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Le génocide des Arméniens

Réfugiés arméniens des provinces frontalières de l’Empire ottoman passés en Arménie-russe, dans la région d’Etchmiadzin au début de l’été 1915 (coll. Bibliothèque Nubar).

Déportés dans le désert syrien (photographie Bodil Bjorn).

Enfants orphelins des villages environnants recueillis à Van, en avril-mai 1915 (coll. Bibliothèque Nubar).

Déportés du camp de concentration situé face à Rakka, sur la rive droite de l’Euphrate (photographie Armin Wegner, coll. Musée/Institut du Génocide, Erevan).

Camp de concentration de Der Zor, situé sur la rive gauche de l’Euphrate, face à la ville. Un prêtre prie entouré de déportés (photographie Armin Wegner, coll. des PP Mekhitaristes de Venise).

Convoi de déportés à Akköy, juste avant le site-abattoir des gorges de Kemah où les déportés abandonneront leur chars, les rares hommes présents séparés et exécutés (photographie Viktor Pietschmann, Naturhistorischen Museum, Vienne, DR).

Convoi de déportés essentiellement formé de femmes et d’enfants en route vers les déserts syriens (coll. Michel Paboudjian).

Wagon du Bagdadbahn transférant les déportés arméniens originaires d’Anatolie occidentale vers la Syrie. Ces voitures, destinées au transport de moutons, comportaient deux niveaux, empêchant les déportés de voyager debout (Historical Institute of German Bunk, Eastern office record, 1704).

Saga arménienne gersoise

Par l’intermédiaire de Gérard Karagozian, vice-président de l’Amicale des Arméniens de Toulouse-Midi-Pyrénées, quelques clichés du portraitiste et reporter photographique, Jean Calbabian, présentent l’arrivée des rescapés du génocide arménien à Auch en 1923.

Jean Calbabian est né en 1903 à Trébizonde, sur les bords de la mer Noire, en Arménie turque, cadet d’une famille de 7 enfants. Seul survivant de sa famille en raison de son âge, il fuit vers le sud tantôt à cheval, en chariot ou le plus souvent à pied. Victime de coups de crosse et de coups de poignard, il poursuit une route semée d’embûches sur près de 1200 km à travers la montagne pour atteindre Beyrouth et l’hôpital américain où il est soigné à l’âge d’à peine 15 ans.

Il choisit la France et depuis Marseille est orienté vers le Gers où il arrive en 1923. Il commence une intégration qui passe par l’étude de la langue et le choix d’un métier. Il est d’abord tailleur puis couturier près de la cathédrale et enfin apprenti photographe chez Oscar Lafontan, portraitiste réputé depuis déjà près d’un demi-siècle. Il acquiert la nationalité française et donne ampleur et notoriété à l’affaire de son beau-père puisqu’il a épousé la fille d’Oscar Lafontan dont il aura deux enfants.

Sa réputation se confirme, il est le photographe quasi officiel de la ville d’Auch. On le demande partout et à chaque manifestation publique : Mairie, cathédrale, Préfecture… Il photographie aussi les écoliers du département, les mariages, du plus humble au plus sélect, toutes les personnalités. Dans les années 20, il photographie la saga arménienne qui voit arriver dans le Gers plus de 200 orphelins arméniens qui commencent leur enracinement gersois. Et trois convois entre 1923 et 1925, sont arrivés dans la capitale de la Gascogne environ 200 orphelins arménien, rescapés du génocide de 1915. Arrivés suite à un long voyage via des bateaux sanitaires transitant par Beyrouth puis par Marseille, les Arméniens sont répartis en groupe d’une cinquantaine de garçons pour rejoindre des régions où ils sont supposés trouver du travail.

Dans la France agricole de l’entre-deux-guerres, le monde rural a besoin de bras. C’est le cas de nombreuses fermes gersoises qui recrutent ces jeunes Arméniens. Dans le Gers, les Arméniens ne se sont pas regroupés en communauté, comme ils l’ont fait à Toulouse où la communauté est toujours active. En revanche, aujourd’hui les enfants et les petits enfants, désormais Gascons, ont envie de retrouver leurs racines.

Propriétaire du fond photographique de l’ensemble des Arméniens gersois, Henri Calbabian, fils de Jean, conserve la mémoire de cette migration dont il ne reste plus aujourd’hui beaucoup de témoins encore vivant.

©Jean Calbabian ©Aurélien Ferreira

Credits:

©Aurélien Ferreira