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Plongée historique AU CHÂTEAU de Fontainebleau avec les enfants des quartiers C’est mon patrimoine !

En juillet dernier, le château de Fontainebleau (77) a accueilli, pendant trois semaines, des groupes de visiteurs – enfants, jeunes et adultes – dans le cadre de l’édition 2019 de « C’est mon patrimoine ! ». Cette année, c’est sous le signe de la Renaissance que les 692 participants, en grande partie des habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville, ont parcouru le lieu. Ils ont pu découvrir son histoire fastueuse et participer à des ateliers artistiques ou sportifs, grâce à ce dispositif que soutiennent le ministère de la Culture et le CGET. Une manière de donner accès à la culture et au patrimoine à des publics de milieux modestes, souvent éloignés de cette pratique.

Une journée sous les ors de la Renaissance

Par 42 °C, ce jour-là, 40 enfants de Maisons-Alfort (94) et leurs huit accompagnateurs, ainsi que trois jeunes d’un Épide*, pénètrent dans le château de Fontainebleau. Âgés de 6 à 12 ans, ils sont venus contempler les huit siècles d’histoire de ce haut lieu des dynasties royales et impériales françaises, apercevoir ses 1 537 salles, chapelles et galeries d’apparat, ses immenses jardins arborés…

* Établissement pour l’insertion dans l’emploi.

Pour l’heure, assis à même le sol, le groupe des 9-12 ans se familiarise avec les mœurs de l’époque Renaissance, illustrées par de grands tableaux et sculptures. Plus loin, les enfants déambulent et s’extasient devant une scène de chasse ou les chambres royales. Pendant une heure trente, ils découvrent les lieux au cours d’une visite privilégiée : en compagnie d’une jeune guide, les petits visiteurs apprennent à discerner, sur les ors et les boiseries du château, les emblèmes de la royauté, à décrypter les « chiffres » (les initiales) des souverains et les symboles de leur toute-puissance.

À chaque étape de la visite, s’engage un jeu de questions/réponses, qui stimule leurs connaissances scolaires et leur esprit de curiosité. Nombre d'entre eux ont préparé la visite avec leurs animateurs ; d’autres en feront un compte rendu, à leur retour au centre aéré.

Après sa visite des principales salles du château, le groupe des 9-12 ans va rejoindre les plus petits pour une pause déjeuner dans un endroit aménagé pour recevoir les groupes. Une halte au frais bienvenue, avant de poursuivre la journée par une activité sportive : l’escrime. De son côté, le groupe des 6-8 ans aura participé à une séance de théâtre, en matinée, sur le thème du bouffon du roi. Il visitera le château, à son tour, dans l’après-midi.

Selon le choix de l’établissement culturel (théâtre, musée, cité architecturale, site archéologique ou industriel…) qui participe à C’est mon patrimoine !, les activités peuvent être ponctuelles, sur une journée, ou se dérouler sous forme de stage de plusieurs jours. « À Fontainebleau, nous proposons de découvrir l’histoire et les collections du château, durant toute une journée, indique Karine Robert, cheffe du service culturel de l’établissement public. Chaque groupe de visiteurs, composé de 25 personnes au maximum, participe à une visite guidée et à une de nos quatre activités proposées, thématisées autour d’une période historique. Cette année, nous avons choisi la Renaissance. »

S’approprier la culture et découvrir une pratique artistique

Pour accompagner le public de ce dispositif, souvent éloigné de l’art et de la culture, le château fait appel à des professionnels : guides, artistes, sportifs… Chacun dans sa discipline contribue à l’appropriation du patrimoine par les visiteurs et en fait une source d’inspiration pour organiser les divers ateliers de qualité. « Ce matin, le groupe d’enfants est très actif. Ils connaissent déjà pas mal de choses, relève Blanche Pacaud, la guide indépendante chargée de la visite. Mais, je les amène à aller plus loin, à observer les détails autour d’eux, à reconnaître les symboles et, au fil du parcours, à mieux les comprendre. Le but de cette visite qui mêle histoire et culture, c’est de donner à ce public des clés de lecture. »

« J’accompagne les visiteurs de C’est mon patrimoine ! depuis deux ans. Ces personnes n’ont souvent pas l’habitude de voir ce genre d’endroits. Alors, pour rendre accessible son histoire, j’adapte ma présentation aux tranches d’âge et à leurs centres d’intérêt. Les enfants qui participent à C’est mon patrimoine ! se montrent plutôt curieux. Si quelques-uns ont déjà fait une visite scolaire de ce type, beaucoup découvrent un château pour la première fois. En général, ils sont impressionnés par le mobilier, et ils ont du mal à imaginer que des gens ont vraiment vécu dans ce lieu ! »

