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Cheminées

Dans l'imaginaire collectif, la cheminée symbolise à bien des égards les fêtes de fin d'année . L'image du Père Noël passant par la cheminée pour distribuer des présents aux enfants tient aujourd'hui une grande place dans la mythologie des fêtes de Noël.

En outre, les traditions évoquant d'anciens rites de célébration du solstice d’hiver sont très répandues. Lors de la veillée de Noël, il est de coutume de faire brûler une grosse bûche qui doit se consumer lentement, au moins trois jours, le temps que durent les fêtes de Noël. Selon les régions, on pratiquait diverses cérémonies pour bénir cette bûche qui réunissait la famille autour du foyer. En Languedoc la bûche de Noël se nommait « Soc de Nadal », « Cachefioc » en Roussillon et «Tió de Nadal » en Catalogne.

Quant au traditionnel dessert de la bûche de Noël, il a été inventé au 19e siècle et s’est popularisé après la Seconde Guerre mondiale.

Cheminée de la maison forte du Villard, Le Malzieu-Forain (48).

La cheminée est un ouvrage de maçonnerie, formé essentiellement d’un foyer ouvert et d’un conduit pour l’évacuation de la fumée. Elle fait partie des éléments domestiques qui témoignent de l’amélioration du confort dans l’habitat.

La cheminée est composée d’un foyer qui est l’espace réservé à la combustion, d’un âtre qui est le sol du foyer. D’un contre-cœur qui est la paroi de fond du foyer souvent couverte d’une plaque de cheminée métallique et d’un conduit qui permet l’évacuation des fumées. Le tout est inclus dans un manteau qui renferme le foyer.

Sur le toit on observe la souche de la cheminée qui renferme le ou les conduits et peut être surmontée d’une mitre qui coiffe l’extrémité du conduit et empêche le vent et la pluie d’entrer dans la cheminée.

1 : Centre Hospitalier Sainte-Marie, Rodez (12) ; 2 : Maison, Rodez (12) ; 3 : Collégiale Saint-Louis, Prudhomat (46) ; 4 : Villa Oustau, Aureilhan (65) ; 5 : Maison, Fons (46) ; 6 : Maison, Viala-du-Tarn (12) ; 7 : Palais de la Raymondie, hôtel de ville de Martel (46) ; 8 : Souche de cheminée, Castelnaudary (11)

Au même titre que l’habitat, les cheminées évoluent au cours des siècles. On observe des améliorations techniques mais aussi des changements esthétiques qui rendent compte des styles décoratifs de chaque époque. Leur étude permet de mieux connaître les modes de vies mais aussi de mieux dater les édifices grâce à leurs éléments stylistiques.

À la fin du 17e siècle, le décor de la salle d'apparat du château jeune de Bruniquel (82) est modernisé et la cheminée médiévale (13e ou 14e siècle) est ornée de panneaux de bois sculptés.

Si le foyer est l’espace de vie autour duquel s’organisent les activités domestiques et se retrouvent les individus, ce n’est qu’à partir du 12e siècle que se répand l’usage des cheminées faisant corps avec le bâtiment. Dans le sud de la France, il est très rare de trouver des vestiges de cheminée antérieurs au 13e siècle. C’est majoritairement dans les châteaux ou les demeures urbaines qu’on les observe.

Cheminée murale à hotte, une des plus anciennes conservées dans une demeure urbaine. Maison Romane, Saint-Gilles (30).

Véritable prouesse technique, l’aménagement des premières cheminées était envisagé dès la construction de l’édifice. Au départ conique, la forme des cheminées se modifie à partir du 13e siècle. Plus droite, elles sont plus faciles à réaliser et ainsi se développent plus largement. Au 14e et 15e siècle, on observe des cheminées plaquées contre un des murs porteurs de l’édifice avec un manteau proéminent soutenu par des consoles qui reposent sur des piédroits moulurés en retraits.

Ci-contre : cheminée du 15e siècle dans une demeure à Lectoure (32).

