Loading

Le 9-9bis Un site minier remarquable

L’industrialisation du Bassin minier Nord-Pas-de-Calais s’est faite pendant 270 ans, à partir de 1720 à Fresnes-sur-Escaut où l’on découvre le charbon dans le département du Nord jusque 1990 à Oignies où la dernière fosse est fermée le 21 décembre.

Aujourd’hui, on dénombre encore de nombreux témoins de ce passé minier. Plus de 1200 ont été recensés parmi lesquels: 17 fosses ou vestiges significatifs, 21 chevalements, 51 terrils, 54 kilomètres de cavaliers, 3 gares, 124 cités minières, 38 écoles et groupements scolaires, 26 édifices religieux, 22 équipements de santé, 7 équipements collectifs (salles des fêtes, maison syndicale, équipements sportifs), 3 "Grands Bureaux" de Compagnies minières et plus de 4000 hectares de paysage. Parmi ces éléments, on retrouve le 9-9bis, l'un des cinq grands sites de la mémoire minière, qui est un site complet avec sa fosse, son terril et sa cité. Retour sur son histoire !

Situé à proximité immédiate du 9-9bis à Oignies, le Bois des Hautois était à l'origine la propriété de Madame De Clercq, châtelaine de Oignies (au centre de la photo, entourée de ses enfants). Avec l'aide de son frère paysagiste, elle aménage le parc de son château.

C’est un lieu symbolique car c’est ici même que Madame De Clercq a découvert du charbon pour la première fois dans le Pas-de-Calais en 1842 !

Désireuse d’aménager des bassins pour embellir son parc - mais ayant également conscience de la proximité du Bassin minier déjà en exploitation dans le Nord -, elle fait appel, en août 1841, à l’ingénieur Louis George Mulot. Ce dernier creuse un puits artésien et quand arrive le 7 juin 1842, après quelques mois de prospection, ce n’est pas de l’eau que Mulot et Henriette De Clercq vont trouver, c’est bel et bien du charbon !

Suite à cette découverte, Madame De Clercq crée la Société des Mines de Dourges en 1852 à qui on attribue une concession minière. Cet évènement marque ainsi le début de l’exploitation charbonnière dans le Pas-de-Calais.

La neuvième mine créée par la Société des Mines de Dourges est la fosse 9-9bis. Elle est aussi appelée fosse De Clercq-Crombez en hommage à Henriette De Clercq, décédée en 1878 à Oignies, qui ne connaitra pas la création de cette fosse.
La Cité De Clercq, le carreau de fosse du 9-9bis et le terril 110 (de haut en bas)

En 1928, la Société des Mines de Dourges décide d’ouvrir un nouveau siège dans le gisement des quarts gras et des maigres (région Nord de sa concession).

La construction du site intervient après la Première Guerre mondiale, dans un contexte de redressement économique de la région.

Les bâtiments, réalisés de 1928 à 1932 par Ernest Dellile (ci-contre) et Amas Foby, respectivement architecte et ingénieur en chef de la Société des Mines de Dourges, sont construits en béton armé revêtu de briques rouges dans un style néo-régionaliste.

Les fonçages des puits commencent en 1930 et l’extraction trois ans plus tard, en août 1933.

La salle des douches

La salle des douches d'hier...

La salle des douches, plus communément appelée salle des pendus, était utilisée comme vestiaire. Les douches collectives pour les ouvriers étaient situées de chaque côté de la salle. La ventilation était assurée par les grandes baies visibles en hauteur et des bouches de diffusion d’air chaud aujourd’hui disparues.

L’utilisation de crochets suspendus en hauteur permettait de gagner de la place au sol, de sécher les vêtements avec plus d’efficacité et d’éviter l’intrusion de la vermine. Les mineurs suspendaient leurs vêtements à ces crochets et se lavaient en remontant du fond de la mine ou chez eux.

L’extension de la salle, réalisée au début des années 60 dans le prolongement de l’édifice, est plus ordinaire et rompt la symétrie de la composition de l’ensemble du site. Cette extension est due à la nouvelle affectation des puits 9 et 9bis qui deviennent alors, quotidiennement, le seul accès au fond pour 2500 mineurs. Le charbon, lui, est remonté sur la fosse de concentration n°10 construite à proximité (aujourd’hui, remplacée par la plateforme multimodale Delta 3).

