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GILETS JAUNES EN ISÈRE: TROIS MOIS DE MOBILISATION Le 17 novembre, des milliers d'Isérois revêtaient leur gilets jaunes pour manifester

17 novembre : acte I

La tension est montée toute la semaine qui a précédé ce premier acte. Combien seraient-ils ? Où iraient-ils ? Le mouvement allait-il être aussi important que les messages postés sur les nombreuses pages Facebook lancées pour l'occasion le laissaient penser ?

Au plus fort de la journée, quelque 3 200 gilets jaunes ont mené des opérations escargot, des blocages ou des barrages filtrants sur de nombreux sites en Isère, ce samedi 17 novembre. Les manifestants ont mené leurs actions sur l’A48 à Voreppe, à l’Espace Comboire et à l’échangeur du Rondeau. Entre autres. Dans de nombreuses plus petites communes, les manifestants se sont aussi déplacés pour faire entendre leurs revendications.

Opérations escargot, blocages, barrages filtrants… Le département a vécu un samedi de mobilisation, notamment sur les grands axes autour de Grenoble. Photos Le DL
A Tullins, à 7 h 30, plus de 130 gilets jaunes étaient présents au rassemblement parking de la piscine, sur le CD 45 (route de Saint-Quentin). Une grande partie des manifestants sont des retraités. Ces personnes sont venues de Cras, Morette, l'Albenc, La Rivière, Vourey, Saint Quentin et Tullins bien sûr. Les responsables sont en relation avec ceux de Saint-Marcellin pour la suite à donner.

18 novembre: deuxième journée d'actions

Nouvelle journée d’action ce dimanche 18 novembre pour les gilets jaunes qui, s’ils étaient moins nombreux que la veille, sont parvenus à mener des actions dans plusieurs villes du département.

Des opérations escargot ou des barrages filtrants ont été mis en place dès le matin et certains groupes de manifestants se sont rassemblés. À la préfecture de l’Isère, on indiquait ce dimanche soir que la journée s’était « bien déroulée », exceptées çà et là quelques bousculades provoquées par des personnes en état d’ivresse rapidement interrompues par les forces de l’ordre.

19 novembre: les gilets jaunes toujours mobilisés

Emportés par leur élan du week-end, les gilets jaunes ont poursuivi leur mouvement et mené de nouvelles actions ce lundi 19 novembre dans notre département.

Même s’ils étaient moins nombreux que ce week-end, les protestataires ont mené plusieurs action, notamment sur l'A48 au péage de Voreppe, mais également à Voiron, Crolles, Saint-Sauveur, où des barrages filtrants sont mis en place.

« On a écouté l’allocution du ministre qui a entendu la colère des Français mais qui n’y répond pas ! », affirmait leur porte-parole isérois, Julien Terrier. « J’ai l’impression que le gouvernement fait l’autruche, donc nous, on va continuer les actions durant toute la semaine jusqu’à samedi où une opération massive est prévue à Paris », poursuivait-il en se réjouissant qu’il y ait « encore beaucoup de monde mobilisé malgré le fait que beaucoup de personnes ont dû reprendre le travail ».
21 h: une vingtaine de gilets jaunes ont installé un barrage filtrant sur un rond-point à Veurey, sur la RD1532. Ils font brûler des palettes et obligent les véhicules à ralentir.

20 novembre: une journée en demi-teinte

Le mouvement des gilets jaunes continue ce mardi 20 novembre. Confrontés à une baisse de leurs effectifs, les manifestants ont tenté de garder la main en multipliant les initiatives. À Grenoble, une trentaine de manifestants se sont positionnés devant le centre des impôts pour en filtrer l'accès. D'autres actions se déroulent notamment à Crolles, au rond-point proche de l'échangeur A41, ou à Voiron, où le maire Julien Polat est allé à leur rencontre.

