Réalisée du 07 au 09 mars 2021
Coincé à l'Est du département des Hautes-Alpes, entre le Massif du Queyras et l'Italie, le Massif d'Escreins est l'un des joyaux des Alpes du Sud. Son côté sauvage allié à son climat montagnard bénéficiant d'influences méditerranéennes en font un lieu unique de l'arc alpin. Dépourvu de gros domaines skiables, les activités humaines dans ce massif se cantonnent à des villages et des hameaux typiquement montagnards ne dépassant guère les 1000 habitants chacun. Pendant l'été, ce massif voit affluer les randonneurs en quête de grands espaces en arpentant le GR58 (le Tour du Queyras) ou les touristes voyageant sur la Route des Grandes Alpes en passant par le fameux Col de l'Izoard. Mais l'hiver, l'ambiance est tout autre, le Col de l'Izoard est fermé et ce massif est accessible seulement par la ville de Guillestre, à l'Ouest de celui-ci. Les chaussures de marche laissent place aux raquettes et aux skis de randonnée, les torrents se figent et les villages s'immobilisent dans l'hiver montagnard. Cette ambiance est d'autant plus renforcée que nous sommes encore impactés par les restrictions sanitaires : moins de touristes, le peu de remontées mécaniques à l'arrêt et une absence totale de vie à partir de 18h, heure du couvre-feu.
Mais loin de se laisser intimider par cette ambiance morose de crise sanitaire, nous décidons de braver les recommandations gouvernementales de limitations des déplacements inter-départementaux. Ces quelques jours de dépaysement nous conduiront au petit village de Ceillac. Pour s'y rendre depuis Grenoble, deux options s'offrent à nous : par la Route des Grandes Alpes ou par la Route Napoléon. La première sera privilégiée pour l'aller, permettant ainsi de s'émerveiller une fois encore devant la beauté des Alpes.
Bien que nous soyons encore en plein hiver, le printemps s'est imposé depuis quelques semaines sur la France. Des températures frôlant les vingt degrés en vallée et un isotherme zéro au delà de 3000m en journée ont fait souffrir la neige jusqu'à haute altitude. Au Col du Lautaret, sur la Route des Grandes Alpes, à plus de 2000m, la neige perd du terrain et affiche les restes des intempéries qui ont marqué l'hiver alpin. Sur la photo ci-dessus on aperçoit bien les traces de sable sur les pentes du Massif des Ecrins, mises à jour par la fonte des neiges. Depuis ce col, il faut dévaler la Vallée de la Guisane jusqu'à Briançon puis la Vallée de la Durance jusqu'à Guillestre pour pénétrer dans le Massif d'Escreins et atteindre Ceillac juste avant la nuit tombée.
Attention, il est facile de confondre Massif du Queyras et Massif d'Escreins. En effet, ces deux massifs sont si proches que le Parc Naturel Régional du Queyras les englobe tous les deux. Géologiquement parlant, le Massif du Queyras se situe au Nord de la Vallée du Guil et au Sud de Briançon, ce qui comprend par exemple le Col de l'Izoard, le Pic de Rochebrune, les villages d'Arvieux ou encore de Brunissard. A l'inverse, le Massif d'Escreins (à ne pas confondre également avec le Massif des Ecrins) se situe au Sud de la Vallée du Guil et au Nord de la Vallée de l'Ubaye. Ce massif comprend ainsi le village de Saint-Véran, le Col Agnel, le Lac de Sainte-Anne, le Pain de Sucre ou encore les Pics de la Font Sancte. Ainsi, le village de Ceillac ne fait pas partie du Massif du Queyras mais bien du Massif d'Escreins. Ces deux massifs ont également une partie en Italie.
Jour 1 : L'ascension de la Tête de Jacquette
Ceillac est surplombé de pics montagneux relativement élevés, parfois de plus de 3000m. Le village, quant à lui, se situe aux alentours de 1600m. Malgré un relief assez élevé, les versants Sud des montagnes et les fonds de vallée sont quasiment dépourvus de neige. Un air printanier s'est emparé des montagnes hautalpines.
La descente se fera par le même itinéraire jusqu'au moment où nous sommes arrivés au croisement entre le chemin de la traversée en balcons et la montée au Col des Estronques. Ensuite, on change de sentier pour plonger directement dans vallée.
Jour 2 : L'ascension du Pic de Caramantran
Cette fois on quitte la vallée de Ceillac pour se rendre dans une vallée parallèle, celle de Saint-Véran. Malgré la proximité géographique, trois quarts d'heure de route séparent les deux villages. Cette vallée est d'une altitude assez élevée, rendant accessibles des sommets de 3000m, été comme hiver. L'objectif du jour est de réaliser l'ascension du Pic de Caramantran 3025m. Une montagne de haute altitude très accessible mais nécessitant une longue marche, la piste estivale étant fermée à la circulation en hiver.
Une fois la Chapelle de Clausis atteint, on se situe au milieu du cirque rocheux dominé par les trois principaux sommets du coin :
Pour ne pas redescendre au même endroit, on peut rejoindre le Col de Chamoussière, à l'opposé du Col de Saint-Véran. Il suffit de dévaler 200m depuis le Pic de Caramantran.
De retour à la Chapelle de Clausis, il faut de nouveau effectuer la traversée de 7km en sens inverse cette fois ci et sur une piste légèrement plus en hauteur que celle empruntée le matin, croisant ainsi les anciennes mines de marbres de Saint-Véran.
Jour 3 : Le circuit du Lac Sainte-Anne et du Lac Miroir
Si il y a bien une randonnée à effectuer dans les environs de Ceillac, c'est bel et bien celle ci. Elle côtoie deux des plus beaux lacs du Massif d'Escreins et se situe au pied du point culminant de ce massif : les Pics de la Font Sancte 3385m. Bien qu'en cette saison les lacs soient totalement recouverts de neige et de glace, le cadre montagnard reste sensationnel.
On démarre cette randonnée au pied du petit domaine skiable de Ceillac afin de rejoindre la piste principale : la piste rouge du Pré Girardin. Cet itinéraire est privilégié afin de faciliter les skieurs de randonnée. La montée sera rude mais le dénivelé sera rapidement avalé.
Pour bénéficier d'une vue en hauteur sur le lac, nous décidons de gravir quelques centaines de mètres en direction du Col Girardin (objectif initial de la randonnée mais inatteignable si nous voulons respecter le couvre-feu).
Après ces quelques vagabondages dans le Vallon de Sainte-Anne, il est temps pour les équipes de se séparer : les skieurs descendent par les pistes empruntées à la montée alors que les marcheurs changeront d'itinéraire en direction du Lac Miroir.
Après une rude descente, nous rejoignons la voiture garée au parking du Pied du Mélézet. C'est reparti pour trois bonnes heures de route jusqu'à Grenoble, en passant par Gap et la Route Napoléon cette fois.
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ITINÉRAIRES DES RANDONNÉES :
Jour 1 : La Tête de Jacquette
Jour 2 : Le Pic de Caramantran
Jour 3 : Circuit du Lac Sainte-Anne et du Lac Miroir