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MIXITÉ SOCIALE ET PROXIMITÉ : deux facettes de L'action de terrain Rencontre avec Le Rocher Oasis des cités

La mixité sociale est un enjeu pour les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Face aux phénomènes d’exclusion que connaissent leurs habitants, le CGET accompagne les initiatives citoyennes et associatives de proximité. Elles participent à des actions ancrées dans le quotidien des habitants et promeuvent le vivre ensemble et la cohésion sociale. À l’instar du Rocher Oasis des cités et du studio d’enregistrement Ribat, qui allient actions éducatives et culturelles, médiation sociale et insertion professionnelle à Bondy (93). Avec une approche originale et engagée pour ses salariés et bénévoles : vivre et habiter sur place.

Bâtir et nouer des relations de proximité avec les habitants de La Noue Caillet, au nord de la ville de Bondy (93)… C’est la vocation de « Ribat », un projet de l’association Le Rocher Oasis des cités, développé depuis 2014 dans ce quartier en renouvellement urbain.

La démarche est doublement originale : c’est à travers l’installation d’un studio son, en libre accès, que Ribat amène les « grands jeunes » du quartier (les 16-30 ans) volontaires à renouer avec des projets d’avenir et à s’investir dans une démarche d’insertion professionnelle et sociale. Et, c’est en venant habiter dans le quartier que les intervenants de l’association entendent conduire leur action de proximité au plus près de ces jeunes résidents, de leurs besoins et projets.

« Notre studio d’enregistrement est une porte d’entrée vers l’accompagnement que l’on propose. Dans ce quartier d’environ 12000 habitants, le trafic et l’économie parallèle sont fréquents. Certains jeunes ont déjà glissé sur cette pente ou sont au bord de le faire, d’autres sont en décrochage scolaire. Notre studio est un lieu structurant pour s’extirper de tout cela, expose Peter Bogat, responsable de Ribat (nom au double sens : anagramme de «bâtir» et «lien» en arabe). La musique est un intermédiaire facilitateur et un exutoire. À travers un moment musical, collectif ou individuel, le jeune va se livrer et se débarrasser de sa colère pour ensuite commencer à se projeter dans un projet qui va lui redonner confiance. »

Développer le pouvoir d’agir

Et ça marche ! Chaque semaine, le studio d’enregistrement de Ribat reçoit près de 80 jeunes. Moyenne d’âge : 21 ans, une grande majorité de garçons (70 %) mais aussi des filles (30 %) venus s’adonner à la musique. « Ce lieu de rencontre nous permet de créer un lien de confiance et d’enclencher une démarche d’accompagnement social, puis de construire un projet », expose Peter Bogat. L’objectif est de lever les obstacles en amenant le jeune à identifier son « problème » (relations familiales difficiles, logement sur-occupé, défiance envers l’école et les institutions, mauvaises fréquentations…) pour ne pas rester dans l’échec.

« Notre rôle, ce n’est pas de faire à la place du jeune que nous accompagnons. C’est de l’aider à enlever les cailloux dans ses chaussures et de l’amener à entrer dans « l’activation », c’est-à-dire à se projeter, s’autonomiser et devenir acteur de son projet. » Pour ce faire, la petite équipe de Ribat (un salarié, un contrat professionnel et un volontaire en service civique) accompagne le projet d’insertion de A à Z : soutien à la recherche de formation, préparation d’un CV ou d’un entretien, suivi du jeune dans ses débuts en entreprise…

Résultat : en 2018, 34 jeunes ont démarré un projet et 56 autres ont trouvé un emploi ou une formation.

Un quartier en renouvellement urbain

Dans le cadre du nouveau projet national de renouvellement urbain (NPNRU), le quartier de La Noue Caillet, situé à 500 m du canal de l’Ourcq, devrait voir surgir un hôtel d’entreprises dédié à l’innovation et un centre de développement soutenant l’entrepreneuriat féminin ainsi que, côté logement, une offre de type ateliers d’artistes. C’est l’un des cinq quartiers en rénovation de la ville de Bondy.

Vivre dans le quartier pour partager le quotidien des habitants

Au cœur de Bondy nord, Le Rocher Oasis des cités, en plus du studio d’enregistrement de Ribat, mène ses activités grâce à cinq volontaires en service civique, une trentaine de bénévoles et deux salariés, dont Mayeul Coutansais. À 39 ans, il est le responsable de l’antenne du quartier prioritaire La Noue Caillet, où il a emménagé en septembre 2018, avec un bail de trois ans.

