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La passerelle Saint-Laurent dans tous ses états ! Des origines à nos jours

LE PREMIER PONT CONNU - L'histoire du pont Saint-Laurent est intimement liée à celle des innombrables crues des rivières Drac et Isère, qui d'une certaine manière ont façonné la capitale des Alpes. Le pont Saint-Laurent fut, jusqu'au milieu du XVIIe siècle, le seul pont de Grenoble. À la faveur de la géologie, c'est à cet endroit que se trouvait originellement un gué permettant d'envisager la construction d'un pont permanent, chose impossible à réaliser sur au moins 40 km en amont et en aval, du fait de la fluctuation de la rivière à chaque crue. Le premier pont connu est un pont provisoire construit par Lucius Munatius Plancus le 12 mai 43 av J.C. pour faire passer son armée.

La place Sainte-Claire inondée le 3 novembre 1859. Vue prise depuis l'ancienne rue Persuitière. À gauche, dans le fond, l'entrée de la rue des Vieux Jésuites. Au milieu, la rue Sainte-Claire. À droite, le marché couvert. Gravure sur bois de Diodore Rahoult (1819 - 1874)

UN PREMIER PONT EN PIERRE : Au début du XIe siècle, une crue ayant emporté le pont existant, l'évêque Saint-Hugues fait construire le premier pont de pierre qui sera emporté un siècle plus tard par la catastrophique inondation de septembre 1219, baptisée le Déluge de Grenoble. Un an après, l'évêque de Grenoble, Guillaume Ier, organise un pèlerinage annuel d'action de grâce à Notre-Dame de Parménie, qui fut à l'origine de la célèbre foire de Beaucroissant. Mais la nature restant sourde aux prières, les inondations et les inévitables réparations de la ville et du pont se succédèrent. Plus de 150 inondations ont été recensées dans l’histoire de Grenoble, dont 80 entre 1600 et 1860.

Sur la place de la Cymaise, au pied de la falaise du Rabot, se trouve la Fontaine au Lion imaginée et réalisée en 1843 par le sculpteur Sappey et le fondeur Crozatier pour célébrer l'achèvement des digues de l'Isère. La sculpture représente un Lion symbolisant la ville tenant dans ses griffes un serpent à l'agonie représentant l'Isère. Depuis la crue exceptionnelle de 1219 qui ravagea la ville et ses alentours, l’Isère est en effet surnommée "le serpent" (pour ses méandres), et le Drac "le dragon" (pour sa fureur).
La grande inondation de Grenoble en 1733 : vue de la rue Hector-Berlioz avec l'hôtel du Duc de Lesdiguières à droite. Gravure de Diodore Rahoult en 1860 / Inondation à Grenoble, dessein et gravure de Diodore Rahoult et Etienne Dardelet, publié en 1860.

CONSTRUCTION D'UNE TOUR CARRÉE

AU 14Eme SIÈCLE, LE PONT DE PIERRE EST SURMONTÉ D'UNE TOUR CARRÉE DONT LA CONSTRUCTION DURA QUELQUE 40 ANNÉES. ELLE JOUERA UN RÔLE DE PORTE DE VILLE POUR LE CONTRÔLE DES MARCHANDISES ET DES VOYAGEURS. UNE PETITE CHAPELLE CONSACRÉE À NOTRE-DAME EST TRANSFÉRÉE SOUS LA VOÛTE DE LA TOUR. AU 16Eme SIÈCLE, LA TOUR ABRITANT LA CHAPELLE EST SURMONTÉE D'UNE HORLOGE ASTRONOMIQUE ET DE DEUX JAQUEMARTS (VOIR CI-DESSOUS).

Alexandre Debelle (1805 - 1897), Vue de Grenoble, non datée.

Un jacquemart ou jaquemart est un automate d'art représentant un personnage sculpté en bois ou en métal, qui indique les heures en frappant une cloche avec un marteau.

Mais le pont ne résista pas à l'inondation du 14 novembre 1651 qui emporta deux arches, sa tour, l'horloger, son épouse, ses trois filles et leur domestique. La reconstruction du pont commencée dès 1652 exigea la mise en place d'un péage de 30 ans pour son financement. Moins onéreux, les voyageurs désirant traverser l'Isère, utilisaient volontiers des bacs à traille qui étaient nombreux sur la rivière.

