Jean Sylvain, 29 ans, des jeux vidéo au micro des Juveniles

Jean Sylvain aurait pu ne jamais faire de musique. Plus jeune, il voulait devenir développeur de jeux vidéo. Aujourd'hui chanteur et compositeur du groupe rennais Juveniles, il sort son deuxième album « Without Warning » ce vendredi 24 mars.

Surnommé le « petit protégé des Inrocks », Juveniles jouait en live il y a quelques semaines sur la scène de Quotidien, l'émission de Yann Barthès. Si aujourd'hui le succès lui sourit, Jean Sylvain Le Gouic, 29 ans, chanteur et compositeur du groupe rennais, garde la tête sur les épaules. Ce ne sont pas ses singles déjà salués par la presse qui vont l'empêcher d'aller dans les mêmes bars à Rennes et de fréquenter les mêmes amis. « Si je prenais la grosse tête, mes proches me le feraient remarquer », rit-il.

Et penser que la musique était une évidence pour Jean Sylvain serait mal connaître son histoire. Fils d'un luthier, il grandit à Marseille et habite en face du conservatoire. Chez lui, il y a des contrebasses et des guitares. Sa sœur joue du violoncelle. Alors, à six ans, ses parents le poussent à faire de la contrebasse mais le passage obligatoire du solfège le décourage : « la rigueur n'était pas faite pour moi. » Il s'éloigne de la musique jusqu'à ce qu'il prenne en main une guitare qui traîne chez son père à 15 ans. L'envie de jouer revient. Dans sa chambre, il apprend avec des magazines et tente de trouver les accords de chansons de ses groupes préférés comme les Beatles.

© Richard Dumas

Gendre idéal

À 18 ans, Jean Sylvain veut changer de ville. Geek dans l'âme, il veut développer des jeux vidéo. Il quitte Marseille et s'inscrit à la faculté de Rennes 1 en licence de physique chimie sciences de l'ingénieur mais s'ennuie en cours. Un ami, le guitariste du groupe The Popopopops, se blesse la main et ne peut pas assurer le concert prévu à Madrid. « J'ai dû choisir entre passer mes examens et remplacer le musicien. » Son cœur flanche pour la musique. Son passage sur scène est une révélation : Jean Sylvain veut en faire son métier. Quitte aussi à voir son salaire varier de 50 à 2 500 € selon les mois.

En 2011, avec deux amis, il fonde Juveniles, « parce que nos chansons traitent de la façon dont on se construit quand on est jeune ». Dès le début, le groupe cartonne. Jean-Louis Brossard, le programmateur des TransMusicales, leur propose de jouer au festival. « On était fous », se souvient-il. Lors d'une soirée rennaise Jean Sylvain rencontre le DJ Yuksek qui accepte de produire leur premier album. Sa carrière est lancée. Le grand public découvre alors sa pop joyeuse et son style de gendre idéal (chemise boutonnée jusqu'en haut et mèche peignée sur le côté) sur la scène des Vieilles Charrues et de Solidays en 2013. « Ça m'arrive aussi de jouer en t-shirt et jean », nuance-t-il.

Infusions quotidiennes

Après une tournée en France, au Brésil et en Chine, Juveniles s'éloigne de la lumière des projecteurs. Et la suite logique veut que Jean Sylvain écrive un deuxième album. Il compose alors dans son studio rennais et garde chez lui un micro et un clavier « en cas d'inspiration urgente ». Pour « [s]'aérer l'esprit », il travaille avec Yuksek et produit deux autres artistes, Clarens et Le Comte. À force de côtoyer des professionnels, le chanteur se sent plus à l'aise, notamment avec sa voix qu'il chouchoute presque quotidiennement à base d'infusions au gingembre et au citron.

Il faudra trois ans à Jean Sylvain pour imaginer les douze titres de « Without Warning ». Aujourd'hui en pleine tournée des médias et en préparation de concerts, Jean Sylvain va attaquer ce qu'il préfère dans son métier : la scène, notamment à Rennes et à Paris les 6 et 7 avril prochain. « C'est un sas de décompression. Comme après une séance de sport. »

Report Abuse

If you feel that this video content violates the Adobe Terms of Use, you may report this content by filling out this quick form.

To report a Copyright Violation, please follow Section 17 in the Terms of Use.