C’est l’un des grands paradoxes de ce scrutin présidentiel américain. Officiellement, Donald Trump n'est pas encore assuré de devenir le 45ème président des Etats-Unis. Pour les mêmes raisons, ce n’est pas parce qu’il a été e plus voté par les citoyens américains qu'il a été élu.
En cause, un système électoral américain particulier qui ne permet pas aux citoyens de voter directement pour le candidat de leur choix à la présidentielle comme c’est la règle chez nos voisins français par exemple.
Lors de cette élection présidentielle, 128 843 000 d'américains en âge de voter (sur 231 556 622 potentiels) ont "déposé dans l’urne" de chacun des 50 Etats (plus le district de Columbia où se trouve la capitale Washington), leur bulletin de vote afin d'élire les "grands électeurs". Certains, comme Barack Obama, n'ont cependant pas attendu cet "Election day" pour exprimer leur préférence profitant de la possibilité de voter de manière anticipée. Un privilège accordé notamment en raison du fait que le jour de l'élection présidentielle n'est pas nécessairement férié dans tous les Etats américains.
Vers la mi-décembre, ces "grands électeurs" réunis en collège électoral dans la capitale de leurs Etats respectifs, désigneront officiellement le successeur de Barack Obama.
Pour être élu 45ème président des Etats-Unis, le candidat devra donc obtenir le soutien d’une majorité absolue de ces "délégués", soit d'au moins 270 sur les 538.
Qui sont ces grands électeurs ?
Les grands électeurs sont des citoyens communs nommés par les partis politiques selon des règles pouvant différer d'un Etat à l'autre et votés par les américains afin d'élire ensuite en leur nom le président et le vice-président des Etats-Unis. Généralement proches des partis, ils ne peuvent cependant pas siéger au Congrès ou être membre d'un bureau fédéral.
Les 538 grands électeurs sont répartis entre chaque Etat dans les mêmes proportions qu'au Congrès (100 Sénateurs + 435 représentants à la Chambre), plus trois électeurs pour Le district de Columbia, qui n'a pas le statut d'Etat mais où se situe la capitale Washington.
Une répartition qui varie en fonction de la population. Raison pour laquelle les quatre Etats les plus peuplés, à savoir la Californie (55 grands électeurs), le Texas (38), New York (29) et la Floride (29), ont un poids majeur lors de l'élection présidentielle. La tradition veut que la carte des Etats-Unis se colore de rouge et de bleu au fil des Etats remportés par les candidats. Mais cela peut parfois mener à une illusion d'optique. La densité de population est en effet un aspect important qui peut s'avérer parfois trompeur. En effet de grands Etats en terme de superficie comme le Wyoming (WY), le Montana (MT), mais peu peuplés ne représentent en fait que 3 "grands électeurs". A contrario, le plus petit mais plus peuplé Michigan (MI) représente à lui seul 16 "grands électeurs".
Un système complexe
C'est là que les choses se compliquent. Le jour officiel de l'élection, dans l'isoloir, le citoyen américain vote pour un candidat, Trump ou Clinton, pas pour les grands électeurs. Le candidat qui arrive en tête dans un Etat s'empare de l'ensemble des voix des grands électeurs de cet Etat. C'est la règle du “winner-takes-all”, appliquée partout sauf dans le Maine et le Nebraska où la répartition peut s'avérer moins manichéenne.
Et si les grands électeurs changent d'avis au dernier moment ?
Au moment de désigner le président en décembre, il est arrivé à quelques reprises que certains grands électeurs ne soutiennent plus la paire de candidats (président et vice-président) de leur parti. Ce sont les "faithless electors". Et si dans une dizaine d'Etats l'annulation du vote est prévue dans ce cas de figure particulier, les autres laissent la porte ouverte à ce type de revirements.
Depuis la création des Etats-Unis, ce cas de figure s'est produits à 158 reprises, mais seulement neuf grands électeurs ont renié leur promesse électorale depuis le début du 20ème siècle. Sans que cela n'influence l'issue finale de l'élection.
Reste qu'étant donné le contexte particulier de cette élection présidentielle où le sentiment de rejet est un paramètre non-négligeable, plusieurs analystes ont évoqué la possibilité de volte-face de dernière minute qui, au vu des écarts potentiellement minimes entre les deux candidats, pourraient changer la donne.
Confirmé en décembre, intronisé en janvier
Une fois le vote des grands électeurs terminé, les résultats sont scellés et transmis au président du Sénat. C'est lui qui en fera la lecture, en janvier, devant les membres du Congrès.
Dans le cas où aucun candidat n'obtient la majorité, c'est à la Chambre des Représentants qu'il convient de désigner le président parmi les trois candidats arrivés en tête. Un président qui sera investi deux semaines plus tard lors de l'Inauguration Day, le 20 janvier 2017.
Credits:
Belga/AFP/CC/270towin.com