Loading

TOUSSAINT, TOUS SAINTS !

Sources pour ce dossier : portail de la CEF, site Croire, portail de la liturgie catholique et "Guide des traditions et coutumes catholiques" de Greg Dues (Bayard)

La Toussaint : un peu d'histoire

Aujourd'hui la fête de la Toussaint est celle de tous les saints anonymes qui n'ont pas été reconnus officiellement par l'Église. C'est un appel qui s'adresse à tous de devenir des saints. Mais cette fête n'a pas toujours eu le même sens.

La Toussaint n'a pas son origine dans les textes bibliques, comme la plupart des grandes célébrations liturgiques : Noël, Pâques, Pentecôte. Elle a été instituée par l'Église pour répondre à différentes situations.

Après les persécutions, on a d'abord dédié une journée à la célébration de tous les martyrs qui s'est étendue plus tard à tous les saints.

À Rome, cette fête existait certainement dès le Ve siècle. Elle est déplacée une première fois à la date du 13 mai en l'an 610, par le pape Boniface IV. Ce jour-là, il fait transporter dans l'ancien temple païen du Panthéon toutes les reliques des martyrs des catacombes romaines. Le Panthéon devient l'église "Sainte-Marie et des martyrs". Un siècle plus tard, cette fête est transférée définitivement au 1er novembre par le pape Grégoire III, qui dédicaça en ce jour une chapelle de Saint-Pierre de Rome « en l'honneur de tous les saints ».

En 835, Grégoire IV ordonna que cette fête soit célébrée dans le monde entier. C'est seulement au XXe siècle que Pie X l'insère dans la liste des huit fêtes, « avec obligation d'entendre la messe ».

La fête de tous les saints devient alors une fête chômée. Elle illumine le jour suivant, le 2 novembre, journée du souvenir de tous les défunts.

Litanies des Saints

C’est quoi la sainteté ?

D’après le Petit Robert, le saint est celui « qui mène une vie irréprochable, en tous points conforme aux lois de la morale et de la religion ».

Cette définition rejoint bien l’image que de nombreux croyants se font des saints : des êtres à la vertu inaccessible, flanqués d’une auréole et d’une cohorte de dévots.

Pourquoi, alors, depuis Vatican II, l’Église ne cesse-t-elle de renouveler avec insistance son appel universel à la sainteté, si cet idéal est réservé à une élite ?

« Le terme de “sainteté” a quelque chose de terrifiant parce qu’il renvoie à un christianisme d’austérité - analyse Geneviève Esmenjaud, thérapeute qui enseigne la méthode Vittoz -. Dans mon enfance, la sainteté passait par la mortification, l’effort et la culpabilité ».

Sans doute parce que, jusqu’à une période récente, l’Église a mis en avant les figures de martyrs et valorisé la souffrance comme chemin de salut. Or, «la sainteté n’est pas une décoration pour service rendu, elle est une grâce donnée, même aux sans grades », assure le théologien Jacques Gauthier.

De plus, on confond souvent sainteté et canonisation. Au-delà des modèles officiellement désignés par l’Église, d’innombrables saints anonymes répondent, eux aussi, à cette vocation. « Et par la grâce reçue au baptême, nous sommes tous appelés à la sainteté, qu’il nous faut nourrir et faire croître en mettant la Parole de Dieu, au cœur de nos vies », aime à rappeler notre évêque, le père Santier.

Icône représentant les Saints

La sainteté se vit d’abord au quotidien

Le saint n’est pas ce héros qu’on admire de loin : « La star brille, le saint illumine », résume Jacques Gauthier.

Les deux attirent, mais ne rayonnent pas de la même manière. Sans trop caricaturer, on pourrait dire que l’une est narcissique, l’autre est altruiste.

Si le saint rayonne, c’est parce qu’il aura peu à peu laissé croître son désir d’aimer Dieu et l’homme.

Mère Teresa en était convaincue : « Nous y sommes tous destinés, toi, moi et tous les autres. C’est une tâche aisée car en apprenant à aimer, nous apprenons à être saints ».

Cet apprentissage se nourrit de nos imperfections : à travers l’impuissance humaine, Dieu agit. En effet, comme l’a montré sainte Thérèse de Lisieux, cette voie faite d’humilité et d’indulgence envers soi-même se pratique dans les actes les plus courants. Dieu, dans sa miséricorde, « nous veut auprès de lui », sans attendre de grands exploits de notre part.

Dans le combat, le héros, c’est celui qui arrive à vaincre. Le saint, c’est celui qui laisse triompher Dieu en lui », écrivait le P. Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus, fondateur de l’Institut Notre-Dame-de-Vie.

C’est précisément, à travers notre impuissance que Dieu peut nous “travailler”. Il ne s’agit pas de devenir saint à la force du poignet, mais de redécouvrir l’humilité.

