En octobre 1970, l’annonce du projet d’extension par André Fanton, secrétaire d’Etat à la Défense Nationale, lors d’un congrès régional UDR (Union des Démocrates pour la République), à la Cavalerie, n’alerte pas les agriculteurs concernés puisque les projets d’agrandissement du camp militaire du Larzac sont récurrents depuis sa création. Mais certains y voient une menace. L’Association de Sauvegarde du Larzac et de son Environnement (présidée par H. Ramade) publie dès mai un Livre Blanc intitulé Les problèmes posés par l’extension du camp militaire. Peu à peu, des prises de conscience diverses ouvrent des champs de réflexion et d’action qui marquent durablement la contestation.
Malgré l’opposition des paysans du plateau, des habitants de Millau ou des industriels, une Déclaration d’Utilité Publique est présentée en octobre 1972. Elle expose le passage de 3000 à 17 000 hectares au bénéfice de l’armée. Elle est suivie d’une enquête préalable destinée à appréhender la situation globale et à expliciter le projet.
Le camp militaire s’étendrait sur 11 communes : Nant, La Cavalerie, l’Hospitalet du Larzac, La Couvertoirade, Millau, Creissels, Saint-Georges de Luzençon, La Bastide Pradines, Saint-Rome de Cernon, La Roque Sainte-Marguerite et Lapanouse de Cernon. 107 exploitations seraient concernées, la plupart liées à l’industrie de Roquefort. Face à un positionnement rigide de l’armée, l’opposition s’affirme et retarde le projet, notamment au niveau juridique avec des avocats tels que F. Roux, Ph. Waquet ou J.J. Felice.
En 1975, le lancement de l’enquête parcellaire signe sa reprise. Une contre-enquête populaire est lancée à Millau par l’Association de Sauvegarde du Larzac. Elle n’empêche pas les procédures d’expropriation qui sont toutefois stoppées face à la détermination des agriculteurs et de nombreux groupes de soutien.
Les procédures reprennent en 1979 et entrainent une concertation populaire à Millau, entre autre. La participation est massive et signe l’opposition au projet. Malgré tout, en avril, les propriétaires reçoivent notification de leurs indemnités d’expropriation. Ils les refusent et contestent les arrêtés de cessibilité et les ordonnances d’expropriation
Ci-contre : Tables de la loi : 1972 ; « Tables de la loi transmises par le tout puissant Debré à son serviteur Moïse Delmas, sur le mont Larzac », Lucha Occitana, Estamperie especiale-Lo Garic, Tarn, (c) Archives municipales, Fonds APAL
L’élection de François Mitterrand à la Présidence de la République en mai 1981 entraine le retrait de l’arrêté de cessibilité des terres en août, marquant l’abandon définitif du projet.
" Larzac 1971-1981 " : une exposition à découvrir à l'Hôtel de Tauriac à Millau du 16 juin au 31 octobre 2021
Crédits :
Textes : Françoise Galés, Catherine Des Boscs
Carte : Françoise Galés
Photographies : Pierre Plattier (c) Ville de Millau ; (c) Inventaire général Région Occitanie. Chloé Thomas (c) Inventaire général Région Occitanie.
Conception : Région Occitanie