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Scream 1996 - États-Unis. Réalisation : Wes CRaven. Scénario : Kevin Williamson. Avec : Neve Campbell, Courtney Cox, David Arquette, Skeet Ulrich, Matthew Lillard.

Que l'on ait aimé Scream ou non, il y a une chose qu'il faut lui reconnaître : il a été le renouveau du slasher, un sous-genre boudé pendant plusieurs années.

Après la sortie du film de Wes Craven, les cinéphiles ont vu fleurir sur leurs écrans des productions plus ou moins bonnes (souvent moins d'ailleurs), mettant en scène un groupe d'adolescents essayant d'échapper à un tueur masqué, mode qui était passée depuis le milieu des années 80. Autrement dit, Scream a fait des émules. Pourquoi ? Mais parce que c'est l'un des meilleurs slashers jamais tournés !

Hello, Sidney

La petite ville de Woodsborro est sous le choc : deux adolescents ont été atrocement massacrés la nuit précédente et les autorités n'ont aucun moyen de découvrir qui a commis le crime. Au lycée, tout le monde ne parle que de la mort des deux jeunes.

Sidney Prescott, adolescente dont la mère a été assassinée un an plus tôt, deviendra rapidement la cible du tueur. Avec l'aide de Dewey, un shériff adjoint gentil mais pas malin et de Gale, une journaliste de presse à scandale, elle devra tenter de découvrir l'identité du tueur qui peut-être n'importe qui. Même l'un de ses amis.

On compte beaucoup de bons slashers : Halloween, Vendredi 13, Black Christmas etc... Mais il y a une chose qu'on peut facilement reprocher au sous-genre : de tous les films d'horreur, les slashers sont sûrement ceux qui accumulent le plus de clichés.

Survival girl, tueur masqué invincible, apologie de la virginité... Le schéma est assez classique et bien peu nombreux sont les films qui ont réussi à s'en affranchir. Le fait de détourner tous ces clichés pour en faire un film non seulement effrayant, mais aussi drôle, bourré de références au genre et en plus original, ça tient du génie.

Tout commence par une scène d'exposition qui peut sembler assez banale. Une jeune fille (blonde, évidemment), se fait harceler au téléphone par un type qui veut, je cite, « voir la couleur de [ses] tripes ». Ragoûtant. Le coup du téléphone fait penser à Terreur sur la ligne et c'est certainement voulu.

Oui, car dans Scream, tout est prétexte à une référence aux classiques de l'horreur. Que ce soit avec le visionnage d'Halloween ou la citation tirée de Psychose, les fans auront de quoi se mettre sous la dent en essayant de jouer au jeu « À qui qu'il fait référence ? » Le réalisateur se permet même de régler ses comptes en évoquant ses propres films, notamment Les Griffes de la nuit dont il critique les suites qui ne sont pas de son fait par l'intermédiaire du personnage interprété par Drew Barrymore.

Mais là ou ça devient intéressant, que vous soyez calés en cinéma horrifique ou non, c'est que tout ça implique une chose : les personnages du film ont grandi dans un environnement où les films d'horreur ont leur place. Et ils en connaissent toutes les ficelles.

Eux aussi crient à la blondasse de service de ne pas aller par là lorsqu'ils se retrouvent devant un tel film. Et le scénariste Kévin Williamson se sert habilement de cette mise en abyme pour pondre des scènes absolument géniales. Pour l'exemple, on retiendra celle où deux personnages observent un autre grâce à une caméra, et lui hurlent de regarder derrière lui parce que le tueur s'y trouve, pendant que ledit personnage parle à sa télé, indiquant à Jamie Lee Curtis dans Halloween qu'elle doit regarder derrière elle. Brillant, drôle et bien exécuté.

On se reconnaîtra également dans le rapport que les jeunes ont à la mort. Cyniques et indifférents au possible face au meurtre de leurs deux camarades, les lycéens de Woodsborro sont un reflet intéressant de notre propre réaction face à tout ce qui est morbide. On aime ça, on s'en amuse et on en redemande. Et même si le film a presque 20 ans, le message est toujours autant d'actualité.

Un suspense qui se maintient

De plus, le fait d'utiliser les clichés n'empêche pas Scream d'apporter son lot de nouveautés, notamment par l'installation d'un intrigue de type whodunit. Ce type de scénario, où le coupable est inconnu jusqu'à la révélation finale, était à l'époque assez rare dans le slasher où l'antagoniste était la plupart du temps exposé rapidement. Cela instaure une dose de suspense non négligeable et fort appréciable.

Les acteurs sont eux aussi plutôt bons. Les trois personnages principaux sont particulièrement attachants et chaque spectateur trouvera sa préférence pour Sidney l'ingénue ou Dewey le flic benêt. On appréciera également des personnages secondaires bien interprétés, notamment Randy ou encore Tatum, la meilleure amie.

À une époque où le torture-porn n'était pas encore devenu la norme, Scream s'en tire avec les honneurs en matière de gore. Éventrations, pendaisons ou encore égorgement font partie des méthodes utilisées pour tuer, le tout de manière souvent bien sanglante, ce qui devrait plaire aux amateurs.

Des victimes qui se défendent

Le comportement des personnages secondaires est également appréciable. D'habitude, dans les slashers, seule l'héroïne est capable de se défendre. Elle est parfois aidée d'un héros tout-beau-tout-fort-tout-parfait, mais les seconds rôles se font tous avoir rapidement et facilement. Ici, les victimes (du moins les victimes femmes) lattent le tueur à coup de poings ou de bouteilles de bière. Elles finissent tuées quand même, bien sûr, mais le fait de les voir se défendre avec autant d'ardeur rajoute une dose de tension et l'on est souvent sur le bout de son siège lors de ces scènes.

S'il fallait vraiment trouver un seul - petit, minuscule - défaut à Scream, ce serait l'ancrage dans son époque. En effet, il a été tourné en 1995 et on le ressent énormément. Par les décors et les costumes, ce qui est inévitable, mais aussi et surtout à cause des différentes références culturelles dont usent les personnages.

Aujourd'hui en décalage, elles seront moins comprises par un public jeune. Allez donc demander à un ado s'il sait qui sont Meg Ryan et Tori Spelling, pour voir. Mais c'est vraiment pour chercher la petite bête.

L'anecdote

La scène dans laquelle Billy donne un coup sur le crâne de Stu en lui rendant le téléphone n'est due qu'à une maladresse de l'acteur Skeet Ulrich. Was Craven l'a toutefois conservée au vu de la réaction réaliste de Matthew Lillard.

Vous l'aurez compris, Scream est un film qui mérite amplement sa place au panthéon du cinéma d'horreur. Je ne trouve rien à redire sur ce qui restera pour moi l'un des meilleurs slashers de tous les temps. Et si avec ça, je n'arrive pas à vous convaincre de le regarder, j'abandonne.

4/5

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