l'anthropologie.

Pour ce qui est des images, l'auteur s'inscrit ici dans une perspective de retranscription de clichés ethnographique choisis. Il s'attache à la sauvegarde d'images et de souvenirs des choses telles qu'elles ont été durant son voyage, même si toutefois l’auteur fait allusion au fait que de simples photos sont bien loin d'être suffisantes pour retranscrire ces moments de vie du terrain. En effet, celles-ci ne sont pas « suffisantes », étant donné que les photos sont le résultat de choix : choix de la photo publiée, choix du sujet, du cadrage, etc. Elles ne permettent pas non plus de témoigner des couleurs, des odeurs et des sons. Lévi-Strauss dira d’ailleurs : « Regardées à nouveau, ces photographies me laissent l'impression d'un vide, d'un manque de ce que l'objectif est foncièrement impuissant à capter. » En écrivant cette phrase dans son ouvrage, Claude Lévi Strauss fait preuve d'honnêteté, ne tentant pas de nous présenter ces photographies comme vérité absolue de ce qui est ou a été.

Bien que les photos aient été publiées tardivement par leur auteur, elles l'ont été tout de même, et cela dénote du fait que l'auteur aura préféré les publier lui même, pour être en mesure de pouvoir commenter ses propre clichés avant que quelqu'un d'autre ne le fasse à sa place, mal, puisque sans vraiment avoir vécu les choses ou/et avec des intentions différentes des siennes.

En effet Lévi-Strauss, en commentant ses photos, nous livre également de petits récits anecdotiques que lui seul pouvait nous raconter, ayant été sur le terrain.

Il nous explique que ses photos sont plutôt spontanées, sans grande réflexion autour de ce qui doit être montré et ce qui ne doit pas l'être, il nous expliquera d'ailleurs et ce sont ses mots, qu'il se contentait d'appuyer sur l'objectif.

On remarquera d'ailleurs que cette démarche est fondamentalement différente de celle d'Edward Curtis, dont les photos des amérindiens d'Amérique du nord sont véritablement mises en scènes. Par exemple, la présence sur une photo d'un réveil, objet témoignant du contact avec le monde occidental est volontairement effacé par trucage photo, c'est à dire que la présence des hommes de terrain et du contact avec le monde occidental est volontairement écarté de l'objectif. À contrario, les photos prises par Lévi-Strauss, bien loin de vouloir écarter de l'objectif cette réelle présence, la montre sans artifice. Ainsi, Claude Levi-Strauss dans cet ouvrage, nous livre une photo de lui avec un petit singe dont lui avait fait don une indigène. En effet, ces photos prises et publiées n'écartent pas non plus de leurs champs les barriques d'essence vide du moyen de transport des hommes de terrain, qui faisaient partie intégrante du décor des Nambikwara. Cela dénote une simple envie de montrer ce qui était dans l'instant présent, sans nier la présence de l'homme derrière l'objectif ainsi que les interaction effectuées avec les populations autochtones influençant inévitablement les populations autochtones observées.

Pour conclure on peut dire que Claude Levi-Strauss par le biais de ces images, ne nous livre pas seulement les vestiges de civilisations presque disparues, il nous livre également sa vison des choses, et implicitement aussi, le regard que posent sur lui et son équipe les sociétés observées.

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