1 : cheminée du château de Cabrerets (46) ; 2 : cheminée du château de Puy Launay (46) ; 3 : cheminée de l'abbaye de Fontfroide, Narbonne (11) ; 4 : cheminée du palais abbatial de Lagrasse (11)

Largement ouvertes et donc mal ventilées, les cheminées du Moyen Âge évoluent. Elles s’encastrent davantage dans le mur et le manteau se rabaisse. Dès le 16e, 17e siècle, les cheminées s’équilibrent, le manteau et les piédroits s’avancent pour ne former qu’un seul bloc.

Cheminée du salon de l'ancien collège Champollion à Figeac (46).

Dès la fin du Moyen Âge, l’usage de la cheminée se repend et devient un élément indispensable de la demeure urbaine. On l’emploie avant tout pour le chauffage et la cuisine. Aussi, la taille des cheminées s’adapte aux dimensions des pièces à chauffer et, pour les édifices les plus importants, un local peut être affecté directement à la cuisine.

En revanche, pour les demeures les plus modestes, c’est un simple foyer au sol qui remplit ces deux fonctions de chauffage et cuisine, au moins jusqu'au 15e siècle.

Cheminées de cuisines :

1 : mécanisme du tourne broche château des Barrayrous Nègrepelisse (82) ; 2 : cuisine du château de Bonrepos Riquet (31) ; 3 : cheminée des cuisines de la maison forte de Monségou (81) ; 4 : cheminée de la salle basse du château de Bonnéry (81) ; 5 : cheminée de la cuisine du château de Fiches, Verniolle (09) ; 6 : cheminée du couvent d'Espagnac-Sainte-Eulalie (46)

Cheminées d'apparat :

1 : château de la Pannonie, Couzou (46) ; 2 : château fort de Castelnau-Bretenoux (46); 3 : demeure dite Maison Get, Vaudreuille (31) ; 4 : château de Longues Aygues, Nègrepelisse (82) ; 5 : château de Sibra, Lagarde (09) ; 6 : hôtel de Solinhac, Montauban (82) ; 7 : demeure à Estaing (12) à garder ? ; 8 : château du Boy à Lanuéjols (48).

Au 19e siècle les cheminées se perfectionnent afin d'utiliser le plus efficacement possible la chaleur dégagée. Les proportions sont améliorées et on place dans le conduit une trappe qui permet d'éviter les courants d'air. Avec la croissance des immeubles, la réduction de la taille des pièces entraine une standardisation des dimensions et des modèles. Les cheminées se choisissent désormais sur catalogue. Le développement du chauffage central entraine le déclin de l'usage des cheminées qui ne conservent qu'une notion de chauffage d'appoint et de plaisir.

1 : villa Les Pins, Olemps (12) ; 2 : villa à Mazamet (81) ; 3 : ancien palais consulaire, actuellement maison régionale de la mer à Sète (34).

Crédits :

Texte et schéma : Christelle Parville, Service Occitan et Catalan, Transversalité, Numérique et Territoires, Région Occitanie.

Photographies : Amélie Boyer, Philippe Poitou, Christian Soula, Emmanuel Ferrand, Jean-Michel Périn, Marc Kérignard, Julien Foltran (c) Inventaire général Région Occitanie ; Alexeï Laurent, Yann Launey (c) Rodez agglomération, (c) Inventaire général Région Occitanie ; Nelly Blaya, Gilles Séraphin, Maurice Scellès, Valérie Rousset (c) Conseil départemental du Lot , (c) Inventaire général Région Occitanie ; Sandrine Pradier, Carole Stadnicki (c) Pays Midi Quercy, (c) Inventaire général Région Occitanie ; Josette Clier (c) Monuments Historiques ; Nicolas Bru (reproduction) (c) Fonds photographique de la Société des Etudes du Lot

Christian Soula, photographe à l'inventaire à travers le miroir d'une cheminée en 1976.

Le petit poème de Chloé, 7 ans :