Loading

ASNL : six mois d'espoirs et de cauchemars Un début de saison pas facile. Un euphémisme pour dire que l'AS Nancy Lorraine s'est enfoncée dans la crise depuis plusieurs mois. L'espoir renaît en ce début d'année 2019, peut-être la fin de six mois de galère.

Pour savoir comment l'équipe nancéienne en est arrivée là, un retour en arrière est indispensable.

Une saison qui se termine avec un énorme "Ouf" de soulagement. Ce 11 mai 2018, l'ASNL respire : le club restera en Ligue 2 en 2018-2019. Le coach Didier Tholot, arrivé en pompier un mois plus tôt, a réussi sa mission au bout d'une dernière journée à suspens.

Sept mois plus tard, Didier Tholot n'est plus là. Le pompier de la saison passée n'a pas pu, pas su, éteindre le feu qui s'est déclaré dès la première journée du championnat 2018-2019. Que s'est il passé pour que le club au chardon se fasse piquer aussi fort par les autres équipes ? Retour sur sept mois de montagnes russes, entre doutes, inquiétudes et nouvel espoir.

Juin - juillet 2018 : les bases d'une reconquête

L'entraînement de l'ASNL reprend le 20 juin. Un mois après l'annonce de Didier Tholot : "Je suis quelqu’un d’ambitieux et j’ai envie d’être ambitieux avec mon équipe. Du coup, je reste à l’ASNL."

La reprise de l'entraînement en forêt de Haye.

Un premier match et un premier espoir le 30 juin avec la victoire face au Standard de Liège.

Extrait de notre article de l'époque : "La troupe menée par Didier Tholot peut se frotter les mains d’avoir réussi à s’imposer (2-1) en laissant, qui plus est, peu d’occasions à son adversaire du jour. Plutôt solide défensivement, capable de créer des situations chaudes, l’ASNL a ainsi rendu une copie plutôt convaincante en faisant preuve d’une louable capacité de réaction pour revenir au score et s’imposer malgré un grand « turnover » (neuf joueurs changés à la pause !)."

Un stage de préparation à Vittel et Contrexéville plus tard, on pense l'ASNL paré pour cette nouvelle saison, une impression renforcée par la victoire, en match amical, à Troyes, 1-0. Le 17 juillet, le cap des 7 000 abonnés est atteint.

Une première série de défaites

A la veille du premier match de championnat, l'entraîneur Didier Tholot nous accorde une interview. Un discours offensif qui devrait motiver ses joueurs.

Ce mercato rompt avec le précédent, plus fait dans l’improvisation. Quelle est la recette ?

"Beaucoup d’investissement. On a identifié, on a travaillé et on n’a pas lâché. Au-delà des considérations financières, j’ai essayé de vendre un projet humain et sportif à ces joueurs-là. Ça a peut-être fait la différence, à un moment donné."

Y a-t-il un style Tholot ?

"Non. Pas un style. Mais une volonté. Celle de se dire que, quand on est sur un terrain de foot, on n’a pas le droit de lâcher, pas le droit de ne pas aider un partenaire, pas le droit de se cacher. Celui qui aura compris ça aura beaucoup plus de chances de jouer."

Quelle est votre ambition ?

"Nancy n’est pas fait pour jouer le bas du classement. Donc on va essayer de jouer quelque chose. Bien sûr, on passera parfois à travers. Mais je ne veux pas entendre des discours du genre : « On a fait une saison galère l’an passé. Ça prend du temps… » En football, on n’a pas le temps. On a construit une équipe. À nous de faire en sorte qu’elle ait horreur de la défaite et qu’elle ait envie d’aller chercher le plus haut possible."

Nancy n’est pas fait pour jouer le bas du classement.

Vous démarrez la saison à domicile. Un souhait ?

"Qu’on soit dans la continuité de la fin de saison dernière, avec nos trois victoires en trois matches. Picot, c’est chez nous, c’est notre maison. Et dans notre maison, il n’y a personne qui rentre. À nous de faire en sorte que nos adversaires ne soient pas les bienvenus à Picot."

1re journée de Ligue 2. ASNL - Béziers : 0 - 2

"L'ASNL rate le décollage", tel est notre titre au lendemain de cette première journée de championnat. Entame de saison manquée pour une ASNL décevante qui a subi la loi d’un promu biterrois sans complexe. A Picot en plus ! Le coup est rude.

Photos P. MATHIS

Il a en effet manqué beaucoup d’ingrédients aux Nancéiens pour espérer une autre issue. Logiquement menée au score, l’ASNL a souffert dans la construction du jeu et s’est rarement montrée dangereuse. L’expulsion de Serge Nguessan, son joueur le plus percutant, au milieu de la deuxième période et alors que le locataire de Picot était un peu plus entreprenant, a tué la révolte dans l’œuf. Décollage raté à la clé.

