- LE PEUL DE DJOUGOU et ses traditions - Par Djodi Biyagui, édition R. Ciavolella

Vous trouverez ici la transcription d'un manuscrit écrit par Djodi Byiagui, un homme qui a essayé de donner de la visibilité aux populations peules de la région de Djougou, au Bénin. Il s'agit là d'un cas exceptionnel de production "indigène" du savoir anthropologique. Ici, la représentation de la communauté "ethnique" est entendue comme un moyen de lui donner de la visibilité dans un contexte de marginalisation politique, culturelle, sociale et économique. Il s'agit, pour moi, d'un exemple d'ethnologie "subalterne", en paraphrasant Gramsci, pour qui les groupes subalternes, pour sortir de leur condition, doivent réussir à recueillir les traces de leur propre histoire.

INTRODUCTION: L'ORIGINE DU PULLO DE DJOUGOU

Le pullo dans son ensemble, est une ethnie de provenances diverses. D’aucuns pensent qu’il est du Futa Jallo ou du Futa Tooro. D’autres de l’Égypte. Mais nous savons qu’il s’est propagé et dispersé un peu partout dans la planète. D’où vient alors le premier pullo de Djougou ? Je vous ferai connaître avec précisions quels étaient ses mœurs, coutumes et traditions.

Chassé par les guerres tribales, le pullo de Djougou le premier à s’installer dans cette terre est du Burkina Faso vers les années 1825 selon les décomptes des orateurs. Ils étaient deux cousins à quitter ensemble. Le premier est resté seul dans une brousse avec ses compagnons, prêt à affronter toute personne qui oserait l’attaquer. Il a choisi le village appelé Darkuku parce que ces guerres étaient générales en Afrique. Là-bas ils étaient libres, ce pour quoi les Fulɓe de Darkuku sont appelés diimaaɓe, des intègres.

Le second lui prolongea sa route et alla chercher refuge auprès d’un chef traditionnel Pila Pila (Yom) qui lui montra un lieu. Il s’installa dans ce lieu qui est devenu un village qu’on nomme Kpakpayé. Les Fulɓe de Darkuku l’ont appelé fermiiɗo (Dans l’ancien temps, il ne pouvait jamais se marier au pullo de Darkuku car il est considéré comme un peureux, un réfugié alors un esclave).

Après eux, sont venus des Fulɓe des pays haoussa, surtout de Sokoto. Ce sont eux que nous croisons surtout très clairs qui peuplent dans le Borgou.

Quelles étaient les activités de ces Fulɓe ? L’activité première que menait le pullo était le pâturage. Le pullo de Djougou en arrivant n’avait rien amené comme bétail, il ne le pouvait meme pas compte tenu des conditions dans lesquelles il avait fuit son pays. Ne pouvant pas laisser sa tradition, il demanda au chef Pila Pila de lui acheter des bœufs à élever (il commença par garder les animaux des ses cohabitants que sont les Yom), ce que celui-ci a fait. C’est pourquoi le pullo de Djougou est aujourd’hui gardien des animaux des autres. Il ne pratiquait pas les travaux champêtres: ce sont les propriétaires des animaux qu'ils garde qui le nourrissaient.

Néanmoins, il y a dans Djougou des Fulɓe qui sont à cent pour cent propriétaires de leurs animaux. Ce sont ceux qui ont rejoint les autres venant de Sokoto et qui sont des étrangers. Ceux-ci sont installés bien après l’indépendance. Le pullo était un homme de confiance. Avec l’évolution du monde, le pullo s’est donné à certaines pratiques, ce qui a laissé que son collaborateur Pila Pila a perdu la première confiance qu’il avait en lui. Il a coupé la ration du pullo qui est alors obligé de travailler la terre pour se nourrir en gardant toujours les animaux du Pila Pila mais cette fois-ci avec contrat (2ème naissance c’est pour le pullo).

(Comme tout autre, le pullo de Djougou a ses moments de loisirs: son habillement, sa coiffure et comment faire sa jeunesse).

- Quel est le rôle des âgés dans le campement ?

Les vieux sont des organisateurs des foyers et du village. En dehors de cela, ils restent dans le campement et veillent à la santé des animaux.

- Que font les femmes ?

Les femmes font toujours les mêmes activités dans les foyers. Elles font les activités domestiques (faire à manger, puiser l’eau) et gèrent le lait (vente, traitement). Ce lait fait la fierté (le bonheur) du debbo pullo.

Coutumes et traditions des peuls de Djougou I

LA JEUNESSE

Les jeunes hommes (rites de passage, dont notamment le goja)

Lorsque le garçon atteint l'âge de puberté (estimé à quinze ans), il a une première cérémonie qu’il doit subir : le port du cache-sexe. Le cache-sexe est confectionné par le père ou l’oncle du garçon. Le jour de la confection, les parents se concertent et prennent une décision. Ce cache-sexe est fait d’étoffes (tissées par des tisserands).

Voici comment le port se fait. Le jour venu (on l’appelle dans une case par un frère ou un ami. Auparavant plusieurs gaillards sont avertis. Lorsqu’il pénètre dans la case, les gaillards se précipitent) on appelle certaines personnes fortes qui maltraitent le jeune et le mettent à terre; puis, on lui porte pour la première fois ce cache-sexe après une lutte âpre. Auparavant, il allait nu. Ainsi on lui apprend les choses de la honte comme s’accroupir s’il salue des grands, savoir quoi dire devant les grandes personnes (Il n’est plus un enfant : il peut aller se flageller et peut aussi chercher à se marier).

Epreuves de flagellation (goja)

(Après, le jeune se livre à la flagellation goja. C’est le lieu où le jeune garçon commence par éprouver son courage).

Première épreuve : ɗarneteeɗi

Il restera débout pour recevoir trois coups. Chaque coup a sa signification :

- Le premier coup représente les douleurs qu'il a senti le jour qu’on coupait son nombril

- Le deuxième coup la douleur éprouvées déjà lors de sa circoncision

- Le troisième coup la douleur de la lutte du jour du port du cache-sexe

Deuxième épreuve : camacamali

Cette épreuve est la plus difficile et la plus dangereuse. Au cours de cette épreuve, on tape l’adversaire là où on trouve, à lui de se défendre en parant les violents coups qu’on lui envoie.

