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Vaccins à ARNm COVID-19 et stérilité - un autre mythe des antivax Traduction d'un article de Skeptical Raptor

Traduction de cet article de Skeptical Raptor.

Et c'est reparti avec un nouveau mythe antivax sur la stérilité et les vaccins à ARNm COVID-19.

Les fanatiques de l'anti-vaccin sont tellement prévisibles.

Ils s'accrochent à leur dada comme si leur vie en dépendait.

Ils ont fait la même tentative avec le vaccin contre le HPV en se basant sur une étude rétractée, et ils se sont plantés. Ils ont tenté de prétendre que le vaccin contre le tétanos provoquait une «stérilisation massive» en Afrique, et là encore, ils se sont plantés.

Cette fois, ce sont les vaccins à ARNm contre la COVID-19 de Pfizer et Moderna qui provoqueraient la stérilité. Les antivax essaient de répandre le mythe selon lequel ces vaccins provoqueraient la stérilité en se basant sur une « logique » totalement tordue.

Alors, allons droit au but : non, ils ne provoquent pas la stérilité.

Mais laissons parler la science.

Table des matières :

  • Comment tout cela a-t-il commencé?
  • Les vaccins à ARNm COVID-19 provoquent-ils la stérilité?
  • Résumé
  • Notes

Comment tout cela a-t-il commencé ?

Cette histoire bizarre concernant les vaccins ARNm anti-Covid-19 et la stérilité semble avoir pour origine le Dr Michael Yeadon, qui prétend être l'ancien chef de la recherche dans le domaine des maladies respiratoires chez Pfizer, et le Dr Wolfgang Wodarg.

Au début du mois de décembre 2020, de nombreux « memes » et publications effrayantes, prétendaient que le « responsable de la recherche chez Pfizer » avait alerté sur le fait que le nouveau vaccin ARNm COVID-19 de Pfizer provoquerait une stérilisation chez les femmes. Nous avons déjà abordé ce point en détail, mais cela mérite d'y consacrer une petite publication.

Yeadon, un ancien employé de Pfizer, et NON son responsable de la recherche, a envoyé une lettre à l'Agence européenne des médicaments (EMA), qui est la FDA pour l'Union européenne. Son titre chez Pfizer était vice-président et scientifique en chef pour les allergies et les voies respiratoires.

Cela ne signifie pas qu'il connaisse quoi que ce soit sur les vaccins, sur les vaccins à ARNm en particulier, ou sur le processus de développement de vaccins de Pfizer. On a déjà vu ce genre de choses chez les antivax. Ils attribuent une autorité à des personnes qui n'ont aucune connaissance réelle des vaccins en dehors de savoir écrire le mot.

D'après le site Snopes (NdT : site de debunkage), Yeadon et le médecin allemand Wolfgang Wodarg ont adressé une lettre à l'Agence Européenne du Médicament, en leur demandant de suspendre les essais cliniques du vaccin Pfizer en Europe.

Dans cette lettre, Wodarg et Yeadon déclarent que le vaccin de Pfizer bloque une protéine clé dans la formation du placenta chez les mammifères. Ils ajoutent qu'il est possible que les femmes qui reçoivent le vaccin deviennent stériles. Cependant, ils n'ont pas déclaré que le vaccin cause la stérilité, comme le suggère le titre de Health and Money News.

David Gorski , dans un article sur son blog Science-Based Medicine, a mis cette lettre en pièces, tel un destructeur de document de la CIA.

Il a également déclaré que «Yeadon est un Covid sceptique allié à un théoricien du complot». Yeadon a apporté son soutien à la Déclaration de Great Barrington qui ne demandait rien d'autre que laisser les gens mourir dans le but d'atteindre l'immunité collective.

Yeadon a peut-être été un bon scientifique chez Pfizer, même si c'est difficile à dire. Personne ne sait s'il y est encore. Toujours est-il qu'il n'apparait plus que dans les bas-fonds de la désinformation antivax, du déni de Covid et des pires théories du complot.

Il n'a aucune crédibilité pour ce qui concerne les vaccins et il est le promoteur d'un discours mensonger, comme cela a été prouvé, à propos de la fertilité et des vaccins ARNm.

Yeadon est donc un dingue qu'il vaut mieux ignorer. Point barre.

Les vaccins à ARNm COVID-19 provoquent-ils la stérilité ?

A la base, cette histoire part du fait que la sous-unité de la protéine S est « homologue » à la protéine syncytine-1 qui facilite le développement du placenta. En théorie, si la protéine syncytine-1 et les spikes du SARS CoV-2 étaient similaires, voire tout à fait identiques, il y aurait une réactivité croisée des anticorps entre la protéine S et la protéine syncitine-1.

C'est un exemple de ces mythes qui se basent sur un semblant de plausibilité biologique mais qui, en réalité, ne se fondent sur aucun fait scientifique avéré.

La syncytine-1 est un élément rétroviral endogène qui est le vestige d'une infection rétrovirale datant d'il y a 25 millions d'années, qui a touché les premiers primates et dont l’espèce humaine a hérité. En d'autres termes, il a été incorporé dans notre génome à la suite d'une infection à rétrovirus. Comme je l'ai écrit ci-dessus, les rétrovirus peuvent changer notre ADN.