L’élu de Voiron jouait la carte de la compréhension. « Sur le fond, je vous rejoins. Nous aussi, les communes, nous sommes sans cesse ponctionnés par l’État. C’est le gouvernement qui doit baisser les taxes, pas les communes. La cible est là. Il ne faut pas se tromper d’adversaire. » Les manifestants acquiesçaient, même si certains ne comprenaient pas pourquoi, avec tant de verve, l’édile n’enfilait pas un gilet jaune à leurs côtés.

21 novembre, 22 novembre: deux journée plus "calmes"

Dans le sud du département, la mobilisation s'essouffle en ce milieu de semaine. Des actions sont menées à Saint-Marcellin, où des gilets jaunes font une visite surprise à la municipalité. À Crolles ou à Rives, les manifestants se rassemblent sans toutefois bloquer les automobilistes

Dans l'agglomération grenobloise, on prépare déjà l'acte II avec des appels à relancer le mouvement vendredi 23 et samedi 24 novembre.

23 novembre: premières tensions avec les forces de l'ordre

Commencée avec des fleurs, la manifestation des gilets jaunes s’est achevée ce 23 novembre dans les gaz lacrymogènes et sous une pluie battante…

Les manifestants ont été chassés de la place de Verdun par les CRS. Plusieurs dizaines de gilets jaunes ont reflué sur les voies du tramway en direction de l’hyper-centre en projetant des barrières sur les rails.

24 ET 25 NOVEMBRE: acte II

Après un début de semaine difficile, le mouvement a opéré samedi 24 novembre un retour spectaculaire. C'est l'acte II. Les gilets jaunes auront, sur l’ensemble du Sud-Isère, réussi leur mobilisation, puisque plusieurs centaines (entre 500 et un millier de personnes) se sont mobilisées, sans incident notable et sans tension particulière.

Une opération péage gratuit toute la journée du 24 novembre à Voreppe.

Les affrontements de la veille sont oubliés. Le mot d'ordre de cet acte II: pas de violence, ni d'affrontements. Quelque 200 gilets jaunes s'installent à la barrière de péage de l'A48 pour laisser passer gratuitement les automobilistes. Et cela sans incident notable.

Une action symbolique au château de Vizille dimanche 25 novembre

Après une huitième journée de mobilisation à Voreppe, Crolles, La Mure, Rives... Les gilets jaunes veulent continuer leurs actions ce dimanche 25 novembre. A Vizille, un peu plus de 150 personnes se sont regroupées sur les escaliers menant à l’imposant château de Vizille. Elles ont lancé des “Révolution !” et des “Macron, démission !”.

MARDI 26 NOVEMBRE: au "Paradise" des gilets jaunes

À quelques pas du péage de Voreppe, les gilets jaunes ont construit une cabane où ils se relaient. C'est le "Paradise", fait de palettes et de bâches, sorti de terre lundi 26 novembre au rythme des marteaux et des clous de quelques gilets jaunes. Une cabane qui sera démontée par les gendarmes jeudi 28 novembre.

Ils sont une trentaine ce matin. « Mais il ne faut pas se fier au nombre, on se relaie », précisent Marie et Louise qui jurent que « 90 % de la population est avec nous ». Elles en veulent pour preuve le concert de klaxons qui a accompagné leur opération de samedi au péage.

1et et 2 décembre: acte III

Pour le troisième week-end consécutif, les gilets jaunes mènent de nouvelles actions en Sud-Isère. Les manifestants veulent rester présents alors qu'un rassemblement national est organisé à Paris le samedi. La mobilisation est surtout concentrée autour de la barrière de péage de Voreppe, où 700 gilets jaunes sont recensés. D'autres actions ponctuelles sont menées à Grenoble avec 500 personnes en ville, Crolles, où deux sites sont occupés, Rives, La Mure ou Pontcharra.

« On veut des sous ! Des chariots de supermarché pleins ! On veut du pognon pour gâter nos gosses à Noël ! », résumait, ce samedi matin, une dame en tapant des pieds devant un brasero.