« J’ai quitté mon poste de directeur commercial dans le secteur bancaire pour devenir salarié de l’association. L’un de ses principes, c’est de vivre sur place. Avec ma femme, infirmière, et nos cinq enfants de 4 à 14 ans, nous nous sommes donc installés à La Noue Caillet. L’idée de venir vivre dans un quartier de la politique de la ville, ça peut surprendre. Nous n’avions jamais habité en cité, mais nous avons fait ce choix, un peu radical, pour être proches des familles accompagnées par l’association et découvrir des personnes de milieux sociaux, culturels et religieux différents des nôtres.

Ça peut paraître un pari fou, après une vie de confort et aisée. Mais notre démarche consiste à devenir leurs voisins, et parfois leurs amis, et à se mettre au service de ceux qui en ont besoin. Bien sûr, ce n’est pas toujours facile. L’environnement est parfois hostile du fait du trafic de drogue, des codes différents et des conditions de vie difficiles. Mais, nous avons découvert un quartier chaleureux, avec beaucoup de fraternité, contrairement à l’image que l’on véhicule des quartiers. Après six mois, toute la famille est heureuse de ce choix.

Dans notre entourage, certains de nos proches ne comprennent pas notre décision et rejettent notre démarche. Mais d’autres viennent nous voir, et leurs regards changent sur les quartiers populaires et leurs habitants. C’est ça aussi le credo du Rocher : oser la rencontre, choisir l’espérance ! »

Questions à Arnaud de Carmantrand, directeur de l’association depuis 2018

L’association Le Rocher Oasis des cités a dix-huit ans d’existence. Quelle est sa vocation ?

Le Rocher est une association d’éducation populaire, catholique dans son identité et laïque dans son objet socio-éducatif. Elle a été fondée en 2001 à Bondy, en Seine-Saint-Denis, pour agir contre la fracture sociale qui mine les banlieues.

Aujourd’hui, nous avons neuf antennes, situées dans des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). La plus récente a ouvert à Nîmes (30) en septembre 2018, si bien que nous sommes désormais présents dans quatre régions.

Votre démarche en faveur de la mixité sociale est insolite. De quoi s’agit-il ?

Notre engagement est d’aller vivre au cœur des quartiers où l’on agit. Nos salariés ont ainsi emménagé dans l’habitat social des neuf quartiers où Le Rocher est présent. Ce sont des familles ou des jeunes volontaires en service civique qui s’installent sur place, pour un ou trois ans. Cette immersion favorise une authentique mixité sociale et la rencontre avec les habitants de ces quartiers, à qui nous proposons des activités éducatives, sociales et culturelles et un accompagnement de qualité et dans la durée.

Ce « vivre avec » bénéficie à tout le monde. Le Rocher favorise, en effet, le « pouvoir d’agir » des habitants et le « pouvoir d’aller vers » de ses salariés et bénévoles, qui proviennent d’environnements et de milieux sociaux souvent plus favorisés. C’est une démarche de transformation sociale globale : pour les résidents des quartiers en y créant plus de mixité sociale, pour nos salariés et leurs proches en changeant leurs regards sur les quartiers sensibles.

Nous travaillons aussi avec des élus, des institutionnels, des entreprises et des grandes écoles pour partager cette approche. Par exemple, en 2018, nous avons accueilli en colocation 12 étudiants de l’Essec et de Polytechnique, qui ont résidé entre un et neuf mois dans un quartier.

Quel type d’actions menez-vous, concrètement ?

En vivant sur place, nos équipes peuvent proposer un accueil inconditionnel de toutes les personnes qui se présentent au Rocher, co-construire avec elles des activités et des accompagnements qui correspondent à leurs besoins. Il s’agit de soutien à la scolarité pour les enfants, d’aide à l’insertion sociale et professionnelle pour les jeunes de 16-25 ans, de dialogue et d’écoute pour les femmes ou d’alphabétisation pour les adultes, de séjours et de visites culturelles pour sortir de la cité et ouvrir de nouveaux horizons… Nous sommes aussi très présents dans la rue pour proposer des activités ludiques après l’école ou de la médiation sociale avec des tournées de rue, le soir, à la rencontre des jeunes, impliqués dans les trafics.

Accompagnement à la scolarité, organisation d’activités ludiques de rue, café des femmes, sorties culturelles ou de plein air pour les familles, tournées de rues la nuit, visites à domicile... : telles sont les activités proposées par Le Rocher Oasis des cités.

CONTACTS

Ribat - Tél. : 07 57 54 06 28 - ribat.bondy@assolerocher.org - pbogat@ribat.fr

Le Rocher Oasis des cités - Tél. : 01 58 10 74 92 - http://assolerocher.org/

Created By
Communication du CGET - Mars 2019
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Credits:

Merci à l'association pour les photographies : Quentin Pouteau, Thibault Desplats, Le Rocher Oasis des cités

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