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Emelie 2015 – États-Unis. Réalisation : Michael Thelin. Scénario : Richard Raymond Harry Herbeck. Avec : Sarah Bolger, Joshua Rush, Thomas Bair, Susan Pourfar, Chris Beetem.

Suivre le cinéma d'horreur est quelquefois frustrant.

Les goûts sont tellement variés dans ce genre, qu'un amateur a de fortes chances de trouver une œuvre qui va lui plaire alors qu'elle est descendue par le public et la critique. L'inverse est vrai aussi. Exemple avec Emelie, dépeint avec beaucoup d'enthousiasme sur plusieurs sites et forums, quand certains ne le verront que comme un film sans aucune substance.

Le couple Thompson s'apprête à aller fêter son treizième anniversaire au restaurant. Pour profiter tranquillement de leur soirée, les époux ont fait appel à une babysitter qu'ils ne connaissent pas, celle qu'ils appellent habituellement n'étant pas disponible. Anna arrive donc dans la famille et fait la connaissance des trois enfants. Mais dès le départ des parents, elle commence à adopter une étrange attitude. La babysitter inquiète de plus en plus l'aîné de la fratrie qui découvre que la jeune femme n'est pas celle qu'elle prétend être.

Un film d'horreur psychologique, c'est comme une bonne mayo. Il nous faut une base solide, les bons ingrédients. Souvent, un personnage dérangé et une situation menaçante. Puis on ajoute un peu de malaise. Juste un peu au début. On mélange. Puis, on en rajoute un peu plus. On mélange à nouveau. Et enfin, après y avoir mis un brin d'effort et de patience, quand on voit que ça prend bien, on peut ajouter des ingrédients un peu plus recherchés, pour que notre recette se démarque.

Emelie, c'est la mayo ratée que vous force à bouffer votre hôte parce qu'il est fier de lui.

Il a pris ses ingrédients, à tout mis dans un mixeur pour s'épargner le moindre effort, a balancé un peu de saveurs prises ça et là sans y réfléchir pour s'assurer que c'était bien SA recette et qu'elle marquerait les esprits, et nous sert son « oeuvre ». Résultat, ça ne prend pas : aucun corps, aucun goût, aucune substance.

Emelie veut absolument faire naître le malaise chez son spectateur. Mais les créateurs du film s'y prennent incroyablement mal. La base de l'histoire est très mince, squelettique, vraiment. Pour nous faire croire aux agissements de notre antagoniste, on a cuisiné à la va-vite une expérience traumatisante ultra-classique. Sauf que celle-ci n'explique en fait pas grand-chose. Si : la motivation première de la jeune femme, ok. Mais pas tout le reste. Toutes les scènes où elle tente de heurter psychologiquement les enfants, pourquoi ?

Du malsain pour le malsain

Il n'y a aucune raison valable pour expliquer les actions d'Emelie. On nous sert juste des passages où on met en scène quelque chose de malsain. Certes, ça marche sur le moment, mais comme ça ne repose sur aucune base solide, ça s'effondre presque à chaque fois, laissant un arrière-goût amer en bouche. On comprend rapidement que le but est uniquement de nous mettre mal à l'aise, nous, spectateurs, mais c'est tellement peu subtil qu'un panneau « Vous avez vu ? C'est subversif ! » au coin de l'écran n'aurait pas dépareillé.

D'autant plus qu'en dehors de ces passages, le reste n'est qu'une suite de clichés indigestes, régurgités dans une myriade de productions du genre. La technique n'aide pas, la réalisation et la bande-son se révélant fades au possible. Quant à la finale, en plus de laisser d'énormes questions sur les motivations d'un personnage secondaire, elle est simplement ratée. L'action se déroule en grande partie dans la pénombre et on ne voit strictement rien. Pendant plusieurs minutes, on se demande ce qui se passe exactement et on perd complètement le fil.

Enfin, niveau interprétation, c'est inégal.

Les adultes s'en tirent correctement, mais au niveau des enfants, c'est plus mitigé. Seul le jeune Thomas Bair, adorable dans le rôle du benjamin de la famille, est attachant. Les deux aînés sont insupportables durant la première partie du long-métrage et ne deviennent (un peu) intéressants que lorsque les doutes sur leur babysitter les pousseront à agir.

L'anecdote

Le second prénom d'Emelie, aperçu sur la carte que trouve Jacob dans son portefeuille est Medea (Médée). Dans la mythologie grecque, cette magicienne est connue, entre autres faits barbares, pour avoir assassiné ses enfants. En psychologie, le complexe de Médée se manifeste chez les femmes cherchant à punir leur époux en s'en prenant à leurs enfants.

En bref, Emelie est une perte de temps. Si vous voulez un bon film récent mettant en scène une babysitter, dévorez les très bons Watch Out et The Babysitter.

Emelie, lui, vous laissera sur votre faim.

0,5/5

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