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Embolies, AVC, phlébites : quand la pilule est amère Enquête sur le premier moyen de contraception utilisé par les Françaises

Phlébites, embolies, AVC : la lanceuse d’alerte Marion Larat a été la première en 2012 à dénoncer les accidents graves, rares, sous pilule. Qu'est-ce qui a changé depuis ? Quels sont ces risques ? De quelle prise en charge bénéficient les femmes victimes d'accident ? Enquête sur le premier moyen de contraception utilisé par les Françaises. Victimes d'effets indésirables, proches de disparues, associations, gynécologues, médecins, urgentistes, laboratoires témoignent.

Depuis le 3 avril, un nouveau hashtag est né sur les réseaux sociaux : #payetacontraception.

Lancé en plus d’une tribune publiée dans Libération et d'un livre manifeste "Marre de souffrir pour ma contraception", il a pour but de donner la parole "aux femmes en souffrance, qui arrêtent les contraceptions médicalisées car elles ne veulent plus d'effets secondaires", explique sa créatrice la journaliste Sabrina Debusquat, animatrice à Radio France. Les signataires, dont Marion Larat et la dessinatrice Emma, appellent à une grande concertation nationale pour rechercher de nouveaux moyens de contraception, notamment masculins, et inciter les hommes à davantage s’investir sur le sujet.

Fortes migraines, changements de l'humeur, kystes aux ovaires, absence de règles : une quinzaine de femmes ont répondu à un appel à témoignages sur la page Facebook de l'Est Républicain Haute-Saône. Trois rapportent une embolie pulmonaire, un accident vasculaire cérébral (AVC) et un accident ischémique transitoire : des pathologies graves, dont le risque augmente sous pilule, plus particulièrement celles combinant oestrogène et progestérone, de 3e et 4e génération.

En 2012, Marion Larat, handicapée suite à un AVC massif à 19 ans sous pilule, est la première à dénoncer ces risques en médiatisant son histoire et en portant plainte contre le laboratoire Bayer et l'Agence nationale de santé et du médicament (ANSM). En 2014, elle est désignée femme de l'année par RTL/Marie Claire et France 2.

" Gaëlle supportait mal la pilule, au final elle n’aurait jamais dû l’avoir "

20 décès prématurés par embolie sont imputables chaque année aux pilules œstroprogestatives sur plus de quatre millions d'utilisatrices, estime l'ANSM. Un chiffre "sous-estimé" selon l'association des victimes d'embolie pulmonaire (Avep). "Il ne concerne que les embolies à l'hôpital, exclut les AVC et infarctus du myocarde et les décès à domicile", précise sa présidente Florence Markarian.

Au pied des pistes de la station de ski de Métabief dans le Doubs, Chantal Simon, originaire de la région de Chartres, a trouvé un peu de paix au milieu des sapins et grâce au yoga qu’elle enseigne.

"Cela m’apaise", dit-elle. Le 23 novembre 2008, sa vie a basculé quand sa fille Gaëlle est décédée d’une thrombophlébite cérébrale (l'obstruction d'une veine autour du cerveau par un caillot), à l’âge de 24 ans.

Souffrant d'effets secondaires, la jeune femme avait alterné les pilules avant de se voir prescrire un générique de Diane 35. Un médicament contre l'acné utilisé hors autorisation comme contraceptif, dont l'usage a été encadré depuis.

"Nous n’avons pas fait le rapport tout de suite. C’est quand j’ai lu un article de Pierre Markarian, alors président de l’Association des victimes d’embolie pulmonaire attribuable à la pilule, que nous avons pensé qu’il y avait un lien". A l’époque, le scandale Marion Larat n’a pas encore éclaté. La famille saisit la commission de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux. Un processus long et douloureux, marqué par plusieurs rendez-vous auprès d’experts.

" On a entendu que notre fille était en trop bonne santé pour pouvoir faire une thrombophlébite et que c’était elle qui avait demandé à avoir cette pilule contre l’acné, alors qu’elle n’a jamais fait d’acné ! Que les effets secondaires étaient notés dans la notice. En gros que c’était elle la responsable. C’était insupportable à entendre. "

Dans le cas de Gaëlle, la thrombophlébite est imputée à la mutation du facteur V Leiden, une anomalie génétique qui épaissit le sang, contre-indication formelle à la prise de pilule œstroprogestative. "Avant son décès, nous ne savions pas qu’elle avait cette mutation. Toute la famille a fait des analyses. On a découvert que mon mari et mon fils l'ont. Gaëlle supportait mal la pilule, au final elle n’aurait jamais dû l’avoir."

