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histoire et memoire de LA GUERRE FRANCO - PRUSSIENNE DE 1870 en alsace du Nord Groupe Littérature et société Lycée Heinrich-Nessel Haguenau

1ère partie : Le conflit

CHAPITRE 1 : pourquoi une guerre ?

En 1870 Il n'y a pas une Allemagne mais des états allemands dont le plus puissant est la Prusse.

Le royaume de Prusse

Depuis plusieurs années le chancelier de Prusse Otto von Bismarck a entrepris de réaliser l'unité des Etats allemands pour son souverain Guillaume 1er.

Après avoir réalisé l'unité de l'Allemagne du Nord au sein de la Confédération de l'Allemagne du Nord au moyen d'une guerre contre l'Autriche, (victoire prussienne de Sadowa en 1866) Bismarck s'était préoccupé d'y faire entrer les Etats du Sud.

La confédération de l'Allemagne du Nord ( trait rouge) est un État fédéral de vingt-deux États allemands situés au nord, qui a existé de 1867 à 1871. La confédération fut créée sur initiative du ministre-président de Prusse Otto von Bismarck à la suite de la guerre austro-prussienne de 1866 et de la dissolution de la Confédération germanique.

Les Etats du Sud étaient déjà sous la dépendance économique de la Prusse dans le cadre du Zollverein mais ils étaient encore hostiles à une unité politique.

Le Zollverein est une union douanière et commerciale entre États allemands dont l'acte fondateur est signé le 22 mars 1833. Les membres fondateurs sont, outre la Prusse : le Landgraviat de Hesse-Cassel, le Royaume de Bavière, le Royaume de Wurtemberg, le Royaume de Saxe et l'ensemble des États constituant la Thuringe. Les buts du Zollverein sont la création d'un marché intérieur unique et l'harmonisation des règles fiscales et économiques.

Ces réticences amenèrent Bismarck à provoquer une guerre avec la France dans laquelle les Etats du Sud seraient entraînés du fait de leurs alliances militaires avec la Prusse.

En 1870 la France est sous le régime du Second Empire où règne l'empereur Napoléon III .

Né le 20 avril 1808 en France, il est le premier président élu au suffrage universel en 1848 puis sacré empereur des français le 02 décembre 1852 sous le nom de Napoléon III et le sera jusqu'au 4 septembre 1870. Il est fait prisonnier du roi Guillaume de Prusse après la bataille de Sedan. Il s'exile ensuite en Angleterre où il mourra le 9 janvier 1873.

Se sentant menacée depuis plusieurs années la France avait cherché sans succès des alliances en Europe. Elle se retrouva donc seule face aux coalisés allemands.

La possibilité de voir s'installer sur le trône d'Espagne un souverain Hohenzollern (Léopold, de la famille régnante prussienne) fit monter subitement les tensions car la France se trouverait prise en étau. La diplomatie française obtint le retrait de la candidature allemande mais Bismarck se servit de l'événement pour provoquer la France à travers la « dépêche d'Ems ».

le texte de la Dépêche d'Ems

« Ems, 13 Juillet 1870. Après que les nouvelles de la renonciation du prince héritier de Hohenzollern eussent été communiquées au gouvernement impérial français par le gouvernement royal espagnol, l’ambassadeur de France a exigé encore de Sa Majesté, à Ems, l’autorisation de télégraphier à Paris que Sa Majesté le roi s’engageait pour tout l’avenir à ne plus jamais donner son autorisation, si les Hohenzollern devaient à nouveau poser leur candidature. Là-dessus, Sa Majesté le roi a refusé de recevoir encore une fois l’ambassadeur et lui a fait dire, par l’adjudant de service, que Sa Majesté n’avait plus rien à communiquer à l’ambassadeur ».

Napoléon III déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. Par cette proclamation il s'en explique devant le peuple.

Chapitre 2

Que s'est-il passé en Alsace du nord ?

C'est au nord de l'Alsace que se sont déroulés les premiers épisodes de la guerre. Le 4 août les Prussiens attaquent Wissembourg puis deux jours plus tard Morsbronn.

