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Choisis la vie ! Deutéronome 30, 11-20

LECTURE BIBLIQUE

Deutéronome 30, 11-20 (TOB)

11 Moïse dit : « Oui, ce commandement que je te donne aujourd’hui n’est pas trop difficile pour toi, il n’est pas hors d’atteinte.

12 Il n’est pas au ciel ; on dirait alors : ‘Qui va, pour nous, monter au ciel nous le chercher, et nous le faire entendre pour que nous le mettions en pratique ?’

13 Il n’est pas non plus au-delà des mers; on dirait alors : ‘Qui va, pour nous, passer outre-mer nous le chercher, et nous le faire entendre pour que nous le mettions en pratique ?’ 14 Oui, la parole est toute proche de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, pour que tu la mettes en pratique.

15 Vois : je mets aujourd’hui devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur (...) 19 J’en prends à témoin aujourd’hui contre vous le ciel et la terre : c’est la vie et la mort que j’ai mises devant vous, c’est la bénédiction et la malédiction. Tu choisiras la vie pour que tu vives, toi et ta descendance, 20 en aimant le SEIGNEUR ton Dieu, en écoutant sa voix et en t’attachant à lui. C’est ainsi que tu vivras et que tu prolongeras tes jours, en habitant sur la terre que le SEIGNEUR a juré de donner à tes pères Abraham, Isaac et Jacob.

PRÉDICATION DU PASTEUR RUDI POPP

Tout le monde connaît la différence entre un pessimiste et un optimiste (je vous passe l'histoire du verre à moitié plein, à moitié vide) : Le pessimiste est celui qui, entre deux contraires, choisit les deux ; c'est un gars qui regarde des deux côtés avant de traverser une rue à sens unique. L’optimiste est celui qui part en vacances avec ses enfants dans l’espoir de se reposer. Autrement dit : Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l'opportunité dans chaque difficulté.

C'est sans doute pour cette raison que l'on dit que le monde appartient aux optimistes, et que les pessimistes ne sont que des spectateurs. Est-ce vrai pour autant qu'aucun pessimiste n'ait jamais découvert les secrets des étoiles, navigué jusqu'à des terres inconnues, ou ouvert un nouveau chemin pour l'esprit humain ? Je ne sais pas. Mais il semble en effet juste que les optimistes crient sur tout les toits que nous vivons dans le meilleur des mondes possibles. Les pessimistes craignent que cela soit vrai.

En tout état de cause, on dit que le pessimiste est tout simplement mieux informé que l'optimiste, et c'est pourquoi on peut se sentir très optimiste quant à l'avenir du pessimisme. Car un pessimiste n'est jamais déçu.

Or, chers amis, ne croyez pas que je prêche ici le pessimisme, ou bien l'optimisme. Ces deux attitudes sont des formes du fatalisme, cette vieille idée humaine selon laquelle le monde dans son ensemble, et l'existence humaine en particulier, suivent une marche inéluctable, qu'elle soit positive ou négative ; l'idée d'un monde où le cours des événements échappe fondamentalement à la volonté humaine. C'est une idéologie qui au départ vient de ces religions où la fatalité est associée aux "dieux" et au "ciel". Le "destin" y est fixé d’avance par une puissance supérieure aux êtres humains, qui peut être un dieu, ou bien la nécessité naturelle, ou encore les "lois" gouvernant l’histoire. Le fatalisme nie en fin de compte la liberté de choix de l’homme et la possibilité de contribuer par nos choix de vie au bonheur comme au malheur de l'humanité.

Le texte que nous avons lu dans le livre du Deutéronome s'inscrit radicalement en faux contre cette doctrine. Avec la Bible, il ne s'agit pas seulement d'affirmer qu’un choix est possible, mais qu'il est obligatoire ! Dieu te dit : J'ai placé devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur. Choisis la vie !

On est là au coeur de la relation avec le Dieu de la Bible : c'est une vie responsable devant un Dieu exigeant. En entend souvent cette critique que "la religion" en général rendait les gens irresponsables, incapables à affronter la dure réalité, etc. : sachez que le Dieu de la Bible se moque d'une telle religion comme de l'an quarante !

On entend aussi, à l'intérieur des Eglises, l'idée que notre chemin de vie serait tout tracé, qu'il n'y a pas de problème dans la vie que Dieu n'aurait pas prévu d'avance (voire programmé pour nous éprouver), avec la solution clé en main (même si on ne la comprend pas), qu'on n'a donc qu'à se laisser tomber, Dieu nous aurait déjà rattrapé... Non !

Le Dieu de la Bible n'est pas le dieu d’un sort immuable, et la vie avec lui n'est pas une fatalité ! Sa devise pour nous est : Tu es responsable ! Choisis la vie, et ne t'égare pas entre tous les choix que tu auras à faire.

Bien sûr, ces choix ne sont pas toujours des choix de vie ou de mort. Cela commence par des toutes petites choses.

Si tu allais dire un ânerie, ne la dis pas !

Si tu a fait une bêtise, ne la fait plus !