C’est surtout à ce moment que les jeunes filles comme les jeunes garçons se convoitent. Il n’est plus un enfant ; on lui confie la direction du troupeau. Il organise ses jeunes frères pour que chaque jour les animaux soient rassasiés et il travaille dans les champs pour nourrir les parents. De plus, il cherche à se marier. En effet, lorsqu’il voit une fille qu’il aime quelque part (au marché ou lors d’une cérémonie) il se renseigne (où se trouve son campement et promet à la fille de passer la voir le même soir chez elle ou quelques jours plus tard) et il va chez elle. (Si le garçon ne va pas chez elle, c’est qu’il ne l’aime pas). Alors le soir venu, vers vingt heures, il se pointe à l’ouest de la maison de la fille, s’accroupie puis salue « on kiiri jam », ce qui signifie comment passez-vous la soirée ? (étymologiquement « vous passez un soir en santé ? ») puis les parents disent à la fille « un de tes amis te salue ». Elle comprend aussitôt et va voir le garçon. La maman aurait déjà dit tout à sa fille sur comment on reçoit un garçon. Elle va, salue le garçon, puis prend les noix de colas ou du tabac en poudre que le garçon a ramené aux parents. Elle retourne vers le garçon, le fait lever et lui montre une case où il va se reposer en attendant de la fille qu’elle finisse ses travaux de ménage. Plus tard, la fille le rejoint dans la case et ils causent durant toute la nuit (sans tenir de relations sexuelles). Si la jeune fille n’a pas l’amour du garçon, elle le flatte et va dormir auprès de sa maman (après quelques heures de causerie, elle dit au garçon « je vais faire ci et ça et ne revient plus »). Le garçon passe la nuit noire, seul. Le lendemain, il rentre tout triste. Certains ne se décourage pas. Mais si la fille aime le garçon, ils restent ensemble (elle passe la nuit avec le garçon ; parfois même si elle accepte des relations sexuelles avec ce garçon) et le lendemain elle peut demander qu’il accompagne ses parents aux champs (où il se sacrifie sérieusement. Difficilement il mange ce jour. Mais la fille lui amène à manger le midi aux champs. Lorsque les parents verront leur fille amener le manger, ils quittent les champs pour que le jeune puisse manger. Ou bien, il rentrent à la maison avant pour que le garçon puisse manger dans sa case d’accueil et se reposer). Le garçon passe une deuxième nuit (ils peuvent même fixer la date du mariage). Le troisième jour, elle accompagne le jeune homme et rentre chez lui (il dit à ses frères « mi suɗii mo », ce qui signifie que « je l’ai couverte – avec mon pagne ?-). À son arrivée à la maison, il dit à ses frères, à l’âge de puberté, l’engagement qu’il a pris avec cette fille. Les derniers n’iront pas alors pas chez la fille (là ils n’ont plus droit de courtiser cette fille. Plusieurs garçons peuvent aller chez elle mais parmi eux, elle sait celui qu’elle aime).

Quels sont les signes qui identifient l'âge de puberté d'une fille peulh?

À 12 ans, la fille porte la coiffure appelée jonjoofa. À 15 ans, lorsque les parents s’aperçoivent que leur fille est grande, on la coiffe (tutukaare). Comment de présent cette coiffure ? on rase les deux cotés de la tête en rond puis on lui fait une tresse au front qu’on appelle sopoodu qui signifie qu’elle a l’age de recevoir les amants chez elle. Puis plus tard, on lui fait des tresses appelées gati (à 18 ans). Avec la coiffure de gati, elle est grande et peut accepter les garçons chez elle. Elle peut se marier et devenir yeraajo, « dame » d’un homme. Mais comment se présentent ces tresses ? On les tresse en ligne sur sa tête mais très fines et elle commence par porter le foulard sur sa tête sinon elle n’en portait pas.

LE MARIAGE

Un vieux m’a dit un jour que: « L’argent nous a plongé dans une très grande erreur qui nous aveugle » (« l’argent a laissé que nous ne suivons plus la vérité des choses »). En effet, les gens ne respectent plus la tradition et vendent leurs enfants au lieu de suivre la réalité. Sinon, il y a deux sortes de mariages :

A. Rikaaki (rikaago). Lorsqu’une fille et un garçon se sont aimés, ils peuvent se marier prématurément en se fixant rendez-vous quelque part et se suivent jusqu’au domicile du garçon. C’est un rôle d’homme. (c’est une sorte de vol, c’est pourquoi vous entendez parfois qu’une fille est volée). Cette pratique fait que l'on qualifie le Peulh de Djougou de voleur des femmes. Elle est une action malhonnête, je n’insiste pas car nous sensibilisons les jeunes à laisser cette chose. Mais ce qu'il faut savoir c’est que le jour que le garçon ramène la fille, il informe à ses parents en leur indiquant le campement duquel il l’a ramenée. Les parents du garçon vont vers les parents de la fille quelques jours après. Ils disent: nous vous avons volé votre fille (ils réunissent la famille et décident qui ira voir les parents de la fille, puis font le tour de la parenté et des autres aspects qui pourraient empêcher le mariage. Mais si un petit problème se révèle, on reprend la fille. Dans le cas contraire, on procède aux mêmes cérémonies d'un mariage normal). (C’est pourquoi nous sommes venus pour vous en informer pour que vous ne soyez pas troublés. « Votre fille est avec nous » - cette phrase traditionnelle permettra aux deux familles de faire le tour des choses qui peuvent empêcher que la fille reste dans leur maison. Si aucun problème ne se révèle,) les beaux parents amènent 24 noix de colas et une somme de 220 F. Cela symbolise l’accord de mariage du garçon consenti pour les deux familles.

B. Le deuxième mariage est celui qu’on célèbre normalement (un mariage normal est honorant). Le mariage se célèbre en deux temps.

1. Premier temps : koogal (mariage)

Les parents du garçon envoient 24 noix de colas aux parents de la fille, une somme de 220 F ce qui symbolise leur engagement. Il faut que ces noix de colas soient acceptées avant de parler de mariage proprement dit. Le jour que ces colas sont acceptées, c’est une joie dans le cœur de l’amant. On dit « gorroje jaɓaa ma » (les noix de colas nous acceptons). La famille de la fille distribue des colas dans les deux familles à savoir les cotés des oncles maternels et paternels (aux oncles maternels de la fille on dit que la fille a été choisie). Puis ensemble avec les parents du garçon, ils fixent la date du prochain mariage. Les prétendants annoncent à leurs alliés le programme ainsi que les prétendus. Le jour du mariage même, les parents du garçon amènent un taurillon, un pagne traditionnel tissé, un autre multicolore, du lait dans une calebasse et des cauris (1000). Les pagnes et les cent cauris sont rangés dans une calebasse qu’une jeune dame porte sur la tête. Vers vingt heures ils se suivent en cortège jusqu’à la maison de la fille. Entre temps, la fille vide les lieux et va rester quelque part. Elle ne doit pas voir comment on célèbre le mariage et ne doit surtout pas coûter à la nourriture préparée à l’occasion. Le garçon aussi.