Cette carte allemande montre la disposition des deux armées autour de Wissembourg (Weissenburg), en blanc les troupes allemandes, en noir les Français

Wissembourg fut donc le lieu de la première grande bataille de la guerre. Cette bataille a rassemblé près de 7000 hommes dirigés par le Général Abel Douay du côté français et près de 80 000 soldats du côté prussien dirigés par Frédéric-Guillaume de Prusse.

wikipédia

Le 4 Août au matin, le général Douay envoie en éclaireur un escadron de cavalerie qui revient quelques heures plus tard sans avoir trouvé la trace de l’armée prussienne. La division prussienne passe par Lauterbourg ( à l'Est de Wissembourg) sans rencontrer de résistance française. La colline du Geisberg au sud de la ville est pilonnée par l'artillerie allemande vers 8h15. Les Turcos sont en charge de repousser l’armée prussienne dans le faubourgs de la ville à Altenstadt

Les tirailleurs algériens appelés aussi Turcos , étaient des unités d’infanterie appartenant à l’Armée d’Afrique qui dépendait de l’armée de terre française. Ces unités à recrutement majoritairement indigène, venues d’Algérie française ont existé de 1842 à 1964. Le terme Turco est surtout employé à la fin du XIXème siècle, notamment pendant la guerre de 1870 à 1871. A gauche carte-réclame française, au centre Image d'Epinal 1870, à droite tableau de Richard Knötel (All.) 1895.

Les troupes du général Abel Douay sont mal préparées et en sous-nombre. En réussissant à tenir pendant près de 6h, la division du Général Douay résiste héroïquement. En milieu de journée, après la mort d'Abel Douay tué par un éclat d'obus, les Français battent en retraite et les Bavarois entrent dans la ville.

Reddition des soldats au Geisberg, Il ne reste alors que des blessés.tableau de richard knötel 1895
Le Prince-héritier de Prusse Frédéric-Guillaume se recueillant sur la dépouille d'Abel Douay le 4 août 1870 à Wissembourg. Tableau de Anton von Werner, 1889, Germanisches Nationalmuseum Nuremberg.

Suite à la défaite de l'armée française à Wissembourg, les troupes commandées par Patrice de Mac Mahon, se replient vers Woerth- Froeschwiller où se déroule une deuxième bataille le 6 août au matin.

Carte française du champ de bataille, sources inconnues

Une unité du Ve corps prussien proche de Woerth tombe sur les avants-gardes françaises. Les prussiens engagent le combat. Au même moment dans la forêt de Langensoultzbach, les Bavarois se font repousser par le 1er régiment de zouaves. A midi l'issue de ces combats est encore indécise. C'est à peu près 1h après que tout se joue à Dieffenbach-lès-Woerth où le Kronprinz rassemble l'ensemble de ses forces sur celles de Mac Mahon, 88000 Allemands pour 50000 Français. Une manœuvre d'encerclement terminera de sceller le sort des français avec la capture de Froeschwiller vers 17h. Les deux charges de cuirassiers français, la première à Morsbronn et la seconde à Elsasshausen, héroïques, qui s'achèvent en massacres sont inutiles. Durant cette bataille, 20000 soldats ont péri. La défaite française ouvre aux Allemands la route de Strasbourg.

La charge du 9e cuirassiers à Morsbronn, Edouard Detaille, 1874

Chapitre 3

Quelles conséquences ?

Ce conflit se termine par la défaite française, et, forts de cette victoire, les États allemands s’unissent en un Empire allemand proclamé au château de Versailles le 18 janvier 1871
Proclamation de l'empire allemand Peint. Anton von Werner, 1885 Coll. Bismarck-Museum, Friedrichsruh

La victoire entraîne l’annexion par le Reich du territoire d’Alsace-Moselle et l’affirmation de la puissance allemande en Europe au détriment de l’Autriche-Hongrie et de la France.

L'Empire allemand

La défaite de Sedan et la capitulation de Napoléon III, amènent le 4 septembre 1870 la chute du Second Empire, la naissance en France d’un régime républicain durable après les « événements de la Commune » avec la Troisième République.

La défaite et la perte de l’Alsace-Moselle provoquèrent en France un sentiment d'humiliation et de frustration qui alimente le revanchisme et plus tard, l’entrée du pays dans la Première Guerre mondiale.

La tache noire, tableau d'Albert Bettanier 1887

Partie 2 : les mémoires du conflit

Commémorer

Au lendemain du conflit sont apparus les premiers monuments aux morts. A l'origine, la fonction de ces édifices a été de rassembler la population autour du souvenir de ceux qui ne reviendront plus, faisant ainsi participer la commune au travail de deuil des familles. Par ailleurs, graver les noms des morts revenait à donner à ceux-ci un peu de cette gloire dont étaient alors parés ceux qui s'étaient sacrifiés les armées françaises.

L' article 16 du traité de paix de Francfort précise « que les deux gouvernements français et allemand s'engagent réciproquement à faire respecter et entretenir les tombes des soldats ensevelis sur leurs territoires respectifs ». En France, la loi du 4 avril 1873 fixe les règles relatives à la construction et à l'aménagement des sépultures.

