Les Babayagas une autre façon de vivre la vieillesse

La Maison des Babayagas, créée par Thérèse Clerc, militante féministe décédée l’an passée, n’est ni une maison de retraite, ni une anti-maison de retraite. C’est un bâtiment collectif autogéré où 21 logements sont réservés à des femmes de plus de 60 ans.

Derrière ces murs se cache une utopie devenue réalité : la Maison des Babayagas (La Baba Yaga est une figure des contes russes.). Sur les vingt-cinq logements, vingt-et-un sont réservés à des femmes de plus de 60 ans, répondant aux critères d’accès aux logements sociaux. Les quatre autres, à des jeunes de moins de 25 ans lors de l’ouverture en 2012. Ici, les maîtres mots sont citoyenneté, solidarité, féminisme, laïcité, écologie et… autogestion.

Ce vendredi-là, c’est jour de « repas partagé », comme une fois par mois. Qui veut, vient et mange. Des femmes, beaucoup de femmes. Les hommes se comptent sur les doigts d’une main. La porte du hall d’entrée passée, c’est dans une salle pleine de vie que les choses se passent, comme ça, sans chichi. Ça discute, ça installe les tables, la grande nappe rouge à fleurs, les assiettes… Les bons petits plats préparés par les uns et les autres.

La Maison des Babayagas a eu bien du mal à sortir de terre. Difficile de faire entrer dans des cases un projet comme celui-là. Même si l’habitat partagé pour seniors se développe un peu partout en France, l’administration a du mal à suivre. Acheter un terrain par le biais d’une association pour le revendre en différentes parcelles nécessite, par exemple, une paperasse incalculable. Les mentalités changent malgré tout. « Il faut trouver des partenaires qui acceptent l’innovation », explique Odette Menteau. Les Babayagas devront peut-être réfléchir, avec les autorités, à un nouveau type de label…

En attendant, la plupart profitent de cette vie en communauté. D’autres ont plus de mal à se faire au système. Mais les candidates ne manquent pas. Toutes sont unanimes sur une chose : lorsqu’on vous laisse votre autonomie, vous restez indépendant plus longtemps. Continuer à faire ses repas, à prendre sa douche soi-même et, même, créer un jardin potager partagé sont autant de petites choses qui maintiennent dans la vie.

Une dernière chose à imaginer ? « Nous aimerions être à un moment où nous allons réellement faire ce qu’on avait prévu », souligne Dominique Doré. C’est-à-dire, réintroduire dans l’association des Babayagas la notion de réflexion intellectuelle sur le vieillir autrement.

Texte: Alexandra Bourcier / Photos: Thomas Brégardis

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