À l’arrivée du cortège qui arrive vers l’Ouest, annonce leur arrivée quatre fois en prononçant salaama leekum. Les parents de la fille font semblant de rien entendre (en ce moment les parents de la fille ne répondent pas. Le silence explique qu’ils sont les propriétaires). Ils ne répondent pas aussitôt. Quelques minutes plus tard, ils désignent un homme (dans la famille de la fille) pour aller à leur rencontre (du cortège de la famille du garçon). Ce dernier a en main une lampe en argile. Lui à son tour s’arrête à cinq mètres du cortège. Le cortège se rapproche de lui à petits pas et prononce encore salaam leekum. Il répond au cortège et dit « On jaɓaama » ce qui signifie « nous vous recevons et vous acceptons chez nous ». Tout le cortège s’agenouille et salue l’envoyé puis lui il le dirige vers la cabane aménagée pour eux. Ils déchargent leurs colis puis se dirigent vers le groupe des parents de la fille et de loin, prononce encore cette phrase. (On leur aura donné un gros bol de riz accompagné de viande. Ils ne mangent pas ce riz avant que le mariage ne soit célébré). Ou auparavant, ils refusent tout le manger qu’on leur aura présenté. Ils déposent les pagnes et le lait qu’ils ont amené. On étale les cauris sur un plat tressé en rafia puis deux personnes une de chaque coté des deux familles mettent la main dans le plat de cauris. Puis un d’entre eux commence par dire :

Mi hawtii daudu e yanima der fallila, der nyaamu e yaru, der murmurtiroy, der ɓayŋu e taaniraaɓe. Jama julɓe on seedaka na ? (ce qui signifie « j’unis x et y selon la loi, l’amour le bonheur beaucoup d’enfants. Etes-vous témoins ? » (4 fois). Les autres répondent : Men seedake. Puis on délaie le cobbal avec du kossam on donne du plus âgé au plus jeune à boire à tour de rôle une gorgée chacun. On égorge le taurillon, les parents du garçon prennent la moitié de la viande sans les entrailles et rentre chez eux (Le garçon et la fille ne sont pas présents sur les lieux et n’ont pas droit à la viande). Le mariage est ainsi terminé. (quelques jours plus tard la fille quitte la maison où elle était réfugiée et revient chez son père). Deux semaines plus tard, ils (la famille du garçon, ndr) reviennent pour chercher définitivement leur femme : c’est ce qu’on appelle Tayŋal.

2. Deuxième temps : tayŋal

Après deux semaines, les sœurs du garçon vont chercher leur femme qui est restée chez elle depuis la célébration du mariage. Le jeudi ou le samedi sont des jours de tayŋal (que le Peulh considère de bonheur. Tous les autres jours sont maudits). À leur arrivée, elles se présentent et disent le but de leur arrivée. La nouvelle mariée se prépare et elles se suivent pour rentrer chez son mari qui d’avance aura aménagé sa case ronde ou rectangulaire. La nouvelle femme ne mange pas la viande, jusqu’au moment où elle aura fait un enfant. Mais que fait-elle lorsqu’elle tombe grosse ?

3. Boofogal

Lorsque la femme tombe grosse, au septième mois elle quitte sa maison conjugale pour rejoindre ses parents. Elle restera là-bas jusqu’au jour de son accouchement. Déjà à neuf mois, la mère du garçon (ou la marraine s’il n’y a plus de mère) achète tout ce qui est condiments. Le lendemain en même temps elle amène ces condiments chez les parents de la fille ce geste s’appelle barka. Le sixième jour la nouvelle mère amène le nouveau né chez son père pour être baptisé.

4. Pemmol (baptême, ndr)

Ce jour, on passe le lait sur la tête de l'enfant, puis on le rase. Après on met de la crème de lait en petites boules sur un plat en rafia appelé beɗol. Un vieux passe son doigt sur la crème dans sa paume frotte les deux mains puis bénit il passe cette crème sur sa même tête. Les autres le font également puis on délaie le cobal que tous les participants boivent.

5. Laboy

Plusieurs arrivées plus tard, il donne le nom à tous les enfants qu’il a eus dans sa vie. Il distribue des taurillons à chaque enfant. Ce taurillon fera son héritage plus tard. Ce geste s’appelle sukkugo.

Nuances (Précisions, ndr)

Lorsq’une femme a été grosse et qu’elle divorce avant l’accouchement, le baptême se fait dans la maison de la femme quelques années plus tard. Le mari paye un bœuf, celui-ci représente le bœuf qu’il devait donner pendant le mariage. Après le baptême, le même père ramène l’enfant chez lui.

Parfois si une fille est grosse chez son père, on l’envoie dans une autre maison des Haaɓe pour qu’elle accouche là-bas. Cet enfant souvent est appelé joduuru, bâtard.

Conclusion de la première partie

Voilà le commentaire d’un vieux qui vient de conclure son récit : « Tous ces renseignements sont considérés comme vrai et comme pratique du pullo de Djougou. Les religions musulmanes et chrétiennes sont apparues pour que ces pratiques soient délaissées. Je déplore assez le délaissement de ces pratiques. Nous avons adhéré à d’autres mythes qui nous rendent peut-être esclaves et ignorants de nous mêmes africains, de nos mœurs et coutumes. Pourquoi ne pas faire le mariage coutumier et suivre Jésus ou Mahomed ? Le mariage et le baptême coutumier ne vous empêcheront pas d’hériter le royaume de Dieu ».

La conception du vieux vient pour conclure que tous ces renseignements des pratiques du pullo de Djougou sont vraies. Les religions musulmanes et chrétiennes sont apparues pour que ces pratiques soient délaissées. Nous déplorons ce délaissement. Nous pratiquerons les mythes d’autrui qui nous rendent esclaves et ignorants de nous mêmes africains, de nos mœurs et coutumes. Pourquoi ne pas se marier dans la coutume peulh en adorant Jésus ou Mahomed ? Le mariage et le baptême ne nous empêcherons pas d’hériter le royaume de dieu.

L’ENTERREMENT

Le jour où un âgé meurt à domicile (dans un campement) ou à l’hôpital, on l’enterre le même jour. Lorsque le cri annonçant cette mort s’entend, les plus âgés entrent dans la case du défunt et changent sa position puis le couvre de tout son entier d’un pagne. Ils prennent une partie de la natte puis enlèvent un bâtonnet et mesurent la longueur du cadavre puis le remettent aux jeunes qui commencent par creuser la tombe en tenant compte de la longueur du baton. En ce temps, les agés confectionennt le pagne avec lequel le cadavre sera enveloppé et enterré. Chez les Peulhs (fulɓe) de Djougou, ils utilisent le pagne traditionnel blanc tissé par les tisserands ordinaires. Après le creusement de la fosse, on envoie doucement le corps puis on se sert de branches du bois de « karité », arbre spécifique pour l’enterrement, ou bien le « néré ». Ces deux arbres parce que ces fruits ont servi après les avoir transformés à la consommation. Ce sont des arbres de vie. Après quoi les cérémonies se fixent.

1. Keccam (non cuit)

Mercredi, Vendredi et dimanche sont des jours maudits chez le pullo. C’est pourquoi les voisins ou parents vont présenter leurs condoléances à la famille éplorée un de ces trois jours. C’est la même chose si les cérémonies se fixent le mercredi ou vendredi pour les femmes et le dimanche pour les hommes. Le jour arrivé (après trois jours du décès) les gens se rassemblent dans la maison avec le cobal et du lait. Le sorgho est pilé et délayé sans être cuit dont le nom. On donne à boire aux enfants. Après trois jours encore donc six jours, on fait une deuxième cérémonie.

