Dès le mois de décembre la sentence est tombée, l'année 2020 fut la plus chaude jamais enregistrée en France. Le précédent record datait de 2018, la conclusion est sans équivoque, le réchauffement climatique est bel et bien là.
Ce contexte souligne plus que jamais la nécessité de s'appuyer sur la transition afin de transformer nos modèles économiques, de renforcer la résilience et la cohésion territoriale au sein des quartiers prioritaires.
Le réchauffement climatique, un phénomène avec lequel il faut composer
- Jean Jouzel, chercheur climatologue, ancien vice-président du GIEC
- Guy Chautard, responsable environnement - transition énergétique · ADULM - Agence de Développement et d'Urbanisme de Lille
Une augmentation des températures moyennes se constate d'ores et déjà sur le territoire des Hauts de France. Comme l'illustre le schéma ci-dessous de l'évolution des températures sur la Métropole Lilloise depuis 1945.
Jean Jouzel nous rappelle que les effets du réchauffement climatique s'accompagnent d'une notable intensification des phénomènes météorologiques extrêmes que sont les sécheresses et les inondations.
L'augmentation des périodes de sécheresse ainsi que des épisodes caniculaires ces dernières années favorisent l'apparition de phénomènes dits "météo-sensibles". C'est le cas notamment du risque lié au retrait / gonflement des argiles dont l'aggravation entraîne une fragilisation des constructions. Ce risque est particulièrement prégnant sur le département du Nord et fait régulièrement l'objet d'arrêtés de catastrophe naturelle.
L'intensification des épisodes de canicule met au jour une nouvelle problématique : les ilots de chaleur urbains. Ce phénomène, spécifique au climat urbain, a été explicité dans le cadre d’une étude réalisée par l’Agence de Développement et d’Urbanisme de la Métropole lilloise.
L’analyse cartographique réalisée à l’échelle de la métropole lilloise démontre que les secteurs situés en quartier prioritaire de type "grands ensembles" sont particulièrement exposés à ce phénomène. Ils apparaissent en effet parmi les tissus urbains les plus chauds en période caniculaire.
Réchauffement climatique et inégalités
Comme expliqué par Jean Jouzel, le constat de ces inégalités se situe à divers niveaux :
- Entre États, que les réponses internationales ne parviennent pas à solutionner, par manque d'outils réellement coercitifs en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre ;
- Entre territoires infra-nationaux, cela peut être lié à des spécificités économiques existantes attachées à une filière développée par le territoire en question (exemple des territoires industriels soumis à de nouvelles règlementations en matière d'énergies fossiles, ce qui peut avoir des conséquences sur l'emploi local) ;
- Entre individus, les plus fragiles économiquement sont plus exposés aux évènements climatiques ponctuels tels que les inondations, le retrait/gonflement des argiles.
Une étude récente réalisée par Oxfam et publiée en septembre 2020 qui révèle des inégalités qualifiées d’extrêmes en matière d’émissions de Co2.
Sur le territoire national, l’empreinte carbone des 10 % de Français les plus pauvres est entre 3 et 4 fois inférieure à la moyenne nationale.
Les populations qui sont les plus exposées aux risques issus du réchauffement climatique sont aussi celles dont les modes de vie ont le moins d’impact sur celui-ci.
Faire face à l'urgence climatique, un virage à prendre dans les quartiers prioritaires
Le Développement Durable amène à se projeter sur la ville de demain, ce qui interroge sur la définition de celle-ci dans le contexte du renouvellement urbain.
" Notre action est vertueuse par définition, puisque nous reconstruisons la ville sur la ville, nous maîtrisons l’étalement urbain et l’artificialisation des sols, nous densifions l’espace, tout en améliorant le cadre de vie " Kim Chiusano, responsable du pôle Innovation et ville durable au sein de l’ANRU
La feuille de route nationale pour la Politique de la ville, définie récemment par L’État, ambitionne d’axer d’avantage le renouvellement urbain sur la transition. Sur les Hauts-de-France, l’engagement d’une démarche de Troisième Révolution Industrielle dessine les contours de cette ville durable.
Renouvellement urbain, vers une intensification des projets sur le modèle de ville durable ?