Quelques jours plus tard, l'entraîneur de l'ASNL analyse : "Je n’étais même pas énervé après cette défaite, parce que trop de choses ont mal fonctionné. Il n’y a rien eu de notre part pendant ce match, il ne faut pas se voiler la face. On a revu ça à la vidéo avec les joueurs et les images parlent d’elles-mêmes. On n’a pas eu cette capacité à être agressif, on n’a pas joué en bloc. On a eu beaucoup trop de déchet technique, on ne s’est pas créé d’occasions et on a laissé bien trop de liberté à Béziers…"

2e journée de Ligue 2. Paris FC - ASNL : 2 - 0

Deuxième défaite 2-0 de Nancy en autant de journées de L2. L’ASNL s’est logiquement inclinée au Paris FC, en proposant un jeu aussi misérable que face à Béziers à Picot. Il ne faut pas céder à la panique, mais c’est inquiétant.

Notre journaliste raconte : L’ASNL a fait illusion lors de l’entame de partie, donnant l’impression d’être un peu mieux en place et plus juste techniquement que lors de la première rencontre de la saison à Picot face au promu biterrois (0-2). Pas de quoi sauter au plafond, quand même. Et le pire, c’est que ce léger mieux ne s’est même pas confirmé par la suite. Une fois menée au score, la formation au chardon a fini par réussir quelques enchaînements, elle a joué logiquement plus haut face à des Parisiens positionnés pour gérer et jouer en contre. Mais ce ne serait pas raisonnable de parler de véritable poussée.

Beaucoup de monde retiendra de ce match la « boulette » du gardien Guy-Roland Ndy Assembé, dont Mamilonne a profité pour ouvrir le score au début de la seconde période (49’).

3e journée de Ligue 2. ASNL - RC Lens : 0 - 3

Troisième journée, troisième défaite pour l' AS Nancy Lorraine. Inquiétant. Mais, plus inquiétant encore, l'équipe n'a toujours pas marqué de but en championnat. certains supporters en ont même quitté leur siège, comme ceux du "Saturday FC", partis ce 11 août après la première mi-temps.

Photos P. MATHIS

Le bilan fait par notre rédaction : Trois défaites dont deux à domicile, sept buts encaissés, zéro marqué, un jeu médiocre et un public désabusé alors que l’objectif était de refaire de Picot une forteresse imprenable en 2018-2019… Que faire pour sortir de cette galère ? À chaque fois, on croit que la formation au chardon a touché le fond mais elle parvient à repousser les limites du pire.

À chaque fois, on croit que la formation au chardon a touché le fond mais elle parvient à repousser les limites du pire.

Après avoir écrit la plus catastrophique saison de l’histoire du club en 2017-2018, Nancy vient pour la première fois, en plus de 51 ans d’existence, de perdre ses trois premiers matches de championnat en seconde division.

Ce n'est pas la victoire contre le Red Star en premier tour de la Coupe de la Ligue (1 - 0) qui va réchauffer l'ambiance. Même si, à cette occasion, l'ASNL marque enfin son premier but de la saison.

4e journée de Ligue 2. AJ Auxerre - ASNL : 1 - 0

Une lueur d'espoir au milieu d'une vaste étendue sombre : l'ASNL présente un meilleur visage que lors des trois premières journées de championnat mais s'incline une nouvelle fois. 4 défaites, 0 but marqués en championnat et une place de lanterne rouge.

Extrait de notre article au lendemain du match : L’ASNL a paradoxalement chuté en position de lanterne rouge, à Auxerre, le soir où elle a vraiment montré du mieux dans le contenu. Des progrès suffisants pour sortir de ce désastre, sans aucun point ni but marqué ?

La formation au chardon s’est bien montrée en progrès dans tous les domaines à l’Abbé-Deschamps, sauf dans le plus important, la finition. Plus compacte, grâce à une agressivité en hausse et un réajustement tactique qui a conduit Bassouamina et Koura plus proches de la pointe Sané en phase offensive. L’ASNL a enfin réussi des décalages dignes ce nom, elle a d’ailleurs frappé 15 fois au but même s’il n’y a eu qu’un tir cadré, elle a obtenu 8 corners, aussi.

5e journée de Ligue 2. ASNL - Niort FC : 0 - 1

Une spirale infernale, voilà comment notre journal présente la situation à l'ASNL en cette fin du mois d'août. Le constat d’échec est sans équivoque et même édifiant : l’ASNL va droit dans le trou si rien, ni personne, ne change le destin tragique de cette équipe ballottée par des événements systématiquement contraires depuis trop longtemps et surtout incapables de s’y opposer. Par de l’agressivité, du talent ou de la chance. Qu’importe !

