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À Villeurbanne, à vélo, on dépasse les autos ! Quels que soient les usages, le vélo sort des garages des Grands Lyonnais. Sa part modale est en constante augmentation dans la métropole et Villeurbanne n’est pas étrangère à ce phénomène. Des aménagements structurants accompagnent cette nouvelle mobilité, tout comme le réseau Vélo’v qui va s’étoffer

Au cœur de l’été, l’Index mondial du Vélo Eco-compteur publiait son palmarès annuel des agglomérations où la pratique du vélo augmente le plus. Un classement dans lequel s’est distinguée la Métropole de Lyon puisque, pour la 3e année consécutive, elle en intègre le "Top 5". Et pour cause : sur son territoire, l’usage du vélo affiche une croissance à deux chiffres, avec 25 millions de passages vélo recensés en 2018. Soit une augmentation de 10% par rapport à l’année précédente.

Deuxième ville de la Métropole, Villeurbanne contribue à cette tendance partie pour durer. Le linéaire total des aménagements cyclables est de 65,5 km sur le territoire de la commune. En filigrane, des aménagements structurants qui ont favorisé cette montée en puissance de l’usage du vélo : la ligne C3, qui a permis son intégration dans un axe Tolstoï-Blum apaisé, ou encore le réaménagement du cours Emile-Zola qui intègre des bandes cyclables. Côté Lyon, la création en 2019 d’une piste cyclable à contresens cours Vitton offrira une continuité de réseau aux cyclistes villeurbannais, qui, selon le panel du Baromètre des villes cyclables 2018, sont 77% à préconiser « un réseau cyclable complet et sans coupures ». C’est l’objectif d’une étude en cours menée par la Ville et la Métropole, qui porte sur le prolongement des axes Zola et Blum vers le quartier de la Soie. L’enjeu : le franchissement du périphérique, puis du canal de Jonage. Les travaux de sécurisation conduits actuellement sur le pont de Cusset vont dans le même sens. Ils s’accompagneront d’aménagements cyclables importants sur les rues Baratin et Decorps, jusqu’à la place Kimmerling (livraison fin 2019).

Les nouvelles pistes cylcables rue Emile-Decorps (en haut), rue des Bienvenus (en bas à gauche) et rue de la Feyssine (en bas à droite).

Rejoindre le cours Tolstoï depuis la Doua sans coupures ? Ce sera possible à l’issue des aménagements aujourd’hui menés sur un axe nord-sud majeur, depuis la rue Jean-Baptiste-Clément jusqu’à l’avenue Auguste-Blanqui (via les rues des Bienvenus et Docteur-Rollet). Il s’agit soit de création d’une voie cyclable, soit de mise à double sens pour les voies à sens unique. Ce double sens cyclable a déjà été déployé dans de nombreux quartiers, conjointement avec la mise en place de zones 30. Ainsi, après la place Wilson, la rue du Nord, le sud de la place Grandclément et du secteur de Cusset, la zone 30 Dedieu-Charmettes devrait être livrée fin 2019-début 2020.

Lors de la Convergence Vélos 2019.

Enfin, aux Buers, la première phase de requalification des rues du 8-mai-1945 et de la Feyssine prévoit la création de bandes cyclables bilatérales, entre les rues de Pressensé et Proudhon pour la rue du 8-Mai. Suivra un aménagement plus lourd entre l’avenue Salengro et la rue Proudhon, qui sera réalisé entre 2021 et 2023.

8 nouvelles stations Vélo’v

Levier de l’augmentation du trafic vélo dans l’agglomération, le réseau Velo’v s’étoffe. A Villeurbanne, huit stations seront créées d’ici à 2020, qui s’ajouteront aux 75 existantes. Une seule est prête à ouvrir en cette rentrée, à l’angle des rues du 4-août-1789 et Racine. Les travaux sont déjà visibles sur deux autres sites : Anatole-France/Alsace et Zola/Blum (La Soie). De plus, certaines stations seront agrandies, par ajout de bornettes. Trois ont déjà été traitées : celle de la place Charles-Hernu a été dotée de 12 bornettes supplémentaires, Tolstoï-Florian de 5 et Maisons-Neuves de 10 bornettes.

A ce jour, 8300 abonnés de longue durée sont des Villeurbannais, soit 11% du total, et ils représentent 17% des locations.