Un dépistage avant chaque première prescription ?

Présidente de l’Avep, fondée en 2009 suite au décès de sa sœur Théodora, Florence Markarian poursuit le combat initié par son père. "Nous ne sommes pas anti-pilule", précise-t-elle d'emblée. "Notre démarche est de prévenir les femmes des risques pour qu'elles puissent faire un choix de contraception éclairé, adapté à chacune." Elle se bat, entre autres, pour que les dépistages d’anomalies de la coagulation soient systématiquement réalisés avant une première prescription.

Théodora (à gauche) est décédée en 2007. Sa sœur Florence Markarian (à droite) se bat aujourd'hui pour prévenir les femmes des risques et pour une contraception adaptée à chacune.
" Théodora est morte en 2007 à 17 ans d’une embolie pulmonaire bilatérale massive. Son gynécologue lui avait prescrit la pilule pour la première fois deux mois plus tôt. Ça a été un choc. Elle était en bonne santé, ne fumait pas. On a découvert qu’elle avait une mutation du facteur V Leiden. Personne ne le savait. "

A la demande de l’Avep, la Haute autorité de santé (HAS) a entamé en 2015 une réflexion sur le dépistage systématique de thrombophilie avant une première prescription. Bilan : le coût de l'examen a été jugé trop élevé par rapport au faible nombre de personnes potentiellement concernées. Un argument difficile à entendre pour Florence Markarian : "Si l'on prend en compte les traitements à vie et les soins des personnes handicapées, je ne suis pas sûre que ce coût soit si élevé".

Au CHRU de Besançon, le professeur Nadine Magy-Bertrand, chef du service de médecine interne, voit passer des jeunes femmes victimes d'accidents thromboemboliques sous pilule pour lesquelles elle réalise ces bilans sanguins, a posteriori. Elle non plus n’est pas favorable à un dépistage de masse. Mais plutôt à une meilleure information lors de la prescription. "Sur le dépistage, les choses bougent tout de même", précise-t-elle : "Il est désormais recommandé de faire le test quand il y a des antécédents familiaux au premier degré."

Médecin généraliste depuis 35 ans à Vesoul, le Dr Christian Silvain estime quant à lui que "la décision d'un dépistage systématique appartient aux organismes de Sécurité sociale. Mais si demain on me demande de le prescrire, et que ça peut éviter des complications, je le ferai". Le médecin met en avant le cocktail délétère tabac-pilule, qui, complété par d'autres facteurs de risque (surpoids, diabète), est explosif. "Pour moi, si une femme fume : c'est pas de pilule."

Dr Christian Silvain, médecin généraliste à Vesoul.

Du côté des gynécologues, premiers prescripteurs, Elizabeth Paganelli secrétaire générale du syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France (Syngof) souligne les efforts faits en matière d'information des praticiens et des patientes depuis 2012, s'appuyant sur des documents récemment édités sur ces sur-risques. Et le Pr Magy-Bertrand de conclure : "Le combat est à mener dans les plannings familiaux où toutes les questions ne sont pas forcément bien posées avant la prescription et où des données importantes peuvent passer à l'as. "

Une meilleure cotation pour une première contraception

Depuis 2017, les gynécologues, médecins et pédiatres bénéficient d'une meilleure cotation, à 46 euros, lorsqu'ils reçoivent en consultation des femmes entre 15 à 18 ans pour une première contraception. Objectif : prendre davantage de temps pour renseigner les patientes sur tous les moyens de contraception existants et les avantages et inconvénients de chacun.

Des retards de diagnostic aux lourdes conséquences

A 25 ans, Elina Faubel est une jeune femme pleine d’énergie. Impossible de deviner derrière son joli sourire et sa voix assurée qu'il y a moins de deux ans, en octobre 2017, elle a failli mourir d’une embolie pulmonaire.

La Mosellane affirme n’avoir jamais été informée des risques cardio-vasculaires lors de la prescription de sa pilule combinée de 2e génération. "On ne m'a rien demandé, juste si je fumais. Je n'ai pas eu de prise de sang alors que ma grand-mère avait fait des thromboses."

