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Ab-normal Beauty 2004 - Hong-Kong. Réalisation : Oxide Pang Chun. Scénario : Oxide Pang Chun et Thomas Pang. Avec : Race Wong, Rosanne Wong, Anson Leung, Michelle Yim.

Si les frères Pang sont surtout connus pour leurs oeuvres en duo (The Eye, Bangkok dangerous, Les Messagers), chacun d'entre eux a parfois joué cavalier seul. Des deux, Oxide Pang Chun est le plus prolifique avec sept films en solo à son actif. En 2004, l'homme a réalisé Ab-normal Beauty. Un long-métrage où la forme a largement été préférée au fond.

La mort sur pellicule

Jiney est une étudiante en art particulièrement douée pour la photographie. Un jour, un accident de la circulation se produit sous ses yeux. Fascinée malgré elle, la jeune femme sort son appareil photo et immortalise le visage ensanglanté de la victime.

Dès lors, ses névroses se réveilleront et elle développera une fascination malsaine pour tout ce qui a trait à la mort. Une obsession qui aura de graves conséquences sur sa santé mentale et dont elle essaiera de se défaire avec l'aide de son amie Jas.

Ab-normal Beauty est une énorme déception. Si, au niveau visuel, il y a peu de choses à reprocher, le scénario se distingue, lui, par une confusion totale et un manque de cohésion flagrant qui flinguent un film dont certains aspects étaient pourtant prometteurs.

L'histoire est en fait divisée en deux parties. La première sert à mettre en place la fascination de Jiney pour le macabre. Sur le papier, le déroulement est assez classique. C'est dans la forme, donc, et dans la façon de développer cette obsession, qu'Oxide Pang Chun réussit à intéresser le spectateur.

Certaines scènes sont assez marquantes et parviennent à instiller un sentiment malaisant, comme celle où Jiney prend des animaux morts en photo, n'hésitant pas à triturer les cadavres pour qu'ils soient dans la position qui lui convient. La montée en puissance de la folie du personnage principal transparaît bien à l'écran, à travers des passages inspirés.

Oxide Pang Chun a fait un travail qui mérite d'être salué au niveau de la mise en scène. L'état d'esprit de l'héroïne se ressent à travers chaque élément de l'oeuvre, qu'il s'agisse des plans, parfaitement étudiés, de la bande-son, des jeux de lumière et même des couleurs et des teintes.

Tout est réfléchi et sert de manière très efficace la mise en place de la folie de Jiney. Quelques maladresses font tout de même surface, notamment la musique, parfois trop présente, et l'utilisation trop abondante de séquences épileptiques, mais c'est peu gênant et cela ne parvient pas à effacer toutes les bons points que peut accumuler le cinéaste.

Dans cette partie, le scénario parvient à se tenir. Malgré des dialogues qui ne sont pas à la hauteur, on suit sans ennui le parcours de Jiney et on s'attache assez bien aux deux personnages principaux grâce au jeu inspiré des soeurs Race et Rosanne Wong.

On note tout de même quelques premiers défauts, surtout en ce qui concerne la racine des névroses de Jiney. Pas très originales, les explications sont données de manière un peu lourdingue et ne parviennent pas à convaincre totalement. Malgré tout, on se laisse embarquer.

La deuxième partie débute avec un changement de direction dans l'histoire qui semble apporter un nouveau rythme bienvenu. Malheureusement, on se rendra vite compte que quelque chose cloche. Le scénario continue d'intriguer, mais durant un temps seulement.

Le problème de la seconde histoire est que ses liens avec la première partie du film sont finalement très ténus. On passe d'un long-métrage psychologique à un thriller horrifique sans vraie explication. Tout ça pour se terminer par la révélation de l'identité d'un antagoniste qui confine au ridicule tellement elle est mal amenée.

La réalisation ne parvient plus à cacher les faiblesses d'un scénario extrêmement bancal. Tout finit par s'écrouler pendant que l'ennui pointe gentiment son nez.

L'anecdote

La scène d'accident de voiture utilisée en début de film est la même que dans le long-métrage Ah ma yau nan, sorti également en 2004 et qui a été écrit et réalisé par le frère jumeau d'Oxide Chun Pang.

Visuellement, Ab-normal Beauty n'a pas grand-chose à se reprocher et prouve que son réalisateur est un homme de talent. Malheureusement, sans un scénario digne de ce nom, le film finit par s'enfoncer et les quelques bonnes idées, pourtant vraiment intéressantes, se retrouvent rapidement balayées par un manque de cohésion rédhibitoire. Un film en deux temps, à l'histoire trop peu creusée pour convaincre.

1,5/5

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