La sainteté pour tous, alors !

Certes, mais non sans exigences : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive », annonce le Christ (Matthieu 16, 24). Cet appel implique immanquablement un détachement, sans forcément devoir imiter l’ascèse des ermites au désert ! Jésus le rappelle avec force : « Vous serez saints, parce que moi je suis saint » (1 Pierre 1, 16). Sa conduite est une invitation à l’imiter, comme l’ont imité les saints proclamés par l’Église.

Communion des Saints

La communion avec les saints

La foi concrète manifestée à l'égard des saints ne fait qu'exprimer la compréhension que l'Église a d'elle-même : elle est le lieu de la rencontre et de la communion entre les disciples du Christ.

Cette conviction qui était déjà celle du Symbole des Apôtres au Vème siècle, s'enracine dans une pratique populaire bien antérieure.

Le Symbole évoque l’Église comme la communauté ou la communion de tous les croyants, qu'ils soient vivants ou morts, tous appelés par Dieu et transformés dans le Christ et l'Esprit.

Cette communion se réalise tout particulièrement quand les chrétiens se rassemblent pour célébrer l'eucharistie. Dans le langage traditionnel, cette communauté des croyants est composée de l’Église triomphante (les saints du ciel) de l’Église pérégrinante (les chrétiens qui cheminent sur cette terre) et de l’Église souffrante (ceux qui sont au purgatoire).

Vatican II réaffirme cette doctrine. « En effet, tous ceux qui sont au Christ et possèdent son esprit constituent une seule Église et se tiennent mutuellement comme un tout dans le Christ. Donc, l'union de ceux qui sont encore en chemin avec leurs frères qui se sont endormis dans la paix du Christ ne connaît pas la moindre intermittence ; au contraire, selon la foi constante de l’Église, cette union est renforcé par l'échange de biens mutuels ». (Constitution dogmatique sur l’Église)

Les saints intercèdent pour nous près du Christ

La tradition la plus populaire associée à la vénération des saints est de leur adresser une prière, pour leur demander d'intercéder auprès de Dieu, en vue d'obtenir une grâce particulière.

Cette pratique résulte en grande partie de l'insistance quasi exclusive sur la divinité du Christ, au détriment de son humanité.

Du coup, Les chrétiens en vinrent à se sentir plus à aise avec des intercesseurs faits de la même pâte humaine qu'eux.

Cela dit, le fait de prier les saints n'équivaut pas à nier le rôle médiateur du Christ.

Vatican II a tout à la fois assumé et clarifié cette tradition "Car, admis dans la patrie céleste et présents au Seigneur (voir 2 Corinthiens 5, 8), par lui, avec lui et en lui, ils ne cessent d' intercéder pour nous auprès du Père, offrant les mérites qu'ils ont acquis sur terre par l'unique Médiateur de Dieu et des hommes, le Christ Jésus (voir 1 Rois 2, 5), servant le Seigneur en toutes choses et complétant en leur chair ce qui manque aux souffrances du Christ on faveur de son Corps qui est l'Église (voir Colossiens 1, 24). Ainsi leur sollicitude fraternelle est du plus grand secours pour notre infirmité." (Constitution dogmatique sur l'Église 49).

À l'époque moderne, les chrétiens se mirent à prier plus particulièrement tel ou tel saint en fonction de la cause à laquelle il était associé. Sainte Anne, par exemple, devint la patronne des femmes enceintes et saint Antoine de Padoue, le spécialiste des objets perdus. Quant à sainte Rita, on lui confie les causes désespérées.

Chaque jour, l'Église commémore plusieurs saints

Dans le calendrier, le saint du jour est l'un des saints choisis parmi ceux proposés par l'Église. Chaque jour, l'Église honore plusieurs saints et bienheureux : ceux du calendrier romain (sanctoral romain), ceux des calendriers diocésains et ceux du calendrier des églises orientales (synaxaire).

Chaque jour, dans la liturgie de l’Eglise, un saint est célébré. Souvent en quelques lignes, son témoignage et sa vie nous sont résumés en introduction aux lectures du jour dans nos missels ou autres livrets. Prendre le temps de les lire, nous donne de colorer différemment la lecture de l’Evangile du jour et de faire connaissance avec nos frères aînés dans la foi. Lors des baptêmes, de la liturgie pascale, des professions religieuses et des ordinations, la litanie des saints est chantée. Elle nous remet en mémoire la longue histoire d’un peuple en marche. Nous prenons notre place dans ce cortège que forme la multitude des saints au long des siècles : saints reconnus et célébrés par l’Eglise, mais aussi saints anonymes dont l’offrande humble demeure cachée.

Report Abuse

If you feel that this video content violates the Adobe Terms of Use, you may report this content by filling out this quick form.

To report a Copyright Violation, please follow Section 17 in the Terms of Use.