Après trois semaines et demi d’hospitalisation, on lui a découvert une mutation du facteur V. Aujourd'hui, elle doit prendre un traitement à vie. "Mais ça ne me dérange pas car je ne veux surtout plus revivre ces douleurs", glisse-t-elle. Son embolie aura été diagnostiquée après une semaine particulièrement éprouvante.

"Lorsque je me suis présentée aux urgences le lundi on m’a fait des analyses d’urine alors que je me plaignais de douleurs thoraciques. On m’a diagnostiqué une sciatique." La jeune femme rentre chez elle, consulte un ostéopathe, place des coussins sous ses côtes pour atténuer la souffrance. Le samedi, elle n'arrive plus à se lever.

"J’ai appelé le Samu. J'ai eu le malheur de parler du diagnostic des urgences, ils m’ont alors dit que ça pouvait attendre, qu’il n'y avait aucun médecin disponible." Inquiète, elle part en Allemagne, où, grâce à une connaissance, elle passe une radio des poumons.

" On m’a dit de retourner rapidement aux urgences en France. Si mon père n’avait pas été là pour m'emmener en Allemagne, si j’avais été seule, j’aurais pu mourir chez moi. "

Arrivée en début d’après-midi, le diagnostic d'embolie sera posé en début de soirée.

Elina serait loin d'être la seule à avoir dû attendre avant d'être soignée. Des AVC pris pour des overdoses, des phlébites prises pour des claquages, des embolies confondues avec des crises d’angoisse ou des dépressions : nombre de témoignages, dont un certain nombre récents, sur les 650 publiés par l'Avep sur son site internet et sa page Facebook racontent ces retards. Avec parfois, des conséquences dramatiques.

"Lorsque ma fille s’est rendue aux urgences à Sèvres, elle se plaignait de fourmis dans une partie du corps. Elle avait du mal à parler. On lui a diagnostiqué de l’angoisse et de l'hypocondrie. Elle est repartie avec des anxiolytiques", se souvient, encore très émue, Chantal Simon.

" Nous avons ramené Gaëlle à la maison. Dans la voiture, elle vomissait. Dans la nuit, ses membres ont commencé à bouger tout seuls dans tous les sens. Elle avait peur. Lorsque j’ai appelé le Samu, ils ne sont pas venus tout de suite car elle sortait des urgences. Ils ont estimé que tous les examens nécessaires avaient dû être faits. Lorsqu’ils sont arrivés une heure après, elle était déjà dans le coma. "

Gaëlle est héliportée au Kremlin-Bicêtre à Paris où elle décèdera quelques jours plus tard, le temps de prélever ses organes. Le 19 novembre 2015, l'hôpital des Quatre Villes de Sèvres a été condamné par le tribunal administratif de Cergy-Pontoise à indemniser les proches de Gaëlle pour faute.

"Pour nous, il y a une vie avant, après. Le plus dur ce sont les fêtes de famille. Il manque toujours quelqu'un. Mon mari ne peut plus en parler. Il va au cimetière toutes les semaines. Mon fils est très angoissé. Son rapport à la médecine a changé. Le conjoint de Gaëlle ne s'en est jamais remis", raconte Chantal Simon.

La prise en charge des femmes en question

Confrontée à ces témoignages, le Dr Muriel Vergne, secrétaire générale de Samu Urgences de France évoque "des bugs à déplorer, dramatiques", indiquant que les risques graves des pilules combinées sont pourtant "connus". "Ce qui joue contre ces femmes, c'est leur âge. Ces pathologies sont plus fréquentes chez les personnes âgées", explique-t-elle.

"L’embolie est très difficile à diagnostiquer, elle peut se présenter sous plusieurs formes. L'interrogatoire est important : il faut aller chercher les bons éléments dès le départ, comme dans une enquête. Il arrive que quand on demande aux femmes si elles prennent un médicament, elles ne pensent pas toujours à dire qu’elles prennent la pilule. Il faut insister. On est face à des cas rares et si la symptomatologie n'est pas claire, les médecins n'y penseront pas forcément. Or quand une femme jeune est sous contraceptif et présente ces symptômes, il faut toujours avoir une lumière qui s'allume, avoir ça dans la tête", préconise l'urgentiste.