Photos P. SAUCOURT

Nouvelle désillusion le 28 août : l'ASNL est éliminée de la Coupe de la Ligue contre l'US Orléans ( 1 - 1 et 3 - 5 aux tirs au but). Pour Didier Tholot, c'est "un mois d'août cauchemar" : On est pénalisé par un déchet technique immense et anormal à ce niveau. On a quand même eu la balle de la qualification, qui a fini sur le poteau dans le temps additionnel. Il y a des signes en notre défaveur, mais c’est souvent comme ça dans une période difficile.

6e journée de Ligue 2. Châteauroux - ASNL : 1 - 0

L'ASNL poursuit sa chute avec une sixième défaire d'affilée. Aucun but et toujours 0 point au classement de Ligue 2. L’invraisemblable record d’inefficacité de l’ASNL a pris une épaisseur encore plus ahurissante, ce vendredi soir à Gaston-Petit. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé, cette fois-ci. Car après la somptueuse ouverture du score de Merghem en fin de première période, l’ASNL s’est montrée sous un jour meilleur.

Didier Tholot menacé

En ce début du mois de septembre, les interrogations se font nombreuses. Et, comme toujours dans ce genre de cas, la première personne à se retrouver menacée, c'est l'entraîneur. Ce 5 septembre, Jacques Rousselot, le président du club lui renouvelle pourtant sa confiance face à notre journaliste.

"Il faut un peu d’indulgence, un peu plus de chance aussi et ça va finir par tourner. Le coach mérite que je le soutienne. Bien sûr que je serais obligé de voir les choses différemment si on était encore bloqué à zéro point d’ici cinq journées mais ça ne va pas arriver. Les joueurs n’ont pas lâché leur entraîneur."

Il faut un peu d’indulgence, un peu plus de chance aussi et ça va finir par tourner.

De son côté, Didier Tholot se montre plutôt franc : "On manque de talent et c’est pourquoi on se retrouve dans une telle situation. Mais je ne me cherche pas d’excuses, c’est à moi d’être la locomotive pour relancer l’équipe. Je ne peux pas travailler davantage mais je peux et je dois trouver d’autres solutions. C’est d’ailleurs ce que j’essaie de faire, je ne m’entête pas, j’apporte des changements pour améliorer l’équipe."

Une confiance que Jacques Rousselot renouvellera encore après la 7e défaite de l'ASNL en championnat.

7e journée de Ligue 2. ASNL - HAC Le Havre : 0 - 1

L'ASNL s'incline pour la septième fois d'affilée et l'équipe de Nancy devient la tête d'affiche d'un cirque imaginaire dont l'affiche moquant "11 chèvres" est placardée un peu partout en ville.

Photo C. JACQUOT

La question se pose désormais au grand jour : Didier Tholot doit-il rester entraîneur ?

Trois arguments pour, trois arguments contre, notre journal fait le point dans un article du 16 septembre.

Les arguments pour qu'il reste :

  • Les changements de coach n’ont pas changé grand-chose depuis un an à l’ASNL.
  • Didier Tholot garde le soutien de son vestiaire et d’une bonne partie du public.
  • Son licenciement coûterait encore de l’argent

Les arguments pour son départ :

  • Les résultats depuis le début de la saison sont désastreux.
  • Il s’est personnellement investi dans un recrutement de nouveau sujet aux critiques.
  • Il fait les bons constats, mais ne trouve toujours pas les bonnes solutions.

Un nouvel espoir et une première victoire

8e journée de Ligue 2. Gazelec Ajaccio - ASNL : 0 - 1

Un but et trois points, les premiers de la saison redonnent un peu de courage aux supporters et aux joueurs nancéiens. Un peu d'air aussi à Didier Tholot qui a sauvé provisoirement sa place.

On a vu des joueurs nancéiens se mettre à genoux sur le terrain en serrant les poings pour savourer ce moment si rare. On en a vu d’autres sauter de joie comme s’ils avaient gagné la Coupe du monde. Et on a vu leur coach Didier Tholot venir les embrasser un par un, avec un éclatant sourire. L’entraîneur a ensuite accompagné ses hommes pour fêter ce premier succès avec les six courageux supporters lorrains qui avaient fait le déplacement ! écrit-on au lendemain du match. Mais une question demeure, s'agit_il d'un "heureux hasard" ou d'un vrai réveil nancéien ? La réponse ne se fera pas attendre très longtemps.

9e journée de Ligue 2. ASNL - FC Sochaux-Montbéliard : 0 - 0

Pas une défaite mais pas une victoire non plus. On se console comme on peut en notant que pour la seconde fois consécutive, l’ASNL n’a pas encaissé de but, on peut y voir là une marque de progrès. Notre journaliste parle pourtant de marche arrière dans son expression collective. Ennuyeux et ennuyant.

