Consolat : le petit club de quartier se hisse au National

Jean-Luc Mingallon est président du club depuis 1983, date à laquelle il est arrivé avec l’ambition de le faire monter le plus haut possible. Aujourd’hui, pas moins de 750 joueurs portent fièrement le maillot vert et noir. “Ici on veut faire jouer tout le monde : les gros, les maigres, les noirs, les blancs, les verts ! Bien sûr ils ne vont pas tous réussir dans le foot mais l’essentiel c’est qu’ils jouent”.

Et ils jouent plutôt bien ! L’équipe première a frolé la Ligue 2 la saison dernière et évolue désormais en national. “C’est un club familial et on mise beaucoup sur l’éducation parce qu’il est hors de question que les petits fassent les mariolles. Je veux garder la même mentalité qu’un club de quartier mais depuis la montée en national, il faut que les joueurs aient le niveau. C’est difficile de faire une équipe senior 100% quartier surtout avec les clubs autour qui ferment. On devient un club multi-cités et c’est plutôt bien parce qu’il n’y a plus de bagarres entre les quartiers lors des matchs. Par exemple, lors d’un match Consolat - La Castellane, il y a toujours des joueurs qui se connaissent dans chaque équipe et ça apaise les tensions”.

"On est un club multi-cités"

Jean-Luc Mingallon (président du GS Consolat)

Parmi les tensions il y a celles dues aux rivalités habituelles qui existent entre les différents quartiers de la ville et celles créées par la forte concurrence entre les clubs.

Considérée par ses habitants comme la capitale du foot, Marseille voue, en effet, un véritable culte au ballon rond. Avec près de 70 stades et presqu’autant de clubs, la concurrence est en effet très présente. Un élément qui explique, selon le président du GS Consolat, des liens quasi inexistants entre l’Olympique de Marseille et les clubs amateurs. Pour Serge Taza, élu aux sports dans la mairie de secteur des 1er et 7ème arrondissements de Marseille, cela n’est pas le seul facteur : “ le foot pro n’aide pas du tout le foot amateur de manière générale ! Aujourd’hui, la seule façon pour un club de gagner de l’argent c’est de former de bons joueurs. En plus à l’OM ils ont une politique de stars et veulent des joueurs connus et reconnus ce qui n’est pas pour déplaire aux supporters. On pense parfois, à tort, que les jeunes marseillais sont moins intéressants. Mais, vu que l’OM a été racheté, il parait que la nouvelle direction va favoriser les jeunes du coin... J’espère car ils ont vraiment beaucoup de talent ! ”.

" Aujourd'hui la seule façon pour un club de gagner de l'argent c'est de former de bons joueurs" Serge Taza

Pourtant, le centre de formation de l’OM en voit défiler des jeunes Marseillais talentueux ! Marek Amiri est l’un d’eux. Aujourd’hui capitaine de l’équipe première de Consolat, le jeune homme porte un regard lucide sur le monde du foot.

Portrait du capitaine du GS Consolat : Marek Amiri

Marek Amiri, capitaine de l'équipe (crédit photo : twitter GS Consolat)

“J’ai commencé au J.O St Gabriel, un club de quartier du 14ème arrondissement. J’y suis resté jusqu’ à 12-13 ans et j’ai ensuite intégré le centre de formation de l’OM. Je n’avais pas de contrat pro mais j’ai un peu touché le haut. Après j’ai eu des expériences en Espagne, en Hongrie... Je suis revenu en France où j’ai joué en CFA à Aurillac puis j’ai intégré une équipe professionelle en Algérie.

J’ai arrêté le foot pendant un an parce que j’en avais marre. Ce monde-là m’avait un peu saoûlé. Moi qui suis quelqu’un de simple et bien éduqué c’est parfois difficile de se retrouver avec certaines personnes qui manquent de respect. Quand on touche au monde pro on s’en rend davantage compte qu’en amateur”. Le joueur regrette l’ambiance parfois malsaine qui règne autour de ce sport et ce, quel que soit le niveau. Il avoue avoir perdu la passion qui l’animait durant son enfance et affirme jouer, aujourd’hui “plus par besoin que par passion”. En effet, Consolat évoluant en national, championnat au sein duquel professionnels et amateurs se côtoient, il est courant que les joueurs soient rémunérés. “Bien sûr j’aime le foot et je donne tout une fois que je suis sur le terrain. En plus je joue dans ma ville, à Marseille donc c'est super ! Mais ce n’est plus comme avant. Le foot a changé.

Dès qu’il y a de l’argent en jeu, il y a des problèmes. Sauf que le foot c’est fait pour réunir pas pour diviser !

En plus, je me dis que c’est grave de voir la réaction de certains parents pendant les matchs. Les petits, à cet âge il faut juste les laisser jouer. Mon père ne m’a jamais mis la pression et je jouais parce que j’aimais ça. Aujourd’hui même à entendre les gamins on a l’impression d’être en pro. Si je peux leur donner un conseil, il faut qu’il travaillent bien à l’école, qu’ils ne pensent pas au lendemain, qu’ils jouent par passion, qu’ils jouent pour les bonnes raisons”.

Sara Gaujour

Pourtant, il semble de plus en plus difficile de ne jouer que pour les bonnes raisons tant l’argent a investi le monde du football amateur. C’est en tout cas ce que dénonce fermement le passionné Serge Taza : “il n’y a plus de foot amateur ! Aujourd’hui on a plus des mercenaires du foot que des vrais passionnés”. Alors, est-il encore possible de ne jouer que pour l’amour du ballon ? Peut-on favoriser la passion aux logiques financières ? C’est ce que tentent de faire certains clubs.

Sara Gaujour

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