Au cas où vous ne le sauriez pas, l'évolution de tous les organismes comprend l'incorporation d'ADN viral dans leur génome. Parfois, ces gènes viraux confèrent une nouvelle capacité, comme dans le cas de la syncytine-1 qui fait partie intégrante du développement placentaire. Environ 8% de l'ADN humain provient de virus au cours de notre long passé évolutif.

C'est là que ça devient un peu compliqué.

Même si les coronavirus ne sont pas des rétrovirus, les virus partagent fréquemment des peptides similaires (qui sont beaucoup plus petits que les protéines, ne contenant qu'entre 2 et 50 acides aminés). Il y a un petit peptide dans la protéine syncytine-1 qui est homologue à un petit peptide de la protéine S.

Ce peptide est appelé «CP-1» et contient environ 3 acides aminés.

La protéine Syncytine-1 comporte 538 acides aminés. La protéine S contient 510 acides aminés.

En d'autres termes, le peptide CP-1 est une infime partie de la structure de chacune de ces protéines.

Le système immunitaire ne reconnaît généralement pas les petits peptides comme antigènes, parce qu'ils sont trop petits et parce qu'ils sont très similaires aux autres peptides. Un exemple de ceci est l'insuline : c'est un petit peptide que l'on trouve chez presque tous les animaux, des crabes aux humains. Avant de fabriquer de l'insuline humaine, nous traitions le diabète de type 1 avec de l'insuline porcine et bovine, et le système immunitaire la considérait simplement comme de l'insuline humaine, malgré les différences entre les peptides.

Mais il y a trois points importants à souligner:

  1. Il n'y a tout simplement aucune preuve publiée, à ma connaissance, qu'il existe une quelconque réactivité immunitaire croisée entre la protéine S et la syncytine-1. Et, non seulement il n'y a aucune preuve, mais il n'est pas non plus plausible qu'une petite partie 3-peptidique de ces deux protéines induise une sorte de réactivité croisée.
  2. Des femmes ont contracté le COVID-19, et il n'y a aucune remontée de risques de stérilité soudaine. N'oubliez pas que la protéine S produite par les vaccins à ARNm est la même protéine S que celle du virus SARS-CoV-2. Si l'hypothèse avancée par les antivax était vraie, elle le serait aussi avec une infection «naturelle».
  3. Si je me trompe totalement et qu'il existe une hypothétique réactivité croisée entre 3 peptides d'acides aminés, il y a alors encore plus de raisons de se faire vacciner pour prévenir une infection.

Mon ami Edward Nirenberg, qui donne l'impression que mon blog scientifique est nul, a également brisé ce mythe ridicule avec une approche scientifique sans faille.

Donc, entre le Dr Nirenberg et moi, pouvons-nous prendre ce mythe et le jeter à la poubelle des lubies anti-vax ?

Le Dr Nirenberg a écrit :

Quelqu'un a prétendu que les vaccins COVID-19 allaient provoquer une stérilité en raison d'une séquence d'acides aminés partagée dans la protéine spike du SRAS-CoV-2 et une protéine placentaire. Ceci entrainerait alors une attaque des deux protéines par le système immunitaire qui serait incapable de la distinguer.

Vous voulez la vérité ? Cette séquence est trop courte pour que le système immunitaire puisse la confondre avec les protéines placentaires. C'est un peu comme si on allait vous prendre pour un criminel parce que vous portez un bracelet rouge qu'on a également trouvé sur un vrai criminel. Ce n'est tout simplement pas réaliste. Si cela était vrai, il faudrait s'attendre à ce que le COVID-19 entraîne un avortement précoce dans de nombreux cas. Or, les preuves dont nous disposons ne permettent pas de conclure que tel est le cas.

Il n'y a donc aucun fondement pour croire que les vaccins contre COVID-19 / SRAS-CoV-2 affecteront la fertilité.

Mais il y a plus encore... Si vous regardez n'importe quelle protéine et la comparez à la protéine S, devinez ce que vous allez trouver? Oui, sur des centaines d'acides aminés dans n'importe quelle séquence protéique, il y a généralement une séquence de, peut-être, 3-4 acides aminés qui correspondent.

Dans un article (https://twitter.com/andrew_croxford/status/133 4593625758588929 ) que Orac (David Gorski) a écrit, il nous rappelle que la «fertilité» est un point de contrôle incontournable de tous les vaccins lancés au cours de ces dernières années.

Le prochain vaccin (j'espère) contre la maladie de Lyme sera la prochaine cible des antivax. Vous en avez la primeur ici.

Résumé

Il n'y a aucune preuve que les vaccins à ARNm COVID-19 provoqueront une stérilité. C'est encore un de ces mythes propagés par la foule des antivax pour provoquer la peur, la méfiance et les doutes sur ces vaccins.

Tenons-nous en aux faits scientifiques.

Notes

De façon amusante, j'avais l'intention de publier cet article il y a quelques semaines, mais j'ai complètement oublié. J'en ai utilisé des fragments dans d'autres articles, mais je voulais m'assurer que toute cette histoire était rassemblée quelque part, et la voici.