Photos A. MARCHI

Nous posons la question : Que faire pour remédier à ce manque d'efficacité ? Didier Tholot a déjà tout essayé ou presque : changement de joueurs, changement d’animation offensive, davantage d’exercices devant la cage à l’entraînement… Sans succès pour le moment, à l’exception du but de Maboulou au Gazélec. L’ASNL manque de talent, ça saute aux yeux. Mais le misérable rendement de l’attaque ne reflète quand même pas le niveau individuel de la plupart des joueurs qui la composent.

Nouveau président et cession du club repoussée

Jacques Rousselot va prendre du recul. Toujours propriétaire mais plus président, il cède son siège à la tête du club à Jean-Michel Roussier. Ce dernier deviendra le président de Nancy, dirigeant le conseil d’administration tandis que Jacques Rousselot, conformément à son souhait va prendre un peu de recul après un bail de record de 23 saisons. JR ne jette absolument pas l’éponge, au contraire, c’est une décision qui a l’ambition de renforcer la structure et surtout de l’oxygéner, elle en a grand besoin. L’expérience et l’expertise unanimement reconnue, par Jacques Rousselot lui-même, de Jean-Michel Roussier (ancien président de l'OM) doit apporter un rebond à l’ASNL avec une vision différente.

Il faut savoir être sage. Il y avait une souffrance depuis deux ans. Cela ne sert à rien de faire les mois ou les années de trop. La passion ne doit pas l’emporter sur la raison." Jacques Rousselot

Un serpent de mer continue toutefois d'agiter la club : le feuilleton de sa cession, initié dès le mois de mai comme nous l'expliquions à l'époque. Au bout d'un long processus Jacques Rousselot a donc décidé de vendre ses parts d'ASNL (plus de 70% du capital). Mais en ce mois d'octobre, le processus est toujours différé.

10e journée de Ligue 2. FC Lorient - ASNL : 4 - 1

Après deux matches sans défaite, l’ASNL a replongé. La période de rémission a été courte. Rattrapée par ses insuffisances, l’ASNL a replongé en Bretagne. Pire, sa situation comptable se détériore.

Match après match, le combatif entraîneur de l’ASNL dresse les mêmes constats. Et brandit le même remède fait de travail et d’obstination : « C’est compliqué. Il faut s’accrocher ». Mais on le sent un brin désemparé et désarmé face à un mal qu’aucun de ses discours guerriers et de ses multiples aménagements ne parvient à soigner.

Cette nouvelle défaite appelle un geste fort de la part du nouveau président : une arrivée, celle d'Alain Perrin, l'ancien patron du centre de formation. Il sera " conseiller du président" et l'affirme haut et fort : "Je n'ai pas vocation à devenir l'entraîneur de l'ASNL, ni aujourd'hui, ni demain." Il n'est là que pour aider le coach Didier Tholot qui, lui, prévient "Je ne serai jamais une marionnette".

11e journée de Ligue 2. ASNL - Grenoble Foot : 1 - 2

Photos C. JACQUOT

Toujours lanterne rouge de Ligue 2, l'ASNL s'enfonce un peu plus dans la crise et les dirigeants ont posé un ultimatum à Didier Tholot comme nous le révélions : il doit gagner les deux prochains matches (à Valenciennes et contre Clermont) pour rester à la tête de l’équipe.

Réunion de crise, ce samedi matin, au centre d’entraînement de la Forêt de Haye. Pendant que les joueurs, en guise de décrassage, pédalaient en VTT dans les allées, les dirigeants se sont cloîtrés dans un bureau du centre de formation pour remettre une fois de plus le problème vital de l’avenir de l’ASNL sur la table. Pas de fumée à la sortie, mais tout de même un avertissement majuscule pour Didier Tholot. C’est le nouveau président qui lui a livré la règle du jeu, de façon précise et chiffrée. « Il faut six points lors des deux prochains matches !

12e journée de Ligue 2. Valenciennes FC - ASNL : 1 - 1

Un match nul qui règle le compte de Didier Tholot. Le deal était clair : une victoire ou un au-revoir. Mais bizarrement, le limogeage ne s'est pas déroulé sous les sifflets des supporters. C’est bien une scène assez surréaliste à laquelle nous avons assisté ce vendredi soir, à l’issue du match de l’ASNL à Valenciennes. Quand un entraîneur se fait virer, c’est en général sous les sifflets des supporters qui viennent eux-mêmes de réclamer sa démission après une défaite. Didier Tholot, lui, s’est avancé vers les ultras nancéiens qui ont scandé son nom. Le limogeage de Didier Tholot dans les prochaines heures ne fait plus aucun doute.