Début décembre: des manifestations lycéennes sous haute tension

Les syndicats lycéens contre les réformes dans l’Éducation nationale avaient jusqu’à présent peiné à mobiliser. Mais porté par la contestation des gilets jaunes, le mouvement a pris de l’ampleur lundi 3 décembre, avec des blocages de dizaines de lycées, parfois accompagnés de violences.

« Nous attendions les lycéens depuis longtemps. Nous étions allés les voir, comme les étudiants, il y a quelques jours », indique Julien Terrier, leader des gilets jaunes de l’agglomération, à propos du mouvement des lycéens.

Lycéens: la tension monte d'un cran

Pour la troisième journée consécutive, la mobilisation lycéenne a agrégé, jeudi 6 décembre à Grenoble, une foule hétéroclite de protestataires qui ont, tout au long de l’après-midi, multiplié les incidents au centre-ville. Jamais, depuis le début du mouvement de contestation initié par les gilets jaunes, Grenoble n’avait connu ce degré d’intensité dans les affrontements entre casseurs et policiers.

« Jusqu’à présent, les mouvements des lycéens ou étudiants ne m’avaient jamais inquiétée », répond Fabienne Blaise, rectrice de l’académie de Grenoble. « D’une certaine manière, cela participe à l’initiation à la vie politique. Mais ce qui me frappe aujourd’hui, ce sont tous ces appels à la violence. Nous voyons circuler des tracts sur lesquels les gens invitent à prendre des projectiles… Ces messages explicites, sur les tracts comme sur les réseaux sociaux, sont nouveaux. Je n’avais encore jamais vu ça… »

8 décembre: acte IV

Les gilets jaunes du Sud-Isère sont de retour dans la rue ce samedi 8 décembre pour l'acte IV. Malgré les craintes liées au mouvement des lycéens qui a duré toute la semaine dans la violence, la manifestation grenobloise s'est déroulée sans gros incidents. Julien Terrier, leader local des gilets jaunes, est néanmoins interpellé le matin. Il sera imité par une trentaine d'autres gilets jaunes dans le département.

Dans le Sud-Grésivaudan, où une centaine de manifestants s'est rassemblée, on commence à vouloir structurer le mouvement.

« On distribue des tracts aux gens (automobilistes, passants, via les réseaux sociaux) pour qu’ils nous aident à structurer notre action. Nous en avons sorti plus de 1 000 sur papier et ça tourne déjà pas mal sur internet », confiait un gilet jaune, désignant l’urne rouge ayant pris place au bord de la route, ainsi que les nombreux papiers qui y sont d’ores et déjà insérés.

15 décembre: acte v

L'allocution d'Emmanuel Macron le 10 décembre n’a pas suffi à éteindre l’incendie. Mais avant l’acte V du 15 décembre, un mois après le début du mouvement, difficile de savoir si les gilets jaunes vont de nouveau se mobiliser. Des rassemblements sont organisés à Grenoble, Voreppe, Crolles, Voiron, Pontcharra et Allevard.

“Payez vos impôts !” ont scandé les gilets jaunes devant plusieurs enseignes qui ont dû baisser leur rideau.

Une acte V placé sous le signe de l'hommage aux gilets jaunes décédés depuis le début du mouvement, et aux victimes de l'attentat de Strasbourg. À Grenoble, 300 personnes défilent. À Voiron, le maire Julien Polat offre la gratuité de la patinoire aux manifestants.

Un mouvement qui cherche à se structurer

Un mois après l'acte I, 150 gilets jaunes isérois organisent une assemblée générale, le dimanche 16 décembre. Une réunion pour parler de l'avenir du mouvement, des actions déjà passées, et évoquer la violence qui a émaillé certaines manifestations.

Les gilets jaunes se veulent « non-violents » tout en reconnaissant, pour certains, « qu’on a obtenu de l’écoute grâce aux violences ». « S’il n’y avait que des manifs gentilles avec des banderoles, on aurait parlé de nous deux jours et puis c’est tout », résume un homme.