Blanche Pacaud, guide au château de Fontainebleau

« C’est ma 2e visite dans un château. J’ai aimé la chambre de Napoléon et de la reine. La guide nous a montré la chasse à courre, et j’ai appris comment on chassait le gibier, à la Renaissance. Ça me fait plaisir de découvrir et d’apprendre tout ça ! »

Luc, Maisonnais de 8 ans

Découvrir et partager le patrimoine commun

L’an dernier, au total, 50 000 enfants et jeunes, de 6 à 25 ans, ont participé aux activités de C’est mon patrimoine !, partout en France. Près de 27 500 d’entre eux habitent un quartier prioritaire de la politique de la ville.

« L’ambition de C’est mon patrimoine !, c’est de proposer différentes formes d’appropriation des lieux de patrimoine, à travers les arts vivants (danse, musique, photos…), le cinéma, les activités numériques ou encore le sport, pour capter l’attention des jeunes de milieux modestes et des publics les plus éloignés des pratiques culturelles. Depuis l’origine, en 2005, le CGET coordonne ce dispositif avec le ministère de la Culture pour favoriser la participation des habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville, expose Monia Battikh, chargée de projets au bureau Promotion de la citoyenneté et de prévention des discriminations du CGET. L’accès à la culture représente un puissant levier de cohésion et de mixité sociales et territoriales, qui permet le recul des inégalités. L’ouverture des institutions et des équipements culturels à des publics qu’ils n’accueillent pas d’habitude est un objectif fort pour répondre à cet enjeu ! »

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Repères

En 2019, C’est mon patrimoine ! se déroule dans 310 sites et établissements patrimoniaux, situés dans 17 régions de l’Hexagone et d’outre-mer. Le dispositif bénéficie de plus de 437 000 euros de crédits de la politique de la ville, destinés au montage de projets éducatifs dédiés aux jeunes des quartiers populaires et à leurs familles. L’opération est destinée en priorité aux 6-25 ans (notamment aux adolescents), mais aussi aux parents et familles, en partenariat avec des centres sociaux et des structures d’accueil.

L’édition 2019 vise à couvrir la diversité des territoires urbains, périphériques et ruraux et à toucher des publics diversifiés. L’objectif est de 60 % de participants issus des quartiers prioritaires, au minimum.

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Plus de 78 % des visiteurs venus des quartiers

Cet été, même si la canicule a provoqué quelques annulations, le programme proposé par le château de Fontainebleau a connu un beau succès. « Pendant les trois semaines dédiées à C’est mon patrimoine !, nous avons accueilli 692 personnes, exposent dans leur bilan Pauline Bourgon et Pauline Nicolas, les deux stagiaires du service culturel qui ont contribué à l’organisation des activités. Sur les 33 créneaux réservés, 26 créneaux l’ont été par des structures de quartiers prioritaires. La plupart des participants proviennent d’Île-de-France, à l’instar de l’ensemble de nos visiteurs du champ social d’ailleurs. »

« Les crédits qui nous sont accordés au titre de la politique de la ville nous permettent d’accueillir les habitants des quartiers prioritaires, précise Karine Robert. En général, nous avons du mal à atteindre l’objectif de 60 %… Mais, cette année est exceptionnelle : 78,8 % de nos visiteurs résidaient dans des quartiers prioritaires, soit 30 % de plus que l’année précédente. C’est encourageant ! »

Des ateliers artistiques et sportifs qui racontent l’histoire du lieu

Pour donner accès à ses animations dédiées à C’est mon patrimoine !, le château pratique une politique tarifaire attractive : 50 euros la journée pour un groupe de 25 personnes, au maximum. Son programme 2019, conçu pour un public jeune ou familial, s’est articulé autour de quatre parcours : théâtre, musique, jeu de paume et escrime.

Là encore, l’animation sportive n’est pas un simple moment ludique ; elle s’insère dans la thématique de la Renaissance et fait découvrir la pratique de cet art martial, de ses règles et évolutions aux Temps modernes.

« Je conçois mes ateliers d’escrime avec l’équipe du château de Fontainebleau pour construire l’animation et y apporter un fond culturel et historique, expose Jean-Noël Hautefaye, maître d’armes qui a entraîné des sportifs de haut niveau et forme des cascadeurs. Travailler pour ce dispositif m’a donné une opportunité d’ouverture vers un public que je ne côtoyais pas dans mes activités professionnelles habituelles : des enfants et des jeunes issus des quartiers, des personnes allophones, des personnes handicapées… »

Ébahis, les enfants ont découvert le gant d'une armure avant de commencer à se mettre dans la peau des chevaliers.