En pleine tempête, c'est le conseiller au président arrivé quelques semaines plus tôt, Alain Perrin, qui prend le commandement du bateau en perdition.

Alain Perrin, sauveur de l'ASNL ?

A peine nommé, le nouvel entraîneur se met déjà au travail avec les joueurs. Il nous explique aussi pourquoi il a accepté la mission.

"Je suis revenu à Nancy avec l’idée de donner un coup de main , de rendre un peu au club tout ce qu’il m’avait apporté au début de ma carrière. Et finalement, j’ai poussé plus loin ma logique en acceptant la proposition de Jean-Michel Roussier, qui m’a demandé de remplacer Didier Tholot. On a bien analysé les choses avec les dirigeants. On a estimé qu’il fallait privilégier une solution interne. Comme je suis là, avec mon parcours, et ma connaissance du groupe acquise ces quinze derniers jours… Au départ, j’étais même prêt à faire adjoint, mais c’était de nature à créer une certaine ambiguïté."

On a estimé qu’il fallait privilégier une solution interne.

Est-ce bien pour un intérim ?

"Tout à fait. Jusqu’à Noël, je pense, en fonction des résultats. La trêve hivernale peut constituer une bonne fenêtre de tir pour faire venir quelqu’un de l’extérieur, avec le mercato pour ajuster l’effectif. Le club a déjà reçu beaucoup de candidatures."

Le 30 octobre, c'est le premier entraînement de l'ASNL sous les ordres d'Alain Perrin.

Didier Tholot a ramassé ses petites affaires, Alain Perrin a pris ses fonctions. Le sait-il vraiment, l’attente autour de lui est à la mesure de l’état catastrophique de sa nouvelle équipe. Le staff opérationnel reste le même, plus Paul Fischer se glissant de nouveau dans un survêtement ou plutôt sous un anorak.

Alain Perrin, casquette rouge distinctive vissée sur le crâne, ira lui-même poser ses plots pour sa première séance, il parle et guide, son idée est claire : « Je veux donner aux joueurs ma philosophie de jeu. Ça ne sera pas des différences énormes, plutôt des détails.. Concernant l’animation offensive, j’ai des marottes. Notamment autour de la maîtrise du ballon. Je veux essayer de provoquer des prises de conscience… ».

Mais les changements vont-ils porter leurs fruits ?

13e journée de Ligue 2. ASNL - Clermont Foot : 0 - 1

L’arrivée d’Alain Perrin à la tête de l’ASNL n’a finalement pas provoqué de métamorphose spectaculaire. Cette dixième défaite plonge Nancy dans un vide consternant. Le mal est très profond. Le chantier immense pour le nouvel entraîneur explique notre compte-rendu.

Qu’on le veuille ou non, l’ASNL et son environnement avaient beaucoup capitalisé sur ce joker de luxe. Écrire qu’il n’a rien changé serait inexact, mais, sur la forme, effectivement, la punition reste la même. Et plus douloureuse encore que d’ordinaire, précisément parce que l’espoir d’une relation mécanique entre le changement du bord de touche et celui du terrain était dans l’air.

Photos P. MATHIS

Pendant ce temps, dans la colonne "départ", on ajoute un nom : Geoffrey Jourden. Il revient sur son aventure à l'ASNL dans une interview.

Regards extérieurs

Leurs noms sont associés à l'ASNL, l'un est le buteur emblématique du club, l'autre est l'entraîneur historique. En ce début du mois de novembre, alors que le club ne relève pas la tête, Youssouf Hadji et Pablo Correa apportent dans l'Est Républicain un regard distancié mais connaisseur sur la situation de l'AS Nancy Lorraine.

Sans un buteur, l'équipe ne s’en sortira pas" Youssouf Hadji

Voyez-vous l’ASNL se maintenir en L2 à la fin de cette saison ?

"Il y a quelques semaines encore, je croyais à 200 % au maintien de l’ASNL. Aujourd’hui, je ne vous cache pas que je suis plus inquiet mais je suis toujours confiant. Bien sûr que les gars peuvent se maintenir, à condition de négocier du mieux possible la période qui arrive.

Il faut absolument limiter le casse jusqu’à la trêve hivernale et avoir un nombre de points suffisant pour ne pas être trop décroché. Si c’est le cas, le club pourra et devra se renforcer lors du Mercato d’hiver. La priorité doit être de trouver un attaquant capable de marquer régulièrement. Sans un buteur, l’équipe ne s’en sortira pas."

Je suis triste, mais malheureusement pas surpris par la situation." Pablo Correa

"Il y a toujours et il y aura toujours un attachement à ce club de l’ASNL et à cette ville de Nancy, où j’ai passé vingt ans de ma vie. Je serai aussi toujours reconnaissant envers Jacques Rousselot, qui m’a donné ma chance.