Retrouvez notre carte interactive des stations Vélo'v, des associations et professionnels du vélo à Villeurbanne en cliquant ici.

Une grande bourse aux vélos se tient tous les ans devant l'hôtel de ville de Villeurbanne, dans le cadre de la Semaine de la mobilité.

Tous les moyens sont bons pour se déplacer en polluant le moins possible ! Dans le cadre de la 19e Semaine européenne de la mobilité, Villeurbanne propose une bourse aux vélos, avec la Maison du vélo Lyon, samedi 21 septembre, dès 9 heures, ainsi qu’un village de la mobilité. Le Cyclub, La ville à vélo, LPA, TCL ou encore Citiz… Les partenaires seront nombreux pour remettre de la documentation et répondre aux questions des habitants. Réduction de la voiture en ville, évolution des modes doux pour les trajets courts, transports en commun, co-voiturage pour les trajets domicile-travail, ou encore sécurité routière feront partie des thèmes abordés.

Samedi 21 septembre, de 9 heures à 16 h 30, avenue Henri-Barbusse. Pour vendre, acheter ou essayer un vélo, dans le cadre de la bourse aux vélos : se munir obligatoirement de sa carte d’identité. Dépôt et enregistrement des vélos à vendre, de 9 heures à midi. Plus d'informations sur le site de la ville de Villeurbanne

A Villeurbanne, il existe de nombreuses solutions pour faire réparer son vélo ou apprendre à le faire soi-même.

Cyclub : le “do it yourself ”de la mécanique

L'atelier de réparation du Cyclub.

Votre vélo vous fait le coup de la panne et vous n’êtes pas un as de la mécanique ? Pas de panique : le Cyclub est la solution. Depuis 2011, cet atelier associatif propose à ses adhérents de les accompagner à remettre en état leurs montures. Du mardi au samedi, dans l’atelier de la rue de l’Amitié, Pascal Millon et Youssef Behja, les deux techniciens salariés, conseillent et assistent les cyclistes venus pratiquer “ l’auto-réparation ”. Les outils sont mis à disposition ainsi que les pièces détachées, récupérées sur des vélos qui ont été donnés à l’association. Ceux qui peuvent l’être sont réparés, puis mis en vente. A l’arrivée : 800 cycles “ sauvés ” en huit ans ! Le prix de ces occasions varie de 50€ jusqu’à 800€ pour des vélos de course.

Le concept fonctionne si bien que le nombre d’adhérents « est passé de 300 à 600 en moins de trois ans », se félicite le président, Jean-Michel Ruscica. Avec le bureau et les bénévoles, il travaille aujourd’hui à plusieurs “ axes de développement ” du Cyclub.En premier lieu son déménagement, puisque l’association doit quitter les locaux prêtés par l’UCJG qui gère le foyer mitoyen. Une solution est sur le point d’être trouvée et le Cyclub ne devrait pas s’éloigner de Grandclément. Par ailleurs, l’association envisage de diversifier son activité (réparation, vélo-école, animations extérieures, surcyclage…) pour développer des partenariats et s’assurer un avenir.

Cyclub, rue de l’Amitié. Ouvert du mardi au samedi de 10 à 19 h. Tél. : 07 61 05 20 66. Site web : lecyclub.org

Un cluster vélo made in Villeurbanne

Installés à Bel Air Camp, Doctibike (photo ci-contre) et AddBike portent un projet de regroupement d’opérateurs de la mobilité pour lequel « une trentaine d’entreprises ont déjà manifesté de l’intérêt à Lyon et Villeurbanne », annonce Renaud Colin, cofondateur d’AddBike. La mission de ce cluster sera de proposer « des solutions de mobilités actives et durables », mais pas seulement. Le développement commercial, la communication, la recherche ou encore la formation figurent parmi les axes de travail de la future association. Une première réunion doit se tenir en septembre et la création du cluster est espérée avant la fin de l’année. Des recherches de financement sont en cours pour lancer ce projet qui, ambitionne ses initiateurs, se développera à l’échelle métropolitaine, voire régionale.