...et d'aujourd'hui !

Au sein de cette salle des douches, on y trouve les bureaux de l'équipe ainsi qu'un box métallique renfermant à la fois un auditorium, un plateau de danse et un instrumentarium. Ces nouvelles salles font écho à la reconversion du site qui se tourne vers la pratique musicale et la valorisation du patrimoine.

Chaque mineur possédait un numéro qui lui permettait de reconnaitre son crochet ainsi que sa lampe.

Les douches collectives

De part et d'autre de la salle des douches, on pouvait retrouver des douches collectives destinés aux mineurs.

Après leur journée de travail, les mineurs couverts de poussière passaient par les douches pour se laver. C'est un endroit très calme en comparaison avec le fond où vrombissent les machines. Ici, le mineur peut parler avec ses camarades. Il y règne une grande solidarité !

Les douches individuelles

Plus loin, retrouvons d'autres douches, individuelles cette fois-ci. Ces douches étaient réservées aux plus gradés (porions, chefs-porions, direction, etc.).

Le cœur de fosse

Les puits 9 et 9bis

L’accès aux puits se fait depuis les deux bâtiments des chevalements. Les chevalements sont de structure métallique de type « avec avant-carré porteur » (tour carré au sommet du puits). Ils sont construits en acier. Leur différence de hauteur est liée à la profondeur des puits : 531m pour le puits n° 9bis et 828m pour le n°9.

Descendre au fond

Le transport des ouvriers et des berlines entre la surface et le fond se fait grâce aux cages d’ascenseur dont les chevalements effectuent le guidage. Au sommet des chevalements, les molettes relayent les câbles métalliques venant de la salle des machines et les renvoient à l’aplomb du puits pour assurer la descente des cages d’ascenseurs au fond.

La cage d’ascenseur du 9 était constituée de 3 niveaux et pouvait contenir entre 25 et 30 mineurs par étage. Les vitesses de descente et montée sont très élevées : entre 9 et 13 m/s selon qu’il s’agisse de transit de personnel ou de charbon.

En 2018, la société ARETEC aidés des anciens mineurs et passionnés de la mine d'ACCCUSTO SECI ont travaillé main dans la main pour remettre en route les molettes du puits 9. Retour en images:

Le 21 décembre 1990

Le 9-9bis est le dernier site minier à avoir cessé son activité dans le bassin minier Nord-Pas de Calais les 20 et 21 décembre 1990. Ce sont trois cent ans d'histoire minière qui se referment ici.

C'est d'ailleurs dans le puits 9 que l'on a remonté symboliquement la dernière berline de charbon du Bassin minier Nord - Pas de Calais. Cette dernière avait été décorée pour l'occasion avec les dates emblématiques de cette épopée charbonnière. Elle se trouve maintenant à la mine-image de la fosse 2 de Oignies.

LA MISE A TERRIL

Le terril est un amoncellement de roches stériles et de déchets qui, remontés avec le charbon, étaient triés en surface. Le charbon d’un côté et le reste était acheminé sur le terril.

Dans la plupart des cas, il s’agit d’un mélange de schistes (ancienne argile chargée d’éléments organiques qui se séparent en feuillets) et de grès carbonifères. La proportion de schistes est d’environ 70%, mais peut descendre exceptionnellement jusqu’à 50% sur certains terrils. S’ajoute à ces principaux éléments une proportion variable de charbon qui diminue au fur et à mesure que les techniques d’extraction et de tri se modernisent.

Après la Seconde Guerre mondiale, un procédé technique basé sur le lavage des matériaux a permis de récupérer la quasi-totalité du charbon contenu dans les anciens terrils.

Le terril 110 est issu de l’activité de la fosse 9-9 bis. Il s’agit d’un terril conique perceptible de loin et marquant résolument le paysage. Plus vaste à l’origine, il a été exploité et requalifié par des opérations de terrassement et de pré-verdissement. Il fait partie de l’Espace Naturel Sensible du Bois des Hautois ainsi que de la chaine des terrils du Bassin minier du nord de la France classée depuis 2016.

Le bâtiment des machines

Le bâtiment des machines

Les compresseurs d’air sont situés dans le bâtiment des machines. Ils envoyaient de l’air comprimé, indispensable aux perforateurs et autres outils utilisés au fond. Ils alimentent des réservoirs verticaux situés entre les deux puits.