Je suis triste, mais malheureusement pas surpris par la situation. Je me souviens de mes déclarations avant même le début de la saison dernière : j’avais expliqué qu’il ne fallait pas avoir d’ambitions démesurées et qu’il fallait se préparer à souffrir, compte tenu du fonctionnement du club.

Dans une situation aussi compliquée, on a souvent tendance à penser que les résultats sur le terrain sont à l’origine des problèmes du club, mais moi, je crois que c’est l’inverse. L’équipe va mal parce qu’il y a une léthargie qui dure depuis trop longtemps au club. À l’époque de mon retour à l’ASNL, j’avais dit que je ne reconnaissais pas le club : ça manquait de vie, d’envie et de caractère."

Le 21 novembre, c'est Didier Tholot qui se confie à l'Est Républicain. Pour lui, "trop de monde protège ses petits intérêts".

Comment digérez-vous votre limogeage de l’ASNL en étant toujours domicilié à Nancy ?

"C’est impossible de digérer quand l’aventure s’arrête de cette manière, en cours de route. Mais je vis toujours sur Nancy le temps de la construction de ma maison à Bordeaux et je ne rencontre que des gens gentils avec moi quand je sors. J’ai fait le maximum, dans l’investissement et dans le temps consacré à mon métier. Après, je sais comment ça marche, je connais la règle, c’est toujours l’entraîneur qui saute lorsque les résultats ne sont pas là. La séparation a été vite réglée avec l’ASNL qui a été très respectueuse. Ça s’est fait à l’amiable, c’est mieux comme ça, j’ai toujours quitté mes clubs en bons termes."

Je connais la règle, c’est toujours l’entraîneur qui saute lorsque les résultats ne sont pas là.

Comment expliquez-vous ce début de saison catastrophique avec l’ASNL, après avoir pourtant bien fini le précédent championnat ?

"La principale raison, c’est la vente du club qui n’a pas eu lieu alors qu’elle était prévue dans la stratégie du mercato. On devait faire un recrutement en deux étapes, un recrutement défensif avec les moyens à disposition et ensuite un recrutement offensif avec les repreneurs. La vente ne s’est pas faite à ce moment-là et on n’a pas recruté les joueurs dont on avait besoin pour apporter de l’efficacité devant le but et de la vitesse sur les côtés."

Photo C. JACQUOT

14e journée de Ligue 2. Stade brestois - ASNL : 2 - 1

L'ASNl a craqué à sept minutes de la fin sur une faute de main de son gardien, Sergey Chernik. Elle a logiquement cédé face à une équipe supérieurement armée et qui n’est pas dauphin du leader messin par hasard. Mais les Nancéiens ont affiché durant une mi-temps des progrès intéressants.

Notre article du 14 novembre essaie d'insister sur les points positifs : Les principes inculqués par Alain Perrin commencent à rentrer dans les têtes et à se manifester concrètement sur le terrain. La première mi-temps en a été l’illustration avec des sorties de balle assez propres, du mouvement, des automatismes, un peu plus de percussion. Et un but pour couronner le tout, le cinquième de la saison. Un mini événement, forcément jouissif. C’est si rare. Mais les joueurs ont ensuite lâché prise, retombant bien trop vite dans leurs travers. Avec un déchet technique rédhibitoire, moins d’application, de rigueur et une erreur individuelle en prime. Toujours le même refrain. Face à une attaque haut de gamme comme celle du Stade Brestois, ça ne pouvait pas passer.

Une bouffée d'oxygène

Au milieu de ces échecs, une victoire, la deuxième tous matchs confondus depuis plus de trois mois, celle remportée à Annecy au 7e tour de la Coupe de France (0-1). Mais cela ne rassure pas pour autant les observateurs, dont notre journaliste : L’ASNL a eu un mal fou à éliminer une équipe de N2 réduite à 10 toute la seconde mi-temps samedi, elle a encore fini avec trois blessés aussi, mais elle a au moins retrouvé le chemin du succès.

« C’est une petite bouffée d’oxygène dans notre situation » répond le coach nancéien, avec un sens de la mesure adapté, « C’est aussi bon pour le moral d’avoir gagné ce match piège à Annecy, ça va nous aider à bien préparer la réception du Red Star vendredi en championnat ».

15e journée de Ligue 2. ASNL - Red Star FC : 1 - 0

C'est la première victoire de l'ASNL à domicile. Mais Nancy a eu besoin d’une supériorité numérique d’une mi-temps pour que Moimbé décroche la lune.

