A la rencontre de Marine Salgues
Née en 1972 dans le Val d'Oise où elle vit et travaille, Marine Salgues a vécu 20 ans à Montigny. Après des études d'arts plastiques, elle obtient le CAPES et l'agrégation d'arts plastiques.
Enseignante dans un collège, elle cherche à « transmettre l'envie de connaitre l'art, de le pratiquer et de s'exprimer à travers cette discipline ouverte à tous ».
Parallèlement, Marine Salgues réalise des productions plastiques qui traduisent sa vision des choses, ses sentiments, guidés par une observation de la nature et un questionnement sur les relations entre l’homme et la nature. Son sujet de prédilection ? Le citron ! « La représentation de ce qu'on ne voit pas ou plus du citron », précise l’artiste. « L'écorce de l'agrume, ses peaux, son jus, sa transparence, son épaisseur, ses fêlures, ses cicatrices, font l'objet de ma recherche plastique pour mieux les appréhender autrement. Rendre visible son goût et son acidité, en restituer le souvenir et l'impression qu'ils me laissent. Montrer son intérieur, ce qui est caché ou aussitôt pressé, détruit pour en retirer le jus. »
Pourquoi cette passion pour le citron ? Qu’est-ce qui vous fascine dans cet agrume ?
Pour la beauté du zest...
« Dans cette peinture j’ai voulu traduire l’intérieur du citron, ses textures et la vision que je peux en avoir. Les dimensions de chaque élément sont disproportionnées pour mieux « donner à voir » l’importance de ceux-ci dans le fruit. Les couleurs, non réalistes, participent de cet effet. Mais le jus vert et jaune rappelle les citrons, ainsi que le blanc, celui des membranes intérieures et du velours blanc qu’est le mésocarpe. Le jus transparent et la matité du blanc se confrontent, s’inversent. C’est la bataille joyeuse entre l’intérieur et l’extérieur du quartier de citron qui repousse ces énormes pépins colorés qui tentent de le contaminer. Le jus les emprisonne et les emporte dans une cascade gluante. Les matières sont dissociées pour être rassemblées autrement. Ainsi les pépins, l’enveloppe blanche du quartier, le jus, font encore unité, non plus à l’intérieur du citron mais à l’extérieur, comme un gant retourné. Explorer le ventre du citron pour en magnifier à ma façon ses organes, que j’associe symboliquement à ceux du corps humain et du vivant. Les éléments dans mes peintures semblent se dissocier mais se rapprochent toujours, pour finalement se réunir, se soutenir, être plus forts. »
« Quand je travaille le noir, je pense à Pierre Soulages, au noir goudronné de Donald Sultan, à Max Neumann ou encore aux natures mortes hollandaises du XVIIe dont le noir, en partie mélangé, occupe le fond afin de projeter les citron et autres éléments en avant. Ces artistes et ces peintures m’émeuvent, m’inspirent, me motivent. Je m’en nourris sans les imiter ; sans prétention. Le noir est une belle couleur aux multiples interprétations. Il ne traduit pas obligatoirement la tristesse ou le malheur. Ici, il est travaillé comme une inversion du citron dont le jaune est en dehors. Le jaune de la pulpe. Les pépins sont englués dans le jus translucide et s’accrochent au lien qui les unit au citron noir. Il est là, il s’impose, il tend la perche, il est la force. »
« Le citron est aussi la lumière, cette lueur qui réchauffe l’âme comme les rayons du soleil et qui vient embrasser ce personnage, l’entourer. Ici, le fruit n’a pas ce caractère acide qui surprend nos papilles, il dévoile ses ondes positives. Cette peinture à la cire est un petit format pour traduire l’aspect intime du citron. La cire me permet de donner à l’écorce un caractère sensuel. En effet, le citron, par sa forme, rappelle le sein, le mamelon. Je l’ai donc baigné dans une ambiance rose afin d’appeler une certaine sensualité visuelle associée au fruit. On pourrait presque le prendre dans la main. »
« Le citron est la bienveillance. Il accompagne et réconforte cet être recroquevillé qui vit une passe difficile. Je réalise le personnage en argile que je mets en scène avec le citron, dans une ambiance lumineuse douce et veloutée. Chacun peut se reconnaître en ce personnage asexué, malgré son corps hors norme avec de gros pieds et de longs bras. Le citron est aussi la lumière, cette lueur qui réchauffe l’âme comme les rayons du soleil et qui vient embrasser ce personnage, l’entourer. Ici, le fruit n’a pas ce caractère acide qui surprend nos papilles, il dévoile ses ondes positives.»
Marines Salgues en trois dates :
- 1999 CAPES d’arts plastiques et début dans l’enseignement
- 2006 Agrégation d’arts plastiques
- 2016 Première exposition dans une galerie à Saint-Prix
Galerie
Si vous voulez entrer en contact avec l’artiste : www.marinesalgues.fr
Credits:
Marine Salgues