Alignés dans une allée de l’immense parc, à l’ombre d’arbres plus que centenaires, garçons et filles s’attellent au maniement d’une épée en bois dans un deux à deux où le respect est de mise : l’apprentissage, égrainé d’informations historiques et d’anecdotes captivantes, commence par un salut de chevalier en bonne et due forme. Cet atelier a été, avec le théâtre, l’une des animations préférées des participants à C’est mon patrimoine !, cette année, à Fontainebleau.

« Je participe à C’est mon patrimoine ! depuis sa création. C’était au début de ma carrière, dans le cadre d’un job d’été, et j’y suis resté fidèle.

Travailler pour C’est mon patrimoine !, c’est, à chaque fois, une expérience humaine très forte qui me pousse à remettre en cause mes pratiques et les « recettes » que j’applique en club d’escrime, à Paris. Ce contact m’oblige à revoir mon enseignement sous un œil nouveau pour le rendre accessible. »

Jean-Noël Hautefaye, maître d’armes

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CHIFFRES CLÉS

  • 692 personnes accueillies au château de Fontainebleau pour C’est mon patrimoine !, en 2019 (contre 529 en 2018) ;
  • 4 activités proposées et 33 créneaux réservés ;
  • 43,5 % de participants de 6-12 ans ; 7,7 % de 13-15 ans ; 6,8 % de 16-25 ans ; 11,80 % de +25 ans et 30,20 % de familles.

Budget de l’opération (intervenants, médiateurs…) : près de 12 500 euros, dont 5 000 euros de crédits de la politique de la ville.

Tarif : 50 euros la journée, par groupe de 25 personnes.

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Questions à

Karine Robert, cheffe du service culturel de l’établissement public du château de Fontainebleau

Pourquoi un établissement culturel comme le vôtre – visité, chaque année, par 500 000 touristes du monde entier – s’investit-il dans le dispositif C’est mon patrimoine ! ?

C’est mon patrimoine ! est né à Fontainebleau, en 2005. Nous y sommes attachés, et il nous serait impensable de ne pas y participer ! Par ailleurs, l’établissement est très investi auprès du public du champ social. Nous nous employons, depuis longtemps, à lui donner accès à ce haut lieu de l’histoire et du patrimoine français, connu dans le monde entier. Pour nous, l’enjeu est de susciter l’intérêt de ces personnes, de les amener à se familiariser avec le patrimoine et de les inciter à revenir.

Cette démarche volontaire, nous la menons avec des publics divers : des habitants des deux zones de sécurité prioritaire (ZSP) de Savigny-le-Temple, ville de Seine-et-Marne avec laquelle nous avons signé une convention de jumelage, ou des jeunes de la Protection judiciaire de la jeunesse. Et, l’été, nous accueillons les enfants et les familles de milieux modestes, qui bénéficient des animations de C’est mon patrimoine !

Quels sont, d’après votre expérience, les points d’amélioration pour conforter et étendre encore ce dispositif d’accès à la culture ?

Nous regrettons de ne pas toujours pouvoir atteindre les objectifs assignés. Par exemple, il nous est difficile de faire une restitution des ateliers, après les visites. En effet, nous sommes une petite équipe de trois personnes, qui n’a pas les moyens de se consacrer entièrement à l’organisation de C’est mon patrimoine ! Nous avons donc monté des animations ponctuelles, et les groupes viennent juste pour un jour. Notre formule ne permet pas de suivi.

Cette opération est formidable, et les tarifs sont intéressants. Pourtant, nous ne remplissons pas tous les créneaux proposés, faute de communication large pour promouvoir ce dispositif. C’est mon patrimoine ! mériterait une meilleure visibilité afin d’élargir le nombre de bénéficiaires.

De notre côté, nous veillons à informer largement notre propre réseau (fichier de clients, dispositif « École ouverte » de l’Académie de Créteil, fédération des centres sociaux, délégués du préfet…) Et nous avons réussi à fidéliser des structures : associations, centres socioculturels, centres de loisirs municipaux, Épide… Tous les ans, elles reviennent participer à C’est mon patrimoine !, au château. C’est devenu un rendez-vous estival ! »

Created By
Communication du CGET - Août 2019
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Credits:

N. Kharbache/CGET - Reportage réalisé avec l’aide de la direction de la Ville et de la Cohésion Urbaine du CGET - juillet 2019

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