A Vesoul, Christian Silvain, médecin généraliste, pointe quant à lui un possible "manque d'écoute" et "une possible carence de formation des médecins".

" On estime que la médecine évolue au rythme de 10% des connaissances par an. C'est monstrueux. Or, à l'heure actuelle ne se forme que le médecin qui le veut bien. L'âge moyen des généralistes en France aujourd'hui est supérieur à 50 ans, leur formation date donc en moyenne d'il y a 30 ans ", explique-t-il.

A Lille, le Pr Charlotte Cordonnier, chef de service de neurologie et pathologies neurovasculaires, chercheuse à l’Inserm, a pointé en 2017 dans une étude menée avec d’autres chercheuses européennes des retards de prise en charge des AVC entre les hommes et les femmes.

Le Pr Charlotte Cordonnier, chef de service de neurologie et pathologies neurovasculaires à Lille

Comment se manifestent ces différences ?

"D’une part, on constate que les femmes appellent plus tard les secours, elles vont avoir plus de difficultés à appeler à l’aide, sans doute parce qu’elles ne reconnaissent pas elles-mêmes les signes de l’AVC. Par ailleurs, quand elles arrivent à l’hôpital, les médecins mettent un petit peu plus de temps à comprendre leurs symptômes."

Comment l’expliquer ?

"Les symptômes de l’AVC sont très bien décrits chez les hommes et on a longtemps pensé que les symptômes s’exprimaient de la même manière chez un homme et chez une femme. On se rend compte aujourd’hui que ça n’est pas le cas. Les premières heures de l’AVC peuvent être associées à des symptômes différents chez les hommes et chez les femmes. La difficulté est la reconnaissance de l’AVC. A partir du moment où il est reconnu, il n’y a plus de différence hommes-femmes."

Et chez les sujets jeunes ?

"Le jeune âge rend la prise en charge difficile de l’AVC aussi bien chez les femmes que les hommes. Probablement qu’il y a un biais inconscient de la part du médecin qui se dit que c’est impossible pour un jeune de faire un AVC. Le corps médical n’a pas été éduqué, sensibilisé dans ce sens. Or on sait que les AVC du sujet jeune augmentent autant chez les hommes que chez les femmes à cause des différents modes de vie : exposition à la pollution, aux drogues…"

Vous évoquez également dans l’étude une sous-représentation des femmes dans les essais cliniques. Pour quelles raisons ?

"L’essentiel des données sur l’AVC concerne des hommes à partir de 40 ans. De manière générale, on prend très mal en compte les spécificités liées à cette maladie chez la femme. On la connaît moins bien car on la modélise moins bien. On ne fait que des études sur les animaux mâles, jamais sur des femelles. Et quand on va jusqu’à l’essai clinique, on aura tendance à inclure plus souvent les hommes que les femmes. Pour plein de raisons : en partie liées aux chercheurs et sans doute liées aux femmes elles-mêmes. Quand on propose une étude à une femme, on a plus de difficulté à l’inclure. Peut-être qu’on ne s’adresse pas à elles de la bonne manière."

Depuis l'affaire Marion Larat en 2012, les pilules de 3e et 4e génération ne doivent plus être prescrites en première intention selon les recommandations de l'ANSM et de la HAS. Par ailleurs déremboursées, leurs ventes ont considérablement diminué au profit d’autres moyens de contraception : stérilet, implant et préservatif. En 2013, l’Agence de sécurité du médicament estimait ainsi à près de 350 le nombre d'embolies évitées cette année-là grâce à cette baisse.

Les pilules devant la justice

"La baisse des embolies liée à celle des ventes de pilules est une victoire. C’est grâce au combat de Marion Larat et de l’Avep", souligne Me Jean-Christophe Coubris. Avocat spécialisé dans le droit de la santé (il représente notamment des victimes du Médiator), Me Jean-Christophe Coubris conseille trois femmes qui ont porté plainte contre Bayer et l’ANSM. "Nous leur reprochons de ne pas avoir informé du sur-risque qui était su, et qui est maintenant reconnu de tous", explique-t-il.

Me Jean-Christophe Coubris, avocat spécialisé dans le droit de la santé.