2. ɓannuɗam (cuit)

La cérémonie se fait de la même façon mais ici, le sorgho est cuit après l’avoir pilé et bouilli par les enfants.

3. duaare (prière funèbre)

Si un homme marié meurt, ses femmes restent dans des couvents gardés par certaines personnes. On les dit reniiɓe (et le gardien renuuɗo), jusqu’au jour de cette cérémonie. Ce jour, chaque femme fait un plat qui sera offert à son mari. C’est le dernier plat qu’elle offre. Comment se composent ce plat ?

- Riz + pintade

- Pâtes + poulet

- Cobal + lait

NB : cette composition ne s’intervertit pas.

Au moment où les femmes sont au couvent, il y a celui qui veille à leur manger et un autre dans les cases à couvent qui veille à leur manière de s’asseoir ou de se coucher. Elles portent des pagnes blancs. C’est une femme qui s’occupe de leur manger. Au moment qu’elle prépare, elle ne parle à personne. Et au moment du manger, les veuves laissent aussitôt à manger si quelqu’un les surprenait en train de manger. Cette nourriture est considérée alors souillée.

Les incantations (ce qui se dit au moment qu’on délaie la bouillie) :

« Sammo, dieu du croisé, prend cette eau que nous te donnons aujourd’hui. Que le bon dieu nous laisse en bonne santé nous (que tu as laissés) encore vivants sur cette terre ». On appelle cela roytere ndiyam. Puis on divise les plats c’est-à-dire le contenu de chaque plat en deux qu’on donne en aumône aux marabouts. Cette cérémonie prend fin ainsi. Les veuves sortent de leur couvent et sont libres.

4. Sadaka (aumône)

Le sadaka ressemble un peu à duaare. C’est une cérémonie très ruineuse. Par qui cette cérémonie a commencé et comment elle se fait ?

Cette cérémonie a commencé par les Fulɓe de Nalohou. Dans la première partie nous vous avons fait l’historique ce qui ressort que le Pullo de Nalohou est un réfugié auprès des rois des Yom. Alors ce dernier compte tenu des bœufs qui sont abattus il a copié les habitudes du Yom. Ils ont commencé par abattage des poulets, ensuite des béliers puis à la longue des bœufs.

C’est une cérémonie de plusieurs défunt ce n’est pas comme pour le duraare où c’est pour une seule personne. Ici, on peut compter dix personnes qui sont mortes plus de 30 ans. On compte les années avant de fixer cette date des cérémonies. On invite tous les gendres de la famille pour tuer chacun un bœuf ou préparer un plat. Ceux-ci sont appelés esiraaɓe. Le plat s’appelle wurkuwo.

Le jour de la cérémonie, les membres de la famille surtout les petits fils des défunts viennent dans la maison où se fera la cérémonie appelée moytoy. On apporte une génisse et les petits-fils passent la crème à la main et glissent sur la génisse de la tête à la queue en disant : « Reçois aujourd’hui ce que nous te faisons ». Les femmes passent la main 4 fois, les hommes 3 fois. On immole la génisse. Ensuite les bœufs que les esiraaɓe ont amenés, on montre un bœuf aux petits-fils, les plats seront aussi amenés. On donne une partie de ces plats aux petits-fils. On fait les derniers dons à ceux qui sont nécessiteux. On se dit au revoir avec les tam-tam. Les femmes devancent les hommes avec les colis sur la tête en ligne. Les petits-fils chantent gaaraana en pilant le coobal du matin au soir en faisant la danse autour du mortier.

Conclusion 2ème partie

(missing..)

COutumes et traditions des peuls de Djougou II

L’histoire des peuhls de Djougou de leur arrivée à nos jours est échelonnée d’événements. Dans la première partie de cette histoire, il a été question de leur origine et de leurs coutumes

Cette deuxième partie de l’histoire des peuhls de Djougou fait la suite logique de la première qui parle de :

· L’habitation des Peuhls des Djougou

· L’habillement des Peuhls de Djougou

· La succession des âges des jeunes Peuhls de Djougou

· La flagellation des jeunes peuhls de Djougou.

· Les différents noms donnés aux enfants Peulhs de Djougou à leur naissance

COMMENT SE PRÉSENTAIENT LEURS HABITATIONS

Les premiers Peuhls du Bénin en général et ceux de Djougou en particulier, vivaient dans des maisons faites en paille appelée CEKKEHOL (tchekkehol) En effet, la paille est tressée à l’aide des cordes et enroulée autour des piquets plantés en cercle, en laissant une ouverture qui leur sert de porte d’entrée. Le toit est en paille également avec une charpente constituée de traverses en bois. Dans son intérieur, on constate un hangar appelé JUUJUUKU (djoudjoukou) fait de bois sous lequel est dressée une natte faite de tiges de sorgho tressés sur les quelles est étalée une natte fabriquée en raphia appelé WAAFAAGO qui leur sert de couchette. Le père de famille partage la même couchette que son épouse et un enfant. Le plus souvent, c’est le plus petit qui reste avec eux. Lorsque les enfants commencent par être nombreux, une autre natte est dressée à l’écart pour les plus grands enfants. Lorsqu’un enfant garçon atteint l’âge de puberté, il ne partage plus la case avec ses parents. Sa case lui est construite à l’écart dans la cour de la maison ; et le plus souvent à gauche de la concession dont la porte est dirigée vers l’OUEST.C’est pour que les parents aient un contrôle sur lui. Sur le hangar, sont entreposées les calebasses qui servent à conserver le lait, les ustensiles de cuisine et d’autres objets importants. Une longue corde est attachée entre deux traverses où les vêtements sont suspendus. Une fille également majeure reste dans la case de sa mère. Lorsqu’un garçon vient chez elle, elle le reçoit ailleurs dans une case libre de la maison, ce n’est pas pour des relations intimes, mais pour de simples causeries d’amitié. Cette démarche faite par le garçon prend plusieurs mois avant qu’il ne gagne la confiance de la fille. C’est après cela que les parents du garçon entreprennent les démarches auprès des parents de la fille. Si les négociations s’avèrent positives, ils préparent les nécessaires pour la dote (DARTIRDE) . Elle est constituée d’une calebasse de noix de colas, (100 noix) d’une somme (qui n’a pas un montant fixe) d’un taurillon d’un an au plus

HABILLEMENT DES PREMIERS PEULHS DE DJOUGOU

Avant 1987, les différentes catégories des peuhls de Djougou avaient une manière de s’habiller. C’est à partir de cette année 1987 que les peuhls ont commencé par changer leur manière de s’habiller. Ces différents changements sont remarquablement constatés du côté de la jeunesse.