Au quotidien, ces maximes un peu simplistes sont si difficile à appliquer parce qu'elle nécessitent en fait une énergie intellectuelle et physique considérable. Elle nous invitent à anticiper sur nos paroles et nos actes à partir d'une mémoire de la vie qu'il faut savoir entretenir, ordonner, organiser.

Les commandements de la Torah ne sont en fait rien d'autre qu'une façon d'entretenir, d'ordonner et d'organiser la mémoire de la vie humaine, pour nous aider à anticiper sur nos petites âneries et nos grosses bêtises.

Refuser le fatalisme, cela commence donc dans ces petites choses : Reconnaître que des âneries, on en dit un certain nombre ; que des bêtises, on en fait pas mal non plus, et d'essayer de s’en souvenir pas ne pas en rajouter trop.

Mais quand on vient aux choix plus grands, plus lourds, plus pesants, il devient encore plus difficile d'opérer des choix clairs et donc durs. Ce sont des situations que nous vivons comme des épreuves : choisir de continuer ou d'arrêter à travailler dans un domaine qui bat de l'aile ; investir ou non son énergie et son argent dans une affaire dont la réussite est plus qu'incertaine ; vivre ou rompre avec une personne dont on ne partage pas ou plus les aspirations profondes...

Combien de fois avons-nous choisi de ne pas choisir

pour éviter l'épreuve de nos sentiments,

pour "ne pas choquer les gens",

pour garder toutes les options aussi longtemps qu'il n'y en avait plus aucune.

Combien de fois avons-nous dit, devant un choix important, "Je ne suis pas contre, mais je ne suis pas pour", en évitant ainsi d'être exigeant avec nous-mêmes, de prendre nos responsabilités ?

Il me semble que le plus grand des risques dans la quête de la bonne vie serait de dire qu'il ne faut pas choisir, qu'il suffit d'aller un peu dans un sens, puis dans un autre, et de compter finalement sur "sa bonne étoile", sur un "sort favorable", ou d’espérer en un dieu exigu qui décide pour nous, au lieu de se tenir devant l’exigence de Dieu qui soutient notre décision.

L'autre risque, très religieux aussi, serait de croire qu'ayant choisi une fois pour toutes la bonne voie, on est donc incontestablement sur le chemin du bonheur. Or, devant ce texte, notre vie est tout au long de notre chemin posée devant le choix du bonheur et du malheur !

Je me demande finalement si c'est une si bonne nouvelle d'être obligé de choisir. N'est-ce pas plus rassurant que de savoir que le Destin ou un dieu omniscient auraient choisi pour nous ? Nous qui prions Dieu que "Sa volonté soit faite", ne pouvons-nous pas compter un tant soit peu sur le "soutien du ciel" dans nos choix ?

Quand notre responsabilité risque de nous écraser et que les choix nous pèsent, nous pouvons toujours nous souvenir qu'avant tous nos choix, Dieu nous a déjà choisi, et que nous sommes toujours au bénéfice de sa vie avec nous, dans la responsabilité de construire le bonheur.

Dieu ne dit pas : ‘Choisis quelque chose, mon enfant, parce que je ne sais pas quoi faire, moi…’ Il dit : "Tu choisiras la vie pour que tu vives, toi et ta descendance,

en aimant le SEIGNEUR ton Dieu,

en écoutant sa voix et

en t’attachant à lui.

C’est ainsi que tu vivras

et que tu prolongeras tes jours."

Dieu n’impose à personne son choix, mais il propose la trace d'un chemin de vie qui a une orientation, un sens. Tous les problèmes et toutes les difficultés sont loin d'être résolues d'avance, mais la confiance qui nous est faite nous encourage à les affronter comme des opportunités pour connaître notre liberté. Dieu nous veut libres, et il croit en chacun de nous pour y arriver.

Faire des choix, peser toutes les options, se sentir parfois déchiré dans un dilemme : ce sont donc des lieux de la rencontre avec Dieu. Non seulement nous pouvons nous faire confiance mutuellement, puisque Dieu nous fait confiance ; mais puisque Dieu exige le choix, nous pouvons aussi exiger des autres qu'un choix commun soit clairement annoncée et énoncée, expliquée et communiquée.

La Bible, qui paraît si souvent pessimiste par rapport à notre capacité de "choisir la vie", rend fondamentalement superflu toutes les attitudes pessimistes ou optimistes. Dieu n'est ni pessimiste ni optimiste : il croit en toi, en connaissant les écueils et en te les faisant connaître.

C’est cela que veut dire : Il te bénit. AMEN.

Created By
Rüdiger Popp
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Credits:

Inclut des images créées par Cristian Escobar - "untitled image" • Louis Maniquet - "Bubble" • Ludovic Fremondiere - "Swiss Road" • Ante Hamersmit - "son exploring the world" • Joshua Earle - "Exploring the hills of Snowdonia with only a billion stars for company. I don’t remember ever having a clearer night in the UK. It’s moments like these that make me fall in love with photography. A private viewing of one of natures most beautiful displays that I can capture and save forever." • sydney Rae - "untitled image"