- Jean Benoit Cariou, Chargé de mission Innovation et Transition Ecologique à l'Anru
- Laurent Bernier, Directeur-adjoint service TRI Région Hauts-de-France
Les habitants des quartiers en renouvellement urbain cumulent un certain nombre d’indicateurs de fragilité et de difficultés qui les exposent davantage aux risques et aux nuisances. Les caractéristiques architecturales, urbaines et paysagères de ces quartiers renforcent cette vulnérabilité. C’est le cas notamment des difficultés économiques accentuées par des logements souvent peu performants thermiquement qui pèsent sur le reste à vivre des ménages.
Les objectifs incontournables issus de la règlementation de l'Agence font directement référence à la transition en affichant notamment une volonté de « Viser l’efficacité énergétique et contribuer à la transition écologique des quartiers ». Les opérations visées par les projets de renouvellement urbain peuvent également faire l'objet de "modulations à la hausse" si elles s'inscrivent dans une démarche d'excellence.
En parallèle, les projets de renouvellement urbain peuvent faire l’objet d’accompagnements spécifiques, dont le Programme d'Investissement d'Avenir fait partie, qui déclenchent des financements complémentaires.
Dans cette idée de ville durable, l’agence a lancé en 2020 l’Appel à Projet « quartiers fertiles ».
Un modèle de transition révélant les potentiels du Bassin Minier
- Gilles Briand, directeur d'études, développement opérationnel, Mission Bassin Minier
Terrils, carreaux de fosse, cités minières, chevalements, puits de mines, … une organisation territoriale autour d'une activité unique qui se répète à l'infini, tel est le portrait du Bassin Minier au sortir de l'extraction houillère.
Le Bassin Minier est un territoire emblématique en matière de transition et de résilience puisqu'il a fallu inventer l'après-mine. La transition du Bassin Minier fait des stigmates laissés par cette activité un atout. Cette ambition repose sur une revalorisation des paysages ainsi que sur une reconquête des logements des anciennes cités minières. Cette dernière s'opère grâce à deux dispositifs opérationnels en cours :
- L'Engagement pour le renouveau du Bassin Minier (ERBM)
- Le Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU)
La transition des cités minières, un patrimoine qui retranscrit une histoire singulière
L’Engagement pour le Renouveau du Bassin Minier est un dispositif qui œuvre pour la transition et la réadaptation de ce patrimoine aux modes de vie actuels. Ce dispositif repose sur des logiques d’aménagement d’ensemble, de peuplement, de réintégration dans le fonctionnement global avec un volet spécifique sur la restructuration et la rénovation du bâti.
Rendre les citoyens acteurs des transitions
- Zoé Viarme, animatrice Développement Durable, centre social Carnot Le Portel, ambassadrice du Développement Durable pour le CERDD
- Alexis Montaigne, chargé de mission citoyenneté & développement durable, animateur du réseau AmbassadeursDD, CERDD
- Arnaud Houel, directeur du Pôle Transition, Aménagement et Développement, mairie de Grande-Synthe
Le Centre de Ressource Développement Durable (CERDD) rappelle que « la transition écologique doit aussi passer par une transition démocratique afin de repenser les modes de conduites de l’action locale ».
Le CERDD contribue à cette mobilisation des citoyens grâce à deux programmes que sont :
- Le réseau des ambassadeurs du Développement Durable : réseau qui sensibilise au réchauffement climatique et révèle des mises en application concrètes auprès des collectivités mais aussi des habitants. Le CERDD considère que les quartiers prioritaires est une cible renforcée au sein des ambassadeurs ;
- Les territoires participatifs, dans une volonté d’élargir la dynamique participative.
Sensibiliser et informer
Le centre-social de le Portel prévoit des ateliers de sensibilisation dans le cadre de son programme "Agir pour la planète". Ces ateliers sont la première étape d'un processus qui vise à renforcer la participation des habitants à des actions plus globales proposées sur le Développement Durable. Dans cette perspective des visites de sites de tri et d'enfouissement des déchets ont été organisées.
Accompagner l'évolution des pratiques quotidiennes
Certaines actions démontrent un impact direct sur le reste à vivre des ménages et amènent à changer des pratiques individuelles de manière pérenne. Sur la commune de Roubaix, c'est l'ambition portée par les "familles zéro déchet".
Favoriser l'initiative et l'émergence de projets qui œuvrent pour la transition des territoires
Il s'agit d'amener les habitants à participer à la co-construction de projets qui vont au delà des intérêts et doléances individuels. Les communes de Grande-Synthe et de Loos-en-Gohelle permettent aux habitants d'être à l'initiative de tels projets grâce à des budgets participatifs.
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IREV