Le jeune garçon

Dans le récit passé, nous avions dit comment le jeune homme peuhl de Djougou devait apprendre à porter son premier vêtement qui est le cache sexe. Sinon avant cela, il allait tout nu. Après cette étape, le jeune garçon peut s’habiller normalement comme tout autre de son âge. Il se sert d’un pagne tout blanc des tisserands (saataare). Il l’enroule autour de son épaule en faisant un nœud pour le maintenir en équilibre, c’est le ( waanaare) avec son yakaaru ( c’est un bâton bien travaillé en art) qu’il tient, avec un chapeau en raphia appelé ’’malfaare’’ En tant que prévoyant, il a toujours sa torche à la main ou dans un petit sac pour ne pas être surpris par l’obscurité s’il devrait revenir à la maison tard lorsqu’il se déplace. Le jeune peuhl ne se déplaçait pas n’importe comment, Il allait au marché et assistait aux cérémonies. C’est à ces occasions uniquement qu’il s’habillait. Si dans un ménage les jeunes garçons sont nombreux et chacun d’eux ne dispose pas d’un pagne propre à lui, ils programment leurs déplacements pour pouvoir utiliser rationnellement les pagnes disponibles. Pour l’illustrer :

Considérons qu’il y a quatre jeunes dans un ménage qui dispose de deux pagnes, deux les utilisent pour aller au marché à une date donnée, au marché prochain, les deux premiers ne vont pas, ils laissent les deux derniers aller. C’est le même scénario qui se fait pour les cérémonies. Il n’avait pas de discutions entre eux. Ils géraient la situation pour qu’il n’y ait pas dispute entre eux. Car ce serait une honte si la nouvelle se propageait dans le campement. Puis que si la nouvelle se propage, les gents s’auront que le ménage est pauvre, les jeunes du ménage peuvent avoir des difficultés de se marier. Personne ne voudra que sa fille soit mariée dans un ménage pauvre.

La jeune fille.

Comme le jeune garçon, la jeune fille se déplace également nue jusqu’au moment ses parents constatent ses premières menstruations en elle. Elle porte une camisole pour cacher le sang qui sort d’elle. La jeune fille porte un pagne tissé sans chemise mais avec beaucoup de parures au cou, au bras aux mollets aux chevilles des pieds et de foulard sur la tête. Avant cet âge, elle ne portait pas encore de foulard su la tête. C’est ce qui la différenciait d’une femme mariée. Mais en ce qui concerne les filles, chacune d’elles dans le ménage a son propre pagne qu’elle lave régulièrement pour être propre pour que sa pauvreté ne soit pas constatée.

Pour les personnes âgées hommes comme femmes, elles peuvent porter tout ce qui les semble beau. Pourvu que l’habit soit propre.

LA SUCCESSION DES AGES DES PEULHS DE DJOUGOU

Les Peuhls de tout le Bénin ont une même appellation des âges. C’est le nombre d’années qui sépare une génération à la même génération qui diffère d’une région à une autre.

A Djougou, Il faut 3 ans pour une autre catégorie d’âge et 21 ans pour une nouvelle génération. Il faut rappeler qu’à Djougou il y a des Peuhls appelés Maccaale (Matchaale) et ceux appelés Mibbe Fulbe. Chaque groupe a sa manière d’appeler les âges. Lors de la flagellation, les Maccaale ne se croisent pas avec les Mibbe Fulbe, les derniers entrent en danse avant les premiers. Il y a sept (7) différents noms qui sont cités ici de façon chronologique par groupe sociale.

Appellation des Maccaale

Appellation des Mibbe Fulbe

GA’IIRE

DUYUURE

WAAKAARE

ELEWNE

FIBIIRE

DURNUURE

BAMIIRE

BUKKIIRE

JEYAARE

DAYMAARE

KELLIIRE

SEWNEERE

GNAAKIIRE

COOKUURE

Ces jeunes hommes restent ensemble selon leur catégorie d’âge, et entre les différents âges cités plus haut, il y a une plaisanterie parentale qui existe. Lorsqu’ils se rencontrent, ils s’amusent beaucoup. C’est cela qui est appelé SANNASAAKU.

Les femmes n’ont pas de nom pour les âges. Elles connaissent leurs égales dans le campement. Et comme les hommes elles restent ensemble selon leurs âges, elles vont au marché, au champ à la recherche du bois de chauffe, au marigot pour la lessive ensemble.

LA FLAGELLATION

Qu’est ce que sait la flagellation ?

La flagellation est une cérémonie par laquelle des jeunes de même âge se confrontent pour exprimer leur courage avec des chicottes ou bien des gourdins Pour les chicottes, ils utilisent les jeunes pousses de l’arbre appelé JABBI (Tamarindis indica) Pour le gourdin, chacun utilise le jeune pousse de l’arbre qu’il juge résistant, qui ne se casse pas facilement.

Comment la flagellation a été découverte ?

Plusieurs versions m’ont été données par des personnes ressources questionnées à ce sujet. Une d’entre elles semble raisonnable. En effet, les premiers JUGUREEBE arrivés à Djougou ont retrouvés d’autres populations qui pratiquaient leurs cultures. Eux aussi, ils avaient une seule distraction qui était la danse de GOOGEERU ; la danse au son du violon. Elle se pratique le plus souvent les nuits après le dîné, la population se regroupe en un lieu choisi, le violoniste chante et les autres dansent. Les filles, les jeunes garçons et les jeunes dames sont ceux qui dansent. Des personnes âgées ne dansent pas. Les hommes ont constatés que cette manifestation n’avait pas d’ambiance par rapport aux autres ethnies. C’est alors qu’Ils ont réfléchit puis ils ont proposé de vulgariser le jeu des enfants qui consistait à mesurer leur courage en se donnant trois coups de balais de raphia de façon rotative. X donne trois coups à Y, et Y lui remboursent les trois sans qu’aucun d’ entre eux ne présente un signe de peur. Il ne doit pas bouger, ni refrogner la mine, ni crier, ni pleurer. Lorsqu’un de ces signes se constate à travers un des concurrents, il a perdu le jeu. Ce qui est une occasion de honte pour le perdant. Cette séquence concerne les jeunes de 10 à 15 ans.

Les plus grands, de 15 ans et plus utilisent les gourdins, YAKAAJI. Dans la présentation passée les différentes pratiques de la flagellation ont été expliquées.

C’est ainsi que la succession des âges a été inventée. Puisque les enfants le faisaient en considérant leurs âges. C’est ainsi que les âges cités plus haut ont été instaurés et échelonnés. Dans mes recherches, je n’ai pas pu avoir une explication étymologique de ces noms.

A quelles occasions la flagellation est- elle pratiquée ?

Tout au début, (2 siècles passés) elle se faisait lors d’un mariage traditionnel organisé dans un campement peuhl, et pendant l’intronisation d’un chef peuhl. Au fil des temps, des chefs Peuhls appelés JOOMWURO ont été installés un peu partout par des rois propriétaires terriens. Ces Joomwuros pour honorer ceux qui les ont installés, organisent la flagellation devant leur palais pendant les fêtes ordinaires célébrées annuellement dan s les villages. La Tabaski, au début d’une nouvelle année pour ne citer que ces deux grandes rencontre qui regroupe de très grandes foules autour du roi du village.

