LE PREMIER PONT CONNU - L'histoire du pont Saint-Laurent est intimement liée à celle des innombrables crues des rivières Drac et Isère, qui d'une certaine manière ont façonné la capitale des Alpes. Le pont Saint-Laurent fut, jusqu'au milieu du XVIIe siècle, le seul pont de Grenoble. À la faveur de la géologie, c'est à cet endroit que se trouvait originellement un gué permettant d'envisager la construction d'un pont permanent, chose impossible à réaliser sur au moins 40 km en amont et en aval, du fait de la fluctuation de la rivière à chaque crue. Le premier pont connu est un pont provisoire construit par Lucius Munatius Plancus le 12 mai 43 av J.C. pour faire passer son armée.
UN PREMIER PONT EN PIERRE : Au début du XIe siècle, une crue ayant emporté le pont existant, l'évêque Saint-Hugues fait construire le premier pont de pierre qui sera emporté un siècle plus tard par la catastrophique inondation de septembre 1219, baptisée le Déluge de Grenoble. Un an après, l'évêque de Grenoble, Guillaume Ier, organise un pèlerinage annuel d'action de grâce à Notre-Dame de Parménie, qui fut à l'origine de la célèbre foire de Beaucroissant. Mais la nature restant sourde aux prières, les inondations et les inévitables réparations de la ville et du pont se succédèrent. Plus de 150 inondations ont été recensées dans l’histoire de Grenoble, dont 80 entre 1600 et 1860.
CONSTRUCTION D'UNE TOUR CARRÉE
AU 14Eme SIÈCLE, LE PONT DE PIERRE EST SURMONTÉ D'UNE TOUR CARRÉE DONT LA CONSTRUCTION DURA QUELQUE 40 ANNÉES. ELLE JOUERA UN RÔLE DE PORTE DE VILLE POUR LE CONTRÔLE DES MARCHANDISES ET DES VOYAGEURS. UNE PETITE CHAPELLE CONSACRÉE À NOTRE-DAME EST TRANSFÉRÉE SOUS LA VOÛTE DE LA TOUR. AU 16Eme SIÈCLE, LA TOUR ABRITANT LA CHAPELLE EST SURMONTÉE D'UNE HORLOGE ASTRONOMIQUE ET DE DEUX JAQUEMARTS (VOIR CI-DESSOUS).
Alexandre Debelle (1805 - 1897), Vue de Grenoble, non datée.
Mais le pont ne résista pas à l'inondation du 14 novembre 1651 qui emporta deux arches, sa tour, l'horloger, son épouse, ses trois filles et leur domestique. La reconstruction du pont commencée dès 1652 exigea la mise en place d'un péage de 30 ans pour son financement. Moins onéreux, les voyageurs désirant traverser l'Isère, utilisaient volontiers des bacs à traille qui étaient nombreux sur la rivière.
LE PREMIER PONT DE BOIS
Face aux crues à répétition de l'Isère, entraînant chaque fois des travaux de reconstruction très coûteux, l'ancien pont de pierre fut finalement remplacé par un pont en chêne qui Lui-même sera emporté maintes fois.
Les quais de l'Isère en 1835. Huile sur toile d'Alexandre Debelle (1805 - 1897)
LE PONT SUSPENDU
Construit en 1837 en même temps qu'est annoncée la construction des quais SainT-LAurent, un pont suspendu en fil de fer et à tablier en bois fait son apparition 9 ans après l'ouverture au public du pont à suspension et à chaînons de fer de Sassenage.
À son ouverture, un péage autorisé par ordonnance royale du 21 août 1838 est mis en place pour 50 ans afin de financer cette construction. Le pont résistera aux dernières grandes crues que connait la ville en 1840, 1843, 1856 et même à l'inondation catastrophique des 1er et 2 novembre 1859 (voir plus loin), et celle de 1875.
Carte postale du pont Saint-Laurent (sous sa forme initiale de 1837) éditée en 1906.
Sur cette Huile sur toile de Théodore Jules Guedy (1805-1876), on aperçoit le pont suspendu EN FIL DE FER remplaçant l'ancien pont de bois. LEs quais du quartier saint-LAurent (À DROITE) sont encore inexistants.
PREMIÈRE RÉNOVATION DU PONT SUSPENDU
En 1909 le pont est profondément rénové par l'entreprise lyonnaise Backes, afin d'améliorer sa solidité. Les piles sont consolidées, le tablier en bois est remplacé par un tablier en fer. Encadré par le pont de la Citadelle en amont et le pont Marius-Gontard en aval, tous deux en pierre, il est devenu exclusivement piétonnier est à, depuis, pris le nom de passerelle.
Le pont Suspendu en 1916 depuis sa rénovation de 1909 (vue du quai Perrière depuis le quai Stéphane-Jay).