Le 9-9bis était équipé de 6 compresseurs à l’origine, 4 sont encore visibles aujourd’hui. Ces compresseurs, de types horizontaux ou verticaux, étaient des machines extrêmement bruyantes, à tel point que le son se répercutait jusqu’à la cité minière située en face du 9-9bis, faisant vibrer les fenêtres des habitations !

Aujourd’hui, à l’emplacement des 2 compresseurs manquants, on peut voir deux immenses socles en béton qui permettait d’ancrer la machine dans le sol (et même jusqu’en sous-sol). Ces machines ont été amenées dans la salle via un pont roulant qu’on peut voir au niveau de la toiture et qui fonctionne encore aujourd’hui.

La machine du 9

Les machines d’extraction des puits n°9 et 9bis sont des treuils à tambour bicylindroconique actionnés par des moteurs électriques. Le principe est tout proche du dérailleur de vélo. Avec différents diamètres d’enroulement du câble, on réduit les efforts de la machine lors du démarrage, surtout pour la remontée des charges quand le câble est entièrement déroulé. Au moyen de deux câbles métalliques relayé par un chevalement, chaque treuil dirige deux cages d’ascenseur en mouvement inverse.

Afin d’atteindre une plus grande profondeur, un treuil plus performant a été installé pour le puits n°9 de 1939 à 1941. Cette augmentation de capacité était un important investissement pour la Compagnie, qu’il fallait rentabiliser. Cette machine plus moderne, fonctionnait en courant continu.

Le machiniste

Cette machine est pilotée par le machiniste qui a à sa disposition une série d’outils lui permettant de manier au mieux sa machine, à l’instar de l’indicateur d’étages par exemple.

Son travail était contrôlé par le tachygraphe Karlik (également surnommé le mouchard) car celui-ci enregistrait tous les mouvements de la machine. Pour communiquer avec le fond, le machiniste communiquait via un système de signaux sonores et lumineux.

Un moment unique

Tout comme pour les molettes, c'est avec beaucoup d'émotion que le treuil bicylindroconique en lien avec le puits 9 a été remis en route en 2018. Un moment unique pour nos anciens mineurs et passionnés de la mine partagés par les visiteurs qui, depuis, ont pu assister à l'une des remises en route lors de nos visites et temps-forts !

En voici un petit aperçu, rien que pour vous:

Les anges gardiens du site

Créée en 1993, l’association ACCCUSTO SECI (Association pour la Création du Centre de Culture Scientifique et Technique de Oignies sur les Sécurités Industrielles) est composée d’anciens mineurs et de passionnés de la mine qui, depuis plus de 20 ans, restaurent et valorisent les machines du 9-9bis, avec aujourd’hui l’aide du 9-9bis. Ils sont présents chaque lundi sur le site afin de continuer leur action et participent également aux temps forts (Journées Européennes du Patrimoine, Rutilants etc.) proposés par le 9-9bis dans un rôle de médiateur/témoins. Ils ont fortement contribué au classement du site aux Monuments Historiques en 1994 et à la remise en route des machines en 2018 comme vous avez pu le voir précédemment.

Transmettre et valoriser l'histoire du 9-9bis, conserver et restaurer les machines du site, voici les missions des ACCCUSTO SECI.

A l'image du 9-9bis, cette industrialisation a profondément bouleversé le territoire du Bassin minier en laissant des empreintes profondes dans le paysage aussi bien sur le plan paysager et naturel que sur le plan du patrimoine bâti. Depuis le 30 juin 2012, Le site du 9-9bis fait partie des 353 éléments inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO au titre de « Paysage Culturel Évolutif », une reconnaissance qui souligne que l'histoire de notre Bassin minier est aussi importante que celle des Rois.

Vous voulez en savoir plus sur le 9-9bis ? Télécharger l'application Échappez en pays minier et laissez-vous guider par Henriette De Clercq.

Retrouvez "Échappées en pays minier" sur l'App Store ou Google Play en téléchargement gratuit.

L'application Échappées en pays minier a été réalisée par le 9-9bis et la Communauté d'Agglomération Hénin-Carvin, avec le soutien de la région Hauts de France.

Created By
Le 9-9bis
Appreciate

Credits:

©Sébastien Jarry - ©Pidz - ©Le 9-9bis