De gauche à droite et de haut en bas : Eau-forte d'Israël Henriet (1590-1661) / Gravure d'après un dessin à la plume, encre et aquarelle d'Israël Sylvestre, dessinateur et graveur du roi, de passage à Grenoble vers 1643, représentant le Pont du Jacquemart, dont les terribles inondations de 1651 ne laisseront que les piles / Autre dessin d'Israël Sylvestre, montrant de manière plus précise le jacquemart au sommet de la tour / Lithographie de Grenoble avant l'inondation de 1651, Alexandre Debelle (1805-1897) / Projet de fortifications à Grenoble, par Sebastian Münster (1489-1552)

LE PREMIER PONT DE BOIS

Face aux crues à répétition de l'Isère, entraînant chaque fois des travaux de reconstruction très coûteux, l'ancien pont de pierre fut finalement remplacé par un pont en chêne qui Lui-même sera emporté maintes fois.

Les quais de l'Isère en 1835. Huile sur toile d'Alexandre Debelle (1805 - 1897)

Graveurs et peintres croquent le pont de bois (de gauche à droite et de haut en bas) : Peinture du pont de bois d'après une vue pittoresque, lithographie de Louis Haghe (1806 - 1885) / Vue de Grenoble depuis l'ancienne porte Saint-Laurent par Jean Achard (1807-1884) en 1837 / L'Isère peinte par Horace Mollard (1800 - 1872) depuis sa rive gauche, avant 1837 / Vue de Grenoble depuis l'Ile verte, effet du soir par Isidore Dagnan (1794-1873) en 1829 / Le pont de Grenoble par Joseph Mallord William Turner (1775-1851).

LE PONT SUSPENDU

Construit en 1837 en même temps qu'est annoncée la construction des quais SainT-LAurent, un pont suspendu en fil de fer et à tablier en bois fait son apparition 9 ans après l'ouverture au public du pont à suspension et à chaînons de fer de Sassenage.

À son ouverture, un péage autorisé par ordonnance royale du 21 août 1838 est mis en place pour 50 ans afin de financer cette construction. Le pont résistera aux dernières grandes crues que connait la ville en 1840, 1843, 1856 et même à l'inondation catastrophique des 1er et 2 novembre 1859 (voir plus loin), et celle de 1875.

Carte postale du pont Saint-Laurent (sous sa forme initiale de 1837) éditée en 1906.

Sur cette Huile sur toile de Théodore Jules Guedy (1805-1876), on aperçoit le pont suspendu EN FIL DE FER remplaçant l'ancien pont de bois. LEs quais du quartier saint-LAurent (À DROITE) sont encore inexistants.

Inondations du 2 novembre 1859 : la foule s'est réfugiée sur la terrasse du Jardin de ville, et l’on distingue, dans le fond à gauche, le nouveau pont suspendu construit en 1837. l'inondation de 1859 est la goutte d'eau qui fait déborder le vase : la construction du quai Saint-Laurent (actuel quai Xavier-Jouvin) est actée. Auparavant, à la moindre montée des eaux, les maisons de la rue Saint-Laurent, coté rivière, construites en limite de grève, subissaient l'inondation de plein fouet. Gravure sur bois de Diodore Rahoult (1819 - 1874).
Photo panoramique du pont suspendu prise en 1908, un an à peine avant sa rénovation. On peut apercevoir que la construction des quais en rive droite, consécutive à l'inondation de 1859, est terminée.

PREMIÈRE RÉNOVATION DU PONT SUSPENDU

En 1909 le pont est profondément rénové par l'entreprise lyonnaise Backes, afin d'améliorer sa solidité. Les piles sont consolidées, le tablier en bois est remplacé par un tablier en fer. Encadré par le pont de la Citadelle en amont et le pont Marius-Gontard en aval, tous deux en pierre, il est devenu exclusivement piétonnier est à, depuis, pris le nom de passerelle.

Le pont Suspendu en 1916 depuis sa rénovation de 1909 (vue du quai Perrière depuis le quai Stéphane-Jay).

Par comparaison, on peut apercevoir qu'avant 1909 (photo de gauche), les câbles passaient à l'intérieur des piles de soutènement, elles-mêmes devenues plus massives.

Deuxième rénovation

Durant un peu plus d'un an, jusqu'en décembre 2018, un chantier complexe conduit par la Métropole de Grenoble a donc permis de réhabiliter et sécuriser complètement ce bel ouvrage particulièrement prisé des artistes. La Passerelle a notamment été entièrement emmaillotée pour permettre le décapage des peintures contenant de l'amiante (cf, photo).

Décembre 2018 : la passerelle entièrement rénovée !

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