Des buts, l’ASNL n’en inscrit pas souvent. Alors forcément, on les apprécie au centuple, comme des cadeaux du ciel, surtout quand une victoire vient s’associer à cette réussite. L’événement a donc été double, ce vendredi soir à Picot. Une première victoire à domicile cette saison, scellée par un petit chef-d’œuvre. Un but de toute beauté signé Moimbé, une reprise de 25 m en coin partie se loger sous la barre de Douchez, pas loin de la lucarne (61’). Somptueuse.

Photos P. MATHIS

Est-ce le départ d’une remontada ? Et au-delà, cette configuration spéciale d’équipe peut-elle survivre et emmener l’ASNL beaucoup plus loin sur le chemin de la rédemption ? En clair, a-t-on enfin mis la main sur une équipe nancéienne digne de ce nom, après des mois et des mois de tâtonnements maladifs ? Personne n’a une réponse ferme, mais la pesanteur du contexte invite évidemment à la plus grande prudence avant de s’emballer.

28 novembre. Alain Perrin veut capitaliser sur cette victoire et le nouvel élan qui se profile. Le coach se concentre sur le moment présent et sur l’importance des 4 journées de championnat encore au programme d’ici Noël : « Je n’ai qu’une chose en tête pour l’instant : aider l’équipe à atteindre la trêve hivernale avec le plus de points possible pour garder un maximum de chances de maintien lors de la seconde partie de saison ».

Pour tout le reste, notamment pour l’avenir d’Alain Perrin sur le banc au chardon, on en reparlera plus tard. « Comme je l’ai déjà dit, ma mission est ponctuelle, je suis là parce que c’est Nancy. Parce c’est mon club d’origine, là où tout a commencé pour moi. Parce que ça me tient à cœur d’apporter mon aide le temps que l’ASNL trouve l’entraîneur avec le bon profil pour construire quelque chose dans la durée » précise Alain Perrin.

16e journée de Ligue 2. US Orléans - ASNL : 1 - 2

Une équipe rajeunie et une troisième victoire consécutive. La carte jeunes sortie de sa manche par Alain Perrin a fait mouche. L’ASNL n’est plus dernière du championnat de Ligue 2.

La première réaction d'Alain Perrin montre la satisfaction du coach : "J’avais besoin de jambes et de jeunesse. Ils ont fait leur match, même s’ils ont ont été un peu timides. Quitter la dernière place n’est pas anecdotique. On était à la cave depuis longtemps. On entrevoit une embellie."

Là, on commence à y croire vraiment. À force de voir les entraîneurs se succéder et l’électrocardiogramme de l’ASNL demeurer invariablement plat, on avait pourtant fini par ne plus espérer. À tort. Contrairement aux apparences, la situation n’était pas inextricable. Le club avait des ressources. Il suffisait de les identifier et de les exploiter. Alain Perrin est en train d’en apporter la preuve.

17e journée de Ligue 2. AC Ajaccio - ASNL : 1 - 1

La dynamique était en faveur des Lorrains, face à une équipe d'Ajaccio qui avait vécu un mois de novembre catastrophique mais cela n'aura pas suffi. Un point au goût amer pour les Nancéiens, qui ont mené au score jusque dans le temps additionnel. Mais c’est aussi un point toujours bon à prendre, après une prestation jugée insuffisante par Alain Perrin. Un match marqué également par les insultes et coups d'un supporter corse envers le président de l'ASNL, Jean-Michel Roussier.

Reste un constat positif : en dix jours, l’ASNL a engrangé bien plus de points (7) que lors des quatre premiers mois de la saison (5). Un frémissement.

La dynamique s'inverse et redevient positive pour l'ASNL qui entame son mois de décembre avec une victoire en Coupe de France face à Saint-Louis Neuweg ( 2 buts à 0).

18e journée de Ligue 2. ASNL - Estac (Troyes) : 1 - 1

Les Nancéiens ont tenu en échec l'une des meilleures équipes de Ligue 2 en cette fin d'année. Pourtant, ils ont quitté le terrain déçus. Comme les Troyens. Un point, c’était trop peu pour les uns et les autres.

Photos P. MATHIS

Après l'annonce du report du derby lorrain, il s'agissait du dernier match de 2018 pour l'ASNL. Et les efforts des dernières semaines ne parviennent pas à faire oublier le début de saison catastrophique.

Au classement, les Nancéiens cumulent 13 points et sont toujours en position de relégable :

"Quelle chance d’avoir Alain Perrin comme entraîneur pour l’ASNL ! Si le club ne s’en sort pas avec Alain Perrin, je ne vois pas qui pourrait y arriver."

Benoît Pedretti, coach adjoint de l'ASNL

Le point à la mi-saison avec le président Jean-Michel Roussier

Comment expliquer cette demi-saison calamiteuse ?