Qu’elle est l’importance de la flagellation pour le jeune ?

Pour les temps antérieurs, chaque jeune pratiquait la flagellation pour plusieurs raisons :

1- Le jeune homme cherche à intégrer le rang de son âge pour jouir des avantages qui y sont.

2- Il présente son courage en face du publique pour honorer son propre honneur et celui de sa famille, ses proches et même ses amis qui ont le même âge que lui.

3- Le jeune homme qui fait la flagellation a la forte chance d’avoir une concubine avec laquelle il peut se marier plus tard. C’est pendant cet exercice que les jeunes s’envient, et se font des avances amoureuses. Celui qui n’en fait pas, est considéré comme peureux il lui sera difficile de se marier.

Aujourd’hui, les données ont totalement changées et pour causes :

- Les religions ont pris assez de l’ampleur dans tous les villages et villes de la région du Nord du Bénin, c’est le constat qui est observé de nos jours avec l’adhésion de toutes les ethnies à ces religions, c’est ce qui a entrainé le délaissement de nos meurs et coutumes. La flagellation n’a plus sa valeur des ses premières années.

Elle est devenue le lieu de querelles, de bagarres, de haine. J’ai même horreur aujourd’hui d’assister à cette cérémonie qui entre temps faisait l’honneur et la valeur de tous les Peuhls.

- La scolarisation des jeunes Peuhls est aussi la cause du désintéressement de nos meurs et coutumes Peuhls. Ils ne veulent plus être comptés parmi les arriérés du temps. C’est ce que les jeunes scolarisés nous ont laissé entendre, ceux que nous nous sommes approchés. L’honneur, le mariage de nos jours ne passent plus par le respect de nos meurs et coutumes. Il suffit d’avoir ses moyens financiers ou avoir une position importante dans la société.

LES DIFFÉRENTS NOMS DONNÉS AUX ENFANTS À LEUR NAISSANCE

Avant la conversion massive des Peuhls de Djougou en Islam et en Christianisme pour adopter des noms musulmans ou chrétiens, les peuhls de Djougou avaient des noms par lesquels ils répondaient. Ces noms sont de deux ordres.

- Des noms issus de la succession de naissance ; du premier au dernier. Les noms diffèrent selon le sexe de l’enfant.

Liste des différents noms

Noms des sexes masculins

Noms des sexes féminins

Daoudou

Yérima

Sammo

Bana

Asso ou Bio

Biisaou ou Baké

Gouda ou Bani

Kaaya

Djobbo

Goni ou Daado

Seebo

Belou

Meeré

Seebo

-

Les autres noms sont donnés selon une circonstance ou d’un fait constaté et selon le sexe de l’enfant

Les autres noms donnés par circonstance ou par événements

Ce sont des noms qui expliquent des événements qui se sont produits au moment la naissance d’un enfant naissait.

Appellation des noms

Explications des circonstances ou évènements

Joodooma, Joodi(hommes)

Jooda(femme)

Enfants nés après que la mère ait perdu deux premiers enfants nés successivement. Le troisième est appelé par ces noms selon son sexe. Le nom signifie : celui qui est demeuré, resté, assis

Jabbo

Enfant né le 30 ou le31 d’un mois. Le nom signifie : celui qui s’est précipité (il n’a pas attendu le début du mois suivant)

Joddi

Enfant né après trois filles successives mais qui vivent.

Le nom signifie : récompense

Gaou

Enfant demandé auprès d’un fétiche. C’est lorsqu’une femme reste très longtemps sans accoucher qu’elle est amenée après de ce fétiche. L’enfant qui est né est appelé par ce nom qui signifie ; Le pêché

Tchara(homme)

Barki(femme)

Un enfant sorti par les pieds au lieu par la tête

Djiddere

Lorsqu’un enfant est né mystérieusement, les parents le laissent sur un tas d’ordures (pas parce qu’ils ne l’aiment pas) et d’autres personnes le récupèrent en disant qu’ils l’ont acheté. Ils (les parents de l’enfant) font des cérémonies puis ils récupèrent l’enfant. Le nom signifie : Tas d’ordures

Baaba

Un enfant dont le nom coïncide à celui de son père ou à son grand-père selon son jour de naissance

Guétiido

Un garçon né après cinq filles nées successivement.

La signification du nom est la même que Joddi : Récompense.

Tcheedooji(transhumance)

Enfant né au lieu de la transhumance, homme comme femme

Soubaka

Un enfant né au petit matin, une femme

Maoudé

Un enfant né un vendredi, homme comme femme

Soumè

Un enfant né dans le mois de carême, homme comme femme.

SIINIIJO

Une femme de tien noir et belle. Son tien ressemble à la couleur de l’indigo, qui est appelé SIINI

BOURIOU

Un enfant très petit à sa naissance

LOOTCHA

Un enfant très grand à sa naissance

INDÉPENDANCE DU BÉNIN ET ADAPTATION DES PEULS DE DJOUGOU

Les Peuhls ont continué par mener cette vie des années durant avant que le Dahomey, Bénin d’aujourd’hui soit indépendant en Août 1960.

LES PEULHS DE DJOUGOU ACCUEILLENT L'INDÉPENDANCE ET S'ADAPTENT

Mes orateurs Messieurs KOMA Jean âgé de 70, SABI Gabriel âgé de 82 ans et Elhadj TOURE Fousséni âge de 75 ans ont vraiment vécu les jours de l’indépendance du Bénin car ils étaient majeurs déjà. Le résumé de leurs explications montre que le Peuhl de Djougou a toujours gardé son mode de vie d’avant l’indépendance. Il ne s’est plus mêlé de la politique de l’époque. Mais il a toujours contribué au développement du pays en payant régulièrement son impôt annuel. Seuls leurs responsables reconnus par l’administration participaient aux décisions dans le Canton. Peu d’enfants peuhls allaient à l’école à l’époque. Les rares enfants peuhls inscrits à l’école provenaient des familles des chefs peuhls. Les femmes n’allaient pas dans les centres de santé pour des consultations pré et post natale, ni pour l’accouchement. Rare des peuhls possèdent un acte de naissance ou un jugement supplétif. Le premier Président du Dahomey a réuni les populations qui vivaient loin des grandes voies à côté des voies qui ont constitués de gros villages dans le Borgou, mais les peuhls de Djougou n’ont pas bénéficié à ce regroupement. Ces regroupements avaient pour but de créer des infrastructures telles que : les écoles, les centres de santés pour les populations L’administration pouvait également percevoir les taxes facilement auprès des populations. Mais ces prédécesseurs n’ont pas continué son initiative des grands regroupements des populations jusqu’en 1972, l’année à laquelle les militaires ont pris le pouvoir auprès de civiles. C’était la Révolution Populaire du Dahomey

Avant cette année de 1972, les plusieurs enfants peuhls scolarisés (dans le Borgou) sont devenus des cadres de l’état et fonctionnent déjà dans des services. Ce sont eux qui ont pris l’initiative de créer un comité représentatif qui parlera au nom des peuhls du Benin vis-à-vis de l’Etat Béninois. C’est le comité linguistique LAAWOL FULFULDE.