Des applis pour bien rouler

Geovelo : L’application fonctionne comme un GPS : en activant la géolocalisation, elle permet d’être guidé en temps réel. Geovelo élabore également des itinéraires en fonction de sa pratique (le plus rapide, le plus sécurisé…), calcule des statistiques personnalisées (kilomètres parcourus, vitesse moyenne…) et propose des balades urbaines. D’autres applications existent pour tracer un itinéraire à Lyon : BBBike ou encore OpenRunner.

Vélo’v officiel : Sortie fin mai, l’application permet de libérer un Vélo'v depuis son smartphone, de gérer son compte, de noter son Vélo'v... Il est également possible de s’assurer que le Vélo’v a bien été rendu, de connaître les temps d’utilisation et même d’indiquer ses stations favorites.

« Cette hausse est en quelque sorte un effet de rattrapage »

Matthieu Adam - Chercheur post-doctorant au LabEx IMU, membre du Laboratoire Aménagement Économie Transports

Quelle analyse faites-vous de cet engouement des Grands Lyonnais pour la pratique du vélo ?

Pour une agglomération européenne de cette taille, la Métropole de Lyon partait de relativement loin en termes de part modale (pourcentage de déplacements réalisés avec un moyen de transport donné) et cette hausse est en quelque sorte un effet de rattrapage. Plusieurs facteurs expliquent l’engouement actuel. L’ensemble Lyon-Villeurbanne bénéfice d’un contexte favorable au plan géographique, car la ville est essentiellement plate, et au plan sociologique, car la part des cadres et des professions intermédiaires y est élevée et croissante et que c’est avant tout chez ces populations que l’usage du vélo se développe actuellement. En outre, quatre effets principaux se combinent. Un effet de réseau : plus le réseau cyclable est important et maillé, plus le vélo se développe. Un effet de parc : plus l’offre est variée, plus la pratique augmente. Un effet d’entraînement : plus il y a de cyclistes, plus la pratique entre dans la norme. Et, finalement, un effet de sécurité : l’augmentation du nombre de cyclistes les rend plus visibles, apaise la circulation et justifie la création d’infrastructures.

Comment concilier urbanisation et développement du vélo ?

À condition de lui donner de la place, le vélo peut constituer un des modes de report depuis l’automobile et être un facteur de réduction des risques que la domination automobile fait peser sur les agglomérations (pollution de l’air, nuisances sonores, accidents routiers, ...). Il faut cependant faire attention à ce que la ville soit aussi plus égalitaire : aujourd’hui, le développement du vélo a tendance à renforcer les inégalités territoriales et sociales (il est plus facile de pratiquer lorsque l’on vit et travaille dans les quartiers centraux).

Comment le vélo peut-il s'inscrire dans une mobilité intermodale alors qu’émergent des conflits d'usage ?

Il semble relativement normal que l’évolution des mobilités se traduise par des conflits : les modes sont en concurrence et chacun doit prouver sa légitimité dans l’espace public. Les conflits d’usage sont forts avec les trottinettes, parce que le free floating [libre-service sans borne, NDLR] génère une privatisation de l’espace public et parce que la place de ces véhicules n’est pas encore normalisée dans le trafic. Trop souvent, les automobilistes ou les cyclomotoristes ont des comportements dangereux avec les cyclistes, moins par malveillance que parce que les cyclistes ne sont pas encore considérés comme tout à fait légitimes sur la chaussée.

Pour faire face à la demande, de nouveaux arceaux Vélo'v ont été ajoutés cette année au sud de la place Charles-Hernu.

Le vélo à assistance électrique décolle

L’engouement pour le vélo à assistance électrique (VAE) a un effet certain sur la pratique exponentielle du vélo. « Sur les 2,7 millions de vélos vendus en France en 2018, 338 000 étaient des VAE et la croissance de ce marché est très forte (+21% par rapport à 2017) », explique Matthieu Adam, chercheur en aménagement-urbanisme. Seul hic : son prix, au moins 2 000 € pour un vélo. La Métropole a mis en place des mesures incitatives : une prime à l’achat de 100 € et un système de location, MyVelo’v, dont le réseau Cyclable est partenaire. Au magasin de Villeurbanne, deux voire trois locations sont enregistrées chaque semaine, pour une durée d’un mois ou d’un an. Parfois, elles aboutissent à l’achat d’un VAE.

Un utilisateur de vélo à assistance électrique et sa batterie.

Credits:

Ville de Villeurbanne