"Il y a évidemment plusieurs raisons mais la première tient à notre préparation physique, elle a été catastrophique. Quand je vois le travail qu’on est obligé de faire aujourd’hui avec l’arrivée d’Alain Perrin et le retour de Paul Fischer sur ce point précis ! Il y avait un manque ! Les séances d’aujourd’hui se traduisent dans les chiffres, c’est scientifique, on regarde tout à travers les GPS notamment. L’équipe s’est déjà améliorée, il suffit par exemple de regarder notre dernier quart d’heure contre Troyes. Les joueurs sont mieux et on sera vigilent sur la période des fêtes, on regardera les balances de près !"

On imagine que quand on est en bas de tableau sans grands moyens financiers, c’est une gageure de recruter ?

"Nancy reste Nancy au niveau de l’attractivité, les joueurs le savent. Et on compose avec la qualité de nos réseaux, notamment les relations avec d’autres clubs. Ce mercato sera différent des autres, c’est plus une intersaison. On ne peut pas effacer comme ça ce qui nous est arrivé mais on va considérer qu’on repart à zéro et qu’on construit."

Alain Perrin sera toujours là ?

"Pour moi il n’y a aucune ambiguïté, il n’y en a jamais eu. C’est clair, Alain est avec nous jusqu’à la fin de saison. En interne d’ailleurs, jamais le sujet d’un départ n’a été évoqué. Pour les joueurs, pour l’encadrement, ce n’était pas un problème."

Nouvelle année, nouvelle rechute ?

2019 démarre par une victoire pour l'ASNL. En 32e de finale de Coupe de France, les Lorrains ont éliminé Le Puy foot sur le score de 1 à 0. Pour notre journaliste, l’ASNL s’est qualifiée ce samedi en associant une certaine efficacité à une réussite certaine. Une qualification laborieuse mais méritoire

Le vrai premier test sera celui de la première journée de championnat de l'année, face au Paris FC avec une statistique positive : l’ASNL invaincue depuis sept matches en comptant la Coupe de France.

20e journée de Ligue 2. ASNL - Paris FC : 1 - 2

"L'ASNL s'est autodétruite" titre l'Est Républicain au lendemain de cette nouvelle défaite. L’ASNL s’est crispée au lieu de se libérer après la précoce et splendide ouverture du score de Marchetti. Cette "rechute" ancre en tout cas l'ASNL en bas du classement de Ligue 2 juste avant des matchs avec les équipes de haut de tableau.

"Trop de déchet technique" affirmait Alain Perrin après le coup de sifflet final.

Photos P. MATHIS

Mi-janvier, c'est parti pour une "série infernale" avec cinq gros matchs en moins de deux semaines, en commençant par l'une des équipes en forme de cette saison de Ligue 2 : Lens.

21e journée de Ligue 2. RC Lens - ASNL : 2 - 1

Une défaite de plus pour une ASNL incapable de verrouiller un match qu’elle a mené plus d’une mi-temps écrit notre journaliste sur place pour le match face au RC Lens. Une nouvelle preuve que l'ASNL ne tient jamais la distance.

Des manques, au fil de cette saison galère, l’ASNL en a affiché pas mal mais il en est un qui escorte particulièrement et fidèlement son chemin de croix : son incapacité désormais chronique à tenir un score, à établir ses promesses sur la durée d'un match.

Face à Ajaccio, Troyes ou au Paris FC avant Lens, l'ASNL reproduit le même schéma : marquer avant de flancher.

La "série infernale" se poursuit par les 16e de finale de la Coupe de France face à Guingamp. Favorite, forcément, l'équipe de Ligue 1 a pourtant dû lutter jusqu'aux prolongations pour éliminer une ASNL qui semblait montrer "beaucoup d'efforts et quelques promesses" comme nous l'écrivions au lendemain de la défaite. Des efforts mal payés qui sortent les Nancéiens de la Coupe de France avec un triste 1-2.

21e journée de Ligue 2. ASNL - AJ Auxerre : 2 - 1

Trois points extrêmement précieux face à l'AJA de Pablo Correa, invaincue depuis neuf matches. Une victoire importante avec une équipe largement remodelée. "Un acte fondateur" dira-t-on dans notre article paru au lendemain de l'événement. La performance est d’autant plus remarquable qu’Auxerre a de quoi rivaliser avec les meilleurs, avec ses joueurs estampillés Ligue 1.

De bon augure juste avant le derby ?

Photo C. JACQUOT
Long format réalisé par Grégory Barbier
Created By
Est Republicain
Appreciate

Report Abuse

If you feel that this video content violates the Adobe Terms of Use, you may report this content by filling out this quick form.

To report a copyright violation, please follow the DMCA section in the Terms of Use.