LES PEUHLS DE LA DONGA ADHERENT A L’INITITIVE

La création de ce Comité linguistique a fait la fierté de tous les peuhls du septentrion. Son assemblée générale constitutive a été organisée à Kandi en 1987.Plusieurs peuhls de toutes les régions du Bénin s’y sont donnés. Le premier conseil d’administration de ce comité avait pour président Monsieur ROUGGA Osséni, Instituteur de formation. Le Colonel SOULE Mamam Sambo était le vice. Les peuhls de Djougou ont eux aussi installé un conseil d’administration qui avait à sa tête comme président TOURE Fousseni et DJODI Biyagui le Secrétaire général. Après la mort du Président ROUGGA Osséini, le Colonel Sambo prend la tête de l’organisation en 1989.

POURQUOI LAAWOL FULFULDE ?

Les premiers intellectuels peuhls ont constaté le délaissement important des meurs de la part de la jeunesse montante, le refus des parents des enfants de scolariser leurs enfants, des femmes en grossesse qui ne fréquentent pas les centres les centres de santé et l’ignorance va grandissante, à cause de l’analphabétisme de la communauté. Lors de l’assemblée générale constitutive, les participants ont retenu quatre objectifs principaux pour lesquels les responsables choisis doivent retenir leurs attenions afin que la vie sociale et économique des peuhls change. Il s’agit des objectifs suivants :

· Sensibiliser leurs membres au changement de mentalité,

· sauvegarder les meurs et coutumes des Peuhls,

· scolariser et maintenir les enfants peuhls ; filles et garçons à l’école,

· alphabétiser ceux qui ne sont pas scolarisés.

Les constats flagrants constatés auprès des peuhls étaient :

- Les peuhls se sont donnés à l’alcool, à la consommation de la drogue chez les jeunes, l’abandon du pâturage par les jeunes des ménages, ce qui oblige les chefs des ménages ou les propriétaires des animaux d’engager les manœuvres dont ils ne connaissent pas souvent la provenance et la moralité, comme bouviers qui sont sans expériences dans le pâturage. Ce qui amène aux propriétaires des animaux à répondre régulièrement aux convocations des élus locaux et des Gendarmeries puisque leurs animaux créent des divagations dans les champs des agriculteurs, source de conflits qui finissent par des coups et blessures ou de meurtre.

Ces conflits sont remarqués à Djougou depuis les années 1995 avec l’arrivée des éleveurs nationaux des autres Départements du Pays (le borgou surtout) et des pays transfrontaliers au début des années 2000 venant des pays comme : Le Nigéria, le Niger et le Burkina Faso. Ils ont de très grands cheptels de gros et petits ruminants avec des bouviers sans qualification en la matière. Les jeunes n’ont plus du respect à leurs parents et à leurs supérieurs.

- Les jeunes ne s’accroupissent plus en saluant une grande personne, ils les tendent les premiers la main lorsqu’ils veulent les saluer. Ils ne pratiquent plus la flagellation, ils ne respectent plus le mariage coutumier.

- Les enfants scolarisés dans leur grande partie ne finissent pas leur cousisse scolaire, ils abandonnent l’école pour l’exode vers le Nigéria pour certains, et le Niger pour d’autres. Un phénomène que le peuhl ne connaissait pas au paravent. Les responsables du Laawol Fulfulde ont mené une grande lutte contre ce fléau.

- L’ignorance allait grandissant dans le rang des adultes puisque plusieurs d’entre eux ne sont pas allés à l’école. Pour améliorer cette situation, Laawol Fulfulde a initié les cours d’alphabétisation en Fulfulde dans les campements peuhl du Borgou. C’est très longtemps après que cette initiative a atteint timidement ceux de l’Atacora dont Djougou, par des centres expérimentaux dans les Districts, aujourd’hui Communes. Ensuite, les centres ont été ouverts partout, les campements qui ne pouvait pas regrouper 25 apprenants, pouvait se fusionner avec un autre pour pouvoir réunir les 25 personnes. Chaque apprenant devait se prendre en charge, il doit acheter le matériel pour suivre les cours ; il s’agit de :

- Un livret de lecture et de mathématique, Une ardoise, un bic, un crayon, une gomme, un chiffon, un cahier. Ils cotisent de l’argent entre eux pour s’acheter une boîte de craie et un tableau à chevalet et pour payer l’alphabétiseur.

Cette situation n’a pas durée dans le Bougou. Puisque les peuhls cultivaient également du coton, ils prélevaient dans les ristournes qu’ils recevaient, l’argent pouvant suffire pour organiser la campagne d’alphabétisation de l’année.

Ils en étaient là lorsqu’ils ont eu accompagnement de la Coopération Suisse qui a pris en compte l’alphabétisation. Les apprenants ne se prennent plus en charge.

Les apprenants du Département de la Donga dont la Commune de Djougou fait partie, se cherchent toujours, ils continuent à faire l’alphabétisation par la pratique des cotisations avant d’ouvrir un centre. Voyant ce qui se fait dans le Borgou avec la prise en charge totale des apprenants, il a un grand manque de volonté des apprenants qui cherchent à avoir eux- aussi des Partenaires qui peuvent les accompagner. Avec les séances de sensibilisations organisées depuis son a adhésion, les peuhls de Djougou se sont mieux organisés que par le passé pour réussir les campagnes d’alphabétisation. Ainsi, un comité chargé d’organiser la bonne réussite des campagnes d’alphabétisation a été installée. Avant l’ouverture des centres, le comité se réunit pour faire le point de la campagne de l’année passée, et arrêter le plan d’organisation de l’année en cour. En 2001, une nouvelle organisation est née à Gogounou elle est appelée UDOPER Borgou/Alibori. Trois ans plus tard, Djougou devient membre en part entière. L’activité d’alphabétisation a été prise au sérieux dans Djougou appuyé par l’UDOPER Borgou/Alibori. Dès le démarrage des activités, l’appui a été faite avec le matériel didactique composé de 150 syllabaires.

Depuis 2004 à nos jours à Djougou, les Maîtres alphabétiseurs suivent un recyclage par an leur permettant d’acquérir de nouvelles connaissances avant d’aller dans un centre pour alphabétiser. Le comité définit le lieu de la formation le nombre d’alphabétiseurs à recycler, le montant que chaque centre doit participer pour le recyclage des alphabétiseurs et le nombre de jour que durera le recyclage.

Au premier exercice en 2004, il a eu une bonne volonté de la part des apprenants, 22 centres ont été ouverts avec 550 apprenants dont 270 femmes ; 515 ont été testés dont 208 femmes et 384 sont déclarés alphabétisés dont 172 femmes. Ce fut un exploit considérable. Mais de 2010 à 2012, l’ardeur a beaucoup baissé puisque les apprenants déclarent être fatigués des cotisations.