Sollicité, le laboratoire allemand affirme "répondre pleinement de tous ses contraceptifs oraux combinés, y compris ceux de 3e et ceux dits de 4e génération". Il indique qu’ "il est bien établi que l’utilisation d’œstrogènes augmente le risque de thromboembolie veineuse" et que "cette mention a été inclue dans le labelling de la classe des contraceptifs oraux combinés depuis des décennies".

En 2014, après un examen de l'Agence européenne des médicaments, Bayer a mis à jour "l'information produit de ses contraceptifs oraux combinés contenant des progestatifs, y compris la notice figurant dans la boîte afin de fournir des informations complémentaires aux femmes et aux prescripteurs sur le risque". Et de pointer l’importance de la prescription : "Les pilules contraceptives orales combinées de Bayer sont sûres et efficaces lorsqu'elles sont utilisées dans le cadre de l’indication du produit. La prescription se fait sur la base d’une évaluation individuelle du bénéfice-risque et en prenant en compte les contre-indications et précautions d'emploi indiquées dans la notice."

Des plaintes contre Bayer aux Etats-Unis et en Europe

  • Aux Etats-Unis, Bayer a versé 2 milliards d’euros à quelque 10 000 plaignantes en dehors des tribunaux, pour éviter d’avoir à admettre une quelconque responsabilité dans leurs problèmes de santé.
  • En Suisse, en 2015, une jeune fille devenue lourdement handicapée à l’âge de 16 ans à la suite d’une embolie pulmonaire alors qu’elle utilisait la pilule Yasmin depuis quelques semaines a intenté un procès à Bayer, réclamant 5,7 millions de francs d’indemnités. La plaignante a été déboutée par un tribunal de Zurich.
  • En Allemagne, Felicitas Rohrer a porté plainte en 2011 contre Bayer après avoir failli mourir d’une embolie pulmonaire bilatérale sous Yasminelle en 2009. Elle réclamait 200 000 € de dommages et intérêts. Après de longues années de bataille judiciaire, l’affaire a finalement été classée en décembre 2018. Le lien entre la pilule et l’embolie n’a pas été reconnu.

Interrogé sur l’existence d’autres plaintes dans d’autres pays, Bayer indique ne pas communiquer sur les procédures en cours. Le laboratoire précise : "Les actions judiciaires qui ont été initiées contre Bayer ont reconnu l’absence de responsabilité du laboratoire en s’appuyant notamment sur l’information mise à disposition des professionnels de santé et des patientes."

En France, parmi les trois plaignantes figurent Marion Larat mais aussi Elise Lavoué. Cette maman de deux petites filles garde encore de lourdes séquelles d'un AVC diagnostiqué tardivement, car d'abord mis sur le compte du stress, à 21 ans en 2003. Paralysée, elle a dû réapprendre toutes les étapes de la vie quotidienne pendant de longs mois de rééducation : se laver, manger, écrire...

Elise Lavoué a porté plainte contre Bayer et l’ANSM.
" Je ne pouvais plus rien faire seule mais j'étais contente d'être sauvée. "

Comme pour les deux autres plaignantes, le lien entre son AVC et la pilule a été reconnu au civil, sans que la responsabilité du laboratoire soit retenue. Elle se bat désormais pour qu’un procès ait lieu au pénal, "pour établir des responsabilités, médiatiser, parler de prévention", explique-t-elle.

En octobre 2018, elle a appris que le juge d’instruction n’allait pas poursuivre. En 2017, déjà, après six ans d'enquête préliminaire, le parquet de Paris avait classé sans suite les plaintes de 150 victimes "sur plus de 700 témoignages reçus". Il avait alors estimé "qu’il n’était pas possible de retenir scientifiquement un lien entre embolie, AVC et prise de pilule", indique Me Coubris.

Estimant la décision du juge "insatisfaisante et pas motivée", l’avocat bordelais l’a contestée devant la chambre de l’instruction et attend désormais une réponse. "Je ne suis pas contre la pilule, ni contre les médecins. Je souhaite que le combat arrive à un résultat et que l'on puisse se souvenir de ce qui s'est passé car des personnalités comme Marion Larat, il n'y en n'aura pas tous les 10 ans."

Reportage : Eléonore TOURNIER

Infographies : Vincent GOUDOT

Photographies : Franck HAKMOUN, Carla THIELEN, Serge LACROIX, Alexandre MARCHI, Bruno GRANDJEAN et Lionel VADAM

Réalisation : Emeline PIUCCO

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