A partir de 1875, les autorités se soucient de donner une image plus " réaliste " de la guerre avec la multiplication des statues. Pour la première fois, le simple soldat est honoré, figé dans son sacrifice.

La guerre de 1870 a profondément marqué la population française. Après la paix, les monuments commémoratifs fleurissent autour des champs de bataille. Les communes et les régiments concernés, encouragés par les comités locaux du Souvenir français, sont le plus souvent à l'origine des souscriptions destinées à financer ces édifices. Les gouvernements successifs soutiennent ces initiatives qui rappellent aux passants les valeurs patriotiques pour lesquelles sont tombés ces soldats. Le bilan pour l'Alsace aboutit a un total de 81 monuments commémoratifs dont 40 allemands et 34 français ainsi que 7 mixtes.

(sources : les "chemins de la mémoire")

mémoire française...

Plusieurs types de monuments entretiennent le souvenir des soldats : simples tombes, monuments aux morts, monuments commémoratifs.

Le monument du Geisberg est l'un des principaux monuments construits en honneur des soldats Français sur la colline du Geisberg, un lieu de la bataille du 4 août 1870. Toléré par les autorités allemandes, son inauguration en 1909 donne lieu à une grande manifestation patriotique française sous les yeux effarés des Allemands

Le monument du Geisberg lors de son inauguration en 1909. Archives départementales du Bas-Rhin

Détruit par les nazis en 1940, le monument est reconstruit en 1960. Le coq, caché par les habitants de Wissembourg, a été placé sur le sommet de la nouvelle obélisque.

Le monument reconstruit en 1960

Aux environs de Woerth dominent les tombes de soldats, dispersées sur l'ancien champ de bataille.

Tombe anonyme sur le champ de bataille à Elsasshausen ornée de la cocarde du Souvenir Français

Deux monuments, construits à des époques différentes, se distinguent toutefois par leur taille plus imposante :

Monument des Cuirassiers à Morsbronn. Erigé en 1873
Monument aux soldats français de Woerth, érigé en 1956

L'association du Souvenir Français, née des suites de la guerre en 1887 se fixe comme objectif de perpétuer le culte de ceux qui sont morts pour la France, glorifier leur sacrifice et entretenir leurs tombes. Sous le couvert du culte des morts c'était le moyen de développer le souvenir de la France en Alsace Moselle.

Mémoire allemande

Les monuments servent à rappeler la victoire allemande et à commémorer les souvenirs et les sacrifices des soldats. Ils portent des représentations d’armes récentes, qui ont fait leurs preuves dans la bataille : affût de canon, boulets et surtout une multiplicité de décorations militaires qui souligne l’héroïsme des soldats. Certains monuments allemands sont mémorables. Ainsi le Belvédère en forme d’affût de canon à Woerth, de la route d’Elsasshausen à la mémoire des soldats du 11ème régiment d’artillerie construit en 1913. Puis le monument consacré au 2ème régiment d'infanterie de Hesse qui représente le lion hessois piétinant les armes françaises à Froeschwiller.

Quelques monuments majeurs jalonnant les lieux :

Monument bavarois inauguré le 6 août 1889 à Woerth / monument du 11ème régiment d'artillerie hessois édifié en 1913 / monument du 3ème régiment d'infanterie de Kurhessen édifié en 1904 situé a Elsasshausen

Qu'ils soient d'inspiration religieuse ou militaire et patriotique ces monuments ont aussi pour but "d'occuper le terrain, de marquer ce nouveau territoire conquis par les armes" (Marie-Noëlle Denis, Revue des Sciences Sociales, 2006, n° 35, “Nouvelles figures de la guerre”)

Mémoire vive

Après avoir fait des recherches sur le quotidien des soldats de la guerre de 1870, nous avons écrit des lettres fictives de soldats au front à leurs familles.

Nous vous faisons la lecture de quelques unes d'entre elles dans les vidéos qui suivent....

Une dernière lettre, elle en langue allemande puisque nous avons imaginé également quel pouvait être le ressenti des soldats côté allemand. Merci à Fabian d'avoir bien voulu la lire pour nous !

REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier M. Albert Lefèvre, délégué général pour le Bas-Rhin du Souvenir Français, l'historien Georges Schlick qui nous a rendu visite et accompagné à Wissembourg, Mme Nelly Koebel, archiviste de Wissembourg ainsi que Mme Rachel Marx qui nous a guidés au Musée de la Bataille du 6 Août 1870 de Woerth, sans oublier nos professeurs et les documentalistes qui nous ont accompagnés dans ce projet.

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