Il faut souligner que cette alphabétisation a engendré des acquits éloquents. En effet, dans le Borgou, les groupements peuhls des producteurs de coton pèsent leur propre coton et remplissent eux-mêmes leurs décades. Et pour l’ensemble des alphabétisés, ils s’écrivent des correspondances, ils envoient des communiqués ou avis de décès aux radios de proximité écrits par eux-mêmes. Les fils des éleveurs alphabétisés ont reçu des formations en santé animale de base avec des supports écrits en Fulfulde qu’ils exploitent régulièrement. Tous les Peuhls possédants des appareils téléphoniques les manipulent aisément. Dans les boutiques, ils lisent les prix des articles, face aux panneaux de signalisation et des feux tricolores, ils arrivent comprendre ce que chacun dit. Ils saisissent la teneure des informations radiophonique ou télévisuelle.

LES PEUHLS DE LA DONGA CHERCHENT A INNOVER.

Il reste beaucoup de choses pour les Peuhls du Département de la Donga pour qu’ils à l’image des autres du septentrion. Après plusieurs réunions de leurs cadres, ils ont définit quatre grands objectifs innovateurs sur lesquels ils vont s’atteler pour accompagner les communautés peuhls de la Donga.

Ces objectifs sont les suivants :

- Des campagnes d’alphabétisation intensives afin de couvrir les quatre Communes que constitue le Département.

- La conception des documents d’alphabétisation et la traduction des textes pour la post alphabétisation.

- La sensibilisation à la scolarisation et le maintien des enfants de peuhls filles comme garçons à l’école.

- La fréquentation des femmes des peuhls aux centres de santés pour les consultations pré et post natales et le retrait des volets de naissance de leurs enfants.

- La création d’un cadre de concertation et de dialogue entre les éleveurs et les agriculteurs.

Une ONG qui s’occupera des populations de la Donga en générale et des peuhls en particulier est créée. Elle est dénommée provisoirement EN UMMEE ce qui veut dire ‘’ levons-nous’’

Elle a pour objectif de concrétiser les objectifs cités plus haut.

L’ONG EN UMMEE se cherche et est à la recherche des bonnes volontés pour l’accompagner dans ces activités qu’elle veut réaliser. Plusieurs choses ont été faites.

- Rédaction des textes juridiques, Statuts et règlement intérieur déposes à la préfecture pour être enregistrés

- La disponibilité du siège de l’ONG

- Organisation des campagnes d’alphabétisation (avec le système de cotisation des apprenants) avec 12 centres ouverts à Djougou, pour 300 apprenants dont 165 femmes ; 02 centres à Ouaké, pour 70 apprenants dont 25 femmes, 01 centre à Copargo, pour 37 apprenants dont 19 femmes.

Considérant la réussite dans les 15 centres testés, le conseil d’administration de EN UMMEE ONG lors de sa réunion ordinaire du 14 Juillet 2013 au sein de son siège, à proposé de ce qui suit :

· Ouvrir 22 centres dans la Commune de Djougou, 10 centres dans la Commune de Ouaké, 05 dans la Communes de Copargo et 10 centres dans la Commune de Bassila. Soit 47 centres à ouvrir pour 1175 apprenants

· Recycler 47 Maîtres et Maîtresses alphabétiseurs qui seront mis à la disposition des 47 centres à ouvrir.

Face à ce programme, nous avons beaucoup de difficultés pour pouvoir couvrir des dépenses que demande une campagne d’alphabétisation. Celle de 2013/2014, se fera pendant trois mois. Du recyclage des Maîtres à l’ouverture officielle des centres

BESOINS POUR LA CAMPAGNE D’ALPHAB2TISATION 2013/ 2014

Besions

Quantité

Prix unitaire

Total

Apports

personnels

apports

extérieurs

Location de la salle

5jours

5000f

25000f

25000f

________

Prise en charge des formateurs

- Déplacement :

- Restauration

02pers

02pers

3000f

2000f/jr

12000f

allé/retour

40000f

L’ong

Vivres crus

_______

40000f

Prise en charge des Maîtres alphabétiseurs

- Déplacement

- Restauration

47pers

49pers

1500f

2000f

69500f

124.000f

l’Ong

vivres crus évalués à 40000f

______

80.000f

Matériel didactique

- Syllabaires

- Cahiers

- Bic

49

49

49

1200f

200f

100f

58800f

5800f

4900f

_______

5800f

4900f

58800f

______

Besoins dans les centres :

- Tableaux

- Syllabaires

-

- Rémunérations des Maîtres

47

1175

47

20000f

1200f

25000fx 2 mois

540.000f

1.400.000f

2.2250.000

18000f

1.400.000

94.0000f

36000f

_________

1.310.000f

CONCLUSION GÉNÉRALE

Djougou est une ville du Bénin, un pays de l'Afrique Occidentale avec une population de plus de 6.000.000 d'habitants. La ville compte plus de 30 milles âmes parmi lesquelles les peulh (fulɓe).

Ce petit écrit retrace les origines du Peulh (Pullo), de ses traditions et de ces coutumes. C’est une première version qui a besoin d’une suite logique sur les autres aspects de la vie du pullo de Djougou. La suite est en cours de rédaction et elle sera disponible dans les mois à venir pour une compréhension complète de la vie du Pullo de Djougou.

Je remercie les 12 orateurs qui ont disposé de leur temps pour me donner les renseignements sur l’originalité des valeurs et coutumes du Pullo de Djougou. Il s’agit de :

Koma Jean

Aliou Mathieu

Koma Simon

Zato B. Djoudji

Tiga Zato

Kaou Samarou

Adom Barnabes

Koma Etiene

Sabi Djodi

Boni Fidal

Aliou Michel

Je remercie également le Dr. Riccardo Ciavolella pour sa contribution rédactionnelle et conceptuelle de l’écrit

NOTE DU REDACTEUR

Le manuscrit a été écrit entre 2006 et 2010. L'auteur nous a signalé la version qu'il considère comme officielle, mais il nous a invités à y intégrer certains passages d'autres versions qui n'ont pas été recopiés par l'auteur même. Aux yeux du transcripteur, ces versions précédentes présentaient des points outils pour la compréhension du propos qui ont alors été intégrés entre parenthèse et en couleur. Le manuscrit de Djodi Biyagui a été récupéré pendant un terrain de recherche ethnographique à Djougou, dans lequel Djodi a travaillé en tant que guide, interprète et personne ressource. Cette recherche se focalisait sur l'historique des populations peules de Djougou (JugureeBe) et en provenance d'autres régions, leurs relations avec les voisins sédentaires (HaaBe), leur marginalité socio-politique et leur stratégies socio-économique pour faire face à la vulnérabilité. La recherche s'inscrivait plus largement dans le projet ANR ECLIS - Environnement Climat Société (2009-2012).

Created By
Riccardo Ciavolella
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