Du côté des revendications, c'est le référendum d'initiative citoyenne (RIC) qui revient sans cesse.

22 et 29 dÉcembre: des ACTEs VI et VII sous tension

Ce samedi 22 décembre s'est passé sous très haute tension. À Voreppe, la route départementale 3 a été le théâtre d'une longue journée de heurts entre manifestants et gendarmes mobiles. Plus le mouvement des gilets jaunes sud-isérois s’étend sur la durée, plus il se radicalise et cette journée du 22 décembre en aura apporté la confirmation sur le terrain. À la suite de ces affrontements, trois gilets jaunes seront renvoyés devant le tribunal correctionnel.

Les gilets jaunes voulaient accéder à la barrière de péage depuis le rond-point du Minotaure pour une nouvelle opération péage gratuit mais les gendarmes avaient ordre de les en empêcher en ce jour de départs en vacances.

Même chose samedi 29 décembre. Pour l'acte VII, les gilets jaunes ont de nouveau fait face aux gendarmes à Voreppe et parviennent à pénétrer sur l'A48. À Vizille, une trentaine de manifestants s'installe le long de la route des stations d'hiver. À Rives, une opération "péage gratuit" est menée, sans incident, tandis qu'à Lans-en-Vercors, trois gilets jaunes distribuent des tracts.

« Nous ne sommes pas assez nombreux pour lutter », déplorait un chauffeur routier, père de deux enfants, qui avait bravé le froid pour participer à ce septième acte du mouvement des gilets jaunes. « Je suis là depuis le début. Parce qu’on n’y arrive plus ! Je ne suis pas à plaindre, ma femme et moi gagnons 3 000 euros par mois. On a un toit, on mange à notre faim. Mais même en faisant attention, on est à découvert chaque mois. Ce n’est pas normal ! »

JANVIER/Février: les actions se centralisent à grenoble

Alors que le grand débat a été annoncé par Emmanuel Macron, en Sord-Isère, les gilets jaunes restent mobilisés, mais sont de plus en plus discrets sur les actions qu’ils comptent mener. À Grenoble, 400 manifestants déambulent en centre-ville le 5 janvier pour l'acte VIII, un millier pour l'acte IX le 12 janvier, 2000 pour l'acte X le 19 janvier. La mobilisation augmente, grâce notamment à Grenoble mais diminue dans le reste du département, où les esprits sont désormais tournés vers le grand débat et les cahiers de doléances.

En février, même constat: les gilets jaunes se réunissent chaque samedi dans les rues de Grenoble, le plus souvent sans incident.

ET MAINTENANT?

De semaine en semaine, la mobilisation des gilets jaunes semble s’essouffler. Les prises de péage se font plus rares, et les déambulations dans les rues de Grenoble ne semblent pas peser. Julien Terrier, porte-parole des gilets jaunes en Isère, placé en garde à vue deux fois depuis le premier acte, souhaite «trouver d'autres moyens d'action pour continuer le mouvement».

« Je pense qu’il nous faut désormais trouver d’autres moyens d’action pour pouvoir continuer le mouvement. Ne plus faire de marches ou des actions aux péages mais défendre des causes, comme on l’a fait devant Lactalis à Saint-Just-de-Claix, par exemple. Ou alors organiser moins de marches, en tout cas pas toutes les semaines pour éviter cet essoufflement, mais organiser de plus gros rassemblements, de temps en temps dans une grande ville de la région. Et réfléchir aussi, comme je l’ai déjà annoncé, à créer une association… »

Textes, photos et vidéos : Le Dauphiné Libéré. Mise en forme : Grégor Clauss et Albane Pommereau.

Created By
Gregor Clauss
Appreciate

Credits:

Textes, photos et vidéos : la rédaction du Dauphiné Libéré

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